Lorsque j'ai vu la couverture du nouveau roman de
Stephen King, «
Holly », j'ai été attirée par la façade de cette élégante maison victorienne se dérobant au regard à la faveur du crépuscule.
Au détour de commentaires de lecteurs, j'ai appris que
Holly était un personnage récurrent dans l'oeuvre de
Stephen King qui lui a consacré une histoire dans un de ses recueils de nouvelles, «
Si ça saigne », et qu'il valait peut-être mieux aller à sa rencontre en lisant auparavant la trilogie du détective Bill Hodges.
Lire «
Holly » en premier ne semblait pas être véritablement gênant, mais j'ai préféré retourner au tout début, à la naissance de ce personnage. Et c'est ainsi qu'avec mon amie NicolaK, j'ai débuté le premier tome de la trilogie, «
Mr Mercedes ».
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Après une très belle
carrière dans la police, Bill Hodges est aujourd'hui un jeune retraité.Le vieux flic est seul, en surpoids, déprimé sans l'adrénaline des enquêtes et suicidaire. Il a résolu par le passé de nombreuses affaires criminelles, mais plusieurs non résolues le hantent toujours, en particulier celle du tueur à la Mercedes.
A l'aube du 4 avril 2009, un homme avec un masque de clown a surgi du brouillard et a délibérément projeté une Mercedes volée sur la foule des demandeurs d'emploi qui attendaient dans le froid, l'ouverture des portes de la foire à l'emploi. Il tue huit personnes et en blesse quasiment le double. Parmi les victimes, une mère et son enfant, un homme, avec qui nous venions à peine de faire connaissance.
Je reviens à Bill Hodges, seul dans son salon, la télé allumée sur des émissions totalement ineptes, jouant avec l'arme de son père, lorsque qu'il aperçoit dans le courrier, une enveloppe sans aucune adresse d'expéditeur qui s'est glissée au milieu des prospectus. Sa curiosité éveillée, il l'ouvre et découvre une lettre pleine de morgue de l'assassin à la Mercedes, l'invitant à poursuivre l'enquête et le démasquer.
Pour l'inspecteur, cette lettre est une aubaine pour chasser la morosité et le vide de sa nouvelle vie et pour enfin attraper ce fou. Il décide de se lancer dans cette traque sans en informer ses anciens collègues. Mais à trop vouloir jouer au jeu du chat et de la souris, ne risque-t-on pas de voir les rôles s'inverser ?
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Le maître de l'épouvante est un touche-à-tout, aussi à l'aise dans la fiction historique que le fantastique, la science-fiction ou l'horreur. Ce que j'admire particulièrement chez lui, c'est sa façon de se renouveler sans cesse, de nous emporter dans ses nombreux univers et de ne cesser de nous surprendre.
Ici, on est dans un thriller policier dont il maîtrise parfaitement les codes et le suspense par des allers et retours entre Bill Hodges et le tueur à la Mercedes. Les chapitres sont courts et rythmés, pleins de rebondissements, s'arrêtant au moment idéal pour entretenir l'intérêt du lecteur.
Avec «
Mr Mercedes »,
Stephen King explore les aspects les plus sombres de la nature humaine, les traumatismes de l'enfance, la folie et l'obsession, les réseaux sociaux et l'aliénation.
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L'auteur a un vrai talent pour donner vie à ses personnages, ils ont tous une véritable épaisseur. L'empathie avec les personnages est aussi une des clés du succès de ce livre. Attachants, singuliers, uniques, ils donnent souffle et corps au récit.
Bill Hodges m'a beaucoup plu, crédible, attachant dans ses failles, obstiné et perspicace comme peut l'être un policier qui a de la bouteille. L'inspecteur est conscient de son attitude égoïste et téméraire, il sait parfaitement qu'il commet une erreur en se lançant à la poursuite de ce tueur en série, mais comment se défaire d'une enquête qui lui redonne envie de vivre ?
« le remède à l'ennui c'est la curiosité, mais la curiosité, elle, est sans remède. »
Les autres personnages ne sont pas en reste, sympathiques, dérangeants ou intrigants.
Brady Hartsfield, le tueur, a l'étoffe d'un véritable méchant, un monstre suffisant, intelligent et sans conscience, impulsif et manipulateur, inquiétant et complètement détraqué. En un mot, détestable !
« Hodges a lu quelque part qu'il y a des puits si profonds en Islande que l'on peut y jeter des cailloux sans jamais les entendre faire plouf. Il pense que c'est pareil pour certaines âmes humaines. »
Et
Holly que j'ai enfin rencontrée est, je dirais, spéciale, juste un peu bizarre ! Elle est assez fascinante pour me donner envie de lire le roman qui lui est consacrée.
****
Mr. Mercedes est un thriller au rythme soutenu qui se lit très vite malgré le nombre de pages. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman policier une vraie réussite. Il y a de l'action et du suspense, un humour particulièrement appréciable et de l'horreur parfaitement maîtrisé. Juste ce qu'il faut pour le plaisir de frissonner car l'auteur ne bascule jamais dans la sordidité.
Je ne suis pas adepte des séries policières, mais je poursuivrai très vite avec «
Carnets noirs » et «
Fin de ronde » pour ensuite de me diriger avec «
Holly ».