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3,77

sur 498 notes
Ce roman est en quelque sorte un "thriller" historique.Erik Larson reconstitue ,grâce à une documentation très complète,la première année de résidence à Berlin de William E Dodd (ambassadeur américain) et de sa famille ,en 1933.
Hitler,de simple chancelier,devient un tyran absolu,l'Europe et l'Amérique fermant les yeux sur les massacres perpétrés sous prétexte de ne pas interférer dans les affaires d'une nation étrangère.Les 2 fils rouges de l'histoire sont le père et la fille qui ,à travers un cheminement différent,vont ouvrir les yeux sur l'enfer du nazisme,alors que chacun aimait l'Allemagne_le père grâce à de bons souvenirs du passé,la fille par le biais de la vie que ses amants nazis lui font vivre_.
Un roman palpitant qui m'a permis de réaliser que je ne savais rien de la montée du nazisme malgré tout ce que j'avais déjà lu.
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En 1933, par un concours de circonstances, Wiliam E. Dodd se voit proposer le poste d'ambassadeur américain à Berlin par le présent Roosevelt lui-même. Au départ réticent, il accepte finalement la proposition bien qu'il ne soit pas préparé à ce genre de poste puisqu'il est historien. A l'époque, vu des Etats unis, l'Allemagne n'est un problème que pour sa dette envers les États-Unis suite à la défaite lors de la Grande Guerre. Ils ignorent alors ce qu'il se prépare, si bien que Dodd se lance comme ambition d'avoir une conversation avec Hitler, histoire de solutionner son problème avec les juifs.

Sa femme, sa fille et son fils l'accompagnent alors à Berlin. Martha, sa fille, enchaîne les soirées mondaines et rencontrent de hauts fonctionnaires nazis.

Au départ enjoués par cette nouvelle vie, leur vision des choses va vite être retournée par les déclarations antisémites répétées et les actes de violence en tout genre.

Toute cette histoire est vraie. L'auteur s'est basé sur des journaux intimes de Dodd, l'ambassadeur des Etats-unis et de sa fille Martha, mais également sur des discours, des courriers et des notes de haute personnalité. On assiste alors à de grands évènements comme le procès de l'incendie du reichtag (avec l‘intervention de Dimitrov face à Göring qui perd pied), la nuit des longs couteaux, etc… le livre est très bien documenté à ce sujet.

Tout cela se décrit bien sûr dans une ambiance très noire, glaciale. Et bizarrement, il y a quand même 2/3 anecdotes bien drôles comme par exemple celle du bison de Göring qui ne veut pas sortir de son enclos quand il le demande…

Ce livre se lit facilement si tant est qu'on soit un minimum intéressé par l'Histoire de l'époque, si on possède une connaissance de base, comme connaître qui était Göring, Goebbels, Himmler,… On se perd facilement dans tous les personnages du livre, même si l'auteur rappelle de temps en temps la fonction de la personne. J'ai pris des notes au début du livre histoire de m'y retrouver.

Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Imaginez que vous êtes professeur à l'université de Chicago, professeur d'histoire qui plus est, d'origine modeste, guère riche et sans poids politique, et que le Président Roosevelt en personne vous propose le poste d'Ambassadeur à Berlin. Alléchant, non ? Sauf que nous sommes en juillet 1933 et que William Dodd, sa femme, sa fille Martha et son fils Bill, s'apprêtent à vivre la période la plus mouvementée de leur vie.

Voilà un récit historique de plus sur cette période que j'affectionne particulièrement, cherchant inlassablement à comprendre, dans ces livres et dans des romans comme ceux de Philipp Kerr, comment l'europe entière et les Etats-Unis ont pu être assez naïfs pour croire que le régime nazi ne pourrait pas perdurer plus de quelques mois, et en conséquence, ne rien tenter pour arrêter Hitler.

Je ne referais pas un cours d'histoire en guise de chronique, je me contenterai donc de souligner les éléments qui me semblent les plus intéressants. Intéressants dans la mesure où certains faits sont peu connus du grand public ou rarement traités en littérature. Ici, l'auteur est américain et décrit le quotidien d'un universitaire américain catapulté au poste d'Ambassadeur en une période fort troublée. Nous avons à la fois un témoignage direct d'une personne qui a vécu les événements au coeur de Berlin, suffisamment lucide pour se rendre compte (au bout d'un certain temps) de la puissance vénéneuse du Chancelier allemand, et pourtant légèrement déformé par les propres préjugés de Dodd (tenant à sa culture et à sa nationalité), un portrait sans ambiguité de l'élite américaine elle aussi gangrenée par un antisémitisme plus ou moins clairement exprimé ou avoué.

Il faut lire les comptes rendus de conversation entre les supérieurs de Dodd, le secrétaire d'Etat et divers hommes politiques constatant sans honte que la situation en Allemagne fut provoquée par les Juifs eux-mêmes, ces derniers s'étant accaparés les meilleurs postes de la vie publique à Berlin !! Les clichés sur les Juifs, véhiculés par les Allemands, étaient repris aux USA, y compris par une large partie de la population !

Au fil du récit, on assiste, médusé, à l'enchaînement d'événements de première importance et parallèlement au décalage produit par la vie quotidienne de Dodd. Pendant plusieurs mois, celui-ci s'acharne à souligner à ses supérieurs le train de vie excessif du personnel de l'Ambassade, alors que lui-même se déplace le plus souvent à pied et utilise encore sa propre voiture ramenée des USA. Cela peut paraître anecdotique, mais cela révèle un profond manque de clairvoyance. Au contraire, George Messersmith, le consul général Américain, clamait que que "le nouvel Ambassadeur devrait être un homme doté d'un caractère bien trempé, capable de faire valoir les intérêts et la puissance des Etats-Unis, car la puissance était tout ce que Hitler et ses sbires comprenaient". Plutôt raté... de même, Dodd minimisait le plus souvent possible les agressions dont étaient victimes les expatriés américains pour ne pas envenimer les relations entre les USA et l'Allemagne qui devait rembourser une dette colossale à ces derniers.

Sa fille Martha, autre personnage important de ce récit, multipliait les flirts aussi bien avec ses compatriotes, qu'avec des dignitaires nazis (il faut lire ses souvenirs à propos de sa relation avec Rudolf Diels, alors à la tête de la Gestapo !) et vivait avec les mêmes oeillères que son père (elle avouait elle-même être "un peu" antisémite). Il lui fallut un grand laps de temps et un événement particulier pour réaliser, enfin, la nature monstrueuse des lois et règles qui régissaient la vie des juifs. Avant cela, il y eut les nombreuses soirées, réceptions et dîners passés par la famille Dodd à côtoyer les grands noms du régime nazi et entre autres, Goring. Larson raconte d'ailleurs un épisode aussi surréaliste qu'effrayant, lorsque Goring organise une cérémonie visant à transférer, en grande pompe, chez lui la dépouille de sa défunte épouse.

C'est donc un récit historique, sobre et fourmillant de détails, qui éclaire la vie à Berlin dans les années 30 sous un angle nouveau, plus terre à terre et presque détaché, car les protagonistes qui furent les témoins (Larson a puisé dans les journaux intimes et mémoires de la famille Dodd) de ces événements n'avaient pas réellement conscience de ce qui se jouait à l'époque. Ils le comprirent trop tardivement. Et cette vision tronquée du régime nazi explique probablement pourquoi les autres puissances, et surtout le gouvernement américain, ne surent prendre les mesures nécessaires pour endiguer ce fléau quand il en était encore temps.

Sans vouloir juger les Dodd, j'avoue que ma sympathie va instinctivement à George Messersmith, plutôt qu'à ce modeste Ambassadeur qui m'a laissée plus d'une fois perplexe au fil des pages.

Ce livre est en tout cas un témoignage passionnant sur les événements des années 33 à 37.

Traduction de Edith Ochs.

Grand merci à babelio pour ce Masse Critique !

PS : les droits d'adaptation ciné ont été achetés par Tom Hanks.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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William Edward Dodd est un Américain, professeur. Il est propulsé ambassadeur des États-Unis à Berlin en 1933. Il pense que la tâche sera facile et il espère qu'il va pouvoir terminer l'écriture de son livre "Le Vieux Sud" c'est sans compter sur le climat politique du pays et l'ascension d'Hitler au pouvoir.
Plus je lis de documents sur cette période de l'histoire, et moins je comprends comment un homme que beaucoup trouve insignifiant et sans envergure a pu mener toute la planète au chaos que l'on connaît.
Cette lecture nous donne une place de choix dans l'Allemagne de cette époque pour observer les manoeuvres et les agissements d'une minorité d'hommes avides de pouvoir pour asservir la majorité des Allemands.
Ce document est le fruit d'un travail colossal, des recherches dans les archives des protagonistes pour reconstituer au jour le jour la vie de l'ambassade de 1933 à 1937. L'auteur a su rendre la lecture facile et agréable malgré la complexité de la situation
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1933. le Pr Dodd, historien, est envoyé par les Etats-Unis en tant qu'ambassadeur à Berlin, alors que Hitler vient d'accéder au pouvoir.

Lorsque j'avais ajouté ce livre à ma wishlist, je pensais qu'il s'agissait d'un roman. Il s'agit en fait d'un document, racontant avec précision les quelques mois qu'ont passé en Allemagne l'ambassadeur et sa famille, notamment sa fille Martha.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un thriller comme je le croyais, ç'a été une lecture assez palpitante. Pour les personnes qui ne comprennent pas comment « on » a pu laisser les nazis aller si loin, c'est également édifiant. On comprend à quel point les choses ont pu se faire de manière insidieuse et en même temps comment la peur a fait taire beaucoup de personnes.

L'auteur s'appuie sur de nombreux documents et beaucoup de notes renvoient en fin d'ouvrage pour les lister. Après quelques pages, j'ai abandonné l'idée d'y retourner systématiquement: elles sont nombreuses et je ne ressentais pas vraiment le besoin de connaître les sources de chaque évènement ou affirmation.

S'il se lit comme un roman, ce livre n'est pas exempt de longueurs et de répétitions: il est question du quotidien des protagonistes tout autant que de l'Histoire en marche. Même les ambassadeurs ont leur routine. D'ailleurs c'est dans cette routine qu'on peut constater l'évolution du climat politique en Allemagne et, surtout, l'évolution du ressenti de Dodd et sa famille envers l'idéologie nazie et les évènements qu'elle suscite.

Beaucoup de choses sont choquantes dans ce récit, mais si vous êtes une âme sensible, rassurez-vous, l'auteur n'entre pas trop dans les détails et les pires horreurs étaient encore à venir à l'époque décrite ici. ça n'en reste pas moins difficile, mais c'est surtout l'ambiance qui met (très) mal à l'aise.

Une lecture très intéressante et instructive, mais quand même un peu longue.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Un documentaire écrit comme un roman qui nous plonge dans les les années sombres au cours desquelles les allemands, les autres pays européens et les États Unis, ont assisté sans réagir à la mise en place par Hitler d'un régime de terreur. le récit, très documenté, reprend la vision des évènements de l'ambassadeur des Etats Unis de l'époque, William Dodd. le style est très moyen, mais l'intérêt historique et le point de vue original choisi par l'auteur font de ce texte un document très intéressant et d'un abord très facile.
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Un livre très bien documenté sur la famille Dodd dont le père historien et professeur à l'université, a été nommé ambassadeur des USA en Allemagne au moment de l'arrivé d'Hitler au pouvoir. Observateurs privilégiés de la montée du nazisme par la terreur et le sang, il prend conscience du grand danger qui menace. Les analyses faites à partir de lettres et courriers d'archives se lisent comme un roman. Une lecture enrichissante.
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une plongée dans l'Allemagne des années 30, juste après l'accession d'Hitler au pouvoir. On y suit le nouvel ambassadeur des Etats-Unis à Berlin qui témoin de la montée de la violence Nazie tente d'alerter Washington. le mépris dans lequel il est tenu par l'establishment américaine qui confine également à une certaine complaisance à l'égard du pouvoir allemand, ne permettent pas à son message d'être entendu. Dans le même temps, sa fille, un brin nymphomane, fraye avec les élites nazies. On les découvre sous un jour nouveau, où décadence, cynisme et violence se mêlent. Autre acteur majeur de ce jeu qui rythmera les relations internationales pendant les décennies qui suivront : l'Union Soviétique. Une fresque fascinante qui se lit avec plaisir.
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La bête évoquée dans le titre fait référence à Hitler. S'appuyant pour partie sur le journal intime et les notes personnelles de William Dodd (ambassadeur américain à Berlin entre les années 1933 et 1937) et les échanges épistolaires de Martha Dodd (sa fille), Erik Larson retranscrit l'atmosphère pesante qui régnait à Berlin à l'époque. C'est presque par hasard que William Dodd, humble professeur d'histoire de province, est nommé à l'ambassade américaine par Roosevelt. Alors que les tensions politiques sont au plus haut entre les états européens, la réticence des gouvernements britannique et français à s'imposer face au dictateur allemand contraint les États-Unis à s'impliquer dans le conflit. Roosevelt alors préoccupé par les enjeux du New Deal et soucieux de récupérer les crédits de la dette allemande, confie à Dodd la lourde mission de préserver la paix entre les états en évitant tout parti pris. Tout d'abord enthousiasmés par le prestige de l'Allemagne nouvelle, William Dodd et sa fille déchantent au fur et à mesure que la répression des communautés juives progresse. William Dodd qui n'a décidemment pas les épaules pour endosser de telles responsabilités, emploiera toutes ses forces à instaurer un climat de confiance mais son honnêteté et intégrité n'auront pas l'effet voulu : taxé d'incompétence, Dodd est considéré par ses pairs comme un bouseux incompétent. Pendant ce temps, Hitler prépare son ascension et dévoile son vrai visage. Malgré les alertes lancées par Dodd dès son entrée au corps diplomatique, la situation s'enlise. Martha qui, en insatiable séductrice fréquente les hauts gradés de tous bords, finit par se rendre à l'évidence : l'Allemagne nazie n'est pas celle que l'on laisse entendre. Faisant preuve d'intégrité et de témérité, Dodd s'élève seul contre la majorité pour tirer la sonnette d'alarme : dissuadant par exemple les ambassades française et britannique de participer aux défilés nazis organisés à la gloire de Hitler, il se heurte à la passivité de son propre gouvernement. Déclarant lors de son discours d'adieu à Berlin que les leçons de la Grande Guerre n'ont servi à rien, William Dodd persiste à convaincre les alliés du bien-fondé de ses sentiments. Ses déclarations visionnaires mais fâcheuses ("L'humanité se trouve en grand danger, mais on dirait que les gouvernements démocrates ne savent pas comment agir. S'ils ne font rien, la civilisation occidentale, les libertés religieuses, privées et économiques seront en grand danger." Extrait du discours donné par Dodd lors d'un dîner organisé en son honneur à son retour aux États-Unis en janvier 1938. p. 512) seront réduites au silence par l'Allemagne... Nous connaissons la suite de l'Histoire...

Comment Hitler parvient-il à réarmer l'Allemagne sans quasi-résistance des alliés ? Pourquoi cette inertie de la part de la France et la Grande-Bretagne ? Pourquoi cet isolationnisme entêté de Washington ? Voilà quelques pistes de réflexions suggérées par ce livre. Si les ouvrages sur le sujet abondent, on notera le caractère inédit de l'ouvrage qui traite le sujet du point de vue des diplomates et autres hauts dignitaires. On retiendra notamment la 4e partie de l'ouvrage (Un squelette qui grelottait de froid) qui revient avec force détails truculents sur la doctrine de la pureté raciale avec le projet du nouveau code pénal allemand, le procès fantoche des nazis suite à l'incendie du Reichstag ou la "pseudo" pébliscitation de la population allemande pour le retrait de l'Allemagne des Nations Unis... mais on se souviendra surtout des épisodes relatifs à l'élimination des hauts dignitaires SA (Nuit des longs couteaux du 29 au 30 juin 1934) qui dévoilent les coulisses du régime nazi et qui révèlent les macabres desseins politiques du Führer...

Le travail d'Érik Larson compile une masse impressionnante d'informations puisées dans des sources variées : notes personnelles des protagonistes, extraits de rapports, journal intime de l'ambassadeur, correspondances, extraits d'entretiens..., ce livre qui se lit comme un roman (et non "comme un thriller palpitant" ainsi que c'est annoncé en 4e de couverture), s'appuie sur un appareil critique solide et une riche bibliographie (une centaine de pages en fin d'ouvrage) qui a nécéssité à l'auteur 3 années de recherches et de travail. Alliant savamment récit romanesque (lecture facile) et reconstitution historique (sources vérifiées et documentation minutieuse), Dans le jardin de la bête mérite le succès dont il a fait l'objet ne serait-ce pour sa forte valeur documentaire. Les faits exposés bénéficient par ailleurs du double témoignage des Dodd (père et fille) qui apportent des éclairages nouveaux sur les versions officielles des événements : le premier exposant des enjeux diplomatiques insoupçonnés, le second complétant le premier par une approche sentimentale complexe (relations de Martha avec les hauts dignitaires politiques de toutes nationalités et de tous bords). On pardonnera donc à ce livre son style parfois inégal pour privilégier la qualité du travail de reconstitution historique. A lire donc pour parfaire vos connaissances et/ou découvrir le sujet autrement...

Pour la peine, je me lancerai bien dans la lecture du roman "Le diable dans la ville blanche" qui a fait la notoriété de son auteur. L'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous pensé ?
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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J'en viens à me demander si je ne fais pas une fixation sur l'Allemagne du IIIème Reich.
Après avoir lu tous les livres de Philip Kerr et beaucoup apprécié le personnage fictif de Bernhard Gunter, lu avec passion les 1000 pages de Ian Kershaw consacrées à la biographie d'Hitler, je viens de refermer le document d'Erik Larson qui relate l'action de l'ambassadeur des Etats-Unis William E. Dodd à Berlin de 1934 à 1937.
Car il ne s'agit ni d'un essai, ni d'un roman, ni d'une biographie, mais un peu tout à la fois : un travail soutenu de recherche des sources, de recoupements journalistiques, une mise en scène vivante de la période et des sentiments des protagonistes dignes d'un film (il y en a un en préparation !), bien dans la manière de l'ouvrage précédent de l'auteur : « Le Diable dans la ville blanche » que j'avais beaucoup aimé.

Nous voici donc entraînés à Berlin, suivant les traces de cet universitaire modeste, démocrate de l'école de Jefferson, sans éclat, sans fortune, nommé "à défaut" d'autres candidatures par le président Roosevelt à un poste-clé de la diplomatie américaine, alors qu'il n'appartient pas au « petit club » des diplomates de métier. A l'été 1933, William Dodd s'installe à Berlin avec son épouse, son fils Bill Jr. ..et sa fille Martha, 25 ans qui aspire à devenir romancière et laisse derrière elle un mariage raté.

Hitler vient de prendre le pouvoir, dans les rues paradent les odieux SA, on commence à restreindre les libertés des Juifs et on tabasse allègrement dans la rue quiconque ne répond pas assez vite au salut hitlérien.

William Dodd a conservé d'une année universitaire passée à Leipzig une attitude très favorable au peuple allemand et à sa culture. Il ne se montre au début pas hostile aux discriminations auxquelles sont confrontés les Juifs, il trouve même qu'en Amérique aussi, ils ont un peu tendance à devenir trop encombrants … Mais, seul sans doute de sa génération, il va rapidement prendre conscience du climat de terreur larvée, puis plus explicite, qui s'empare du pays sous la botte nazie. Cette ambiance, il n'hésite pas à la comparer à celle de la période de la Terreur sous Robespierre.

Sa fille Martha se montre, elle, au début, tout à fait enthousiaste face à la révolution national-socialiste, et multiplie les liaisons avec des personnalités allemandes de haut rang, des journalistes et de beaux attachés d'ambassade.

L'événement qui constitue le tournant de cette période est la sanglante répression des équipes des Sturmtruppen du capitaine Röhm, entre le 29 juin et le 2 juillet 1934, la « Nuit des longs couteaux ». Combien de victimes, nul ne le sait au juste. Mais il est à noter que nul gouvernement ne rappela son ambassadeur, que la population allemande ne manifesta aucune révulsion, que Hitler put quelques jours après cumuler tous les pouvoirs, remilitariser, agresser l'Europe entière …
Mal vu de ses collègues auxquels il reproche leur manque de rigueur, mal noté de sa hiérarchie, William Dodd est le seul à souhaiter l'abandon de la politique isolationniste de son pays et à prévoir l'imminence du conflit mondial. Sa position d'opposant irréductible, incompatible avec sa mission d'ambassadeur lui vaudra le rappel. Mais une fois sa liberté de parole retrouvée, il se fera le héraut de la lutte contre le nazisme aux Etats-Unis. Quant à Martha, sa fille, elle changera aussi de point de vue jusqu'à se laisser recruter par le NKVD …
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