Bill Hodges est un ancien flic nouvellement retraité. Divorcé, avec une fille qui ne vient plus le voir depuis plusieurs années (même si elle l'appelle à Noël et Thanksgiving, sans oublier les anniversaires), il a tout le temps nécessaire, en regardant des émissions débiles de téléréalité, de penser aux 4 seules affaires non-résolues de sa
carrière, en caressant l'arme de service de feu son père. Des fois, il la met même dans la bouche, juste pour voir...
Jusqu'à ce qu'il reçoive une lettre d'un certain
Mr Mercedes, qui revendique être l'auteur de l'une de ces affaires non-classées. Un fou furieux avait volé la voiture de cette marque avant de foncer dans la file d'attente d'une foire à l'emploi, faisant 8 morts (dont une mère et son bébé) et plusieurs blessés. Bill et son coéquipier, à l'époque, étaient persuadés qu'Olivia Trelawnay, la propriétaire de la mercedes, avait facilité la tâche du fou furieux en n'étant pas très soigneuse du deuxième trousseau de clés de la voiture, qu'elle disait n'avoir jamais possédé. Il faut dire qu'Olivia était particulièrement antipathique : elle semblait plus préoccupée par la date à laquelle on lui rendrait sa voiture que par le carnage, prenait tout le monde de haut, et faisait vraiment peu preuve d'empathie. La preuve de sa culpabilité ? Elle s'était suicidée peu de temps après le carnage. Sauf que le courrier de
Mr Mercedes, outre qu'il montre avoir une bonne connaissance du passe-temps favori de Bill (à savoir, caresser une arme à feu), semble l'inviter assez clairement à faire usage de la-dite arme. Bill commence à se dire qu'il avait peut-être jugé un peu vite Mme Trelawnay, à l'époque...
Dans ce roman à deux voix, on suit le point de vue de "l'Off. Ret" William Hodges (Bill pour les intimes) et celui de Brady Hartsfield, alias
Mr Mercedes. Pour être honnête, je me suis dit, à plusieurs reprises, que la Mercedes en question devait être un vieux tacot diesel, du genre ceux dont il faut amorcer la pompe et donner un maximum de carburant, le temps de "chauffer" le moteur (comme ma première voiture, quoi...), au risque de caler. La première partie de ce livre est assez lente, et reprend les canons du roman policier classique, y compris le vieux flics retraité et déprimé, et le psychopathe en mal de reconnaissance et en mal de vivre également. J'ai trouvé que cette partie tombait également un peu dans la facilité, avec son côté plan-plan, son pseudo mystère de la chambre jaune lié aux clés de voiture... dont la résolution me semble tout sauf crédible ! Sympa à lire quoi, mais manquant de punch et d'originalité ! J'ai préféré la seconde partie, résolument plus thriller, mettant en scène ce coup-ci un trio d'enquêteurs improbable ; même si la crédibilité ne semble toujours pas de la partie, le lecteur (enfin moi!) n'a aucun mal à se dire qu'avec cette équipe de bras cassés, il va falloir la jouer finement. Ca fait enfin battre le coeur un peu plus vite...
Si l'intrigue policière est sympathique mais plutôt convenue (à mon gout, hein...), j'ai en revanche apprécié, après des ouvrages plutôt "nostalgiques" ou "sages", le tournant résolument moderne, pris par King, dans une Amérique post-11 novembre et avec les réseaux sociaux (qui donnent lieu à des échanges jubilatoires entre nos deux "héros"). Comme toujours, j'apprécie la capacité de cet auteur à créer des personnages que l'on reconnaitrait en les voyant passer à sa fenêtre. Enfin, un certain nombre de dialogues font mouche, et l'on se prend à s'attacher à Bill, Holly, Jérôme, et Janey, voire même à Brady, ce psychopathe qui, quand même, n'a pas été aidé.
Mr Mercedes n'est pas pour moi le thriller du siècle ; mais c'est un roman qui mérite d'être lu, bien amené, bien écrit, avec quelques sourires au coin des lèvres et de la tension. Bref, même si ce n'est pas pour tout de suite, je lirai avec plaisir la suite des aventure de Bill !