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Difficile de lire ce drame de Joseph Kessel sans avoir l'image de Romy Schneider qui a incarné Elsa, le personnage principal, au cinéma dans le film de Jacques Rouffio.
Elle incarne à la perfection ce personnage d'une femme dont le destin a été brisée par le nazisme.

Au fil du récit écrit avec le style magistral de Joseph Kessel, on assiste à la descente aux enfers, de Elsa, allemande, qui a dû fuir le nazisme naissant en Allemagne. Elle a pris la fuite après l'arrestation de son époux, michel, en emmenant un jeune garçon juif, lui même orphelin.
Pour survivre à Paris et soutenir financièrement son époux Michel, elle devient escort girl puis se prostitue.

La description de cette femme fatale et de sa lente déchéance nous émeut tant son histoire est tragique.

La chute de l'ouvrage de Joseph Kessel nous invite à nous questionner sur nos propres espoirs déchus.
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Simple, fluide, une écriture aisée, une plume classique et poétique...que dire de plus,...de la vraie littérature tout simplement....
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Un bijou de finesse. Kessel dresse le portrait d'Elsa Wiener dans le Paris de 1936. L'héroïne a fui l'Allemagne hitlérienne en compagnie de Max, un orphelin juif, handicapé à la suite des mauvais traitements subis dans son pays. Elle a laissé en Allemagne Michel, son mari plus jeune qu'elle, interné dans un camp. Il y a entre eux un amour déséquilibré. Elle aime l'amour qu'il lui porte mais n'éprouve pour lui ni passion, ni désir. En temps normal, en temps de paix, leur couple se serait délité. En temps de guerre, face à l'épreuve, il se solidifie dans la loyauté et la tendresse d'Elsa. Isolée et seule, Michel devient pour elle un ancrage, une raison d'être et de vivre. La passion va naître de l'éloignement, de la solitude, de la désespérance. Un amour imparfait dans la vie à deux va devenir incandescent dans l'éloignement et l'absence et déboucher sur le sacrifice de son corps, de sa dignité, de sa vie. En se sacrifiant pour Michel, elle détruit la femme qu'il a aimée et qu'il ne reconnaitra plus tant son corps, comme son âme, ont été meurtri pendant le temps, somme toute bref, de l'épreuve ainsi traversée. Kessel peint également un très beau portrait de cet adolescent qui comprend tout, qui souffre tant de son amour impossible pour Elsa que du gouffre dans lequel elle se perd. Un adolescent qui trouve dans la lecture, dans l'intelligence, dans l'observation du monde la seule voie de sa survie. Enfin, un mot sur le narrateur, présent et absent tout à la fois, qui sans doute emprunte ses traits à l'auteur. Homme de la nuit, oscillant entre désespérance et humanité, perdu dans les fonds de nuit de Montmartre et capable à chaque instant de rebondir, il désire Elsa avant de n'être plus pour elle qu'une main tendue, amicale, désespérément complice de ses décisions et de sa descente aux enfers. Roman sur le déracinement, sur la déchéance de l'exil, sur le combat quotidien contre l'indignité, un combat qui inévitablement se perd. Une oeuvre écrite en 1936 et tant de choses sont dites déjà : comme si Kessel avait tout compris, tout dit avant tout le monde. Un grand écrivain.
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Année 1935. Alors que la France se prépare aux joies des premiers congés payés, le Führer prépare sa politique d'annexion des territoires et d'extermination des juifs.
Un homme s'installe tous les matins dans son bistrot habituel, le « Sans-Souci » à Montmartre. Chaque matin, à travers la vitre, il voit une femme qui passe. Son allure est de moins en moins assurée et elle a l'air de plus en plus perdue. Ce long cheminement dans la douleur est magistralement écrit, c'est poignant, c'est une tragique histoire d'amour dans laquelle ses acteurs ne seront jamais au diapason, ils évoluent sur des routes parallèles et ne se croiseront que trop tard.

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La première page du livre, la première vision de cette femme qui est celle du titre, sa première description, est prémonitoire : une silhouette de femme jeune et belle, vêtue avec recherche et un certain luxe mais dont le visage est caché au Narrateur / spectateur, courbé vers le sol dans une attitude de peur, marchant vite comme si elle fuyait quelque chose, sur la pluie et la brume du petit jour, métaphore des pleurs et de l'angoisse, dans les rues de Montmartre qui est encore le lieu de la bohême, pas dans le sens romantique, mais dans celui de la pauvreté, des trafics et de la prostitution sous couvert d'art dans des cabarets qui ne sont que des maisons de passe. Montmartre devient un personnage dans un récit qui en compte assez peu. le roman est donc celui de la déchéance d'Elsa.
La lecture laisse un sentiment de malaise, d'oppression. le Narrateur aparaît comme un lâche, pensant d'abord à assouvir ses désirs, puis distant, lointain, n'étant pas assez présent auprès d'Elsa. de façon générale, presque tous les hommes sont antipathiques, ils ne sont qu'à la recherche de chair fraîche – celles des femmes de Montmartre, ne pensant donc qu'à leurs intérêts, sans penser à ceux de ces femmes. Seul Max est présenté de façon positive, il est véritablement amoureux d'Elsa, fou amoureux même, mais ce n'est pas un homme, c'est un enfant physiquement, son infirmité l'empêche d'être considéré comme un adulte.
Je suis donc passée par beaucoup d'émotions dans ma lecture, de l'angoisse pour Elsa à l'admiration pour Max, du dégoût de lire sa première nuit de prostitution – rien n'est dit de façon graveleuse ni vulgaire, à un coeur serré face à l'avilissement physique et moral d'Elsa. Rien ne nous est épargné de sa plongée dans l'alcool et la drogue, ses tremblements, sa voix qui perd son charme... mais aussi la dégradation de son corps, qui vieillit en accéléré. le Narrateur ne nous épargne rien, des seins qui s'affaissent aux premières rides, du regard qui se voile aux kilos en trop.
C'est aussi le portrait d'une époque, les années 30. La fête des années Folles est finie, les musiciens de jazz partent, la crise rôde, les réfugiés politiques sont de plus en plus nombreux, les camps de concentration commencent à ouvrir et à opprimer en Allemagne nazie.
Un court récit qui se lit presque d'une traite, qui fait éprouver des émotions très fortes, et laisse assez mélancolique.
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Magistralement bien écrit. Un récit poignant et dur d'une femme allemande qui décide de tout donner pour l'amour et l'admiration d'un homme.
On vit la déchéance morale d'Elsa à travers les yeux d'un journaliste écrivain qui voulait la posséder mais au fil du roman, ce sont les mots d'un ami très cher, et donc cela crée chez le lecteur davantage d'empathie pour cette femme forte et déterminée à tout perdre pour cet homme dont elle avoue qu'elle n'est pas amoureuse mais admirative, celui qui l'a tant chérie et aimée.
C'est aussi le premier roman français à nous raconter l'horreur des camps de concentrations et de la dictature hitlérienne et cela se déroule qu'au tout début du nazisme, en 1935... :
Michel, mari d'Elsa qui est incarcéré dans un camp de concentration pour avoir été soupçonné de vendre de la "littérature de gauche" et Max, le jeune infirme de 14 ans, enfant d'une famille juive torturée et massacrée par les nazis, qui en a réchappé.
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Un récit d'une puissance d'évocation exceptionnelle qui décrit la lente descente aux enfers d'une femme qui ne sait définir justement le sens du mot Amour. Elle y aspire de tout son être mais se heurte avec violence à toutes ses erreurs d'interprétation. Finalement, elle n'en percevra que la dimension douloureuse à laquelle elle s'attache malgré l'émergence ponctuelle de quelques lueurs d'espoir. A l'image de l'héroïne, le lecteur oscille entre joies et souffrance. Sentiments fluctuant qui octroient une force particulièrement sensible à la lecture de cet ouvrage.

Joseph KESSEL reste pour moi l'un des maîtres de la littérature française. Sachant de par la magie de son style, servir tous les types de récit.

A titre personnel, j'ai davantage apprécié le livre que sa transposition cinématographique. A une exception près: la magie de la présence de la comédienne Romy SCHNEIDER qui, pour moi, restera toujours attachée à cette histoire. A chaque instant de ma lecture, elle a hanté mon imagination, renforçant ainsi chacun des sentiments naissant en moi de par son "jeu" magique nourri par ses propres démons intérieurs.
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Paris, milieu des années 1930. le narrateur est journaliste, écrivain. Il passe ses soirées dans le quartier de Montmartre, principalement attablé à un bar, le Sans- Souci. Un matin, il aperçoit une femme qui semble fuir. Intrigué, il s'interroge, la suit. Il finit par apprendre son nom, Elsa Wiener, elle a fuit l'Allemagne nazie, avec Max un enfant infirme d'une douzaine d'années.
Ce passage est un extrait de la première rencontre entre le narrateur (Kessel?) et Elsa :
"Un effroi sans nom déformait ce tremblant murmure. Une terreur qui confinait à la panique écartelait le beau visage.
- Mais quel crime inexpiable avez vous donc commis envers Hitler ? demandai-je, en plaisantant.
- Moi aucun, mais ils ont arrêté mon mari, dès leur arrivée au pouvoir. Si je ne m'étais pas enfuie, ils me jetaient en prison comme complice.
- de quoi donc ?
- Est ce que je sais ! Est ce qu'ils savent eux mêmes! Michel, mon mari, était éditeur. Il paraît qu'il publiait surtout les écrivains de gauche. Des livres contre la guerre. Mon pauvre Michel ! Il ne s'est jamais occupé de politique.
- On le relâchera bientôt, dis-je avec assurance.
- Dieu vous entende. Il doit passer bientôt en jugement. Dans un autre pays, je serais sûre de sa libération. Mais avec ces brutes horribles...
Elsa promena sur la salle un regard traqué, et reprit :
- Horrible, oh, oui. Ils aiment le sang, la souffrance. Pensez qu'ils ont estropié le petit Max. Simplement parce qu'il est juif. Son père, très bon musicien, venait me faire travailler. L'enfant l'accompagnait parfois. Un jour en route, ils furent lapidés par les miliciens. le père y resta : le petit eut les jambes et le bassin brisés. On le rapporta chez nous. Il n'avait plus personne, car sa mère était morte depuis longtemps. Je l'ai gardé. Cela se passait avant même que Hitler ait tout pouvoir. Maintenant les bourreaux sont les maîtres. Je n'ai jamais pu haïr personne. Mais eux, je les hais autant que j'en ai peur." (p45)
.
Dès lors, il devient son ami, et essaie tant bien que mal de l'accompagner dans son désir de sauver son mari interné. Au début, il l'aide, trouve à Elsa et Max un pied à terre près de la mer pour se ressourcer. Au retour d'Elsa et de Max à Paris, il assiste, impuissant à la lente descente aux enfers d'Elsa. le lecteur suit leur relation (platonique) avec un peu de distance car on voit essentiellement Elsa à travers le regard du narrateur. Comme il est journaliste, il s'éloigne souvent de Paris et part à l'étranger. Lors de ses retours successifs en France, il prend conscience de la déchéance d'Elsa, qui devient peu à peu obnubilée par son mari prisonnier et qui cherche par tous les moyens à lui envoyer de l'argent, sacrifiant sa santé (physique et mentale) dans cette fixation.

Le narrateur arrive à la convaincre d'arrêter de se droguer à l'héroïne mais pas à l'alcool.

J'ai beaucoup aimé ce roman, tant pour la richesse des personnages, que pour le contexte historique. Comme le dit la quatrième de couverture, ce livre paru en 1936, montre avant l'heure, la dangerosité d'Hitler et du nazisme. Elsa sera broyée par L Histoire. Michel et Max , très touchés également, sont très émouvants, en particulier Max, qui malgré sa jeunesse comprend parfaitement les motivations d'Elsa dans sa quête éperdue et son sacrifice.

Lien : http://l-echo-des-ecuries.ov..
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Très beau livre de Joseph Kessel. Ce fut le premier et certainement pas le dernier. Une écriture recherchée qui permet une immersion dans le Paris post années folles. Une atmosphère glauque avec des personnages profonds. le jeune infirme est irréel. le fantôme de Romy Schneider m'a accompagné tout le long de cette lecture. Superbe lecture.
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Kessel nous raconte, avec des mots forts et puissants, la lente descente aux Enfers d'Elsa, allemande, qui a du fuir l'Allemagne nazie. Elle a pris la fuite après l'arrestation de son mari, amenant son enfant handicapé avec elle. On la retrouve dans un Paris occupé, plus précisément à Montmartre, où, afin de subvenir aux besoins de sa vie, elle est obligée de se prostituer. Son histoire est bouleversante, et c'est le coeur gros que nous assistons à sa déchéance... Un livre qui marque les esprits et qui donne envie de se plonger plus attentivement dans les écrits de Kessel.
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