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3,77

sur 498 notes
"Le fauteur de troubles anti-allemand notoire".

1933. Nommé ambassadeur par défaut, William E. Dodd part vers l'Allemagne car personne n'accepte ce poste à haut risque dans un pays sous botte hitlérienne. Les quatre Dodd, femme et enfants adultes, partent avec curiosité, naïveté et incompétence concernant statut et manières diplomatiques.

Impréparation, dilettantisme et vision erronée de la situation du pays, caractérisent l'installation de ces américains trop "lisses" à la vision décalée et à l'aveuglement typique de tout étranger de passage, particulièrement concernant les persécutions anti juives.
Dodd, universitaire érudit, mais casanier, trop modéré et peu perspicace, cherche plus sa tranquillité que l'affrontement. Grippe-sou des deniers de l'état, noyé sous les mondanités et le travail, snobé par sa hiérarchie outre-Atlantique, c'est une figure atypique et controversée, mais d'une grande lucidité.
Quant à sa fille Martha, frivole et naïve, fascinée par l'Allemagne nouvelle, elle va entamer une vie de patachon, dans une frénésie de fêtes, de distractions et de relations douteuses, en collectionnant les amants et flirtant avec l'espionnage.

La villégiature va faire long feu. La famille voit rapidement se ternir la vision angélique d'ordre et de normalité sociale d'un pays où les protestations pacifiques d'Hitler sont une supercherie flagrante et où la population vit sous chape de peur et de suspicion, sous surveillance et délation.
En quatre ans, ils assistent à tout avec écoeurement: antisémitisme, nuit de Longs Couteaux, armement accéléré... Sans pouvoir convaincre le gouvernement américain exclusivement préoccupé du remboursement de la dette allemande de l'après guerre.
L'ambassadeur Dodd sera "remercié" sans élégance en fin d'année 1937.

S'appuyant sur une documentation impressionnante, l'auteur sait rendre le récit vivant, dans la vie quotidienne d'américains parachutés comme dans le décryptage des enjeux et des mentalités. le récit met en lumière les relations feutrées des salons des Affaires Etrangères, l'art ambigu et consommé de la diplomatie.
Les anecdotes se succèdent, entre effroi et parfois humour, mettant en scène des individus que L Histoire gardera comme hautement non recommandables. le style est sans originalité, avec quelques fulgurances d'ironie lapidaire. Et l'ensemble se lit comme un roman, historique, politique, social.
Une vison de l'intérieur par un regard extérieur. Passionnant.
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Je vous le dit tout de suite, c'est un énorme coup de coeur !!!

Roosvelt, président des Etats-Unis, cherche un nouvel ambassadeur à nommer en Allemagne. Il voulait au plus vite trouver un ambassadeur pour Berlin et après avoir proposé le poste à de nombreux proches, comme Woodrow Wilson, Owen D. Yourg, Edward J. Fllunn, ils déclinèrent tous l'offre. Roosvelt réuni alors plusieurs de ses proches conseillés parmi ces collaborateurs se trouvait le secrétaire Daniel Roper, ami de longue date, il lance un nom, celui d'un de ses amis : William E.Dodd.

William E.Dodd, né le 21 octobre 1869, enseignant d'histoire depuis 1909 à l'université de Chicago ambitionnait d'obtenir un poste exigeant mais qui lui procurerait une certaine envergure, un salaire et surtout qui lui laisserait du temps pour écrire. Il avait des vues sur un poste d'ambassadeur à Bruxelles ou aux Pays-Bas.
William E.Dodd devient le premier ambassadeur américain en Allemagne nazie. Mais il est peu adapté à la diplomatie. Il n'est pas roublard ni hypocrite, en fait, tout ce qui est nécessaire pour mentir à l'étranger pour son pays ne lui convient pas.

On voit bien que Dodd n'a rien du candidat type à un poste de diplomate. Il n'est pas riche. Il n'a aucun poids politique. Il ne fait pas partie des amis de Roosvelt. Mais il parle allemand et est censé bien connaître le pays. Il est historien au tempérament pondéré et sa connaissance personnelle de l'Allemagne peut se révéler précieuse.
Lors d'un rendez-vous avec Roosvelt, Dodd se voit confier le problème de la dette de l'Allemagne (chose qui va le travailler pendant très longtemps) et ils perlent aussi du problème des juifs. On voir déjà à ce moment là, qu'il ne sera très certainement pas à la hauteur des exigences de Roosvelt.
En effet Dodd par dans l'idée que son rôle d'ambassadeur serait celui d'un observateur et d'un rapporteur. Il croyait que par la raison et l'exemple, il serait capable d'exercer une influence modératrice sur Hitler et sur son gouvernement.

Sa fille, Martha, est vite séduite par les leaders du parti nazi Rudolf Diels, premier chef de la Gestapo, puis elle tombe amoureuse de Boris Winogradov qui va la convaincre d'employer ses charmes et ses talents au profit de l'Union soviétique.

« Un documentaire qui se lit comme un thriller ... » Philipp Kerr. C'est un très beau documentaire sur la vie de cet ambassadeur Américain en Allemagne nazie. En effet l'auteur Erik Larson, américain, nous fait vivre pendant trois ans la famille Dodd. La vie de cet ambassadeur qui aura bien du mal à se faire accepter par ses pères dans ce monde très riche, il faut dire qu'il n'a pas accepté un très gros salaire, il a voulu garder celui qu'il avait en temps que professeur d'histoire, alors, lors des réceptions il faisait figure de « pauvre », donc décalé dans ce monde riche et m'as-tu-vu.

Pour écrire ce livre, l'auteur, Erik Larson, a recoupé les notes, carnets, journaux de l'époque, que ce soit du coté américain que allemand. C'est un travail fastidieuse et très riche que l'auteur a entrepris pour ce livre, ce qui donne ce coté très riche en moments vécus réellement. Mais surtout il nous dévoile toute une partie de l'histoire qui nous est inconnu.
Ce qui m'a choqué c'est toute la partie qui explique que les américains ferment les yeux sur ce qui se passe vis à vis des juifs et qu'ils ne veulent pas en parler ni communiquer dessus, c'est fou, je n'avais pas vu ça comme ça, jusqu'à maintenant...

Un livre qui se lire très bien, même si on n'est pas féru d'histoire et surtout de cette période avant guerre.
Il est très intéressant, à part peut-être quelques longueurs et explications un peu confuses, mais passé ça, j'ai vraiment beaucoup aimé !!!
A livre absolument !!!
Lien : http://tousleslivres.canalbl..
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Nous sommes à six mois de la gouvernance de Hitler à la chancellerie allemande, le nazisme est à ses début, il est encore dans sa phase théorique ou idéologique, il est encore en train de corrompre les consciences, de présenter cette vision panoramique du monde juif qui envahit la classe dominante du monde, de joindre les antisémites à leur cause ou simplement d'en créer, l'heure est encore aux débats, aux confrontations d'idées avec quelque peu des cas isolés perpétrés par les membres de SS et de SA déjà mis en place par le fiévreux chancelier, c'est dans cette atmosphère de crise idéologique que Roosevelt peine à trouver un ambassadeur des États-Unis auprès de l'Allemagne, tous les diplomates à qui il fait la proposition déclinent l'offre, ça sent déjà mauvais dans ce pays, finalement c'est un modeste universitaire qui va souscrire à cette offre, William E Dodd. le nouvel ambassadeur et sa famille arrivent en Allemagne dans l'espoir que le vent de cette crise idéologique passera par un simple revers de mains mais ils se rendront bien plus que la bête dans le jardin est pire que le mot apocalypse...
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En dépit de quelques longueurs en début de roman, de passages un peu fastidieux consacrés à la description par le menu des petites rivalités et mesquineries au sein de la diplomatie américaine, j' ai grandement apprécié cette lecture qui réussit à rendre palpable cette tension croissante propre à la montée du national socialisme hitlérien. Il faut dire que l' auteur nous livre là un cours magistral, complet car hyper documenté -- une vingtaine de pages consacrées à la seule bibliographie - et passionnant sur la genèse de cette période sombre de l' histoire récente.J' y ai en outre appris une foule de détails édifiants qui, à mon souvenir, ne figuraient pas dans mes manuels d' Histoire au lycée.Une lecture fort instructive , en définitive et inquiètante quand on constate, comme l' embassadeur( et avant tout historien) Dodd , que les tragédies de l' Histoire ont une fâcheuse tendance à se répéter , en particulier sous le scénario suivant : crise économique --repli identitaire -- mise à l' index de boucs émissaires choisis parmi les minorités -- émergence des extrêmes -- réduction des libertés élémentaires --......dictature. Merci à Babelio et aux éditions du cherche midi pour cette lecture.
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J'ai énormément lu sur cette époque entre les 2 guerres mondiales et je dois avouer que ce livre est le plus abouti qu'il soit sur la monté du pouvoir du nazisme.

Ce livre à réveillé en moi de la colère et de la consternation également.

D'une part parce qu'il est évident, et que dans ce livre transparaît clairement, que le nazisme aurait ou être étouffé dans l'oeuf. Nous n'aurions pas connu ces 55 millions de morts.

Mais non, les autres pays et notamment les USA en l'espèce étaient bien trop préoccupés à savoir si l'Allemagne continuerait à rembourser sa dette vis à vis d'eux qu'ils pouvaient bien laisser faire, l'argent avaient bien plus d'importance que les vies humaines et les valeurs démocratiques. Malheureusement c est toujours le cas aujourd'hui...

Aussi, de nombreux fonctionnaires, très confortablement installés dans leurs bureaux à Washington préféraient décrédibiliser et se moquer de l'ambassadeur en place à Berlin les alertant sur le danger pour l'humanité que présentait le régime. Lui qui vivait et voyait la terreur qui régnait dans ce pays. Tous ceci dans le seul but de leur carrière personnelle et dans les intérêts financiers qu'ils pouvaient en tirer.

Bref, ces gens sont sans équivoque aussi responsables que le régime lui même. L'absence de réaction est affligeant.
Ces heures sombres auraient pu largement être évitées et ce livre ne fait que le constater.



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Depuis très longtemps je lis autour de la Seconde Guerre mondiale, que ce soit des biographies, des romans ou des essais historiques.
Dans ses « voyages dans le Reich » Oliver Lubrich avait évoqué le témoignage d'une fille d'ambassadeur qui avait attisé ma curiosité.
Le livre d'Erik Larson a été la façon parfait d'en savoir un peu plus sur les débuts du nazisme et surtout sur le regard porté sur le phénomène par les américains.
1933 William Dodd est nommé ambassadeur à Berlin, il y restera jusqu'en 1937. Il n'est pas du tout issu de la classe politique dirigeante, c'est un universitaire tranquille, historien de formation, sa parfaite connaissance de la langue allemande à joué en sa faveur mais disons le il devient diplomate par hasard et au pire moment.
Il part à Berlin avec sa femme, son fils et sa fille Martha, une belle jeune femme de 28 ans.
Le livre d'Erik Larson va nous restituer l'ambiance qui règne alors dans l'entourage de Roosevelt où l'antisémitisme n'est pas absent. Il va nous brosser un tableau qui s'assombrit au fil du temps des relations entre le personnel de l'ambassade américaine et les dignitaires nazis.
L'évolution va être lente pour William Dodd, tout d'abord sceptique quant aux exactions allemandes il reste d'une neutralité et même d'une grande bienveillance envers les nazis.
Il a beaucoup de mal à croire aux rapports qui s'accumulent sur sa table de travail.
Martha, elle, est totalement séduite par ce nouveau régime, elle s'affiche en compagnie de Rudolph Diels alors chef de la Gestapo.

Ce gros livre se lit comme un roman policier, on a peine à croire à l'aveuglement dont on sait pourtant aujourd'hui toute la réalité.
Au crédit de William Dodd mettons que ses yeux se désillent après la Nuit des longs couteaux, ses messages à la Maison Blanche sont de plus en plus pressants et de moins en moins complaisants. Il alerte sur les intentions d'Hitler de sans doute se débarrasser de tous les juifs.
Roosvelt et le gouvernement américain font la sourde oreille et acceptent sous la pression des allemands de rappeler l'ambassadeur.

Erik Larson a réussi un excellent livre basé sur un important travail de recherche. Les notes envoyées par l'ambassadeur, le journal tenu par Martha ont été largement utilisés. Il parvient à nous faire pénétrer au plus près de ceux qui auraient pu encore à ce moment là éviter le pire à l'Europe.
Le contraste est saisissant entre William Dodd, homme de principes, droit, qui peu à peu perd ses illusions, et sa fille qui papillonne d'amants en amants jusqu'à tomber dans les bras d'un espion soviétique.
L'atmosphère du Berlin de cette époque est parfaitement restitué, de l'insécurité régnant dans les rues, de la peur qui monte même parmi l'élite, à la vie trépidante et joyeuse des des nazis en place.

C'est un livre passionnant et utile que je vais ranger aux côtés de celui d'Oliver Lubrich et d'Erika Mann.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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William E. Dodd, ambassadeur des États-Unis à Berlin de 1933 à 1937, était aux premières loges lors de la montée du nazisme en Allemagne. Surnommé « la Cassandre des diplomates américains » après son mandat, Dodd a assisté, impuissant et sans recours de Washington, aux détentions arbitraires, à la persécution quotidienne des Juifs, aux exactions des Sturmtruppen de la SA dirigés par Ernst Röhm, à la Nuit des longs couteaux à la fin de juin 1934 et à la prise de pouvoir par Hitler à la mort du président Hindenburg. La diplomatie a ses limites face au totalitarisme et Dodd aura tenu jusqu'à ce que F. D. Roosevelt se voit contraint, par des pressions internes, de le remplacer.
Dans le jardin de la bête est un récit historique de grande valeur, basé, entre autres, sur la correspondance échangée entre les hauts fonctionnaires américains, sur certains témoignages des acteurs de l'époque, tels Rudolph Diels, directeur de la Gestapo et Martha Dodd, la fille de l'ambassadeur et sur les travaux de l'historien Ian Kershaw. Cette période bouleversante de l'histoire moderne a été traitée de diverses façons mais Erik Larson se démarque par le biais qu'il a donné à son ouvrage et la vivacité de son écriture. Et si on connaît l'issue désastreuse des événements, ceux-ci, racontés au jour le jour, donnent encore froid dans le dos. À lire absolument pour une vision plus globale de la Seconde Guerre mondiale.
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Ce livre est un document romancé. Donc une histoire vraie.
Je reconnais que l'auteur a fourni une somme de travail inouïe pour rassembler tout ce matériau pour écrire son livre. Les événements sont ce qu'ils sont et on ne peut pas juger là dessus, par contre, on peut donner son avis sur l'écriture.
Je pense que l'auteur s'est laissé dépassé par la tonne d'informations qu'il avait et qu'il n'a pas su faire le tri. du coup, le lecteur est assommé par des détails sans importance et des descriptions à n'en plus finir, tout en aplanissant les émotions des personnages. Dommage car cela m'a empêchée d'entrer vraiment d'en l'histoire et de m'immerger dans cette vie d'avant guerre.
Bref déçue malgré le travail de titan qu'a du être l'écriture de ce livre.

Pioche de Aout 2020 choisie par Milllie
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Non mais quel fouillis ! L'idée est riche : les relations diplomatiques au lendemain de l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Ceci à travers les regards de l'ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne, William E. Dodd, envoyé par Roosevelt à Berlin dès 1933, et de sa fille adulte Martha.

Le contexte historique est évidemment passionnant, on apprend beaucoup sur la montée du nazisme, mais aussi sur le décalage entre le ressenti des émissaires étrangers sur place et l'image alarmante véhiculée hors les frontières par les médias (américains notamment) dès 1933.

La précision du récit est journalistique, l'auteur a manifestement accompli un travail de fourmi, il dresse des portraits très minutieux d'un contexte socio-politique, de l'élite dirigeante, du quotidien et de la mission d'un homme partagé entre ses principes et ce qu'il entrevoit peu à peu.

Hélas, Larson noie son lecteur dans des anecdotes, avec une foultitude de personnages, relatant notamment les multiples liaisons de Martha. le tout avec pléthore de renvois en fin d'ouvrage, plusieurs par pages, donc plusieurs centaines au total... Les propos intéressants sont dilués, présentés de manière redondante.

Pitié, allons à l'essentiel ! Vive le synthétique, qui n'exclurait pas un exposé complet. Indigestion totale, abandon après 250 pages (sur 650 en comptant les annexes, 530 sans), malgré ma résolution de terminer ce dernier document de l'aventure ELLE, et bien que j'aie entrecoupé cette lecture avec des ouvrages plus abordables.

Restera ma mauvaise conscience : n'ai-je pas loupé des passages vraiment intéressants ?
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Me voilà enfin arrivée au terme du gros pavé d'Erik Larson, sur les débuts du nazisme vu par les yeux de Dodd, l'iconoclaste ambassadeur américain à Berlin de l'époque. Somme inclasssable, travail de titan, Dans le jardin de la bête surprend, déroute souvent, tombe des mains parfois, tant la forme est surprenante, à mi-chemin entre le thriller haletant et la thèse d'histoire. Pourtant, une fois dépassées ces premières impressions, le bouquin est captivant de bout en bout.

Sur une période étonnamment courte, qui court pour l'essentiel de l'été 1933 à la Nuit des Longs Couteaux (la période 1934-1937 est traitée de manière plus elliptique en fin d'ouvrage), le lecteur assiste, aussi impuissant que le germanophile Dodd, à la montée en puissance d'Hitler et à la mise en pas (Gleichschaltung), aussi insidieuse que brutale, de la société allemande, qui se réalise avec une rapidité stupéfiante (bien qu'on en connaisse l'histoire et l'issue).

L'ouvrage de Larson fourmille de portraits passionnants, dans une galerie qui démontre bien la complexité d'une époque dont les enjeux ne sont pas immédiatement lisibles aux acteurs. On est ainsi tour à tour soufflé par la lucidité du consul Messersmih, révolté par l'aveuglement des Etats européens, étonné de la naïveté de Dodd, choqué par les opinions de sa volage fille Martha, admiratif devant la prise de conscience progressive de la famille, qui ira jusqu'à une attitude de résistance face au nazisme, touché par les désillusions et les déceptions, y compris au sein du camp nazi.

Deux intérêts majeurs à cet ouvrage.

D'abord, le travail de l'écrivain, impressionnant, avec un appareil critique digne d'un travail de recherche universitaire, où tous les éléments historiques sont avérés et sourcés, y compris dans les moindres détails (ameublement de la résidence de l'ambassadeur, menus de réception, emplois du temps des membres de la famille, histoires d'amour de Martha, correspondances, conversations ...). le travail de fourmi, d'une patience folle, soigné et fouillé à l'extrême, force indubitablement l'admiration même s'il donne parfois le tournis.

"Mais sous la surface, l'Allemagne subissait une révolution rapide et radicale qui pénétrait au coeur de l'étoffe de la vie quotidienne. Elle s'était produite silencieusement, et, pour la majeure partie, à l'abri des regards superficiels."

Ensuite, Dans le jardin de la bête constitue un document irremplaçable sur la construction du système nazi dans les premières années, vu à la fois de l'intérieur et de l'extérieur dans le monde protégé des diplomates étrangers, en redonnant toute son importance à la Nuit des Longs Couteaux, l'un de ces moments où l'histoire bascule.

Dès 1933, de fait, tous les éléments sont en place ou presque : la censure, le contrôle de la société et des individus, qui va croissant, son verrouillage par la terreur (le n°7 de la Prinz-Albrecht-strasse, siège de la Gestapo, fait déjà trembler d'effroi les Berlinois en 1934), les camps, les rivalités internes de pouvoir entre les Nazis, la persécution des Juifs. le soupçon et l'angoisse s'insinuent progressivement, jusqu'à culminer en "un maëlstrom de tension et de peur" (voir le récit de la Nuit des longs couteaux, entre terreur, incrédulité et paranoïa).

Une étude de climat, en somme, que je n'avais jusqu'à présent entrevu que dans des romans d'époque, ceux de Fallada par exemple (que l'on croise d'ailleurs dans le livre), par exemple avec Seul dans Berlin ; un intérêt pour les débuts du régime qui fait écho à celui porté à sa fin extrême dans le très bon roman de Birkefeld et Hachmeister, Deux dans Berlin. Qui plus est, l'étude fine des enjeux de pouvoir entremêlés (SA/SS, Göring / Himmler, Hitler / Hindenburg, ambassadeur / département d'Etat américain etc.) est fascinante d'intérêt et de complexité.

Une plongée vertigineuse et terrifiante dans l'univers nazi, une vraie réussite, dont on ne sort pas indemne !
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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