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3,19

sur 75 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Maud Cunard et sa fille Nancy ont toutes les deux traversé leur époque en croisant aristocrates et monde de l'art.
Mais c'est sous le prisme de la relation torturée de ces deux femmes qu'Alexandra Lapierre a choisi de les raconter.
C'est un parti pris qui va nous montrer essentiellement leurs failles, leur noirceur, leur ambivalence et leurs douleurs alors que Nancy fut une muse d'Aragon et s'engagea pour l'égalité raciale.
Il y a peu de légèreté dans ce récit.
C'est un court roman qui rappelle, une nouvelle fois, que les blessures d'enfance, les violences sexuelles et le manque d'amour vous marquent à jamais.
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Portraits croisés de deux femmes si semblables et si dissemblables à la fois.
Lady Maud Cunard, très riche héritière des constructeurs de paquebots transatlantiques et sa fille Nancy sont belles, riches, élégantes, sophistiquées, fréquentent les milieux les plus élevés de la société du début du XXème siècle. Mais leurs vies privées respectives n'ont pas grand chose à voir avec ce vernis social. Maud, qui a fait sa place grâce à une discipline de chaque instant ne peut pas comprendre que sa fille Nancy, née avec tous les privilèges aie des idées sociales très avancées pour l'époque, fréquente des Noirs, s'implique dans la Guerre d'Espagne, s'insurge contre le racisme et mène une vie sexuelle totalement libre. Nancy, mal dans sa peau, déteste sa mère et lui reproche à peu près tout. Au fil des chapitres, le ton va monter, les comportements vont déborder des limites. Outre l'intéressante analyse psychologique des deux femmes, ce livre nous plonge dans l'univers de la haute société de cette première moitié du XXème siècle qui sera marquée par les deux guerres mondiales, le krach boursier, et une évolution sans précédent des consciences débouchant sur une nouvelle organisation sociale.
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Réalité présentée sous la forme de roman avec l'aisance et l'investissement précis de Alexandra Lapierre.

Plusieurs voix s'y succèdent, s'entrecroisent :

Celle de Maud Cunard « Her Ladyship », richissime aventurière ayant gravi les échelons jusqu'à la « high society », femme à la morale toute relative, amante sans scrupules, mécène, protectrice et maîtresse du chef d'orchestre Lord Beecham après avoir vécu quelques années avec l'écrivain George Moore.
Mère intransigeante, oublieuse, en rivalité, refusant tout dialogue, poussant sa fille à des actes répréhensibles, double visage qui met mal à l'aise même le lecteur.

Un échec complet dans la relation et puis la deuxième voix :

Celle de Nancy Cunard, la fille, personne tourmentée, vie de débauche et d'excès, maîtresse d'Aragon dont le portrait est sidérant, d'un musicien de jazz (Henry Crowder) noir, d'autres au gré des rencontres, des soirées, des bars.
Des prises de position : une quête de justice (égalité des droits pour les Noirs, guerre civile en Espagne…).
Un rejet de la figure maternelle, rejet destructeur devant la similitude malgré la différence.

L'autre voix sera celle de Henry Crowder.
Avec celle-ci, nous abordons toute l'horreur du racisme anti-noir en France et en Angleterre.
La puissance de l'élite dans ce pays, les humilations.

Une époque : partculièrment celle des années folles avec ses revendications de garçonne, ses cheveux coupés, ses yeux charbonneux et ses soirées dans un Paris « surréaliste ». Nancy y croisera Dali, Man Ray,etc…

L'auteure nous raconte en différents chapitres « accordéon » les points de vue de l'une et de l'autre et dès le départ on comprend que rien n'est possible entre elles.
Tout est excès, vitriol, dans un milieu qui ne l'est pas moins et qui n'en sort pas grandi.
Ecoeurement devant cette richesse qui coule à flot, ce mépris des classes dites inférieures, ce racisme.
Un peu de compassion pour la fille malgré des excès qui étaient probablement une manière de s'imposer et de vivre tout en s'auto-détruisant.

Alexandra Lapierre a traité ce sujet scabreux avec tact et talent pour faire supporter aux lecteurs cette rivalité abjecte mère/fille dans toute sa complexité située dans l'écrin du monde des puissants.


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Entre la Mère, Maud/Esmerald Cunard , lady anglaise raffinée et adulée et sa fille Nancy, héritière d'une fortune colossale mais engagée dans la lutte contre l'injustice , maîtresse - entre autres- de Louis Aragon ou d'un musicien noir, une haine féroce s'est installée. Dans ce roman biographique, Alexandra Lapierre retrace, à l'aide de chapitres plus ou moins longs, des faits, des dialogues, des monologues, des correspondances qui nous amènent à comprendre, au moins en partie, ce qui a mené ces deux femmes à s'affronter durant toute leur existence . L'auteure ne juge jamais, elle livre seulement des témoignages, étayés de nombreuses rencontres avec des personnages qui ont marqué la période allant du début du XXème siècle aux années 60. Quelques photos figurent aussi dans ce beau livre.
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Connaissez-vous Maud et Nancy Cunard ? Avec tout ma colère vous raconte la difficulté d'un lien mère fille. Les meilleures ennemies. Je ne connaissais pas ces deux femmes qui ont pourtant été deux grandes dames, héritières des paquebots Cunard.

Alexandra Lapierre m'avait particulièrement touché avec son roman Artémisia . L'histoire d'une artiste peintre italienne, née le 8 juillet 1593 à Rome et morte à Naples vers 1656. Une femme incroyable dans une époque difficile pour une femme indépendante pratiquant un métier d'homme.

Je voulais découvrir un nouveau roman de cette auteure. Et j'ai eu la chance de la rencontrer sur un salon. En discutant avec elle, je me suis arrêtée sur l'histoire de ces deux femmes qui ne savaient pas s'aimer. Et plutôt que d'aimer mal, elles ont fini par se détester allant jusqu'à se faire du mal publiquement.

En lisant ces pages, on pourrait condamner Maud Cunard qui n'a pas donné l'éducation , les valeurs, l'amour et la stabilité qu'une enfant est en droit d'attendre de sa mère. Entre les liaisons extraconjugales aux yeux de tous et surtout de son enfant, Maud Cunard courait après la fortune, la popularité et l'amour.

Mais Nancy ne sera pas en reste à l'âge adulte. Puisque non seulement elle va s'expatrier en France, mais elle va écrire toute sa haine pour sa mère afin de l'humilier publiquement. Elle enchainera des relations amoureuses complexes et provocantes. Bien que sa relation avec le Jazzman noir américain Henry Crowder soit finalement le plus bel affront fait à sa mère, elle vivra un grand amour. Il faut rappeler l'époque, début du XXe siècle, la mixité sociale n'étaient pas comme aujourd'hui, surtout dans la « Bonne société ».

"La Rolls avait repris sa route et progressait avec lenteur. Personne n'osait commenter le hasard de cette rencontre entre la mère et la fille. Nul, dans les hautes sphères, n'ignorait qu'elles ne s'étaient pas vues depuis près de treize ans. Et qu'elles se détestaient jusqu'à l' exécration. Leur brouille avait été rendue publique par un coup d'éclat de Nancy, un scandale dont Maud ne se remettait pas. Elle ne l'évoquait jamais. Never explain, never complain : ce silence était bien dans sa manière. Au point que l'on aurait pu la prendre pour un animal à sang froid, dépourvu de toute émotion, incapable du moindre sentiment."

On est témoin d'une relation malsaine écrit par une plume sublime, sensible. Je ne connaissais pas les héritières des paquebots Cunard. Aujourd'hui, je peux vous dire que l'argent n'a pas fait leur bonheur !
Lien : https://lesciblesdunelectric..
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Je ne connaissais que Nancy Cunard, la muse, la scandaleuse, la combattante. Dans ce récit, Alexandra Lapierre exhume avec talent et quelques procédés scénaristiques l'impitoyable guerre qu'elle mena contre sa mère Maud, une riche héritière elle-même particulièrement insoumise. Une guerre d'une incroyable cruauté entre deux femmes qui se ressemblaient pourtant absolument, un véritable carnage qui laisse muet de stupeur, quasiment à la vie à la mort. L'auteure (spécialiste des biographies féminines) imagine non pas l'impossible réconciliation mais au moins une vaine tentative de dialogue entre ces deux personnalités hors normes qui brillèrent chacune en leur temps dans le monde des arts, et l'on referme cette histoire avec un terrible sentiment de gâchis.
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Alexandra Lapierre a le don de découvrir des femmes dont la personnalité et la vie ont été remarquables, mais oubliées. C'est encore le cas de Maud et Nancy Cunard, sa fille.
L'angle choisi par l'auteure de ne nous faire connaître de leurs vies que la guerre qu'elles se sont livrées est cependant réducteur.
La haute société du début du XXeme siècle en Angleterre nous est présentée dans toutes ses règles, les membres des familles nobles en étant les acteurs.
Mais la vie de Nancy ne se résume pas à ses querelles avec sa mère, même si leurs rapports l'ont certainement fortement influencés.
Ce livre me donne envie d'en savoir plus sur cette période et les excès de ces années folles tant en Angleterre qu'en France et de les comparer.
Sous forme de conversations, les 311 pages se lisent vite.
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Ce roman biographique retrace les relations entre Maud et Nancy Cunard. Physiquement, la mère et la fille se ressemblent mais leurs convictions et leurs actes les opposent. Maud reçoit dans son salon des hommes politiques, des écrivains et des artistes. Nancy soutient activement les Républicains pendant la guerre d'Espagne.
Leur querelle remonte à l'opposition de Maud à la liaison de Nancy avec un Noir. Peu de temps après, Nancy envoie à une centaine de personnes un pamphlet dénonçant le passé et les travers de sa mère.
13 ans plus tard, une amie commune essaie de comprendre le vécu de ces deux femmes et ce qui a pu les séparer.
Le livre nous fait découvrir progressivement la vie passionnante de Maud et Nancy Cunard. Dans un tiers du roman, l'auteur dresse le portrait croisé de Nancy et Maud, sans jugement, afin de mettre en évidence ce qui les distingue mais aussi les moments où la fille marche sur le chemin de la mère. Bien ancré dans la réalité, ce récit est accompagné de quelques photos en noir et blanc, d'évocations de personnalités célèbres telles que Louis Aragon, Aldous Huxley et Pablo Neruda ainsi que de citations de ceux qui ont connu ces femmes.
Ce livre montre de façon plus générale les difficultés de communication que peuvent rencontrer une mère et sa fille.
Lien : http://www.carnetsdeweekends..
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J'ai aimé me perdre dans cette relation entre Nancy et sa mère Maud. Les deux ladies Cunard, unies par leur amour et leur haine, leur incapacité à se dire et à s'écouter, sont tour à tour victime et bourreau de l'une et de l'autre, ne parvenant pas à s'échapper de cette dépendance toxique. A travers 2 destins hors du commun, nous croisons tour à tour Aragon, Verlaine, Zola, Rodin, Monet, Aldous Huxley, Pablo Neruda et bien d'autres...

Nous percevons avec fébrilité l'effervescence intellectuelle et artistique de ces années particulières. Nous suivons, éblouis, les découvertes et la clairvoyance de ces femmes aussi semblables qu'opposées, qui ont su reconnaître de grands talents avant même qu'ils n'éclosent.

J'ai aimé également la façon qu'a l'auteur d'entremêler faits et psychologies à travers une construction de son livre soignée. Nous sommes réellement aux côté d'Alexandra Lapierre qui tente de revenir sur les pas de ces 2 femmes d'exception, et nous partageons sa fascination.

C'est un sentiment étonnant de que découvrir des femmes dont j'ignorais jusqu'au nom et qui ont pourtant eu un véritable rôle dans la vie d'hommes que nous connaissons tous!
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D'abord, la mère Maud… Richissime héritière américaine, amateur éclairée, femme cultivée et collectionneuse d'art, mécène dans l'Angleterre du XXe. Cette séductrice est terriblement conformiste, elle se fond dans le rang pour garder la place qu'elle a obtenu de haute lutte et ne veut perdre à aucun prétexte.
Puis Nancy, la fille…Elle est élevée par des nurses et délaissée par sa mère, qui va certainement la jalouser pour sa beauté et le risque quelle lui fait courir avec ses amants. Elle est belle cette femme que l'on découvre en couverture du roman, dans cette inoubliable photo de Man Ray en 1926, les bras parés d'innombrables bracelets anciens en ivoire. La fortune ? Elle nait avec, il ne lui reste donc qu'à trouver comment la dilapider et s'en servir, pour son plaisir celui de la cour qui l'entoure, puis rapidement pour s'opposer à sa mère, lutter contre le racisme anti noirs et pour l'égalité de tous dans la société dans laquelle elle vit. Véritable muse adulée par les artistes et les intellectuels, femme libre et sans entrave, elle partage la vie d'Aragon, de Neruda puis d'Aldous Huxley. Courageuse et désintéressée (mais comment ne pas l'être quand la fortune est là quoi qu'elle fasse) elle s'engage auprès des républicains pendant la guerre d'Espagne. Elle vit ensuite avec Henry Crowder, son grand amour, un noir américain qui lui vaudra l'ire de sa mère. Touchée par les implications de la ségrégation, elle publie un livre sur l'histoire de la négritude aux Etats-Unis, Negro : An Anthology publié en 1934. Nancy Cunard décède dans la solitude en 1965.
Ces deux héroïnes ont tout pour faire une oeuvre romanesque et vibrante de liberté. Quelle violence cette lutte à mort entre ces femmes, alors qu'elles auraient eu tout pour vivre en bonne intelligence. Mais sans doute fallait-il batailler pour affirmer une indépendance et une soif d'égalité qui n'entrait pas dans le moule des convenances.
Alexandra Lapierre est une passeuse d'histoire et de témoignage sur des personnages forts qui ont marqué l'Histoire à leur façon.
Lire la chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/06/25/avec-toute-ma-colere-alexandra-lapierre/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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