La Roue fulgurante

Rocambolesque est un bien pâle adjectif pour qualifier ce roman... ambitieux ! Des héros résolus à la Jules Verne sont embarqués dans une suite d'aventures incroyables dont quelques épisodes sont franchement ridicules et grotesques. Il me semble que ceci est parfaitement assumé de la part de l'auteur qui relate sur un ton quelque peu narquois les tribulations de ses personnages et qui par ailleurs démontre des qualités indéniables. L'étonnant mélange d'éléments forme un tout assez hétérogène, mais dont je salue l'originalité et la touche de démence qui font de cette histoire quelque chose d'unique. Les aventures mercuriennes sont ce qui m'a le moins branché, mais par contre, j'ai bien aimé le personnage d'Ahmed-bey, qui n'est pas sans rappeler le Dr. Cherbonneau, pour ceux qui ont lu ''Avatar'' de Théophile Gautier.

Un étrange vaisseau spatial en forme de soucoupe plane dans le ciel aux environs de Barcelone. Sous les yeux horrifiés de son père, le capitaine José Mendès, la jeune Lolla et son valet Franscico sont littéralement aspirés à l'intérieur de l'étrange engin que les journaux appelleront « La Roue Fulgurante ». En effet, à plusieurs celle-ci causera de nombreux dégâts à la surface du globe et se rendra également coupable de l'enlèvement de trois savants, deux américains, Arthur Brad et Jonathan Bild et un français, Paul de Civrac. Les cinq terriens se retrouveront sur Mercure, une planète tout ce qu'il y a d'inhospitalière. Par qui furent-ils enlevés ? Comment arriveront-ils à survivre et à rentrer sur terre ?
Publié en 1908, ce livre qui rencontra un immense succès à son époque peut être considéré comme un des tout premiers écrits de science-fiction et son auteur (de son vrai nom Adolphe d'Espie) comme un digne héritier du grand Jules Verne. C'est également une véritable Odyssée de l'Espace dans laquelle La Hire n'hésite pas à associer les technologies les plus pointues de son temps (« le radiotéléphonographe » par exemple) aux arcanes les plus étranges du spiritisme asiatique (« désincarnation et réincarnation des âmes »). le résultat est un époustouflant mélange d'anticipation, de science-fiction, de fantastique et même d'uchronie (dans les toutes dernières pages, il se paie même le luxe d'imaginer les conflits à venir et les empires qui en découleront) avec une touche charmante de poésie désuète. (En ces temps-là, on croyait encore aux bienfaits des avancées de la science et aux lendemains qui chantent !) le style est rapide, vivant, impeccablement écrit. le lecteur, pris par l'action et le suspens de ces aventures palpitantes, peut difficilement lâcher ce livre .
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lu dans Chasseurs de chimères, L'âge d'or de la SF française, textes réunis par Serge Lehman que je recommande

Dans la préface, signée d'un éditeur moins critique qu'enthousiaste, il est question des « anticipations dont fourmille ce roman prophétique ». Prophétique ? Il me semble que ce livre basique est plus illuminé que prémonitoire et qu'il ne dépasse pas réellement l'intrigue exaltée d'un auteur en quête d'un défouloir farfelu, fantastique et sidéral.

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