Ici, le petit Michael, as "the nefew". le neveu gentil, souriant, conciliant de l'insensé Alexandre Korda.
Là, les trois frères dont Alex était l'ainé, au coeur de la Hongrie de la fin du XIXè siècle, du tout début du XXè.
Et la grande saga démarre, dans la pauvreté de la mamma sans mari, gérant ses trois fistons qui ne se lâcheront jamais. Michael raconte, avec humilité, avec affection, sans affectation. C'est fluide, c'est haut en couleurs, avec des touches d'humour et une certaine tendresse.
Car son oncle, le gamin de Pusztatùrpàszto, est devenu un réalisateur et surtout un producteur de la catégorie tycoon, entre Hollywood et les London Films britanniques. On valse de palaces en yatchs démesurés, de succès immémoriels comme le 3ème Homme ou le Voleur de Bagdad en amours exaltées, de
Churchill à
Laurence Olivier mâtinés d'un peu de Chaplin, et toujours le trio fraternel. Pas doués pour la paternité, les frangins, Michael fils de Vincent est un gadget pas passionnant, qui joue le jeu dans cette drôle de famille dominée par la présence forte du chef débonnaire autant qu'intransigeant. Que cette enfance particulière ait donné un écrivain qui ne se la pète pas, curieux de mille choses, c'est une jolie réussite dont nous profitons plus que ses père et oncle. J'ai pris plaisir à me balader dans ce livre en leur compagnie.
Films muets hongrois, autrichiens puis allemands. Films parlants anglais puis hollywoodiens puis de nouveau anglais avec une petite glissade vers la France de
Pagnol et son
Marius. Et films couleurs, dont le fracassant Alex est un précurseur, avec son Rembrant notamment. Et puis deux guerres, une révolution, un anoblissement, trois mariages (dont le deuxième avec Merle Oberon), un fils, une faillite et des rebondissements, et une vie bien remplie conclue par une attaque cardiaque en son palais londonien, dans une fatalité acceptée.
J'ai aimé, comme toujours, les débuts. L'enfance, et ce coin de l'Europe qu'on connait si mal : la Hongrie. La particularité de la langue hongroise qui ne ressemble à rien de connu, son histoire tordue, quasi-picaresque, les aléas des combinaisons artificielles avec les voisins directs, ces guerres qui bousculent les frontières, les montées extrémistes, les chutes minables, et les chars soviétiques... Et monsieur
Système D, louvoyant dans les circonstances et les renversements, sauvant parfois sa peau in-extrémis, entré en cinéma par hasard, et fonçant dans l'aventure cinématographique avec bonheur. Dans les affaires, aussi. Avec art, et faste, et démesure...
J'ai aimé aussi la modestie du neveu qui raconte cette saga avec une aimable distance. Et la part belle qu'il fait à son monstre sacré de tonton, saluant sa générosité, son talent, et ce fatalisme (slave ?) qui emporte tout le monde dans une grande orgie de vodka. On n'est pas pote de
Churchill pour rien ! Les deux faisaient la paire, dans le genre "Môôôssieu".
Add : j'ai vu il y a très longtemps ce film inachevé assez mystérieux,"I, Claudius" avec l'ami
Charles Laughton, et ça m'avait fascinée. Un film maudit sur un personnage maudit joué par un acteur pas loin de l'être aussi... Je le reverrais avec plaisir, pour découvrir ce qui m'avait fait si forte impression.