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EAN : 9782070376902
176 pages
Gallimard (21/11/1985)
3.64/5   88 notes
Résumé :
Une brève et triste histoire d'amour : Mardou, une petite Noire, traîne à San Francisco avec les beatniks.
Elle aime Léo Percepied, un ancien matelot, qui ne lui adresse que des rebuffades : celui-ci voudrait être admis dans la bande des " Souterrains ", qui mènent la nuit une vie folle et sauvage, mais c'est en vain. L'idylle sordide et magnifique de Mardou et Léo se déroule dans un univers de beuveries, de querelles et parfois d'extase.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Peut-être encore plus que son célèbre « Sur la route », s'il est un roman de Jack Kerouac absolument imprégné de Jazz, c'est bien « Les Souterrains », (titre original "The subterraneans") car l'action se déroule presque uniquement dans des caves et des clubs de jazz de San Francisco, qui avec Greenwich Village constituait la Mecque des Beatniks, ces existentialistes américains épris de liberté qui cherchaient comme disait Rimbaud, l'une de leurs références majeures, à se rendre “voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.”

Le livre raconte la brève et triste histoire d'amour entre Mardou Fox, une jeune femme noire, et un marin (blanc) Léo Percepied, ce qui en 1953, date de parution du livre, était pour le moins osé. La liberté, justement, il en est fortement question dans le livre, car Mardou est présentée comme un esprit libre, fréquentant les clubs de jazz, une sorte de pendant afro-américain à notre Juliette Gréco. le personnage est inspiré de Alene Lee, l'une des maîtresses de Jack Kerouac, et qui selon ses dires, fut l'une des femmes à la plus forte personnalité parmi toutes celles qu'il fréquenta.

D'autres personnalités de la beat generation se succèdent dans le roman, sous des pseudonymes. Frank Carmody est ainsi William Burroughs, Adam Moorad est Allen Ginsberg, Larry O'Hara est Lawrence Ferlinghetti, Leroy est Neal Cassady, etc.

Le jazz est tellement présent dans le livre que l'on a l'impression d'avoir un fond sonore en le lisant. On sait que Kerouac était fou de jazz, qu'il écrivit une ode à Charlie Parker, qu'il nomma les textes de son recueil de poèmes "Mexico City Blues" (le titre déjà …) non pas avec des titres, mais en chorus, comme ceux des musiciens de jazz lorsqu'ils improvisent.

Le livre est écrit dans un style saccadé, une prose nerveuse et enflammée, ce qui s'explique lorsque l'on sait que Jack Kerouac l'écrivit en trois jours sans dormir, en tenant le coup grâce aux amphétamines.

Un film, réalisé par Ranald Mc Dougall en fut tiré en 1960, mais le personnage de la jeune Noire fut remplacé par la Française Leslie Caron, ce qui enlevait tout le contexte socio-politique du livre, pour illustrer simplement le style de vie "extravagant"  des beatniks. En revanche, la bande originale composée par André Prévin contient de très belles choses, en particulier des soli flamboyants de Gerry Mulligan au sax baryton.
Lien : https://www.lejazzophone.com..
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Après la lecture de ce roman qui nous fait connaître la génération beat du San Francisco des années 50, en nous faisant vivre presque pas à pas l'histoire d'amour d'un couple de l'époque, nous sommes d'emblée familiariséEs avec la verve de Jack Kérouac. Verve car son écriture en est une de parole, de phrases saccadées, de réflexion sur le vif tout au long d'un roman qui n'en est un qu'après coup, qu'une fois que nous y repensons car à la première lecture nous sommes pris dans le tourbillon de cette écriture saccadée, hachurée. Il le dit lui-même à la toute fin du livre : «Et je rentre chez moi en ayant perdu son amour. Écrire ce livre.» Franchement saisissant car nous assistons à la naissance d'une génération comme Percepied ,le personnage principal, celui qui dit ce livre.
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Une plongée dans les bas-fond de la misère amoureuse. Pourtant, ça pourrait être une belle histoire, toute cette beauté gâchée sous notre nez, mais voilà, il se trouve que c'est sordide et misérable.
Un beau roman, avec le chagrin et la mélancolie. Kerouac a écrit ce roman en trois jours, et il se précipite, brûle avec l'énergie de cela – la frustration, le sentiment bouillonnant d'évasion, de vie, d'amour, du monde étant son huître dans une minute de fantaisie, et puis le bas point – la réalité s'assombrit à nouveau.
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Les souterrains est-ce ces lieux ou naissent les pensées au plus profond, au plus sombre de Kérouac ? Une fois de plus, il nous prends "par les tripes" et nous laisse abandonné au bord d'un route de moins en moins lumineuse.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Dans le froid automne gris du Colorado et du Wyoming j'avais travaillé la terre et regardé des vagabonds indiens aux lèvres de vautour, aux mâchoires fluides et au visage ridé sortir soudain du bled près de la voie et avancer lentement dans la grande ombre de la lumière en portant des sacs-fardeaux et de la camelote, en causant tranquillement entre eux et si éloignés des soucis des ouvriers agricoles, même de ceux des Noirs des rues de Cheyenne et de Denver, des Japonais et de l'ensemble des Arméniens minoritaires et des Mexicains de tout l'Ouest, que regarder un groupe de trois ou quatre Indiens traverser un champ est pour les sens quelque chose d'incroyable comme un rêve - on pense "Ce doit être des Indiens - y a pas une âme qui les regarde - ils vont par là - personne n'y fait attention - pas grande importance de quel côté ils vont - une réserve ? " Qu'est-ce qu'ils ont dans ces sacs en papier brun ? " et c'est seulement avec un grand effort qu'on se rend compte " mais c'étaient eux les habitants de ce pays et, sous ces cieux immenses, ils ont été les tracasseurs et les protecteurs et les pleureurs des épouses de nations entières groupées autour de tentes - maintenant le rail qui court par-dessus les os de leurs ancêtres les entraîne plus loin pointé vers l'infini, spectres d'humanité cheminant d'un pas léger à la surface d'un sol si profondément suppuré par le concentré de leur souffrance qu'il suffit de creuser à un pied de profondeur pour découvrir une main d'enfant. - Passe le train de luxe avec un vrombissement de Diesel, broum, broum, les Indiens lèvent tout juste les yeux - je les vois disparaître comme des tâches - et assis maintenant dans la chambre à l'éclairage rouge de San Francisco avec la douce Marlou je songe " Et c'est ton père que j'ai vu dans le désert gris, englouti par la nuit - de ses sucs sont issus tes lèvres, tes yeux pleins de souffrance et de chagrin, et ne pourrons-nous pas connaître son nom ou nommer son destin ? " - sa petite main brune est blottie dans la mienne, les ongles de ses doigts sont plus clairs que sa peau, ceux de ses orteils aussi et, déchaussée, elle a un pied blotti entre mes cuisses au chaud et nous parlons, nous commençons notre roman au niveau le plus profond de l'amour et des histoires de respect et de honte. - Car la plus grande clé du courage est la honte et les visages flous dans le train qui passe ne voient rien d’autre dans la plaine que des silhouettes de vagabonds qui, en roulant, disparaissent hors de vue...
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Un des romans dans lequel j’ai eu le plus de difficultés à citer un passage. Et pourquoi pas la description d’une Amérique bâtie sur la misère et l’oppression : «… Souci pour son père, parce que j’étais allé là-bas et m’étais assis par terre et avais vu le rail, l’acier de l’Amérique, qui couvrait le sol plein des os de vieux Indiens et d’Américains Primitifs. ― Dans le froid automne gris du Colorado et du Wyoming j’avais travaillé la terre et regardé des vagabonds indiens aux lèvres de vautour, aux mâchoires fluides et aux visage ridé sortir soudain du bled près de la voie et avancer lentement dans la grande ombre de la lumière en portant des sacs-fardeaux et de la camelote, en causant tranquillement entre eux et si éloignés des soucis des ouvriers agricoles, même de ceux des Noirs des rues de Cheyenne et de Denver, des Japonais et de l’ensemble des Arméniens minoritaires et des Mexicains de tout l’Ouest, que regarder un groupe de trois ou quatre Indiens traverser un champ est pour les sens quelque chose d’incroyable comme un rêve ― on pense « Ce doit être des Indiens ― y a pas une âme qui les regarde ― ils vont par là ― personne n’y fait attention ― pas grande importance de quel côté ils vont ― un réserve ? « Qu’est-ce qu’ils ont dans ces sacs en papier brun ? » et c’est seulement avec un grand effort qu’on se rend compte » mais c’était eux les habitants de ce pays et, sous ces cieux immenses, ils ont été les tracasseurs et les protecteurs et les pleureurs des épouses de nations entières groupées autour de tentes ― maintenant le rail qui court par-dessus les os de leurs ancêtres les entraîne pllus loin pointé vers l’infini, spectres d’humanité cheminant d’un pas léger à la surface du sol si profondément suppuré par le concentré de leur souffrance qu’il suffit de creuser à un pied de profondeur pour découvrir une main d’enfant…»
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"[... ] la chanson de la tribu chasseresse d'Asie retentissant le long de l'ultime chaîne Alaskienne de la terre et descendant jusqu'aux Désastres du Nouveau Monde (dans leurs yeux, et maintenant dans les yeux de Mardou, l'éventuel royaume d'Inca Maya et la vaste Aztéca brillant de serpents d'or et de temples aussi nobles que les Grecs, l'Egypte, les puissantes mâchoires longues et lisses et le nez épaté de Mongoliens de génie créant des arts dans des salles de temps et l'élan de leurs mâchoire pour parler, jusqu'à ce que les Espagnols de Cortés, les miséreux Hollandais las, vieux-monde, efféminés, pantalonnés de Pizarro soient venus en écrasant les roseaux dans les savanes découvrir les cités scintillantes des Yeux Indiens, hautes, perspectivées, boulevardées, ritualisées, blasonnées, pavoisées de ce même Soleil du Nouveau Monde auquel un cœur battant était présenté)" [page 46]
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Perchée sur une barrière de bois, attendant - pour voir si une idée viendrait du dehors lui dire quoi faire ensuite et pleine de portée et de promesses car il fallait que ce soit bien et une fois seulement - "Un seul faux pas dans le mauvais sens..." le sens de son impulsion, devrait-elle sauter d'un côté ou de l'autre de la barrière ? l'espace sans fin s'étendait dans quatre sens, des hommes morne-chapeautés allaient à leur travail dans des rues luisantes sans se soucier de la jeune fille nue cachée dans la brume, ou, s'ils s'étaient approchés et l'avaient vue, ils auraient fait cercle autour d'elle sans la toucher en attendant simplement que vienne la flicaille pour l'emmener et de tous leurs yeux las, indifférents, éteints par la pâle honte détaillant chaque partie de son corps - l'enfant nue. - Plus elle reste perchée sur sa barrière, moins elle aura le pouvoir à la fin de vraiment en descendre et de se décider...

La nuit pluvieuse clapote sur tout, embrasse partout hommes, femmes et villes en un flot unique de poésie triste -...  Elle est juchée sur la barrière, la pluie fine pose des perles sur ses épaules brunes, des étoiles dans ses cheveux, ses yeux farouches indiens-à -présent regardent fixement le Noir avec un peu de brume qui se dégage de sa bouche brune, la détresse comme des cristaux de glace sur la couverture des poneys de ses ancêtres indiens, la bruine sur le village autrefois et la fumée-de-misère qui sortait en rampant de sous le sol et quand une mère mélancolique pilait des glands pour faire de la bouillie en des millénaires sans espoir.

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([...] j'ai approché mon visage du sien pour parler de livres, elle avait tourné son visage vers moi, tout près, c'était un océan de choses fondues et noyées, j'aurais pu y nager, j'ai eu peur de toute cette richesse et j'ai détourné le regard –)
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En 1959, Jack Kerouac parle de littérature et de la «Beat Generation»
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