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4,18

sur 3975 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est tout un pan de l'histoire d'Algérie des années 30 aux années 60 que Yasmina Khadra a voulu nous dépeindre à travers le personnage de Younes alias Jonas.
Mais c'est avant tout la trajectoire singulière de l'enfant, de l'adolescent et du jeune homme qui est mise en avant par l'auteur et que celui-ci nous relate avec son éblouissant talent de conteur.

De la petite enfance misérable du garçon Younes dans les quartiers les plus pauvres d'Oran, à l'adolescence insouciante et privilégiée du jeune Jonas dans la campagne paradisiaque de Rio Salado, puis aux tourments de l'âge adulte de l'homme Jonas/Younes tiraillé entre ses deux identités, l'auteur va confronter son lecteur aux événements tragiques qui ont ensanglanté l'Algérie dès les années 30 pour culminer entre 54 et 62 lors de la guerre à laquelle le gouvernement français refusait de donner ce nom !

Yasmina Khadra s'y entend pour nous transmettre son amour de la terre algérienne qui transparaît dans ce récit inspiré où il évoque les venelles sordides, misérables et mal famées d'Oran, les parfums enchanteurs du bourg viticole de Rio Salado, baignant dans un océan de vignes, sa terre grasse et riche, les plages où les jeunes gens du cru venaient s'ébattre.

Le récit fait la part belle également à la sauvagerie et à la violence, la détresse des malheureux subsistant tant bien que mal dans de pitoyables et fétides cabanes, destinés à servir les riches colons qui, eux, goûtent la douceur de vivre dans l'indolence d'une existence privilégiée.

L'auteur fait admirablement ressortir le profond malentendu existant entre ces colons, dont certains suaient la morgue et considéraient cette terre comme la leur, puisqu'ils la faisaient fructifier, souvent depuis plusieurs générations, et les algériens se sentant spoliés et étrangers dans leur propre pays.

Jonas/Younes ballotté entre son origine arabe et sa culture française, ne se résout pas à prendre un parti tranché lorsque la guerre éclate et il vit comme un déchirement les spasmes qui mettent son pays à feu et à sang. "L' Algérie algérienne naissait au forceps dans une crue de larmes et de sang ; l'Algérie française rendait l'âme dans de torrentielles saignées" jusqu'au paroxysme de l'embarquement apocalyptique des colons pour le retour vers la France et la mort définitive des illusions.

Seul bémol, mais de taille : la romance avortée totalement rocambolesque entre Jonas et sa dulcinée pour d'inconcevables raisons, ce qui hélas enlève de sa crédibilité à ce roman poignant et sinon parfaitement construit avec une brochette de personnages attachants et bien typés !
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L'auteur me régale encore une fois avec un récit à la fois heureux, avec cet amour de jeunesse, et à la fois triste, à cause de l'incendie et surtout de la guerre. Très réaliste et sûrement autobiographique, il arrive à me faire m'attacher à ses personnages rapidement, ils sont tous très humain.
Je trouve que les livres de Yasmina Khadra possède toujours de la philosophie, et du recul celui que l'on a en grandissant quand regardant son passé, ça le rend intime et c'est de qui me plaît le plus.

Ici une histoire qui peut sembler banale, une vie ou plutôt des vies dans une Algérie sur la fin du colonialisme, la difficulté d'une famille paysanne après un incendie criminel et au milieu de tout ça, Younes un jeune garçon obligé de vivre chez son oncle fortuné alors que ses parents vivent dans un taudis à 1 km. D'habitude j'ai dû mal à accrocher à ce genre d'histoire, souvent trop lente, ce ne fut pas le cas. Les tragédies s'enchaînent et l'histoire d'amour née entre les deux enfants.
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Mon premier roman de Yasmina Khadra . Je dois admettre que je suis tombé sous le charme de sa plume ..

Un soir d'été 1930, en Algérie le jeune Younes voit son père pleurer pour la première fois alors que ses champs et récoltes prennent feu.
Pour sauver, nourir sa famille et surtout donner une education scolaire à son fils, le papa de Younes le confie à son frère et sa belle soeur qui tiennent une pharmacie près d'Oran .
Le jeune Younes se fait alors baptiser Jonas . A travers les violences qui secouent le pays , Jonas noue de fortes amitiés et tombera sous le charme de la jeune Emilie.
Au fil du temps, , et après avoir vécu de multiples trahisons amicales pendant la guerre
et la révolution de son pays , Jonas parviendra t'il à oublier un amour d'enfance?



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Je suis curieuse des romans sur l'Algérie ... J'avoue ne pas avoir compris grand chose à tous ces mouvements/ événements qui ont égrené cette période : OAS, putch des généraux, FLN ...
Dans ce roman, on vit l'histoire de cette période, à travers le héros, Younes/ Jonas, musulman, qui côtoie majoritairement les 'roumis', français vivant en Algérie.
On assiste à sa prise de conscience progressive des conditions de vie des algériens et au déchirement de ces français qui se sentent chez eux en Algérie ... Et à la difficulté de nouer ou maintenir des relations entre les communautés.

Une vision complémentaire à celle, féminine, du très bon roman 'Les hommes qui marchent' de Malika Mokeddem.
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Que dire de cette oeuvre? Rien, à part que ce livre est tout simplement magnifique. Khadra décrit une Algérie belle, éblouissante, qui en fait rêver plus d'un. Il décrit ce pays avec une certaine mélancolie, une certaine nostalgie, qui nous fait entrer directement dans la peau d'un Algérien, entre les années 1930 et 1962. Il nous fait aimer ce pays, le découvrir, dans toutes ses formes, sous tous ses angles, il nous le fait redécouvrir...L'histoire de Jonas (Younes) est une suite de mauvaises circonstances, le menant là où il en est, à la fin de la guerre..Suivant peu à peu son évolution, on partage avec lui la colère, la tristesse, la misère, mais également l'amour, la joie, l'épanouissement. Khadra nous fait ressentir ce que pourrait ressentir Jonas d'une manière très directe, on s'attache au personnage, on le comprend, on rit avec, on pleure avec. Ce livre est tout simplement magnifique, remplit de hauts et de bas, de rire et de pleurs, mais surtout de beaucoup d'émotions.
Je le recommande vivement.
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L'écriture m'a embarqué immédiatement, à la fois vive, limpide, imagée et poétique. Je souhaitais lire ce livre depuis longtemps (on me l'a même offert deux fois!!) mais je ne retardais toujours le moment de le lire (peut-être à cause de cette couverture vraiment gnangnan); sachant pourtant qu'autour de moi les gens étaient unanimes: le livre est magnifique!
Du coup je me suis lancée lundi et j'ai dévoré ce livre en quelques jours (merci les transports :)). Un souffle, une émotion et une beauté s'en dégage ainsi qu'une puissance narrative et surtout une héroïne principale l'Algérie, belle à en crever.
Je n'ai qu'un regret, c'est que parfois il y a des incohérences qui servent le récit mais décrédibilise un peu l'histoire (par exemple le traitement réservé à Younes/Jonas qui est arabe au milieu de colonialistes souvent racistes et pourtant intégré et défendu).
Malgré ces quelques facilités pour servir le récit, ce livre m'a émue et emportée et j'en recommande sa lecture :)
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Ce que le jour doit à la nuit est le premier livre de cet auteur que je lis, et dès les premières pages, Yasmina Khadra m'a aspirée tant son écriture est belle et imagée. le livre est un chant d'amour à l'Algérie dont on découvre toute la rudesse et la fragilité, toute la beauté et la violence, toute la fierté.

"Accroupi sur un amas de pierraille, les bras autour des genoux, il regardait la brise enlacer la sveltesse des chaumes, se coucher dessus, y fourrager avec fébrilité. Les champs de blé ondoyaient comme la crinière de milliers de chevaux galopant à travers la plaine. C'était une vision identique à celle qu'offre la mer quand la houle l'engrosse. Et mon père souriait. Je ne me souviens pas de l'avoir vu sourire ; il n'était pas dans ses habitudes de laisser transparaître sa satisfaction..."

Younes, le narrateur qui deviendra Jonas, est un enfant sensible dont la vie bascule le jour où son père doit se résoudre à quitter ses terres agricoles pour rejoindre Oran.

"Je me souviendrai toute ma vie de ce jour qui vit mon père passer de l'autre côté du miroir. C'était un jour défait, avec son soleil crucifié par-dessus la montagne et ses horizons fuyants. Il était environ midi. J'avais l'impression de me dissoudre dans un clair-obscur où tout s'était figé, où les bruits s'étaient rétractés, où l'univers battait en retraite pour mieux nous isoler dans notre détresse. "

Le jeune garçon abandonne la sérénité de sa vie campagnarde avec le même arrachement qu'il doit abandonner son chien. Dans la ville, il découvre la densité de la foule et la solitude. L'acharnement de son père pour sortir sa famille de la misère devient vite inutile, si bien qu'il finit par se résoudre à abandonner Younes à son frère aîné, pharmacien marié avec une chrétienne et n'ayant pu avoir d'enfant. C'est ainsi que Younes devient Jonas et s'éloigne peu à peu de ses origines, abandonnant à son tout sa mère et sa petite soeur.

Le goût prononcé de l'oncle pour les beaux esprits indépendantistes lui vaudra quelques difficultés qui le conduiront à fuir la ville pour Rio Salado. C'est là que Jonas va grandir entouré des jeunes colons de son âge (toutes confessions confondues) dont il est très proche tout en restant silencieusement fidèle à son peuple.

Lorsque la guerre éclate, les tensions entre les jeunes gens , déjà exacerbées par la rivalité auprès des filles, se font plus grandes. Jonas, qui a eu une aventure initiatique sans lendemain avec une femme mûre, se trouve pris au piège de ses sentiments et de son éternel mutisme. Sa douleur se prénomme Emilie et l'accompagnera jusqu'à l'extrême fin de sa vie. En plus de cet amour impossible, il reste aux yeux de tous "l'Arabe" qui ne peut comprendre et qui surtout ne prend pas parti.

"L'hiver 1960 fut si rude que nos prières gelaient ; on les aurait entendues tomber du ciel et se fracasser au sol tels des glaçons. La grisaille alentour ne suffisant pas à obscurcir nos pensées, de gros nuages se mettaient de la partie ; ils se jetaient comme des faucons sur le soleil, bouffant sous nos yeux les rares rayons du jour censés apporter un soupçon d'éclaircie à nos esprits engourdis. Il y avait plein de tourments dans l'air ; les gens ne se faisaient plus d'illusions : la guerre se découvrait une vocation, les cimetières des ailes dérobées. "

Comment trouver sa place lorsque l'on est né algérien pauvre puis élevé parmi les colons, dans une belle maison, avec un accès à l'éducation, à des études supérieures ? Comment soutenir son peuple et ne pas voir son coeur saigner devant le meurtre de ses amis les plus chers ?

Et lorsque l'on a grandi sur une terre que plusieurs générations ont fait naître à elle-même, comment ne pas être terriblement meurtri d'en être chassé ?

Des questions. Pas de réponse. L'accusation et la défense parlent toutes deux avec le coeur.

La guerre aura les suites que nous lui connaissons, les blessures seront terribles et pourtant, l'amitié aussi profondément ancrée que la terre dans le coeur des protagonistes les fera revenir les uns vers les autres.

Ce roman est un cri d'amour pour un pays mais c'est aussi l'histoire d'un amour impossible, un amour brisé par un serment et par la fierté d'un jeune homme qui ne reniera jamais sa parole donnée. Jonas-Younes, Younes-Jonas, dont on peut parfois déplorer la passivité mutique, porte en lui la fierté de son peuple, la fierté de son père qui n'a jamais courbé l'échine mais il porte aussi comme un fardeau ses deux prénoms qui l'attachent à deux mondes que L Histoire oppose.

Lien : http://parisiannemusarde.ove..
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Une plume enchanteresse. On se laisse happer dès les 1ere lignes. l'auteur tisse petit à petit sa trame. On est au départ pris à la gorge par la pauvreté des personnages, puis on suit l ascension sociale de Jonas/Younes. Ses difficultés à trouver sa place dans cette société en pleine mutation, qui se cherche, elle aussi.
La fin m attriste, mais si elle avait été d un autre acabit, ce roman n aurait pas ce sel piquant. Une belle découverte, au hasard d une boîte à livres, qui me donne envie de découvrir cet auteur.
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Depuis ma lecture coup de coeur de L'Attentat, il me tardait de retrouver Yasmina Khadra et sa plume qui m'avait tant chamboulée.

Le cadre n'est pas le même, l'intrigue est beaucoup plus étirée, les enjeux bien différents et pourtant cette plume est toujours aussi juste. Douce et sensible pour évoquer l'exode de la famille du jeune Younes, pudique mais assez évocatrice pour imaginer les conditions de vie dans un bidonville d'Oran et parfois complexe pour décrire les tourments sentimentaux du protagoniste.

J'ai été transporté en Algérie et l'atmosphère ambiante ne m'a pas quittée tout le long de ma lecture. Je ne connaissais pas grand chose de ce pays et ce roman m'a réellement permis d'appréhender sa culture cosmopolite et les tenants et aboutissants de la guerre d'indépendance.

Mais tout cela n'est qu'un décor dans lequel grandit Younes, devenu Jonas, qui toute sa vie ne saura dans quel "camp" il se trouve. C'est le récit de l'abandon: celui d'une famille, d'une communauté, d'un pays. Comment un homme peut-il se construire en sacrifiant à chaque étape de sa vie une partie de lui ? En voilà une douloureuse aventure...

Voilà donc un roman encore très humain de Yasmina Khadra qui permet de contempler l'Homme et ses sensibilités au milieu d'un monde qui lui échappe.
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On m'avait prêté et conseillé, il y a de cela quelques années, lorsque je n'avait qu'une activité littéraire limitée, un livre de Yasmina Khadra. On m'en avait vanté beaucoup de mérites, on m'avait annoncé la puissance de ses écrits. Puis j'en étais ressorti avec
une sensation d'avoir en effet lu une oeuvre de qualité, mais tout de même, un cran de deça du choc dont on m'avait prévenu.

J'étais resté sur ma faim, non pas à cause de l'oeuvre en elle même, mais parce que j'attribuais cette forme de déception à mon statut de lecteur plus qu'amateur, voire novice. Quelques années après donc, ayant tiré parti des confinements pour aiguiser mon sens littéraire, parcourir plus de livres que je n'en avais jamais lu auparavant, et surtout, après avoir mieux cerné quels étaient mes goûts en la matière, je décidais donc de renouveler l'expérience Khadra. J'en étais persuadé, lors de ma première expérience, j'étais passé à côté de quelque chose et surtout, de quelqu'un.

C'est donc avec un oeil à la fois critique et à l'affut que j'ai lu Ce que le jour doit à la nuit. Encore une fois, je me suis fait prendre au piège des a priori : puisqu'on devait nous y parler de l'Algérie du milieu du siècle dernier, d'attachements et de détachements, je m'attendais à une oeuvre dramatique à la manière de l'Attentat, y associant cette fois le conflit de la guerre d'Algérie. Mais dans ce livre, la guerre d'Algérie n'est qu'un évènement permis d'autres au milieu de ces enfances, adolescences, vies de jeunes adultes. Il n'est pas question ici de décrire cette guerre au plus près comme je m'y attendais, mais plutôt de raconter comment celle-ci, que l'on entraperçoit de loin, a joué un rôle dans les amitiés, amours et rapports de forces existants dans les vies qu'on nous décrit. Cela, au même titre que les évènements les plus insignifiants dans des vies des plus normales, au travers de chemins qui se construisent, se séparent, se rejoignent, au rythme des sentiments, des rencontres et de la vie qui s'écrit. Et que ces évènements soient dramatiques ou banals, il est ici question de montrer notre impuissance parfois face à cette route qui se trace devant nous.

Yasmina Khadra semble décrire tout cela avec une facilité folle, comme si dépeindre une vie entière sur quelques 338 pages était la chose la plus naturelle au monde. Et c'est bien sur avec délectation et beaucoup de facilité que j'ai suivi le déroulement de ces vies tout au long du roman. C'est avec beaucoup d'acuité que je me suis imaginé visages, paysages, odeurs, atmosphères et sentiments tout au long de ce roman.

Alors je ressors de cette lecture avec la satisfaction d'avoir vécu cette vie, d'avoir partagé les jeux et les insouciance des personnages. de m'être arraché le coeur avec eux parfois. Mais cette fois encore, je n'ai pas ressenti le choc littéraire, la force du style que j'attendais. Cela n'enlève rien aux qualités du livre, du talent de narration de l'auteur ni à l'aura qu'il exerce à mon égard. Je lirai d'autres de ses livres quand j'en aurai l'occasion. Mais je conserve tout de même cette légère déception en tête une fois les dernières pages refermées.
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