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Critique de Montecristof


C'est par ce recueil de 4 nouvelles que j'ai découvert S.King, à la fin de mon adolescence. Et je dois le dire, l'impression qu'il m'a laissée fut si forte que depuis, dans chaque nouveau bouquin de King j'entre avec un a priori favorable. Je suis resté fan depuis, et ça fait bien quarante ans que ça dure...

J'ai presque tout lu de King et j'ai tendance à classer ses récits en deux catégories : les réalistes, moins nombreux, et les "Grand-Guignol", dans lesquels il lâche les chevaux à ses délires para-normaux. Quelques-uns sont, comme l'excellent "Misery", à la frontière entre les deux genres. Quoi qu'il en soit, dans l'un comme dans l'autre genre s'invite toujours l'angoisse, parfois la peur, parfois même la terreur.

Ses personnages sont largement issus des classes moyennes ou des milieux populaires, en tant que tels ils sont des figures auxquelles le lecteur moyen s'identifie facilement. D'autant plus qu'il entre souvent dans la vie intérieure tourmentée de ces gens ordinaires qui vivent des destins hors-normes, des gens attachants qui s'expriment normalement, qui ont de solides défauts plus souvent qu'à leur tour, jusqu'à même des addictions d'ailleurs, mais des gens qui ont aussi des qualités de coeur telles qu'on aimerait les avoir pour amis, parfois...

Quoi qu'il ait assis sa notoriété sur son efficacité comme auteur fantastique, c'est dans le genre réaliste que je préfère King. Et je peux vous garantir qu'il assure aussi quand il colle au réel, braves gens, le sorcier King !
Mes préférés sont peut-être son chef d'oeuvre féministe, "Dolorès Claiborne", et plus récemment un excellent polar qui commence par un attentat à la voiture bélier, "Mr Mercedes". A noter que dans ce genre il a aussi écrit il y a longtemps "Rage" et "Chantier" sous le pseudo de Richard Bachman, qui sont de la très bonne came..

Dans le pur fantastique, son savoir-faire ne fait aucun doute, et comme tout le monde j'ai été conquis par des chefs-d'oeuvre comme "Carrie", "Charlie", "Dead zone", "Simetierre", "Cujo", "Ca", le célèbre "Shining" (que Kubrick, ce traître, a dénaturé pour le cinoche), le bouleversant "La ligne verte" (dont on a fait un bon film éponyme, très fidèle au livre) ou même "Christine". La liste est longue, j'en oublie...

Des oeuvres imaginaires du genre dystopie comme "Le fléau" ou surtout l'addictif "Marche ou crève" (encore une prouesse, parue à l'origine je crois sous son pseudo) sont à ranger à part puisqu'il n'y est pas question de phénomènes para-normaux, de même qu' une étude ô combien inquiétante de la folie comme "Misery" (qui, beaucoup plus que le film très moyen qu'on en a fait, vaut le détour si on a le coeur solide et qu'on ne craint pas une ou deux nuits écourtées pour en venir à bout) parce que c'est vraiment à la toute fin que le récit dérape vers un ailleurs... Dans certains recueils de nouvelles on a aussi un mélange des genres : je pense à "Danse macabre", où au milieu de moult délires diablement efficaces mais souvent grandguignolesques une petite nouvelle réaliste m'est à jamais restée en tête et m'a ému jusqu'aux larmes ("Le dernier barreau de l'échelle" est un récit qui à lui seul vaut qu'on essaie ce gros recueil !)...



Je suis entré chez King par "Différentes saisons", donc, et ça tombe bien pour moi car des 4 nouvelles, une seule ("La méthode respiratoire") est clairement à ranger dans le genre "Grand Guignol".

Dans l'une des trois autres, "Le corps" (qui a donné le film "Stand by me"), l'angoisse ne s'invite que par l'évocation de la mort, à cause d'un cadavre vers lequel marchent quatre pré-ados. Leur road trip est une sorte de voyage initiatique distillant chez le lecteur une bonne dose de mélancolie.

La première nouvelle du recueil, dont le titre mentionne Rita Hayworth , nous parle d'adaptation d'un homme ordinaire à l'univers carcéral. C'est un bijou qui a donné lieu à la meilleure adaptation selon moi de King au cinoche, par F.Darabont : "Les évadés". Il y a tout King dans cette pépite : l'adversité, la peur, la violence, la ténacité et la résilience, mais surtout l'éclosion d'une amitié dans la lutte contre l'injustice. L'amitié est un thème important chez King, elle nait ici dans des circonstances assez... euh... rudes disons.

Enfin la deuxième longue nouvelle, peut-être la plus angoissante, met en scène un ado surdoué que sa fascination pour la barbarie nazie pousse vers des extrêmes pour le moins...inquiétants. Elle aussi a donné lieu à une adaptation, le film éponyme "Un élève doué", un laborieux ratage dont à mon sens on peut se dispenser.



Il a mauvaise réputaion je crois dans les cercles littéraires de l'élite, King. Enfin je crois. C'est le cas de nombre d'auteurs dits populaires. Mais si vous vous en êtes méfiés jusqu'ici à cause de ces rumeurs de jaloux, essayez donc "Différentes saisons". Vous pourriez bien entrer comme moi dans le camp des admirateurs, et lui pardonner quand il ne joue les pisse-copies que pour faire bouillir la marmite !
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