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EAN : 9782810011377
352 pages
L'artilleur (02/11/2022)
3.72/5   16 notes
Résumé :
On entend souvent qu’en matière de climat "la science a parlé" et que « le consensus est établi ». En réalité, de la recherche fondamentale aux médias, l’information est déformée, voire faussée. Le climat est en train de changer, mais le pourquoi et le comment ne sont pas aussi clairs qu’on veut nous le faire croire.
D’abord parce que la climatologie est une science récente, née dans les années 1960, et qu’elle est extraordinairement complexe. Souvent incapab... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Fidèle à sa position d'anti-Cassandre, Steven KOONIN signe un ouvrage dense, offensif, pour critiquer en profondeur la maturité des sciences du climat et la pertinence de leurs conclusions, notamment quant à la part de responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Alors, que penser du livre ?

Dès les premières pages d'introduction, j'ai relevé énormément d'assertions fausses (et par ailleurs non sourcées - même si Koonin apporte dans les chapitres suivants une tentative de preuve). J'ai fait le choix d'arrêter de prendre des notes et de répondre point par point au bout de quelques pages seulement, devant le temps que ça m'a pris, pour me concentrer sur la lecture intégrale de l'opus. Je vous joins tout de même les quelques notes (et commentaires) que j'ai prises [voir ci-dessous, après les sources].
J'ai pris soin d'aller examiner de nombreuses affirmations de Koonin directement dans les rapports ou articles qu'il cite, notamment le CSSR (au temps pour mon temps-libre...). Si la plupart des extraits sont retranscrits sans modification, j'ai constaté que les documents offrent en général beaucoup plus de nuances que ce que Koonin suggère lorsqu'on s'y attarde ; il m'est aussi arrivé - une fois - de ne pas trouver la citation évoquée par Koonin dans l'un des rapports du GIEC : p. 205 du livre, on peut lire " les ensembles de modèles du CMIP5 ne peuvent être utilisés comme un outil fiable de prévision de probabilité régionale ", citation qui n'apparait nullement (même approximativement) dans la Box 11.2 de l'AR5 WGI. Ce qui est exposé dans cet encart, par contre, est que les modèles globaux ne sont pas conçus pour modéliser les climats régionaux : et c'est bien pour ça qu'on utilise d'autres types de modèles pour des zones régionales, avec une résolution accrue permettant une meilleure représentation des phénomènes physique de petites échelles (c'est précisément l'objet de ma thèse, on appelle ça une " descente d'échelle dynamique " [1]).
Je ne résiste pas non plus à évoquer un exemple stéréotypique de l'exagération du discours de Koonin qui écrit, p. 145, " les années de records de chaleurs étaient d'un rouge écarlate alarmant " alors qu'en réalité le graphique cité présente simplement les années froides en bleu, les années chaudes en rouge : un code couleur on ne peut plus commun (du moins en occident). Voir la figure originale en question [2].
Comme tous les discours sur le changement climatique et ses impacts sur les sociétés, il est extrêmement difficile de démêler le vrai du faux lorsqu'on manque de recul, d'autant qu'on est invité à faire confiance à l'auteur grâce à l'effet blouse-blanche induite par l'élogieuse présentation de son parcours académique (et gouvernemental). On retrouve toutefois dans le livre toutes les méthodes classiques de désinformation, que des chercheurs à l'instar de John COOK [3] ont mis en évidence et regroupé sous l'acronyme "FLICC" [4] pour :

- Fake experts : intervention d'experts illégitimes
- Logical fallacies : sophismes et argument fondés sur les biais cognitifs
- Impossible expectations : attente illégitime de précision (notamment pour des phénomènes de nature fondamentalement chaotique)
- Cherry picking : choix d'exemple restreint (et souvent biaisé) occultant tous les contre-exemples existants
- Conspiracy theory : évocation d'un agenda politique caché

La méthode la plus utilisée par Koonin, dans l'ensemble, consiste notamment à faire d'une "absence de preuve" une "preuve de l'absence" [5] - ce qui est tout a fait condamnable sur le plan de la rigueur intellectuelle. Par exemple, pour Koonin, le fait que l'on ne dispose pas, à l'heure actuelle, de suffisamment de données pour déterminer la part de responsabilité humaine sur l'évolution des ouragans devient la preuve que l'activité humaine n'a pas d'impact sur les ouragans. C'est une méthode assez insidieuse lorsque la "démonstration" est étalée sur plusieurs pages.

Si Koonin répète à l'envie qu'il ne nie pas le réchauffement climatique ni la responsabilité humaine (qu'il prend soin d'amoindrir à chaque évocation), son ambition est bien de discréditer la science du climat (ou plutôt "les sciences" du climat, tant les disciplines que ce sujet implique sont nombreuses) en affirmant que la compréhension actuelle des scientifiques est trop limitée pour anticiper les futurs possibles avec suffisamment de confiance pour être en mesure d'agir dès maintenant. le ton général de l'ouvrage est à l'euphémisation des risques et suscite énormément de doute envers la rigueur de milliers de scientifiques de part le monde : stratégie on ne peut plus éculée (l'industrie du tabac a un certain passif dans le domaine).
On notera d'ailleurs l'apparent paradoxe selon lequel Koonin fustige le manque de considération des incertitudes par les scientifiques, là où lui même affirme continuellement son opinion avec aplomb, de manière assez catégorique, en se fondant presque toujours sur un nombre de contre-exemples (très) limité, pourtant fondés eux-mêmes sur les outils dont il critique la fiabilité. Par ailleurs, on notera que Koonin a un prisme très US-centré qui occulte totalement (ou presque) le reste du monde ainsi que les constats et preuves qui en découlent.

Je termine sur le fait que Koonin, dans sa proposition d'exercice Red Team/Blue Team a fait intervenir 12 scientifiques dont 6 climatologues, parmi lesquels on retrouve pour 3 d'entre-eux (la moitié) des scientifiques connus pour leur position climato-sceptiques et parfois même pour la remise en cause de leurs travaux. Il s'agit de John CHRISTY [6], Richard LINDZEN [7] et Judith CURRY [8]. Notons qu'outre la méthodologie très contrainte et réductrice de l'exercice (sur à peine une journée, avec présentation chronométrée de chaque intervenant), il semble assez difficile de représenter équitablement le consensus des scientifiques du climat (GIEC) ; consensus obtenu au terme d'un robuste exercice de revue par les pairs, contrairement au panel de 6 climatologues divisés paritairement en deux courants opposés (déséquilibrant ainsi fortement les jugements en faveur de la minorité). Ben SANTER faisait aussi parti des scientifiques (Blue Team) sélectionné par Koonin, il donne son avis très critique sur cet exercice dans une courte vidéo dans cet article [9], dans lequel on trouvera d'autres choses pertinentes à lire sur l'auteur et son livre. Un autre excellent article à lire ici [10].

Pour déconstruire le discours de Koonin, il faudrait reprendre point par point tout ce qui ne va pas dans celui-ci. Je prend soin de noter ici, toutefois, que TOUT n'est pas faux dans le livre (que ce soit sur les bases fondamentales de la physique du climat expliquée au début, ou de certaines critiques eu égard au traitement médiatique des travaux scientifiques, parfois exagéré ou extrapolé). Cependant, une grande partie des assertions sont au mieux trompeuses, sinon factuellement fausses.
Heureusement la communauté scientifique a mis en place certains outils pour démêler le vrai du faux. Il y a également de nombreux vulgarisateurs qui font un excellent travail, aussi bien en France qu'ailleurs dans le monde (notamment le Réveilleur [11] qui a, entre autres, produit des vidéos analysant le discours climato-sceptique de Vincent COURTILLOT - très instructives pour déconstruire les mythes que des scientifiques peu scrupuleux propagent). Koonin n'est malheureusement ni le premier ni le dernier à prétendre être plus rigoureux, plus intègre et, quelque part, plus malin que les autres... Ce bien sûr envers et contre tous... A elle-seule, cette posture de " génie incompris " devrait mettre la puce à l'oreille sur le type de personne auquel on a affaire.

En définitive : on ne recommandera évidemment pas la lecture de ce livre destiné à tromper son lectorat, dont le sujet est traité avec une fausse rigueur au mépris de la déontologie la plus élémentaire.
Pour les plus désireux de (réellement) comprendre le sujet , j'ai quelques ressources à proposer qui pourraient vous intéresser concernant l'état de l'art en science du climat. Il y a très récemment eu un cycle de conférences au Collège de France : " Lire les rapports du GIEC pour comprendre le monde qui s'annonce – Une introduction aux enjeux sociétaux entre science, utopie et réalité " [12] parmi lesquelles celle d'Hervé DOUVILLE (Météo-France) [13], faisant un point sur les incertitudes en matière de modélisation/projection et leur prise en compte.

[1] http://www.drias-climat.fr/accompagnement/sections/61
[2] https://www.researchgate.net/figure/Figure-ES5-as-published-in-CSSR-FIGURE-ES5-Observed-changes-in-the-occurrence-of_fig1_356148344
[3] https://www.climatechangecommunication.org/portfolio-view/john-cook/
[4] https://skepticalscience.com/history-FLICC-5-techniques-science-denial.html
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Argumentum_a_silentio
[6] https://skepticalscience.com/skeptic_John_Christy.htm
[7] https://skepticalscience.com/skeptic_Richard_Lindzen.htm
[8] https://skepticalscience.com/Judith_Curry_arg.htm
[9] https://greatwhitecon.info/2021/05/unsettling-koonin-critiques-continue/
[10] https://www.scientificamerican.com/article/a-new-book-manages-to-get-climate-science-badly-wrong/
[11] https://www.youtube.com/@LeReveilleur
[12] https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/grand-evenement/lire-les-rapports-du-giec-pour-comprendre-le-monde-qui-annonce-une-introduction-aux-enjeux-societaux-0
[13] https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/grand-evenement/lire-les-rapports-du-giec-pour-comprendre-le-monde-qui-annonce-une-introduction-aux-enjeux-societaux/principes-methodes-resultats-saillants-et-quelques-pistes-amelioration-des-rapports-evaluation-du

Avant de continuer, rapide glossaire des abréviations, afin de s'y retrouver plus facilement dans les sources provenant du GIEC/IPCC :

AR : Assessment Report --> Rapport d'évaluation (des connaissances scientifiques)
SPM : Summary for Policy Makers --> Résumé à l'Intention des Décideurs
SYR : SYnthesis Report --> Rapport de synthèse
TS : Technical Summary --> Résumé Technique
WG : Working Group -->Groupe de Travail (I, II ou III)

Introduction

p.11

« La science affirme que la Terre est condamnée »

C'est faux. C'est d'ailleurs la première phrase de la section C du dernier rapport du GIEC :

« C.1 le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé planétaire (degré de confiance très élevé). Il existe une fenêtre d'opportunité qui se referme rapidement pour assurer un avenir viable et durable pour tous (degré de confiance très élevé). » [IPCC, AR6, SYR SPM C.1]

La proposition est claire : il est encore possible de faire quelque chose pour limiter la menace, mais il faut agir rapidement. « La Science », comme Koonin aime à l'écrire, ne dit donc pas que la Terre est condamnée.

« [L]es canicules ne sont pas plus fréquentes aux États-Unis qu'elles ne l'étaient en 1900 »

C'est faux. D'ailleurs il ne donne aucune source pour appuyer ses affirmations, alors qu'il s'agit pourtant de variables météorologiques mesurées, objectives, dont l'accès est facile et gratuit, voir : https://www.epa.gov/climate-indicators/climate-change-indicators-heat-waves
--> Non seulement la fréquence a augmenté ces dernières décennies, mais également les durées des canicules, la durée de leur saisonnalité , ainsi que leur sévérité.

« [L]es températures maximales n'y ont pas augmenté au cours des cinquante dernières années »

C'est faux. Voir : https://www.statista.com/statistics/1038598/annual-average-maximum-temperature-in-the-us-celsius/
--> le graphique montre bien que les maximales annuelles moyennes ont une tendance à la hausse ; notamment depuis 50 ans.

Le choix des maximales est par ailleurs biaisés car comme leur nom le suggère, il s'agit d'extrêmes, également dépendants de la variabilité naturelle du climat : ce qui fait, par exemple, qu'il arrive encore que des vagues de froid congèle les USA malgré le réchauffement climatique. Une donnée plus pertinente est évidemment la moyenne annuelle, qui lisse les extrêmes et rend mieux compte des conditions « moyennes », comme son nom l'indique.
Donc non seulement l'affirmation est non sourcée et fausse, mais en plus, l'indicateur – mal utilisé – peut induire en erreur le béotien.

Koonin revient en profondeur sur le sujet des températures maximales au Chap. 5 (pp. 139-157)

p. 12

« Les activités humaines n'ont pas eu d'impact détectable sur les ouragans au cours du siècle passé »

C'est trompeur. Ce que dit le GIEC au terme de son analyse : « Les études d'attribution d'événements de forts cyclones tropicaux spécifiques fournissent jusqu'à présent des preuves limitées des effets anthropiques sur les intensifications des cyclones tropicaux, mais une grande confiance pour l'augmentation des précipitations. » [IPCC, AR6, WGI, Box TS.10]

Le discours scientifique est donc bien loin de la position péremptoire de Koonin, qui laisse à croire que les activités humaines n'ont pas d'incidence (quand bien même précise-t-il « détectable ») alors qu'en réalité, le fait est qu'on manque de données et qu'on ne peut tout simplement pas conclure sur la part de responsabilité des activités humaines dans le phénomène.

« La calotte glaciaire du Groenland ne diminue pas plus vite aujourd'hui qu'il y a 80 ans »

Ce que conclut le dernier rapport du GIEC : « La perte de masse […] des calottes glaciaires du Groenland est plus de sept fois plus élevée sur la période 2010-2016 que sur la période 1992-1999 » [IPCC, AR6, WGII Table TS.1]

La perte de masse des glaciers n'est mesurée précisément que depuis les années 1970-1980, grâce aux satellites. Les estimations antérieures se basent sur des proxys et il est bien téméraire de la part de Koonin de parler avec tant de certitude du rythme de perte de masse de la calotte groenlandaise « il y a 80 ans ».
Ce faisant, il occulte le fait qu'on enregistre une perte de masse tendanciellement continue de la calotte glaciaire groenlandaise ces dernières décennies, et ce indépendamment de la vitesse du phénomène. de plus, ce qui devrait nous intéresser, c'est le rythme actuel et futur. Dans les cinq scénarios de référence – même le plus optimiste (dont la trajectoire d'émissions actuelle nous éloigne) – la perte de masse se poursuit et s'intensifie au moins jusqu'à la fin du siècle. Voir [IPCC, AR6 WGI Figure TS.11 (e)].

« L'impact économique net des activités humaines sur le changement climatique sera minimal au moins jusqu'à la fin du siècle actuel »

Cette phrase ne veut rien dire : elle sous-tend que les activités humaines ont un « impact économique net » sur le changement climatique…
Il s'agit là d'une erreur de traduction du texte original : « The net economic impact of human-induced climate change will be minimal through at least the end of this century », qui se traduit littéralement par :
« L'impact économique net du changement climatique induit par l'homme sera minime au moins jusqu'à la fin de ce siècle », ce qui a au moins du sens, mais est tout de même faux.

L'impact économique du changement climatique est identifié comme « Risque Clé (« Key Risk » – KR) par le GIEC et, qui plus est, spécifiquement pour les États-Unis on peut lire :

« KR3 : Dommages cumulés des aléas climatiques qui présentent un risque substantiel pour le bien-être économique et la prospérité partagée.

Les impacts du changement climatique devraient causer d'importants dommages marchands et non marchands (degré de confiance élevé). [...] Les pertes de productivité du travail et de salaires, et les dommages aux propriétés côtières, seront particulièrement importants ; cependant, tous les secteurs aux États-Unis […] devraient subir des dommages relatifs substantiels sur les scénarios à fortes émissions d'ici le milieu et la fin du siècle par rapport aux scénarios à faibles émissions. » [IPCC, AR6 WGII Chap. 14.6.2]

« Pourquoi n'aviez-vous encore jamais entendu parler de ces faits ? »

Sans doute, comme on vient de le montrer, parce qu'ils sont faux, que ce ne sont donc pas des faits, seulement des affirmations, assénées sans preuve de surcroît.

« [T]rès rares sont les personnes qui lisent effectivement les synthèses des rapports d'évaluation, sans parler des rapports eux-mêmes […] »

C'est sans doute vrai, néanmoins, si Koonin a bien lu les rapports, son interprétation laisse parfois à désirer.

« Rien de plus compréhensible – les données et les analyses sont quasiment impénétrables aux non-experts […] »

Comme on l'a vu, il est aisé de se faire manipuler pour des indicateurs mal utilisés ou des affirmations tout simplement fausses lorsqu'on manque de recul. Néanmoins, il existe de la très bonne vulgarisation sur le sujet et il n'est donc pas indispensable d'être expert pour comprendre. Par ailleurs, Koonin montre bien qu'être physicien, même renommé, n'est pas gage d'infaillibilité.

« Six climatologues reconnus parmi les meilleurs et six physiciens, dont moi-même, avons alors passé une journée entière à lister exactement ce que nous savons du système climatique et avec quelle confiance nous pouvions projeter son avenir. »

Résumons : 12 personnes, pour moitiés respectives des climatologues et des physiciens, ont travaillé une journée à l'évaluation des connaissances sur le climat. Mesure-t-on ici le toupet ?

--> Douze personnes, dont six non-spécialistes, une journée de travail.

Comparons aux cycles d'évaluation du GIEC – nous en sommes au 6ème (AR6) depuis 1990 :

- 7 ans de travail – AR5 (2013/2014) --> AR6 (2021/2023)
- 750+ auteurs, tous scientifiques, spécialistes de leur domaine
- Répartis en 3 Groupes de Travail, publiant chacun un rapport dédié :
o I) Les bases physiques --> 2400 pages
o II) Impacts, adaptation et vulnérabilités --> 3000 pages
o III) L'atténuation --> 2250 pages
- 66.000 articles scientifiques passés en revue
- 160.000+ commentaires cumulés traités sur les 3 rapports en
- 1 première session de revue par les pairs
- 1 seconde session de revue par les pairs et les gouvernements
- 1 dernière session de revue par les gouvernements
- 195 États membres ont validé le SPM de l'AR6

Pour les chiffres, voir notamment AR6 Fact Sheet, ainsi que les communiqués de presse de publication de chacun des trois rapports.

La robustesse de la position de Koonin face au consensus scientifique pourrait être illustrée par cette seule double-comparaison basée sur sa tentative d'exercice Red Team :

Koonin : 1 journée d'analyse
GIEC (Consensus scientifique) : 5 à 7 ans par cycle

Koonin : 12 scientifiques
GIEC (Consensus scientifique) : 750+ scientifiques (sans parler des reviewers)

Est-il vraiment nécessaire d'en dire plus ?
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Steven Koonin ne peut pas être accusé de trumpisme de basse espèce : il a été membre de l'équipe gouvernementale d'Obama en tant sous secrétaire d'État aux sciences. C'est par ailleurs un universitaire de haute volée, spécialiste de physique théorique, habitué au maniement de données scientifiques, avec une grande pratique des comités de lecture de revues scientifiques et donc de l'évaluation de résultats de recherches.

Son livre est donc a priori un excellent outil pour qui cherche à se faire, sur les questions relatives au climat, une idée personnelle de l'état véritable de la science, au-delà de ce que la presse lui offre, de manière très superficielle, et des injonctions de militants à penser comme eux.

Abordable à qui ne rechigne pas à suivre des présentations de séries de données mises à sa portée, l'ouvrage, dont la lecture ne nécessite pas de connaissances préalables, est d'une très grande richesse d'analyse dans tous les domaines concernés, et ils sont nombreux : les phénomènes en action dans le réchauffement climatique, ceux qui ont une origine humaine, le fonctionnement des modèles, leurs limites, la question de la fréquence des évènements exceptionnels, la montée des eaux des océans, etc.…
Il montre comment les rapports du GIEC, avec leur parties scientifiques très solides, se trouvent souvent déformés dans le processus de réduction considérable de la surface rédactionnelle nécessaire pour en extraire les "résumés pour décideurs", où disparaissent bien des nuances.

Sur tous ces points, le lecteur se voit offrir une très intéressante présentation mise à sa portée, et une analyse claire des données issues des rapports officiels, avec des extraits de conclusions des parties scientifiques.
On comprend vite que des séries de données statistiques peuvent être présentées en fonction de l'impression que l'on veut produire sur ceux à qui on les destine (que cette manipulation soit voulue ou inconsciente) et c'est particulièrement patent, par exemple, dans le chapitre du livre consacré à la montée des eaux des océans. Il existe un suivi depuis une époque très ancienne de ces nivaux, car des jaugeages sont implantés depuis des siècles dans les installations portuaires pour vérifier la compatibilité avec les besoins des navires. Koonin montre ainsi, en étudiant la très grande variabilité des niveaux, qui varient d'une année à l'autre de manière considérable, qu'il y a bien, et depuis très longtemps, avant même le début de la révolution industrielle, une tendance moyenne à une montée des eaux, mais qu'il n'est absolument pas démontré que son rythme s'accélère. Il fait apparaître comment les périodes prises en compte pour calculer des moyennes peuvent donner cette impression.

De même il fait apparaître à quel point les modalités du calibrage indispensable par rapport aux données historiques des modèles de prévision de la montée des températures, peuvent aussi conduire à des résultats correspondant aux a priori de leurs auteurs à travers le choix des périodes de référence. Il met également très clairement en évidence le caractère nécessairement frustre de ces modèles au regard de la complexité des phénomènes atmosphériques, physiques, chimiques, en jeu.

La conclusion que Koonin tire de ses analyses est qu'il y a bien plus d'incertitudes dans ce que la science permet de déduire avec un bon niveau de fiabilité que ce qu'il est courant de faire apparaître, et analyse les raisons d'une telle situation.

Sa réévaluation des effets physiques, climatologiques, et économiques du réchauffement climatique, le conduit à penser que les sommes gigantesques à consacrer aux efforts d'atténuation du réchauffement, dont les résultats lui semblent tout à fait incertains du fait de la volonté logique et légitime des pays peu développés de rattraper leur retard, avec ce que cela signifie en terme de besoins énergétiques, et dont les conséquences sociales sont potentiellement dévastatrices, doivent être réorientées vers des politiques d'adaptation.
Il observe que c'est ce qui se fait, par exemple, dans des secteurs de fort risque sismique, qui ne sont nullement désertés par leurs habitants du fait l'impossibilité de les éviter. Car, l'atténuation étant impossible, on s'adapte à travers, par exemple, des normes de constructions, et une formation au comportement à adopter en cas de tremblement de terre.

Le lecteur sort ébranlé d'une telle lecture qui présente, sans nier en rien la réalité du réchauffement climatique, un tel écart avec ce qui nous est pratiquement toujours présenté, qu'il en vient à rêver d'une édition critique de ce livre qui comporterait la réponse point par point aux analyses proposées, un peu comme les rapports de la Cour des Compte comporte les réponses des administrations aux critiques qui leur sont adressées.
Il est dommage que la seule chose qu'il réussisse facilement à trouver dans ce sens est un article très superficiel paru dans le Washington Post, qui, écrit par un scientifique, renvoie à un livre lui-même très superficiel.

Le citoyen avide de pouvoir se faire une idée par lui-même de ces questions essentielles pour l'avenir de l'humanité n'est pas prêt d'être en mesure d'y parvenir !


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Je suis très déçue, on peut voire de nombreuses erreurs par exemple page 57 quand il explique en 3 lignes qu'avant 1950 les influences humaines étaient encore négligeable. Malheureusement non, le GIEC l'explique bien les années de références préindustrielles sont 1850-1900.
Mais passons sur ces petites erreurs qui peuvent en effet être discutable. Ce qui est grave, c'est que l'auteur passe volontairement à côté des arguments qui ont fait le consensus scientifique.
le principal : la concentration atmosphérique de CO2 = [CO2]. Je m'explique : ajd [CO2] OBSERVÉ est clairement supérieur à 400 ppm bien qu'elle varie en fonction de la période de l'année (et donc de la capacité de photosynthèse terrestre). Les premières mesures datent des années 70s et à cette époque on était autour des 320 ppm. On a donc fait + 80 ppm en 50 ans, mais qu'est-ce que ça veut dire ? Pour comprendre, on s'intéresse aux données paléoclimatiques. [CO2] n'a jamais était stable, selon les dernières reconstitutions du GIEC (degrés de confiance élevé) on est monté très haut (2500 ppm au Paléocène Eocène). Et, la dernière fois qu'on a dépassé 400 ppm c'était au pliocène moyen, il y'a donc 3 millions d'années. A cette époque, la température moyenne était supérieure à la notre de + 1 à 4 °C. Comme il est clair ajd que notre concentration atmosphérique de carbone [CO2] est corrélée à la température terrestre moyenne (TM) on a donc un très gros problème puisque nos [CO2] correspondent à celle du pliocène moyen mais pas notre TM voilà pourquoi il est clair que notre climat est instable. Sur des millions d'années +80 ppm en 50 ans n'a jamais été observé c'est beaucoup beaucoup beaucoup trop rapide il est évident que c'est lié à l'exploitation des énergies fossiles.
Je suis assez énervée par sa malhonnête intellectuelle, c'est clairement un de ces fervent CROYANT du progrès technique. Mais, il n'y a rien de scientifique là-dedans, le progrès technique ne peut sauver l'humanité. Je ne peux croire en l'Homme omnipotent, si nous avons pu maîtriser le feu il est clair et net que nous n'arriverons pas à changer les lois de la nature. Quand on s'intéresse scientifiquement à la géo-ingénierie comme le CDR on se rend rapidement compte qu'il y a de gros problème d'ordre de grandeurs, là encore il n'en parle pas. La solution n'est clairement pas là.
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Enfin quelqu'un qui pense comme moi ! Et pas n'importe qui, un scientifique, ancien conseiller aux sciences d'Obama, oui oui Obama, « yes we can » pas d'erreur et pas de Trump.
Que dit-il Koonin ?
Les études scientifiques ont toutes une part d'incertitude, un delta d'erreur qui fait entièrement partie du résultat. Les journalistes et politiques n'en tiennent pas compte. Ou plutôt ne comprennent pas. Ce qui les obsède est le sensationnel, le paraître.
La lecture des résultats scientifiques sur le climat, comme pour les autres, est très difficile et ne permet pas de faire des plans sur la comète. Les prévisions sont très peu sûres.
Evidement les journalistes ne s'intéressent pas aux trains qui arrivent à l'heure. Donc vous ne verrez pas une des études qui affirment que tout n'est pas si grave. Pire ce genre d'étude est mise au placard, les auteurs traités, oh quelle infamie, de climatosceptiques ! Quelle horreur !
Là-dessus les gauchistes voyant que leur message primaire a du mal à passer se sont approprié il y a quelques années l'écologie pour mieux berner le quidam et lui imposer sa révolution utopique. Un rappel, l'écologie est une science et comme toute science n'a pas de couleur politique.
Enfin précisons les choses : le réchauffement climatique est là, est-il dû totalement aux activités humaines, that is the question. La réponse est évidente, non. Lutter comme le préconisent nos vert-rouge-écolo-bobos est vain ; il y a d'autres moyens, comme augmenter l'albedo de la Terre, ou emprisonner le carbone et autre moyen d'adaptation. Car les espèces qui résistent aux calamités sont celles qui savent s'adapter.
Et pour terminer cessez de dire «c'est bon pour la planète », la planète ne risque rien. L'humanité elle c'est moins sûr si on continue à nous culpabiliser au lieu de nous apprendre à lutter pour s'adapter, comme l'on fait nos ancêtres lors des nombreuses variations climatiques antérieures.
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Ayant prêté une oreille attentive à ceux qui pensent que les citoyens du monde entier ont été manipulés lors de la crise du Covid, je me suis dit que ceux qui ont orchestré cette opération Covid ont dû se livrer à d'autres manipulations de l'opinion, antérieures à la crise du Covid. L'urgence climatique m'est rapidement apparue comme un antécédent du même type, se basant - lui aussi - sur une prétendue science pour imposer des changements de société, et également dans un contexte de peur (la peur étant un élément nécessaire pour que des milliards d'individus suivent sans discuter ce qu'on leur demande de faire). Alors je me suis mis à parcourir en parallèle trois livres sur le climat, trois livres recommandés par des journaux non subventionnés. Il s'agit de :

1/ "Climat investigation" de Philippe Verdier (ancien chef du service météo de France 2), paru en 2015.

2/ "Le CO2 est bon pour la planète" de Christian Gerondeau (polytechnicien, essayiste) paru en 2017, puis en 2019 dans une édition réactualisée.

3/ "Climat, la part d'incertitude" de Steven E. Koonin (ancien conseiller scientifique de Barak Obama) paru aux USA en 2021 et en France en 2022.

Trois approches différentes, dans deux pays différents, mais qui ont toutes les trois un point commun : on nous a menti, on continue à nous mentir. le narratif officiel du GIEC présenté comme "La Science" ne peut être discuté. Tout autre avis est de la désinformation. Tiens donc, comme pour le Covid! C'est Koonin qui écrit dans sa préface : "Si notre société et ses systèmes d'énergie ne parvient pas à éliminer rapidement les émissions de gaz à effet de serre, en acceptant des changements radicaux, La Science affirme que la terre est condamnée. Enfin… pas tout à fait. Je ne crois pas que "La Science" dise ce que vous dites qu'elle dit."

Et l'essai de Koonin va très méthodiquement et très scientifiquement challenger toutes les affirmations du GIEC pour aboutir après 340 pages à la conclusion que les influences humaines sur le climat sont réduites et s'exercent sur des décennies. le livre propose toutefois quelques pistes pour diminuer ces influences humaines, mais sans changer radicalement nos modes de vie. Et recommande plutôt de s'adapter si un changement climatique notable devait survenir, comme on a su le faire par le passé.

Le livre a été plébiscité aux USA. Qu'on en juge : Wall Street Journal Bestseller. 2022 IPPY awards gold medalist. National Indie Excellence awards finalist. 2021 World magazine accessible science book of the year - honorable mention. Bien entendu nombre de fact-checkers se sont empressés de critiquer le livre. C'est ce même discrédit, cette même censure qui s'est exercé au temps du Covid. Mais, nous avons beaucoup appris depuis et savons mieux faire la part des choses.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ultimes réflexions
On me demande souvent "Alors, que pensez-vous que nous devrions faire pour le climat?" […]
Nous pourrions commencer par une observation prolongée et approfondie du système climatique (l'atmosphère, l'océan, la cryosphère et la biosphère). C'est essentiel si nous espérons comprendre ce qu'est le climat, comment il est affecté par les influences humaines et naturelles, et ce qu'il pourrait devenir. Nous avons vu que les influences humaines sont réduites ou subtiles et s'exercent sur des décennies. […]
En même temps, il faut lutter contre l'hystérie du journalisme en matière de climat. Les journalistes eux-mêmes doivent mieux comprendre les informations qu'on leur présente. Quant au public, il faut lui donner les outils dont il a besoin pour décoder avec davantage d'esprit critique la couverture médiatique du climat.[…]
Une autre étape prudente consisterait à poursuivre plus vigoureusement les stratégies d'adaptation. Comme je l'ai dit au chapitre précédent, des hommes vivent aujourd'hui dans des climats qui vont des tropiques à l'Arctique et se sont adaptés à de nombreux changements climatiques, dont le petit âge de glace, relativement récent, il y a quatre cents ans. […]
Ce que je crois que nous devrions faire, en bref, est de commencer par restaurer l'intégrité de la façon dont la science informe les décideurs de la société sur le climat et l'énergie. […]
Comme l'a dit le président Biden dans son discours inaugural, "Nous devons rejeter la culture dans laquelle les faits eux-mêmes sont manipulés, voire même fabriqués de toutes pièces."
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Il y a en effet au moins deux façons de lutter contre le réchauffement de la planète. L’une consiste à faire en sorte que la terre soit un peu plus réfléchissante (en augmentant son albédo) de façon à ce qu’elle absorbe un peu moins d’énergie solaire. Cette stratégie, dite Solar Radiation Management, SRM (gestion du rayonnement solaire) serait valable que le réchauffement soit naturel ou qu’il résulte des influences humaines. L’autre stratégie possible est le Carbon Dioxide Removal, CDR (séquestration du carbone) qui consiste à sortir du CO2 de l’atmosphère pour neutraliser directement les émissions humaines. Ces deux stratégies sont très différentes en termes de difficultés pratiques et d’impact potentiel (positif et négatif), mais les deux méritent une discussion.
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Certains hommes politiques sont allés beaucoup plus loin que les insultes en tentant effrontément de décrédibiliser le processus scientifique. Deux d’entre eux, les milliardaires Michael Bloomberg et Tom Steyer, qui voulaient « faire en sorte que la menace climatique soit ressentie comme réelle, immédiate et potentiellement dévastatrice par le monde des affaires », ont conspiré avec certains scientifiques et avec d’autres personnes pour produire une série de rapports présentant faussement le scénario des émissions extrêmes, le RCP8.5, comme étant « business as usual » (autrement dit, un monde ne consentant aucun effort supplémentaire pour réduire les émissions).
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C’est comme si les auteurs avaient agité un chiffon rouge devant mes yeux. En effet, cette affirmation compare la hausse du niveau de la mer au cours des vingt dernières années à celle qui s’était produite sur plus d’un siècle. Le fait que 7 cm de hausse sur 16 depuis le début du vingtième siècle se soit produit au cours des vingt-cinq dernières années semble effectivement alarmant. Il l’est nettement moins si l’on sait que le niveau de la mer avait monté presque autant (6 cm contre 7 cm) en vingt-cinq ans, entre 1935 et 1960. Le CSSR ne le mentionne pas du tout, même si sa principale référence pour la hausse du niveau de la mer décrit une variabilité comparable à celle de la Figure 8.5. 12 Il faut comparer la vitesse de la hausse au cours des vingt-cinq années les plus récentes à celle d’autres périodes antérieures de vingt-cinq ans pour comprendre l’importance exacte de la hausse récente.
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Quand j’ai compris l’invraisemblable difficulté de réduire effectivement les émissions de gaz à effet de serre, j’ai commencé à m’intéresser à d’autres stratégies, peut-être plus réalisables, pour répondre au changement climatique. L’une d’entre elles est la géo-ingénierie : si les hommes exercent involontairement une influence nette sur le climat dans le sens du réchauffement via les émissions de gaz à effet de serre (et dans le sens inverse via les aérosols), pourrions-nous intentionnellement faire quelque chose pour contrebalancer cette influence ? Pour parler plus familièrement, pourrions-nous utilement « hacker » la planète ? Il s’agirait tout simplement de s’adapter au changement climatique, à la fois en planifiant en fonction des probabilités futures et en répondant aux changements présents. Ensemble, la géo-ingénierie et l’adaptation constituent les « Plans B ».
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Sur @CNEWS Pascal Praud présente le livre de Steven Koonin "Climat, la part d'incertitude" ("Unsettled", best-seller aux USA) #climat
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