Essai très intéressant, généraliste, mettant en parallèle les différents niveaux d'organisation de l'humain, de la cellule jusqu'aux groupes humains. L'approche et le point de vue du biologiste sont très instructifs et ramènent l'analyse de l'homme et des groupes d'humains à des considérations plus essentielles. Par ailleurs, les problématiques écologiques et démographiques qui approchent amènent l'auteur à suggérer une rupture et une bascule vers un autre système que l'actuel qui nous conduit dans le mur.
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" Les abeilles pillotent les fleurs, mais elles font après le miel, qui est tout leur ; mais ce n'est plus thin, n'y marjolaine : ainsi les pièces empruntées à l'autruy, il les transformera et confondra pour en faire un ouvrage tout sien : à savoir son jugement. Son institution, son travail et estude ne vise qu'à le former. "
M. de MONTAIGNE. Essais, liv, I, Chap. 26.
LE RATIONNEL ET L'IRRATIONNEL
Nous voudrions maintenant revenir sur certaines notions abordées dans les pages précédentes et qui exigent un développement plus important. Il est absolument nécessaire à notre avis de bien comprendre en sciences humaines la différence fondamentale entre la notion d'information et celle de masse et l'énergie. Aucune analyse politico-sociologique, y compris le marxisme orthodoxe ou les différentes formes de marxisme contemporain n'ont réellement exploité cette différence qui éclaire cependant, à notre avis, l'ensemble des rapports sociaux d'une lumière nouvelle.
La deuxième notion d'importance est qu'il n'existe pas de hiérarchie de valeur entre le rationnel et l'irrationnel. Il ne s'agit pas d'être en faveur de l'un plutôt que de l'autre.
L'irrationnel n'existe qu'en fonction de notre ignorance des structures biochimiques et nerveuses qui contrôlent notre inconscient. L'irrationnel n'est pas la fosse sceptique où nous enfouissons l'inavouable, toute la pourriture malodorante de notre pensée que nous n'osons pas produire en public. L'inavouable n'est tel qu'en fonction des critères moraux d'une société particulière à une époque particulière. Il s'agit donc de jugement de valeur, alors que les choses se contentent d'être et que notre inconscient fait de même sans être beau, ou laid, bon ou mauvais, utile ou nuisible, si ce n'est en fonction des préjugés d'une époque. On peut aussi bien dire qu'il constitue la source profonde de notre créativité, le trésor caché des intuitions géniales et des motivations qui les engendrent .
Inversement, le rationnel n'existe qu'en fonction des postulats sur lesquels il se fonde et le choix de ceux-ci est le plus souvent l'expression d'un déterminisme irrationnel, parce qu'inconscient. Tout deviendra rationnel si nous parvenons un jour à mettre un peu d'ordre à la source de nos comportements, à préciser les structures de notre inconscient, les lois de sa dynamique. C'est ce que tente aujourd'hui l'approche biologique des comportements.
Mais cela veut dire que puisque nous ne l'avons pas encore fait jusqu'ici, nous n'avons fait que semblant de rationaliser l'irrationnel, rationaliser notre inconscient dans tout ce qui ne concerne pas la science de la matière inanimée, la physique, c'est à dire en particulier dans les sciences dites humaines. C'est ainsi que l' "information ", la mise en forme des structures sociales a toujours été dominée par l'instinct de puissance des individus qui en faisaient partie, instinct de puissance non rationalisé parce qu'inconscient mais le plus souvent camouflé sous une phraséologie, paternaliste, socialiste, humaniste, élitiste, etc .
Dès la naissance l'individu se trouve pris dans un cadre socioculturel dont le but essentiel est de lui créer des automatismes d'actions et de pensée indispensables au maintien de la structure hiérarchique de la société à laquelle il appartient.
on comprend pourquoi, à la place de ces trois mots placés au fronton des bâtiments publics par une bourgeoisie, une dominance mercantile, pour qui la liberté, l'égalité et la fraternité ne s'inscrivent que dans les hiérarchies d'un peuple de boutiquiers ou d'industriels, les sociétés futures auront davantage à inscrire ces mots: "Conscience, Connaissance, Imagination"
Les sociétés d’abondance pour lesquelles
la croissance est un but en soi,
ne sont pas des sociétés d’épargne
Ce sont des sociétés de consommation !
Un fait n'est rien par lui-même. Il ne vaut que par l'idée qui s'y rattache ou par la preuve qu'il fournit.
Quel est le point commun entre la blouse verte de votre dentiste, un bouillon cube, des neuroleptiques, un auto-injecteur d'insuline, le BCG et l'IRM ? Toutes ces innovations sont nées de l'inventivité et l'expérience de la médecine militaire.
« Médecine », « militaire », les deux mots semblent en totale contradiction. Quand le militaire blesse ou tue, le médecin soigne et sauve. Mais le corps étant l'outil de travail du soldat, le réparer et le préserver s'est vite avéré essentiel. En 1708, Louis XIV créé le Service de santé des armées et les premiers hôpitaux militaires. Il imagine même un établissement de soins de suite : les Invalides.
L'inventivité des chirurgiens, médecins, pharmaciens et dentistes militaires pour soigner les combattants permettra des avancées médicales majeures. Ils les transmettront au monde civil. Parfois de façon originale : ainsi, un chirurgien de marine, fort de son expérience des épidémies, interviendra dans l'urbanisation de la ville de Rochefort, et l'auto-injecteur bien connu des enfants allergiques naîtra dans les trousses de secours des soldats. Car la médecine militaire s'invite plus souvent qu'on ne le pense au chevet des civils.
D'Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne et médecin de Charles IX, à Henri Laborit, découvreur des neuroleptiques, du « syndrome de stress post-traumatiques » aux prothèses, de la kinésithérapie aux vaccins en passant par les célèbres antibiotiques et les greffes de peau, l'auteure nous entraîne dans un voyage passionnant des champs de bataille aux hôpitaux.
Après des études d'histoire, Elisabeth Segard s'est orientée vers l'information et la communication. Elle travaille comme journaliste à La Nouvelle République du Centre Ouest.
Auteur de plusieurs ouvrages, son livre Si fragiles et si forts, publié en 2021, a été le premier roman à présenter l'hôpital des Invalides au grand public. Il a été récompensé par le prix Srias Centre 2021.
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