Magnifique ! Et encore un nouveau coup de coeur, j'adore.
Quelle verve, quelle poésie pour décrire aussi bien le magnifique que l'immonde. Et la Chine Impérial en 1395, c'est tout à fait cela, magnifique et immonde. Dès les premières pages, on se retrouve immergé dans l'empire du milieu, entre bandes rivales, bourgeois avides, commerçants sans scrupule, familles en guerre, pirates dépravés, eunuques obscènes, mendiants répugnants, aussi répugnants que les voyants respectés. Un monde fait de règles ancestrales, de rites traditionnels, de beautés éphémères, d'amour filial, de luxure et de pouvoir. Un monde où il faut être fort, puissant, sage et juste pour s'en sortir avec honneur.
Quelle plume, qui nous porte d'une page à l'autre, au rythme soutenu des événements historiques qui se sont produits sous le règne du sinistre empereur Hongwu (1368-1398), fondateur de la dynastie Ming. Les personnages sont surprenants de vérité et si attachants qu'on n'a pas envie de les quitter quand se tourne la dernière page ; les lieux sont merveilleusement bien décrits qu'ils soient magnifiques ou juste glauques, on s'y promène alors avec émerveillement ou grande méfiance ; l'ambiance est parfumée d'encens et de fleurs fraîchement coupées, de sang frais et de poissons pourris en fonction des circonstances ; le tout est une réussite absolue qui nous plonge dans un autre temps, dans un autre monde.
Encore une belle découverte trouvée par hasard dans ma bibliothèque, encore un roman acheté il y a quelques années et classé sur les étagères quand mes piles sont devenues trop hautes. Et quand le roman est classé, il est un peu perdu car une nouvelle pile commence déjà et ses éléments deviennent alors prioritaires :-p
Un auteur que je vais dorénavant rechercher, ça, c'est sûr :-)
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Bof : roman d'amour et d'aventures sous la dynastie Ming
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Tout, ici, semblait faire honneur à la santé, et cela dans le respect de la personne spirituelle. Une harmonie que l'Italien n'avait jamais ressentie à Gênes. Il semblait que la religion de ces êtres aux yeux plissés fût incluse dans leur moindres gestes, et qu'aucune attitude, même commerciale, ne fût adoptée par eux sans le secours d'une science diététique qui entretenait la perpétuation des battements sacrés du coeur.
Ses proies, il faisait mieux que les posséder : avant de les embrocher, il les lapait, les buvait et les dégustait, comme d'autres l'eussent fait d'un lychee ou d'une huître.
Si le mystère avait une odeur, c'était celle-là, avec ces pointes d'algues pourries, ces remugles de menthe et ces relents capiteux de basilic qui faisaient tourner la tête comme un mauvais cognac.
La rose n'a d'épines que pour celui qui veut la cueillir.