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4,18

sur 3975 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cinquième livre de Khadra pour moi, un des plus connus. L'adaptation télé qu'en a fait Arcady y est vraisemblablement pour quelque chose.

Quand on commence à connaître Kadra, son style et sa manière de raconter les histoires, on se retrouve en terrain connu, confortablement installé dans le récit. On s'attend aux jolies phrases avec des mots choisis et des tournures recherchées mais on sait aussi que l'auteur saura aussi ne pas en surcharger son roman, qu'il en fera avant tout une histoire cohérente plutôt qu'un exercice de style. On sait qu'il nous exposera les positions de chaque protagoniste en essayant d'être le plus sincère à chaque fois pour ne pas orienter trop les sympathies de son lecteur. le contexte est ici éminemment propice à ce choix de narration : l'Algerie de 1930 à l'indépendance avec un clin d'oeil à notre époque pour finir. Quel plus beau terrain que cette Algérie française qui redécouvre petit à petit qu'elle pourrait être juste algérienne pour voir s'affronter des positions aussi tranchées que seul un général de grande stature pouvait affirmer avoir toutes comprises...

Et comme souvent chez Khadra, l'angle du narrateur choisi est essentiel. Ici un Arabe à qui les drames familiaux finiront par offrir une vie parmi les colons, jamais totalement rejeté, jamais totalement accepté. Une histoire personnelle au premier plan dans laquelle la Grande Histoire n'est le plus souvent qu'un décor de fond. Mais une histoire symbolique qui permet de rejouer L Histoire à un niveau plus intimiste, nous la rendant ainsi plus concrète.

J'ai parfois été lassé, presque énervé des atermoiements et des silences de ce Jonas Younes, que plusieurs de ses relations finissent par accuser de lâcheté. Mais c'est bien cette indécision qui aura caractérisé ce coin du monde pendant toute cette période, un bout de terre personnifié qui ne sait plus à qui ou à quoi elle doit être fidèle. L'échange entre le héros et le colon Pepe Rucillo au coeur de l'ouvrage est sans doute le moment le plus poignant et le plus représentatif du ton du livre.

On ressort comme souvent d'un roman de Khadra avec moins de certitudes dans nos opinions qu'au départ mais riche de bien plus de connaissances de l'époque qu'il décrit, enrichi des points de vue de tous ses personnages qu'il se refuse à juger, comme un père qui ne peut renier aucun de ses enfants et cherche avant tout à les comprendre.
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Les histoires d'amour en suspens sont celles qui touchent le plus au coeur. Leur intensité ne se mesure qu'à l'aube d'une autre vie car sans pour autant oublier la profondeur de la nuit, nous ne sommes éveillés que par les plus lumineux souvenirs. Nulle guerre, nul drame, nulle déclaration ne peuvent alors tarir les sentiments exacerbés, intemporels d'un homme et d'une femme, de l'Algérie et de la France.

Au coeur de l'Algérie coloniale, le récit de vie de Younès, nous submerge parce qu'il vrai, poétique empreint de philosophie. Yasmina Khadra tout en ne cachant ni la misère, ni la crise identitaire d'un peuple, ni la révolte qui gronde, nous berce de nostalgie auprès d'une jeunesse qui veut rompre avec le sentiment de fatalité de ses aînés. Ces amis, ivres de vivre dans un pays en profonde mutation, seront bientôt confrontés à des tensions qu'ils ne saisissent pas toujours, eux qui sont issus de plusieurs communautés et n'ont connu que l'Algérie. L'insouciance peut-elle survivre à tout même à la nuit?

Un roman sur fond d'histoire d'une grande sagesse, véritable hymne à l'Algérie, aux femmes et à l'amitié. Un merveilleux moment de lecture finalement plein d'espoir.
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Il ne m'est pas facile de parler de ce livre.

Le contexte m'a beaucoup touchée : née en Algérie de parents y étant arrivés au début de la 2e guerre mondiale, j'y ai passé mon enfance et mon adolescence. J'ai retrouvé dans ce livre le bonheur d'une enfance dans un village merveilleux (à mes yeux d'enfant), puis les tristesses d'une guerre civile qui a déchiré ce pays et la douleur du départ. Yasmina Khadra est excellent lorsqu'il décrit ce pays et cette vie… j'ai retrouvé beaucoup de sensations ; et j'ai aimé.

Mais j'ai un problème avec cet écrivain (j'ai déjà lu ‘'L'équation africaine'')… je n'arrive pas vraiment à adhérer à son style. D'où cela vient-il ?
C'est incontestablement un bon écrivain mais je n'ai pas aimé l'homme dans les quelques interviews que j'ai vues ; il y apparaissait imbu de lui, un brin paranoïaque et donneur de leçons. Mais, peut-être, est-il mauvais orateur et a-t-il eu affaire à de mauvais journalistes ; car j'ai du mal à croire qu'il y ait un tel décalage entre l'écrivain et l'homme !
Son style allie de somptueuses descriptions de paysages, de personnages ou de sentiments avec des envolées mélodramatiques qui me gênent. Par moment, c'est too much.
Ambivalence, ambiguïtés sont les mots qui me viennent à l'esprit le concernant ; sans doute est-ce dû au fait que, algérien très attaché à sa culture, il ait décidé de faire sa carrière d'écrivain en langue française. Cela ne doit pas être facile de naviguer entre deux cultures dans lesquelles on a été éduqué et qui se sont confrontées et se confrontent encore. Pour le personnage principal de ‘'Ce que le jour doit à la nuit'' il en résulte une impossibilité à faire des choix qui aboutit à des séparations ou à des tragédies.
Fatalisme et un certain désenchantement sur la nature humaine : le style de Yasmina Khadra n'est pas d'un grand optimisme.

Lisez ce livre : il en vaut la peine car c'est un excellent passeport pour un voyage vers une Algérie qui n'existe plus. ..


NB - le roman a été adapté au cinéma, sous le même titre, par Alexandre Arcady qui a dit :
"Ce que le jour doit à la nuit'' est un roman qui parle de la jeunesse, un roman sur la jeunesse, un roman sur des jeunes gens et des jeunes filles qui sont à l'orée de leur vie, pour lesquels tout est possible, auxquels tout va arriver : l'amour, la passion, la mort, la tristesse, la tragédie…"

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Quel étrange sentiment à la fermeture de ce roman... Avec les larmes aux yeux, éprouvant la peine du personnage Younes, éprouvant sa nostalgie, ses regrets, et surtout une sorte de colère liée à l'injustice et la vie dure qu'il a subi toute sa vie.

Avec pour contexte la guerre d'Algérie, je me suis déjà appropriée le contexte algérien avec ses grandes inégalités : entre la misère et la joie de vivre de certaines grandes villes qui ont toujours un air de fête, la différence entre Arabes "européens" ou colons, et Arabes "pieds noirs" de la campagne, qui n'arrivent pas à survivre de leurs cultures et meurent dans la misère et l'indifférence...

Jonas aurait pu avoir une vie légèrement différente, grâce à l'opportunité de l'adoption de son oncle qui l'éduque à la culture européenne et lui permet de sortir de la misère. Néanmoins, dès le départ, il est d'emblée le cul entre deux chaises : de quel côté politique est-il ? Qui défend-t-il, quels siens ? Ensuite, il n'arrive pas à avouer son amour à l'amour de sa vie, et pire, la rend profondément malheureuse. Suite à des malentendus, il reste encore et toujours à la marge de sa vie, culpabilisant, blessant autant ses proches que lui-même, ne sachant prendre de réelles décisions, oser sa vie.

J'ai été très touchée par cette histoire d'amour entre Younes et Emilie, centrale dans le roman, un amour impossible, tragique.

Après tant de guerres, de désolations, de pertes de proches, toute la vie de Younes part en fumée, et malgré quelques lumières de pardon et de résilience à la fin du roman, je ne peux m'empêcher de penser : "quel gâchis...", "quelle tragédie".

Un roman à la fois très beau de part ce qu'il dépeint et nous apprend sur l'Algérie, mais aussi difficile à lire, qui nous laisse sur un sentiment confus de désespoir, de regret, de désolation, de nostalgie pleine de mélancolie.
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Une partie de l'histoire de l'Algérie nous est racontée ici, par l'histoire de Younes. L'époque coloniale, l'indépendance, l'époque de maintenant.
Tout est si bien raconté, les joies, les tristesse, la misère, la violence, les copains et les amours. Une écriture précise, qui vous prend du début à la fin. Un grand roman.
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Les envolées lyriques de Yasmina Khadra m'ont laissé pantois tant il manie magnifiquement bien la langue française. Son style, fait d'hyperboles et de personnification, aide à faire parler ce qui entoure le personnage, comme tant d'êtres uniques qui changent et se transforment au grès des émotions et du temps. Je trouve que sa plus grande force à travers ce roman, et de mettre des mots sur les émotions et d'en associer la valeur du temps qui passe (passé, présent, futur) et l'environnement qui entoure les personnages.

C'est mon premier roman de Yasmina Khadra. le titre m'avait interpellé par sa beauté et mon envie de le lire m'amena à l'acquérir.

En le terminant, je ferme la porte d'une histoire lointaine, mais pas tant que ça, à travers une Algérie où les idéaux et les ravages de son indépendance l'ont permise d'être libre et en paix, pour un temps.

Je m'attendais à une histoire d'amour, et je fus surpris de trouver aussi une histoire de forte et belle d'amitié entre les personnages, de besoin d'indépendance d'un pays et des conséquences tragiques et meurtrières pour les individus au milieu de cette guerre entre pros indépendants (Front de Libération Nationale) et Français voulant garder la main mise sur ce territoire.

La forme du roman s'articule en plusieurs chapitres correspondant aux vies du personnage, si différentes, et fait progresser l'histoire. On y découvre les grandes villes et leur bidonville (Oran), et d'autres plus petite et intimiste comme Rio Salado (désormais nommé El Malah), me rappelant les décors du sud de la France.

Cependant, je regrette quelque peu le manque, parfois, d'articulation entre les chapitres, nous laissant penser à des périodes de vies totalement différentes, mais finalement c'est peut-être le cas....

Aussi à force d'utiliser l'hyperbole et les phrases très bien construites - et justement trop bien construite - cela met de côté l'histoire en elle-même et recentre tout sur le personnage principal, à travers ses nombreuses tergiversations, pensées et retour sur soi qui le fragilisent et fragilisent aussi notre attachement à ce dernier.

Yasmina Khadra s'est utilisé la langue française et l'utilise à bon escient. J'ai retenu quelques phrases qui m'ont marqué pendant leur lecture :

"Le sommeil m'isole et je n'ai pas envie d'être seul dans le noir".

"Le temps observe une pause."

"Elle cadençait la foulée du temps."

"Je n'étais pas resté longtemps avec ma mère. Ou peut-être une éternité. Je ne me rappelle pas. le temps ne comptait pas ; il y avait quelque chose d'autre, plus dense et essentiel. Comme au parfois des prisons, ce qui importe, c'est ce que l'on retient de l'instant partagé avec l'être qui nous manque."

L'Algérie indépendante et son passé colonial sont étroitement liés et permettent de dresser un tableau de la difficulté pour le personnage principal de se positionner, pris en étau entre ses origines arables, et son mode de vie occidental. Ainsi, le regard que l'auteur pose sur chacun des protagonistes nous rappelle qu'un conflit n'est jamais noir et blanc, mais que cela est beaucoup plus complexe ; que des amitiés et des familles se déchirent à travers ces conflits et perdent, souvent, toute leur histoire en quittant leur racine.

Enfin, je n'ai pas beaucoup parlé d'amour, mais elle est bien présente dans ce roman et s'effleure de bout en bout du début à la fin, qu'elle soit l'amour d'une mère et d'un père, l'amour d'une famille, l'amour en amitié et l'amour d'un pays. L'amour comme sentiment amoureux entre deux êtres va être jonché ‘d'instants ratés', et la description qu'en fait l'auteur nous projette avec eux en nous faisant craindre le pire, mais ça, je vous laisse le découvrir.



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Ce que le jour doit à la nuit raconte l'histoire de Younes, de sa tendre enfance, dans les années 1930, jusqu'en 2008. Au début du roman, Younes vit avec sa famille dans la campagne algérienne, jusqu'à ce que son père perde tout. Ils se retrouvent à vivre dans les bidonvilles d'Oran, dans la misère. Bien qu'il soit un homme très fier, le père de Younes, désirant un meilleur avenir pour son fils, le confie à son frère pharmacien. La femme de ce dernier, Germaine, une française, rebaptise l'enfant, Jonas. Et, à partir de là, ce jeune garçon, va sans cesse se retrouver à cheval entre deux mondes. Arrive les années 1940, et la guerre. Son oncle, qui est un grand idéaliste, est arrêté pour avoir des sympathies nationalistes. Vu l'état dans lequel il rentre chez lui, on peut supposer qu'il a été torturé, même si ce n'est pas explicitement dit par l'auteur. La famille quitte Oran, et part se reconstruire à Rio Salado, une petit ville à une soixantaine de km. Jonas s'intègre peu à peu à cette communauté pied-noir. Il se fait une bande d'amis pour la vie : Simon, Fabrice et Jean-Christophe, à laquelle vient se greffer Dédé et José. Tout va bien dans le meilleur des mondes, même si la Seconde guerre mondiale a laissé des traces et que les premiers échos de la guerre d'Indochine se font sentir. Néanmoins, leur vie bascule avec l'arrivée de la jolie Emilie. Celle-ci s'avère être la fille de Madame Cazenave, avec laquelle Jonas a eu une relation intime. le problème est qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre, et que Madame Cazenave fait promettre à Jonas, de ne pas toucher à sa fille. Dès lors, la relation entre Jonas et Emilie, mais également entre Jonas et ses amis d'enfance, va peu à peu décliner, parallèlement à la montée des tensions, puis de l'éclatement de la guerre d'Algérie.

J'ai aimé ce roman car il raconte une histoire d'amour impossible, où les deux amoureux ne sont presque jamais en phase, ils ne font que de se rater. Ce sont un peu des Roméo et Juliette franco-algérien. Mais c'est aussi, au départ, une très belle histoire d'amitié, un peu à la vie à la mort. J'ai apprécié aussi le fait que ce soit une petite histoire dans la grande. Les personnages sont tous très intéressants, et reflètent tous, je pense, un certain état d'esprit spécifique à l'Algérie française. Ils sont le reflet de personnes qui ont ou auraient pu exister. Il est également intéressant de vivre ces évènements, le comportement des différents protagonistes, du point de vue d'un jeune algérien qui a su s'intégrer à cette communauté. Mais, en fait, s'est-il réellement intégrer? Il ne sait jamais où est sa place. En parlant poliment, il a "le cul entre deux chaises", tout au long du roman. Et, c'est cet antagonisme qui rend cette histoire unique et prenante.
Lien : https://elbooksmovies.wordpr..
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Tous les ingrédients d'un bon roman sont réunis :
- Personnage principal attachant dont on suit le déroulement de toute la vie.
- Amitié, amour, trahison, serments, secrets
- Histoire de famille liée à la « Grande histoire » de la France et l'Algérie entre les années 30 et 70.
- Richesse et pauvreté
- Violence et humanité...
… donc voilà un très bon roman que j'ai dévoré.
Younès, fils d'une famille arabe extrêmement pauvre, est confié à son oncle pharmacien qui va l'élever, l'aider à grandir. Younès noue des amitiés avec des colons… mais au moment des révoltes, il lui faudra choisir son camp. Toute sa vie, il se retrouve « pris entre deux feux », en conflit de loyauté soit envers ses origines, soit envers ses amis.
Yasmina Khadra est un grand auteur qui nous fait entrer dans le coeur et dans la tête de ses personnages, quelles que soient leurs contradictions ou leur complexité.
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Une magnifique histoire d'amitié, d'amour impossible, de destin familial, de vie gâchée... le tout sur un fond historique dépeint avec sensibilité et réalisme... Ce livre m'a beaucoup fait pleurer à la fin. J'ai aimé découvrir cet auteur, sa langue, son talent indéniable pour les descriptions. Une excellente lecture, à ne pas manquer en cette année de commémoration...
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L'auteur m'a fait revivre de l'intérieur toutes ces années qui ont construit l'Algérie. C'est vrai que, a priori, je n'avais pas vraiment envie de me lancer dans une énième histoire de la guerre d'Algérie et que j'avais, dans un premier temps, écarté ce livre de mes envies de lecture. Et pourtant, dès les premières pages, la magie a opéré. Avec beaucoup de pudeur et d'humilité, le récit traverse des évènements considérables. Son écriture simple, droite et terriblement efficace m'a attrapé et m'a mise au milieu de l'action, au milieu des gens et m'a amener à partager leur quotidien comme si j'y étais.
En somme, un superbe livre.
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