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Je viens tout juste de relire Les Derniers indiens : je ne sais comment fait Marie-Hélène Lafon mais elle le fait ; focale sur les Santoire et en face leurs voisins et leur linge, leur cour, les lessives colorées. C'est un récit sur le passage des paysans d'autrefois à ceux qui se sont modernisés. La mort de la mère Santoire accentue le regard oscillant entre passé et présent. Tout se regarde sous l'oeil de Marie qui sent que quelque chose ne va pas droit. C'est un texte qui aurait pu être figé mais Marie-Hélène Lafon a plus d'un tour narratif à son établi d'écriture : autre chose coule chez les taiseux Santoire, même Marie qui le sent ne sait pas exactement quoi. le lecteur veut savoir ce que "sent" Marie qui ne cadre pas avec les valeurs des siens. Marie-Hélène Lafon admire Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier : ce qu'elle ignore peut-être ou non, c'est qu'elle a écrit son Histoire de la nuit aussi, car les Derniers indiens est à mon sens un thriller de taiseux. On tourne les pages car l'obsession de Marie pour la petite voisine L'Alice dynamise le récit jusqu'à assommer le lecteur à la fin. Ça sent la cruauté De Maupassant avec ses chutes narratives vertigineuses.
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Dans ce roman, c'est une étude approfondie de personnages authentiques que l'on retrouvaient principalement dans les campagnes. Des personnages avec leurs propres valeurs et une idée très forte sur la famille, la terre, les traditions. Des personnages refermés sur eux mêmes et aigris par le monde qui évolue.
Un étude sociologique, un peu longue et un peu triste, néanmoins.

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Tout petit, tout simple, gris, rance, glacé, frigide, horrible. Dans un style minimaliste est décrite la décadence d'une exploitation auvergnate (près de Riom ?) dont ne subsistent plus qu'un frère et une soeur, Marie et Jean, vieux célibataires taiseux, face aux « voisins » de l'autre côté de la route qui ont su prendre le train en marche de la modernisation agricole et de la société de consommation, et qui ont su se reproduire, eux – alors même que leur vieux père « allait en journée chez les uns et les autres » (68). « Maintenant, les voisins n'avaient plus rien de tout ça, jardin, poules, lapins ; ces femmes, les brus, faisaient certainement des cuisines qui ne demandaient pas de préparation, ou ça se nourrissait de surgelés, les maisons n'étaient plus tenues » (45). « Ils dépensaient beaucoup pour nourrir les quantités de bêtes qu'ils avaient, avec des aliments qui arrivaient par camions entiers, des aliments dont on ne comprenait pas le nom, déshydratés, broyés, de la pulpe, des arachides, des farines, et de l'herbe en bottes considérables et rectangulaires » (55). L'histoire se suffirait à elle-même si elle n'était pas traversée par le souvenir d'un assassinat et viol d'une jeune fille handicapée – on devine assez vite qui a pu faire le coup, mais le livre n'est pas un roman policier. Un autre souvenir, celui du fils préféré de la mère, mort prématurément d'un cancer, explique la fossilisation de la maison, « Pierre, l'aîné, le dru, l'enfant élu, désigné, l'héritier, le compagnon, le voulu, le premier, le seul, l'embrassé » (96). Les phrases sont courtes, les dialogues ne sont autorisés qu'au style indirect ou sans ponctuation, ce qui gèle d'autant plus la narration. « Rutiler était dans les grilles de mots croisés que la mère remplissait au crayon, les soirs, d'abord sans dictionnaire, puis, pour finir, avec le dictionnaire. Les cuivres devaient rutiler. On les frottait régulièrement. (…) du vivant de la mère, les cuivres avaient toujours rutilé. Trois mois après sa mort, Marie les avait enlevés. Ils n'étaient plus propres, ils ne le seraient plus, elle ne les ferait pas, la mère disait faire les cuivres on les a faits il faut les faire tu les feras demain après-midi je t'aiderai » (41).
Bien mieux que le petit dernier de MH. Lafon, "L'histoire du fils" !
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On connaît le style désabusé (?) de Marie Hélène Lafon, qui ne parle que de la vie de tous les jours, de la résignation des gens simples à leur condition, spectateurs qu'ils sont d'un monde qui change, qui n'est pas le leur, qu'ils n'ont pas envie de suivre, et dans lequel ils ne voient que du vide, des fausses promesses, de la futilité.
Le "Parc des volcans d'Auvergne" est une institution créée dans les années 70. Quand le père de l'auteure, en voiture, passait devant un de ces panneaux: "Ici vous entrez dans le Parc des volcans d'Auvergne", il disait aux enfants: "vous voyez, nous qui vivons dans ce parc, nous en sommes les derniers indiens".
Le regard acéré de l'auteure est toujours là, pour décrire le chemisier troublant de la dame du Crédit Agricole, le sans-gêne des voisins trop bruyants, la multiplication des ronds-points, ou les jours de deuil, avec leur tristesse, mais aussi leur mécanique répétitive et leurs lendemains vides. Et le temps qui passe, la vie qui se raccourcit, les jeunes qui deviennent vieux.
Si l'on n'a rien lu de M.H.Lafon, on peut commencer par ce livre-là: c'est la synthèse à la fois de son style, de son regard, de ses souvenirs de jeunesse dans le Cantal, de l'ensemble de son oeuvre. Et, quelles que soient nos racines, nous nous retrouvons forcément, un peu ou beaucoup, dans ce qui est la narration du déroulement de ces vies simples, trop courtes, mais pourtant maladroitement remplies.
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📚 Marie et son frère Jean sont les derniers, sans conjoints, sans enfants. le père, la mère, le frère ainé Pierre sont morts. Marie regarde la grande famille des Lavigne, les voisins d'en face, de l'autre côté de la route ; ils sont nombreux, vivants. Ses pensées vont et viennent, elle pense à sa mère, femme fière et orgueilleuse, à ce frère décédé, à cette ferme, à ses voisins tellement visibles.
🖊️ Dès la lecture du premier livre de Marie Hélène Lafon, j'ai été fasciné par son écriture, son style inimitable, son art de parler des petits riens de cette vie rurale, rude, solitaire.
🖊️ Ce livre aura été, pour moi, un moment suspendu. J'en ai apprécié chaque moment. J'ai été infiniment touché par cette femme, par sa non-vie, par son regard sur ces voisins, par sa façon de comprendre l'influence de cette mère qui n'aimait que ce frère ainé, mort trop tôt...
🖊️ Un texte teinté de mélancolie, lent, magnifiquement écrit.
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Premier livre que je lis de cette auteure.
Le style est un peu déconcertant. Pas de chapitre. Tout est 'livré' si je puis dire d'une traite, comme quelqu'un qui prend sa respiration pour délivrer un message de peur d'être interrompu ou plutôt dans ce cas de peur de ne pas avoir le courage d'aller jusqu'au bout.
En cela le livre est intéressant et qui la tristesse et la difficulté d'êtres qui restent figés dans leur monde alors que tout change autour d'eux.
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Encore un roman hyper sensible au style inimitable (ardu mais si original) de Marie-Hélène Lafon qui décrit ici la fin d'une famille (le décès du frère à qui tout réussi), le dictat de la mère qui mène sa fille et son fils "cloitrés" dans le "bon sens" paysan avec la peur du qu'en dira-t-on, en contraste avec les voisins qui vivent pleinement leur vie, exposent leurs amours, leurs projets et se lancent dans des projets innovants malgré les drames...
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J'ai eu de la peine à trouver un rythme, une dynamique... Si je saisis bien la représentation écrite de la vie de ces personnages, cette vie lente, composées de "clichés", d'habitudes ; les difficultés pour me motiver et m'accompagner au fil du roman ont été nombreuses.
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