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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jean et Marie se retrouvent seuls dans la maison de leur enfance. Des années après le décès de leur frère, puis leur père et, plus récemment, leur mère. Issus d'une illustre famille de paysans, frère et soeur sont célibataires et sans enfant. Aujourd'hui à la retraite, dans une demeure trop grande pour eux, ils vivent la plupart du temps reclus, ne sortant que rarement, ne côtoyant personne. En face habitent les Lavigne, une grande famille où grand-parents, parents et enfants vivent ensemble. Agrandissant la maison, en construisant une à côté. Les Lavigne ont réussi quand les Santoire, embourbés dans la tradition, ont dépéri. D'eux, il ne restera rien, une fois que Marie et Jean ne seront plus là. de sa fenêtre, cette dernière les observe souvent. Immobile devant tant de vie, de joie et de rires d'enfants...

Jean et Marie, deux taiseux qui vivent ensemble. Par habitude sûrement. Enracinés dans le passé. Enracinés dans une vie qu'ils ne semblent pas avoir choisie. Et tandis qu'en face, ça bouge, ça vit, ça s'agite, ça fleurit, ça fait fortune, chez eux, tout ternit, tout dépérit, tout s'attriste. Parce que frère et soeur savent qu'après eux, il n'y aura plus rien. À travers le regard de Marie, l'on regarde la vie autour, l'on se replonge dans le passé, dans les souvenirs, les bons et les moins bons. Marie-Hélène Lafon décrit, avec beaucoup d'intensité, la banalité de la vie de ces deux handicapés de la vie qui vivent la leur par procuration mais aussi encore sous le diktat de leur mère, pourtant décédée. Émouvantes et poignantes ces pensées de Marie, engoncée dans une vie étroite et inconfortable. Transparent, ce frère qui habite sous le même toit. Désespérant et triste, ce quotidien vide de tout. D'une grande justesse, sobre, économe, la plume de Marie-Hélène Lafon donne pourtant une grande profondeur à ce roman intimiste, presque figé dans un autre temps...
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« Comme un Légo avec du sang », Marie-Hélène Lafon observe tous ces petits êtres vivants à travers la lunette d'un microscope. Forcément Manset… de l'immensément petite patrie de ce Massif Ventral, panse de France, patrie des Pensées, de quelques vedettes de la télé de midi, de quelques présidents de la République aussi, tout autant entomologiste que sociologue, l'écrivaine nous plonge dans le milieu qui fut le sien, qui fut celui de mes grands-parents. … Si aux racines, je préfère l'idée de rhizome ou mieux celle de bouture, j'ai été envouté par cette histoire où étaient convoqués quelques sosies de séjours d'antan chez le pépé et la mémé. Pourtant de sentimentalisme, il n'en est pas question dans Les derniers Indiens. L'auteure laisse toute latitude au lecteur d'investir les pages, de s'y sentir bien, ou, au contraire, mal à l'aise. On a le droit de bailler chez la Lafon mais on peut aussi se contenter de l'écouter vous raconter ces vies ordinaires. Les Lavigne et les Santoire, ce ne sont pas les Montaigu et les Capulet, l'Auvergne, ce n'est pas la Vénétie, mais ce n'est pas non plus Disneyland et ses Indiens factices, perdus dans un décor en carton pâte.
On est bien reçu chez la Lafon. Elle se refuse à en mettre plein la vue avec sa plume rurale et surtout qu'aucune condescendance ne soit soupçonnée dans le choix de ce qualificatif. Au moment de nous séparer cependant, tandis que nous poussons les chaises en paille sous la table, le dénouement du roman nous montre que, sous sa discrétion, la patronne c'est bien Marie-Hélène et le lecteur se plie bien volontiers à l'affirmation de son caractère et reçoit les dernières lignes comme une surprise. Venez donc dans ce coin de campagne, vous comprendrez ce que je tente maladroitement d'exprimer.
Pour ma part, je reviendrai chez la Lafon…
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Marie est une vielle femme. Elle vit avec son frère, célibataire lui aussi, dans la ferme familiale. Enfin, vivre est peut-être un bien grand mot, disons qu'elle vivote dans une douce monotonie en laissant le temps passer.
Bridée par une mère autoritaire à l'excès, elle n'a jamais rien fait en dehors de la ferme, même pas le moindre petit voyage. Sa vie sociale se réduit à observer les voisins et sa vie intérieure n'est guère plus brillante. A part penser aux disparus, elle se contente de fantasmer sur des catalogues en imaginant changer les meubles. Autant dire, un vide abyssal. Mais ce vide, loin d'être angoissant, parait presque lénifiant. Marie existe simplement, loin de toute passion et quasiment dans le silence car le frère et la soeur ne se parlent guère. Ils sont de la race des taiseux.

C'est le roman de Marie-hélène Lafon que j'ai préféré ! Habituellement je suis un peu dérangée par son écriture si particulière qui ne me parait pas naturelle mais cette fois ci je suis tombée sous le charme. Ici ses mots coulent avec la limpidité de l'eau d'un ruisseau. Quel talent pour raconter si bien le presque rien !
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Conseil amical, quelqu'un qui me connaît assez pour viser juste (ce que j'aime dans la transmission des livres), Les derniers indiens constituaient mon premier contact avec Marie-Hélène Lafon. Je l'avais écoutée dans une émission littéraire, avais été touché par sa poésie du réel. La lecture des derniers indiens confirme cette impression. Littérature sans artifice, cohérente avec ce que renvoie l'auteure. Marie-Hélène Lafon décrit le quotidien d'un vieux couple (frère et soeur), dans une maison du Cantal. Leur vie, mais aussi le regard qu'ils portent sur leurs voisins, si différents. Leur vie en creux. Des regrets, des nostalgies. Leurs voisins si vivants, agiles et rapides, tandis qu'ils deviennent immobiles, lents. D'un autre temps? Un monde qui change sans eux. Des histoires ombres aussi, non-dits, personnages taiseux. L'écriture est fluide, de mots simples, mais sonne infiniment juste, outil précis (comme un artisan coutelier du centre de la France) au service des personnages.
A la lecture des derniers indiens, je pense aux Vies minuscules de Pierre Michon.
Joseph sur ma table, prochain livre de Marie-Helene Lafon...
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Mais qui sont-ils ces derniers indiens ? quelques sioux échappés du massacre de Wounded Knee ? non, vous n'y êtes pas du tout. Simplement des paysans auvergnats, d'une famille fin de race, n'ayant ni su ni voulu s'adapter aux nouveaux modes de vie.

Jean et Marie, le frère et la soeur, sont désormais seuls dans la vaste ferme ayant abrité quatre générations de Santoire. Retraités, oisifs désormais, se sentant inutiles, ils ont toujours vécu sous la férule de la mère, que Marie n'a jamais appelé maman, femme rigide, corsetée dans ses principes rigoureux, ne souffrant aucune dérogation, ayant étouffé chez ses enfants la moindre velléité d'autonomie, et passant son temps à critiquer les voisins, ces Lavigne, qui osent moderniser leur exploitation, évoluer avec les nouvelles techniques et vivre d'une façon indigne d'un bon chrétien !
Elle n'a pas de mot assez fort pour les condamner, la mère !

Et malgré son décès, "les deux petits" sont restés incapables de se détacher de son emprise maléfique. "depuis la mort de la mère leurs deux vies étaient comme une seule et longue pause trouée de gestes rares et nécessaires".

Chez ces gens-là, on ne vit pas, on végète et on regarde les autres entreprendre, faire des enfants, s'agiter, s'amuser, bouger, prospérer, rire, exister enfin.....
Et Marie, la vieille fille passive, d'occuper désormais son temps à guetter inlassablement les moindres faits et gestes des voisins, à se poser d'innombrables questions sur leurs vies, à se demander quel fut le sort de l'Alice ....

Marie-Hélène Lafon, d'une écriture précise et méticuleuse fouille inlassablement dans les abîmes du coeur de Marie pour en extraire ses peurs, ses frustrations, ses désirs inassouvis. Sans relâche, elle remâche les regrets de cette femme qui jadis fut jeune avant de devenir cette personne desséchée grâce aux bons soins de sa mère-araignée, qui n'a jamais aimé personne d'autre que le fils aîné, mort prématurément.
Elle en trace un portrait vivant, émouvant et d'une implacable dureté, sidérant par son réalisme cru et pointilleux.
De la belle ouvrage, comme les broderies savantes et élaborées que créait jadis la tante de Marie.
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Mon deuxième MH Lafon, après L'annonce. Donc moins bien, forcément, il n'y a plus la délicieuse découverte de ce style un peu désuet, plus classique que son époque. Mais cette vieille fille qui vit avec son frère presque jumeau, qui a attendu la mort de « la mère » omnipotente pour procéder à de dérisoires changements (dormir dans l'alcôve de la cuisine, virer les cuivres de la cheminée…) et qui utilise le spectacle de ses voisins pour prendre un tout petit peu de distance avec les effroyables positions maternelles donnent lieu à un monologue très bien maîtrisé.
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Les derniers indiens ce sont les Santoire. La mère, le père, Pierre, Marie et Jean. de cette famille ne restent plus que les deux derniers tous les autres sont morts les uns après les autres mais leur présence les hante. Marie et Jean sont à la retraite, la soeur et le frère vivent ensemble dans la maison familiale ou rien n'a changé depuis la mort de la mère. Dans cette famille de paysans auvergnats on a des principes, on vit comme il faut selon des règles ancestrales, on tient son rang. Pas comme ces voisins descendants d'ouvriers journaliers qui croissent et se multiplient, qui s'étendent sous leurs fenêtres. Marie à travers des yeux de laquelle nous revivons l'histoire de la famille passe son temps à les regarder vivre. Car chez les Santoire on ne vit pas, on se contente de travailler et de se conformer au règles édictées par la mère.


La mère, personnage despotique, vivant dans l'ombre d'un père qui restera à jamais le seul homme de sa vie, ne s'est mariée que pour assurer la descendance, pour asseoir la dynastie. Fière de son rang, elle ne veut être appelée que Madame Santoire, n'acceptant pas le nom de son mari qu'elle considère juste comme un ouvrier, et un géniteur. C'est elle qui possède tout. Elle a trois enfants mais seul Pierre, l'héritier reçoit son amour. La mère dirige son petit monde d'une main de fer. Elle aime que les choses et les gens restent à leur place, pas comme c
es voisins qui sont sortis du rang. Elle crée ainsi un vase clos ou ce qui se passe à l'extérieur n'a pas sa place. La modernité on ne fait que l'observer chez ces voisins qui ont su s'adapter au monde actuel, mais l'adopter serait déchoir.


Ce roman est la chronique d'une mort annoncée. La mort d'une famille, la mort d'un monde vivant dans le passé, replié sur lui même et sur son histoire, hanté par ses morts. Ce roman est un huis-clos étouffant, nous ne quittons pas la pièce principale de la ferme des Santoire. Nous ne quittons pas les souvenirs de Marie, cette femme qui ne vit que dans le passé, dont la vie s'est arrêtée à la mort de la mère. Cette mère toute puissante qui l'a empêchée de vivre. Sa vie se passe dans la contemplation du monde qui change, ce monde représenté par ces voisins honnis. Un roman intimiste passionnant servi par la plume envoûtante de Marie-Hélène Lafon.

"Les expressions faisaient le tour du monde et le mettaient en ordre, elles donnaient les règles, elles prévoyaient tout ; la mère avait régné par leur puissance qui coulait avec son sang, qui était son héritage à l'égal des terres des bâtiments , de la maison et du nom."
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dans la famille, la mère s"appelle La Mère, le père le Père et seuls les enfants sont nommés Pierre, Marie et Jean.
Ces cinq-là vivent sous le même toit, à l'écart du monde mais observant sans cesse "les voisins" qui, eux, vivent avec leur temps, alors ils les critiquent, les détaillent, sans doute les envient-ils?
Puis Pierre meurt, un cancer généralisé et Marie et Jean ne quitteront jamais la maison familiale, au-delà des deuils des parents, ils ne se marieront pas, ils vieilliront ensemble...
Curieux roman écrit en phrases serrées, oppressantes, comme l'est la vie de ces "derniers indiens" que le progrès ne touche que de loin.
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J'ai vraiment aimé ce livre qui est bien écrit et se lit très rapidement. Certes il est un peu intimiste, mais tout y est si bien raconté. J'aime la façon particulière que l'auteur à de raconter ses histoires. Ici on vit dans des habitudes immuables qui datent de plusieurs générations et on les respecte. Les voisins eux, sont des gens de leur génération, qui ne s'embarrassent pas d'autant de principes, mais qui vivent, eux. Et dans cette léthargie quotidienne où tout semble figé, il y a l'extra-ordinaire, cette fille qui disparaît...
J'ai préféré ce récit à l'annonce et j'apprécie vraiment M. A. LAFON. Je pense que le livre vaut qu'on lui consacre un moment.
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Marie et Jean, deux taiseux qui vivent dans l ombre de la mère décédée, dans une ferme bien trop grande pour eux.
la mort, le silence, la vie, la solitude se mêlent tout au long du livre.
mais quel bonheur de retrouver des gestes d autrefois ( les pièces au fond du porte monnaie) et des expressions dites mille fois par ma grand mère (écarter le linge) .
et puis Marie qui épie chacun des gestes des nouveaux voisins derrière sa fenêtre, comme disait si souvent ma grand mère , et là grand dieu c est qui? ❤ les armoires qui débordent de linge, draps rêches, ou vêtements si peu mis.
bref une plongée dans ce monde paysan , qui fait tellement de bien.
et cette écriture de Marie Hélène Lafon , tellement ciselée, précise, qui va droit au but.
bref j ai adoré ce roman
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