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EAN : 9782081286290
272 pages
Flammarion (05/09/2012)
3.25/5   16 notes
Résumé :
Paul Krugman retrace la montée de la folie financière dérégulée, analyse la façon dont les élites politiques et les économistes néoclassiques se sont épaulés pour éloigner toute approche dite
hétérodoxe dans l'enseignement comme dans les institutions économiques et financières. Il dénonce les rémunérations irrationnelles des 1 % les plus riches et la manière dont ces créanciers l'ont emporté sur les producteurs-débiteurs.
Au passage, il fustige la poli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Tout d'abord, je souhaite remercier Babelio et les éditions Flammarion pour ce livre, procuré durant l'édition Masse Critique.
Je dois avouer que j'étais sceptique à l'ouverture de cet ouvrage. Connaissant la réputation de Paul Krugman, ses sorties télévisuelles sur les extra-terrestres et les guerres, son keynésianisme dogmatique ; j'hésitais alors à la lecture. Cependant, je connaissais aussi Krugman pour ses brillants travaux sur l'économie géographique qui lui ont valu un Prix Nobel. Entre l'un et l'autre, je ne savais donc pas quel Krugman j'allais lire. Il s'est avéré que c'était le premier, à mon grand désarroi. Ecrit à la va-vite, cet ouvrage est en fait un pamphlet mal écrit. Loin des « efforts de guerre » de ses adversaires Berlin ou Hayek sous le règne de l'interventionnisme, Krugman nous livre un écrit qui contrairement à ce qu'il croit s'inscrit dans la droite ligne de la bien-pensance actuelle. Soutenant Keynes et son « chef-d'oeuvre », on se dit à la lecture qu'il vaut mieux lire la Théorie Générale plutôt que ce livre.
Ce qui m'a le plus choqué, je dois dire, c'est la condescendance de l'auteur. Ses arguments, on les connait : insuffisance de la demande, nécessité d'un « vrai » plan de relance, accroissement de la dette atténuée par l'inflation, etc. Mais il y a des manières d'amener des arguments et Krugman le fait avec désinvolture et moqueries déplacées. Parlant d' « ignorance crasse » à l'encontre de ses adversaires, qu'ils soient universitaires à Harvard ou Prix Nobel, Krugman n'a cependant pas le courage de s'attaquer aux arguments théoriques développés par Hayek, von Mises, Friedman, Berlin et autres. Il nous sort, de temps à autres, quelques références à des discours où le protagoniste pense que les crises sont terminées pour en rire en disant : « Moi, j'ai écrit un livre sur les crises cycliques. » Faisant sa publicité pour ledit ouvrage à chaque chapitre, Krugman se pose comme un visionnaire qui aurait aperçu le côté cyclique des crises ; il est bon de rappeler que cycles sont connus depuis bien longtemps et que, par ailleurs, le keynésianisme n'est pas anticyclique puisqu'il s'est effondré suite aux Chocs Pétroliers dans les années 70.
Paul Krugman tente d'apporter des solutions et on veut bien le croire lorsqu'il nous dit que l'austérité n'est pas la solution. Il est vrai qu'une austérité comme celle qui voit le jour en Europe n'est pas la meilleure solution, mais les grandes dépenses dans des pays ayant déjà une dette équivalente à 100% du PIB ne l'est pas non plus. Il faudrait une période de prospérité très longue et puissante comme celle des Trente Glorieuses pour résorber une dette due à une politique keynésienne. Or, ce n'est pas près d'arriver. Pourquoi ? Car les Trente Glorieuses sont avant tout une période qui eut un double avantage économique : la sortie de guerre (reconstruction) et surtout le rattrapage industriel et économique de pays en crises multiples depuis 1914. le keynésianisme a montré ses limites avec les Chocs Pétroliers et la rigidité entraînée par cette politique économique s'est notamment vue avec la chute de l'investissement des entreprises durant les Chocs Pétroliers comme lors de la crise des années 30 préparant le terrain des crises suivantes. Mais, les arguments de Krugman restent des arguments qui peuvent se discuter, qui peuvent être soumis à un débat plus ou moins passionné et ce n'est pas le désaccord avec ses théories qui me conduit à mettre une telle note.
La note est justifiée par la condescendance de l'auteur, sa frivolité dans ses arguments et ses développements, son absence de rigueur (je sais que le livre est destiné au grand public, mais ce n'est pas une raison pour faire de ce livre un ouvrage se basant presque exclusivement sur l'argument d'autorité) et l'affreuse écriture indigne d'un pamphlétaire. le pamphlétaire est censé convaincre par sa plume ; or Krugman semble enfui d'un forum Internet. Aucun plaisir dans la lecture ne se dégage, ce qui nous ferait presque regretter les pamphlétaires français d'extrême-droite à la Léon Daudet.
On pourrait me reprocher de ne pas être précis sur ma critique concernant la frivolité, notamment. C'est pourquoi je me dois d'expliciter ma pensée. Lorsque Krugman évoque l'origine de la crise, il passe avec grande prétention sur l'argument utilisé par les conservateurs impliquant Fannie Mae et Freddie Mac. Il appelle cela « le grand mensonge » et nous dit que tout est faux. L'argument d'autorité est là à son sommet. Puisqu'il dit que c'est faux, alors cela ne peut être vrai. Point. Cet argument est pourtant le plus dangereux pour les accusateurs du libre-marché et Krugman passe dessus. Tandis que les conservateurs mettent en cause le HUD, les taux d'intérêt de la Fed baissé de manière très keynésienne pour relancer la consommation après la Bulle Internet et le 11 septembre ; tandis que les conservateurs avancent des chiffres précis, des noms, des dates (voir l'article synthétique de Vincent Bénard sur le Marché accusé, l'Etat coupable), Krugman les snobe. Or, si Krugman se trompe sur l'origine de la crise, cela remet en cause tout son livre. Il aurait pu au moins s'attarder sur ces arguments et tenter de les démonter avec des chiffres précis, des études. Mais non, il préfère écrire des pages et des pages sur les banquiers « tous pourris », sur Reagan qu'il semble abhorrer, etc., etc., plutôt que de préciser son argumentaire sur ce genre de points qui font le plus débat.
Je dois dire que cette lecture fut pénible. Je ne sais pas si les ventes seront excellentes (certainement meilleures en France qu'aux Etats-Unis), mais je sais une chose désormais : je ne lirai plus les pamphlets de Krugman. Je convie les lecteurs de cette critique, ceux qui auront eu la patience d'arriver jusqu'au bout, à se tourner plutôt vers ses excellents travaux d'économie géographique et, plutôt qu'à lire Keynes au travers de ce très médiocre livre, de se procurer la Théorie Générale et de comparer, ensuite, avec Capitalisme et Liberté de Friedman ou Droit, Législation et Liberté de Hayek. Ou alors, puisque ces livres sont chez des concurrents, lire d'autres ouvrages de chez Flammarion dont certains sont excellents (dans la collection Champs ou dans les Classiques de l'Economie Politique). Bref, tant de bonnes lectures possibles et si peu de temps que je conseille fortement de faire l'impasse sur cet ouvrage de Krugman.
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Imaginez une coopérative de parents babysitter : certains soirs vous êtes prêts à rester tranquillement au chaud à la maison avec la marmaille pendant que d'autres parents ont le besoin impérieux d'aller faire la bringue. Pour équilibrer offre et demande, chaque parent reçoit en début d'année 10 tickets donnant autant de droits de garde à venir auprès des autres parents. Laissez tourner quelques temps et observez. Au bout de quelques semaines, quelques mois peut être, certains des parents, enclins à une prudence raisonnable se mettent à thésauriser leurs précieux tickets et confient ainsi plus rarement leurs enfants. En retour d'autres parents de nature initialement dispendieuse, inquiets de voir leurs liquidités réduites, auront tendance en réaction à moins dépenser également. Peu à peu la belle mécanique se grippe, plus personne ne dépense, plus personne ne reçoit. Blocage. Attribuez alors 10 tickets de plus à tout le monde, et la coopérative repart avec son lot d'échanges de tickets, de gardes salvatrices et de bonnes soirées. C'est sur cette expérience de macroéconomie locale que se fonde Krugman pour illustrer sa proposition de relance de l'économie mondiale : au delà des discours répandus sur le besoin de désendettement et d'austérité, il faut d'après lui relancer l'économie par la demande. La figure de Keynes semble faire un retour en force dans la théorie économique mondiale, et c'est en néo-keynésien pur jus que Paul Krugman construit son raisonnement. S'il est vrai que la tendance à disqualifier ses adversaires théoriques - les libéraux de l'école de Chicago pour l'essentiel, même s'il rappelle que Friedman serait aujourd'hui considéré comme keynésien - se fait parfois au prix d'une certaine modestie intellectuelle, on ne peut que louer tout à la fois la grande capacité didactique de l'auteur et la clarté de son propos. le titre est éclairant sur des grands enjeux macroéconomiques allant de la crise de la dette à celle de l'euro et propose une vision étonnamment isolée dans le spectre politique actuel, alors que même la social démocratie à la française se pose en défenseur de la relance par l'offre.
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Entretien avec Paul Krugman (Nobel 2008) dans Challenge : "l'Euro est une illusion".

"Pourquoi l'Europe a-t-elle si maladroitement réagi à la crise ? J'ai déjà donné un élément de réponse : un grand nombre de dirigeants du continent paraissent vouloir à tout prix "helléniser" leur analyse, considérer que tous les pays en difficulté – pas seulement la Grèce – ne doivent leur situation qu'à l'irresponsabilité budgétaire. Et cette vision erronée les conduit à opter logiquement pour un faux remède : si le problème tient au laxisme budgétaire, la solution se trouve forcément dans la rigueur budgétaire. C'est l'économie comprise comme un conte moral, à ceci près que les péchés recevant châtiment n'ont pour la plupart jamais été commis."

Toujours dans Challenge, Valéry Giscard d'Estaing conteste en ces mots
"Mais il faut commencer par le commencement : il n'existe pas de "crise de l'euro". C'est une expression médiatique et politique. Une crise monétaire se reconnaît à un taux de change qui chute, ou au fait que les gens refusent d'être payés avec cette monnaie. Personne ne refuse d'être payé en euro, et son cours aujourd'hui navigue autour de 1,30 dollar. Ce que l'on appelle crise de l'euro, c'est en fait la mauvaise gestion par certains pays membres de leurs obligations vis-à-vis de la monnaie commune."


Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
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L'auteur explique dans un langage accessible au grand public les tenants et les aboutissants de cette crise. Il s'insurge contre la politique d'austérité menée en Europe dont la seule conséquence est la destruction massive d'emplois. En revanche l'économie des USA se porte un peu mieux parce-que ces derniers ont choisi d'appliquer une politique diamétralement opposée tenant à l'écart les partisans de l'austérité. Il analyse ensuite la composition de l'Europe, un ensemble de pays ayant chacun leur propre budget et leur propre marché du travail ce qui, selon lui, accentue la crise. Dans un deuxième temps l'auteur préconise un certain nombre de solutions toutes inspirées de la thèse keynésienne qu'il résume en disant : dépenser plus pour gagner plus.
Paul Krugman est éditorialiste au New York Times et prix Nobel d'économie en 2008.
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Une critique toujours très engagée des problèmes économiques actuelles et de cette crise qui ne cesse de pourrir petit à petit nos sociétés modernes. le souci avec Krugman, c'est le temps passé à rédiger son livre. Car si les idées sont claires et précises, on peut se poser tout de même la question de la démonstration qui mériterait des développements bien plus approfondis (on est loin de la pertinence d'un Frédéric Lordon).
Cependant ce livre est très accessible et démontre encore une fois par exemple tout le problème de la politique allemande en Europe qui coule petit à petit le bateau européen et enterre un peu plus chaque jour l'ancien monde.
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critiques presse (1)
NonFiction
02 avril 2013
La situation actuelle, caractérisée par une insuffisance de la demande, appelle une augmentation des dépenses publiques...
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Pourquoi l’Europe a-t-elle si maladroitement réagi à la crise ? J’ai déjà donné un élément de réponse : un grand nombre de dirigeants du continent paraissent vouloir à tout prix "helléniser" leur analyse, considérer que tous les pays en difficulté – pas seulement la Grèce – ne doivent leur situation qu’à l’irresponsabilité budgétaire. Et cette vision erronée les conduit à opter logiquement pour un faux remède : si le problème tient au laxisme budgétaire, la solution se trouve forcément dans la rigueur budgétaire. C’est l’économie comprise comme un conte moral, à ceci près que les péchés recevant châtiment n’ont pour la plupart jamais été commis."
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"L’euro a officiellement vu le jour avec l’année 1999. La mesure a immédiatement produit un effet fatidique : elle a mis les investisseurs en confiance. Plus précisément, elle leur a donné la confiance de placer leur argent dans des pays précédemment jugés à risque"
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The Return of Depression Economics Part 1 (of 3): The sum of all fears
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