L'idée de l'Inde

L'état indien est une autre forme d'état autoritaire partagé entre la classe politique et la classe des brahmanes. Les uns jouant le jeu de la démocratie et les autres régissant le système des castes.
B.R. Ambedkar, leader des "*intouchables", avait alerté en 1950 sur les limites de la constitution qui venait d'être mise en place. La mobilisation politique des "backward classes" (autre terminologie désignant les "intouchables") a peu progressé, éclatée dans une multitude de partis qui ne dépassent pas l'échelon régional et se bornent à défendre des intérêts particuliers en versant parfois dans le populisme. Au contraire, les mesures de discriminations positives mises en place en faveur des classes défavorisées risquent d'être balayées par l'arrivée au pouvoir des nationalistes hindous qui sont les grands gagnants des dernières élections.
Pire, les effets inégaux du développement économique orchestré par les grands capitalistes ajoutent de nouvelles strates sociales. Après l'indépendance, le premier ministre Nehru avait engagé l'Etat dans un rôle très actif sur le plan économique, mais sans parvenir à assurer une redistribution des profits vers le plus grand nombre.
Malgré une nostalgie non dissimulée de l'Inde socialiste de Nehru, l'auteur livre ici une fine analyse politique de l'Inde depuis l'indépendance. On est loin également du rêve de Gandhi de la non-violence et d'un hindouisme expurgé de l'intouchabilité, mais plus de 60 ans après l'indépendance il reste la foi dans l'idée de la démocratie.