Que voilà un excellent recueil de nouvelles ! Six cents pages, vingt histoires, certaines fantastiques, d'autres réalistes, toutes font réfléchir et toutes font frissonner à leur manière.
Difficile de résumer l'ensemble de ce recueil, tant les intrigues, les personnages et les genres sont différents et variés. Et c'est tout l'attrait de ce recueil : on est surpris par chaque histoires. Même si certains thèmes que l'on y retrouve sont proches des romans de
Stephen King : des objets démoniaques, le couloir de la mort, un monde post-apocalyptique, l'alcoolisme, la dualité qui se cache en chacun de nous, la fuite de la réalité… et presque toutes mettent en perpective la réalité sociale des Etats-Unis, avec les difficultés rencontrées par la classe moyenne pour faire face, quoi qu'il en coûte.
Du côté fantastique, mes coups de coeurs vont à «
Sale gosse » et «
Nécro » pour leur aspect classique du genre et à « Ur » pour la finesse de la réflexion sur la place du livre numérique et l'accès à un monde infini de possibilités au travers d'une liseuse pas comme les autres.
Du côté réaliste, « Morale » et «
Herman Wouk est toujours en vie » ont ma préférence car elles illustrent parfaitement jusqu'où l'être humain est capable d'aller, poussé à bout par une société qui l'étouffe. Elles font plus frissonner d'horreur que certaines nouvelles fantastiques…
J'ai moins apprécié « Église d'ossements » et « Tommy », qui sont rédigées sous forme de poèmes, mais ça, c'est parce que la poésie et moi, ça fait deux…
Autre aspect original et intéressant ce ce recueil, c'est que chaque nouvelle est introduite par un mot de
Stephen King sur la conception de l'histoire qu'on va lire ensuite. On entre un peu dans l'intimité de l'auteur en abordant ses sources d'inspiration, son travail d'écrivain, des anecdotes et de petits morceaux de sa vie. J'adore !
Stephen King fait aussi de nombreux clins d'oeil à des personnes et des auteurs qui lui sont chers dans chacune des dédicaces des nouvelles mais il y a aussi des allusions plus subtiles dans le texte, à
Sartre, par exemple, et à son fils et son génial « Locke & Key » dans «
Mile 81 ».
Bref, vingt nouvelles pour brasser de manière large tout le talent de
Stephen King, c'est toujours un plaisir !