La parole qui me porte
La parole qui me porte
Est l’intacte parole
Elle ignore la gloire
De la décrépitude
La parole qui me porte
Est l’abrupte parole
Elle ignore le faste
De la sérénité
La parole qui me porte
Est l’obscure parole
Dans ses eaux profondes
Ma lumière se noie
La parole qui me porte
Est la dure parole
Elle exige de moi
L’entière soumission
La parole qui me porte
Est une houle de fond
C’est une haute parole
Sans frontière et sans nom
La parole qui me porte
Me soulève avec rage
À l’orée de la liberté
L’herbe se fait haute
Parfumée
Tendre
Infranchissable
La plaine d’où je viens
A des yeux sans paupières
Comment caresser
Toutes les ailes qui m’habitent
Avec des mains de proie ?
J’ai perdu peu à peu
Jusqu’à l’oubli de mes cendres.
Bruno Doucey lit un extrait du recueil "grécité", de Yannis Ritsos, reproduit dans notre livre spécial dix ans "Un bateau nommé poésie".
Nous avons publié "grécité" en 2014, en bilingue grec/français, dans la traduction de Jacques Lacarrière.