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3,74

sur 542 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un roman brut de brut, même dans l'écriture, de longue phrase, ponctuation rare... Un véritable roman de la terre. Une histoire simple, racontée sans fioriture. Pas de détails, pas de dentelles, pas de romantisme, ce n'est pas un roman à l'eau de rose, et pourtant c'est une histoire d'amour. Une écriture semblable au milieu social : simple, direct, brut, on ne dit pas forcément ce que l'on ressent, mais vrai.
Bravo à l'auteur pour avoir fait ressentir ce terroir jusqu'à "dans l'écriture"...
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Parce qu'il refuse de finir sa vie tout seul, Paul, 46 ans, exploitant agricole dans une ferme du Cantal, passe une petite annonce dans un journal.
C'est Anne, qui y répond.
Cette femme de 37 ans vit dans le Nord avec son fils de 11 ans.
Elle aussi est seule depuis qu'elle a tourné le dos aux années de violence passées auprès d'un homme alcoolique.
Quelques coups de téléphone, deux-trois rencontres et Anne accepte de venir vivre à la ferme.
Mais la cohabitation avec les oncles et la soeur de Paul s'avère difficile...

Les mots de Marie-Hélène Lafon s'égrennent posément, sûrement, chacun d'eux justement calibré, mûri, poli comme un caillou roulant en bouche.
Se déroulant en longues phrases amples, ils disent le monde rural, les difficultés de s'implanter en milieu paysan, les silences "gras" des taiseux, les efforts, les petitesses...
Ils racontent surtout, dans une langue riche et stylisée, l'histoire d'amour d'êtres ordinaires, qui s'unissent en un compagnonnage pratique et raisonnable pour s'arracher à la solitude qui les guette.
Un beau roman.
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C'est une histoire banale que Marie-Hélène Lafon nous conte. Celle de Paul sans Virginie. Celle d'une annonce, faite à Annette, pas à Marie. Celle de deux solitudes brisées qui tentent de se trouver, de se joindre, se rejoindre. Et cela, malgré l'entourage de Paul qui regarde le tout d'un air goguenard, quand il ne juge pas Annette et son fils, Eric.

On est au XXIè siècle, même si la société que dépeint Marie-Hélène Lafon a un côté intemporel, ou hors du temps. Riom-ès-Montagne. Les plateaux auvergnats. Pas loin de Condat. Plus de vaches que d'habitants. le temps semble avoir suspendu son vol.

Le hasard fait que c'est à deux pas de là que j'ai passé mes dernières vacances. Je vois bien la lande, la terre, les hommes et les femmes, burinés, endurcis, tant au physique qu'au moral, dispensant leur amitié avec une pudeur non feinte.

Paul a passé une annonce. Annette a répondu. Il est paysan, auvergnat, célibataire, soucieux de compagnie. Elle est du nord, elle a un fils, elle est seule. Et pourtant rien n'est gagné. Marie-Hélène Lafon, elle a de la tendresse pour ce monde-là. Elle écrit (malheureusement pour moi) dans une langue très travaillée,pas celle des héros de ses romans. Elle emploie le terme juste, longuement poli, astucieusement sélectionné... Exemple... matutinal... le genre de mot que ni Paul ni Annette n'utiliseront jamais. Et personnellement, cela m'a un peu gêné aux entournures.

L'amour est dans le pré dirait Paul. L'amour est dans le prêt, répondra son banquier avide d'intérêts proches de l'usuraire. L'amour est dans le près, soulignera le myope qui se rapproche. L'amour est dans l'après, entonnera le bedaud ou même son éminence (merci Jacques). L'amour est dans l'apprêt pontifiera le peintre venu faire les travaux d'aménagement du logement que Paul a préparé pour Annette et Eric. Car il est comme ça Paul, il a le coeur sur la main. Une main qu'il a large et forte, crevassée et laborieuse.

Mais Marie-Hélène Lafon ne connaît pas cette émission de télévision.

Je ne sais pas si j'ai aimé ou pas. J'ai lu cette tranche de vie avec empathie pour les protagonistes. Mais Marie-Hélène Lafon termine le récit sans réellement qu'il y ait matière à terminer quoi que ce soit. C'est aussi un peu problématique.
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très belle histoire d'une femme qui veut se sortir des griffes de la destinée dans le Nord, d'un époux alcoolique et violent.
Elle fera son nid chez un agriculteur malgré la famille aux aguets.
Transparaît l'amour immense qu'elle porte à son fils.
Fils qui réussira à intégrer aussi sa grand mère à cette vie ;
ainsi il sera entouré des deux personnes qu'il aime le plus au monde.
belle écriture de Lafon comme à son habitude.
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Annette vit dans le Nord de la France, avec son fils, Eric. Marre de sa vie, séparée du père d'Eric, elle se surprend à répondre à une petite annonce dans un journal, vous savez, le genre d'annonce qui était légion avant l'ère des réseaux sociaux et autres sites de rencontre sur internet. Et elle rencontre Paul, agriculteur vivant à l'autre bout de la France, éternel célibataire, vivant sur l'exploitation familiale avec sa soeur et deux oncles. Mais lui aussi ne veut pas finir sa vie seul, sans amour.

La quatrième de couverture annonce une histoire d'amour. Et il s'agit bien ici d'une histoire d'amour. Pas de celles qui font rêver au premier regard, faites de rebondissements, de passions, de coup de foudre et de corps qui s'emboîtent parfaitement. Plutôt de celles qui sont davantage raisonnées, plus inscrites dans une idée du couple et de l'envie de construire pas à pas une histoire. Et elles valent tout autant le coup d'être contées.

Je n'avais jamais lu de roman de Marie-Hélène Lafon et je pensais qu'elle écrivait des romans d'amour sur fond de terroir. Si en effet, elle raconte bien ici une histoire d'amour, si l'histoire est bien ancrée dans le terroir, ce n'est pour autant pas du tout l'histoire que j'imaginais.
On peut dire que cette autrice possède une vraie plume, faite de phrases à rallonge, sans ponctuation, ou presque, elle débite son texte d'un seul tenant, sans dialogues, sans que le lecteur ne puisse véritablement (re)prendre son souffle. Si ce n'est pas le genre d'écriture que j'apprécie particulièrement, je peux par contre aisément comprendre que d'autres que moi soient, au contraire, hypnotisés par sa plume qui contient aussi une certaine forme de poésie. L'écriture est au service, ici, de son histoire et de ses personnages, dont on devine ou imagine davantage de choses que ce qui est dit, et fait la part belle aux non-dits, aux silences, aux taiseux et aux discrets. Un roman qui ressemble à ses personnages, des gens simples, sans glamour, sans véritable drame, qui vivent au rythme des saisons, des bêtes et des opportunités.

En bref, une lecture que j'aurais du mal à qualifier de plaisante mais qui ne fut pas non plus désagréable. Et je pense, malgré tout, qu'elle pourrait me rester en mémoire quelques temps encore.

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Paul vit dans le cantal, avec sa soeur et deux oncles, où il est agriculteur. Il ne veut pas finir ses jours seul et passe donc une petite annonce dans "Le chasseur français". Annette vit à Bailleul avec son fils Eric. Elle a jadis aimé le père d'Eric aujourd'hui en prison. Elle répond à la petite annonce et c'est la rencontre, puis la décision de vivre ensemble à Fridières. Leur relation se tisse petit à petit dans cette région plutôt hostile où l'hiver est rude, l'activité difficile, l'insertion loin d'être évidente. Tout en délicatesse et en douceur et avec une grande authenticité, Marie-Hélène Lafon nous livre ici un beau roman d'amour, écrit dans une belle langue, teintée d'un humour subtil.
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C'est une drôle d'écriture que celle de Marie-Hélène Lafon. Elle est parfois « parlée" et d'autres fois savante; mais elle est toujours heurtée, bouleversant la syntaxe et les attentes du lecteur. Elle ne permet pas la respiration; elle essouffle, elle étouffe même, à l'instar de ce coin de terroir inhospitalier où se déroulent systématiquement les récits de Marie-Hélène Lafon. Ici le prétexte est la rencontre d'une femme du Nord avec un paysan du Cantal, l'intégration douloureuse de cette femme dans son environnement à lui. On comprend au fil des pages le contexte, le vécu antérieur de chacun et l'on voudrait s'intéresser davantage à eux mais on ne saura jamais de quoi ils sont faits vraiment, le récit digressant sur les personnages secondaires et en particulier l'enfant de la femme. Cette drôle d'histoire d'amour, si tant est qu'amour il y ait, est bizarrement vide de sentiments, de contacts humains et la fin du roman ne donne pas d'indication sur le tour que va prendre la relation entre Annette et Paul. Ils resteront pour moi à tout jamais désincarnés. Non, décidément, ce n'est pas ma tasse de thé et j'aurais bien du mal à recommander cette lecture dont je ne garderai sans doute pas grand souvenir.
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Marie Hélène Lafon écrit toujours un peu le même livre, et ceci n'est pas un reproche. La vie âpre, résignée, solitaire, des hommes paysans piégés de fait par une obligation morale de rester, de travailler, dans la ferme des parents, dans un sacerdoce étriqué au cours duquel ils remettront à plus tard leurs espoirs, jusqu'au jour où il sera trop tard, elle connaît cela, très bien. Ce fut son cadre de vie durant son enfance et sa jeunesse dans le Cantal, et il est indéniable que chaque mot sonne juste: la dame sait ce qu'est une étable, le pis d'une vache, et aussi ... un tracteur (voir de l'auteure: "Album").
On retrouve ici un de ces paysans quadragénaires, et celui-là va se lancer, enfin: chercher femme avant de vieillir vraiment, et, bien entendu, la vouloir s'installer à la ferme.
La maîtrise de la langue par l'auteure lui permet de faire usage d'un style très personnel: pas de dialogues, une ponctuation savamment négligée, des remarques subtiles et un sens de l'observation aigu, et terrible. La vraie vie est là, sous nos yeux, avec sa richesse, sa beauté, et aussi toutes ses routines et ses mesquineries.
L'auteure ayant désormais une dimension importante dans l'écriture française contemporaine, il faut la lire, réellement: cette "Annonce", "Joseph", " Les derniers indiens", et ces nouvelles: "Histoires" (opus que nous préférons à "l'Histoire du fils", celle-là pourtant récemment primée).
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Je suis partie de la terre ouvrière et suis arrivée avec elle et son gamin en terre d'élevage et de plateaux. Ce roman emporte, mais avec ces gens de peu la peine demeure.
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N°674– Août 2013.
L'ANNONCE - Marie-Hélène LAFON – Éditions Buchet-Chastel.

Ce roman raconte une histoire d'amour entre Paul, un paysan du Cantal de quarante-six ans et Annette, la mère de trente-sept ans du petit Éric, onze ans, qui elle vit dans le Nord. Cette rencontre a été provoquée par une petite annonce de Paul à qui la solitude du célibat pesait. Annette y a répondu après avoir quitté son mari, Didier, alcoolique et souvent pensionnaire de la maison d'arrêt, le père de son enfant, parce que la vie avec lui était devenue impossible. Elle n'a aucun métier en dehors de l'usine et de la caisse des grandes surfaces et voit là une opportunité de tout recommencer, loin de chez elle, de ses racines. Ils se sont rencontrés à Nevers, au buffet de la gare parce que c'était à mi-chemin. Pour eux, c'était toute une expédition, nécessaire cependant pour un premier contact après les photos et les communications téléphoniques. Leur vie antérieure a été d'une grande banalité, à la ferme comme à la ville et chacun souhaite que cette « union » soit bénéfique pour tous. Ils sont venus à ce rendez-vous avec leurs vieilles plaies, sans les montrer cependant, pour ne pas apeurer l'autre. Ils ont en commun des cicatrices mal refermées et des espoirs un peu fous pour cet avenir encore un peu incertain à cause de la crainte de l'inconnu. Cette rencontre sera suivie d'une autre où on fera plus ample connaissance, on s'apprivoisera et on apprendra à mieux se connaître, à s'accepter... Paul, cet homme rude l'a prenait elle et son fils et parlait d' emménagements dans la ferme pour mieux accueillir sa nouvelle famille .

Un telle situation est toujours une remise en question profonde des gens qui la vivent. Éric qui sans doute ne peut qu'en être bénéficiaire, se tait, observe, cherche à s'adapter, en silence. On a déjà prévu sa scolarisation au collège, son intégration dans le voisinage des autres fermes. Paul qui ne souhaite pas avoir un enfant avec Annette pense peut-être accueillir ce garçon, en faire peut-être son héritier si cela est possible. La mère d'Annette vient lui faire une visite ponctuelle ne serait-ce que pour se rendre compte des conséquences du choix de sa fille. Il y a aussi la parentèle de Paul, ses oncles, propriétaires fonciers restés célibataires, sa soeur, Nicole, plus jeune de dix-huit mois, elle aussi célibataire et sans enfant. Ils voient d'un mauvais oeil que Paul qui a été malheureux en amour et souhaite forcer un peu le destin ait introduit dans leur clan et sans leur demander leur avis cette femme qui ne sera toujours qu'une intruse. Annette est évidemment attendue au tournant, se sait observée, passe chaque jour son examen sous le regard amusé, critique et parfois méchant des autres de qui, elle le sait, elle ne recevra aucune aide ni aucun conseil. Paul de son côté fait tout pour lui faciliter la vie, notamment dans le domaine ménager puisque avant, dans le Nord, elle avait le confort. C'est vrai que ces nouveaux arrivants apportent du sang neuf dans cette fratrie engoncée dans des traditions et des habitudes, un peu de jeunesse aussi qui serait capable, l'air de rien de creuser son sillon, de bousculer un peu les choses, sans les brusquer cependant. Annette et Éric surent se faire accepter même si ce ne fut pas sans peine, l'enfant, malgré son nom polonais, par sa discrétion, son application scolaire, l'amour qu'il portait aux bêtes, les vaches et surtout la chienne Lola, la mère par son travail, son sens de l'économie, sa présence.

Le roman reste un peu en suspens. On ne sait pas si cette union se terminera par un mariage entre Paul et Annette mais peu importe mais il ne coûte rien au lecteur d'imaginer une fin heureuse à cette tentative.

Au-delà de l'histoire, je retiens aussi une galerie de portraits bien campés tel celui de Mimi Caté, par exemple, cette maîtresse-femme qui ne laissait personne indifférent, mais aussi des scènes de la vie à la campagne auvergnate, la longue évocation des gens et des corps spécialement celui de Paul, de ses mains de travailleur en particulier.

Dans un précédent numéro (La Feuille Volante n°671), j'ai dit combien le style haché et minimaliste de l'auteure me déplaisait. Je ne l'ai pas retrouvé ici et, bien au contraire, j'ai apprécié sa fluidité, la poésie qui coule des mots et aussi l'humour parfois acerbe mais bien senti et subtil qui accompagne l'évocation d'un personnage ou d'une situation. J'ai aussi aimé un grand réalisme dans l'analyse des circonstances, celle de cette femme qui a tout quitté pour suivre un inconnu simplement parce qu'il est agriculteur et qu'elle pense que c 'est un vrai métier, celle de cet homme qui veut tout faire pour que cette tentative leur soit favorable, même s'il doit pour cela bousculer un peu sa propre famille. J'ai aimé les subtiles nuances dans les descriptions, dans les évocations en demi-teinte. Cela témoigne d'un réel amour des mots auquel le lecteur attentif et de plus en plus passionné ne peut être indifférent.

Cela a été pour moi un plaisir de lire ce roman, une histoire certes simple et même banale mais qui, sous la plume de Marie-Hélène Lafon a été réellement captivante jusqu'à la fin.

Hervé GAUTIER - Août 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com






























































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