Le Nyctalope contre Lucifer

Comment ce tout début du XXième siècle imaginait-il ses super-héros?

Nous sommes juste après la grande guerre, l'éducation en école primaire est fortement inspirée de la propagande anti-allemande avec notamment "Le Tour de France de deux enfants" et les programmes de réinterprétation historique datant de Napoléon III.
Si le Moriarty de Conan Doyle est représenté comme le "Napoléon du crime", il faut bien un antagoniste tout trouvé qui tienne la route outre manche.
Soit, il se fera appeler "Lucifer"
Le Baron Glö von Wartek, aristocrate allemand et anarcho-communiste "à la Lénine" et roux, de surcroît, est le méchant idéal de cet entre deux guerres qui a besoin de héros et de fantasmes pour légitimer la boucherie et l'hécatombe de 14-18.
Son ennemi le Nyctalope, fervent défenseur de lea France et de ses colonies, beau gaulois qui n'hésite pas à torturer et n'utilise quasiment jamais son pouvoir est aussi un chantre du racisme et de la misogynie.

Si le bien doit triompher, qu'importent les moyens?

En dehors des traumatismes de l'histoire très présents dans ce dernier opus du Nyctalope, l'on se réjouira de ces phrases désormais "cultes":

A propos de prisonniers allemands:
-Ils parlent français, ne les tuez pas!

Grisyl la Germaine "En émoi devant un beau gaulois"

Pirou, le subalterne(et homme de peine) du Nyctalope:
-Mais vous l'avez tué, Monsieur!
-Ce n'est pas grave, Lucifer le ressuscitera.... S' il le veut bien.

Le Nyctalope séduisant Grysil pour en faire son esclave et la poussant à mourir pour lui car il a déjà un promise "latine":

-Vous m'aimez, Grysil, au premier contactavec une autre humanité que la race des Wartek, parce que je suis un homme nouveau et vainqueur!"

Fait étonnant, Jean de la Hire qui se montre si virulant envers la race germanique dans sa série "le Nyctalope", sera poursuivi pour collaboration après la seconde guerre mondiale, ayant choisi de continuer à publier ses écrits sous forme de feuilletons dans "le Matin" au risque parfois de pondre des aberrations ou de s'auto censurer pour vivre, La Hire reste un écrivain controversé qui aurait pu tomber dans l'oubli si ses descendants, dans les années 70 n'avaient pas republié dans l'intégralité les aventures de ce super héros reflet d'un temps troublé...