Les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers

L'Europe du Nord est connue pour ses polars de qualité et pour ses poètes. Björn Larsson fait le pari de réunir ces deux domaines aux antipodes du vaste monde de la littérature dans un seul et même roman. Pari risqué mais habilement relevé, et réussi ...

Un poète collectionneur d'aubes (et je ne peux m'empêcher de penser à l'amateur d'aubes, un poème de Paul Nougé, surréaliste belge) est retrouvé mort dans son bateau, dans un port de pêche suédois.

D'autres auteurs ont mêlé poésie et intrigue policière, comme le Chinois Qiu Xiaolong et l'Islandais Ragnar Jonasson. Björn propose ici une autre approche mais tout aussi convaincante : à travers les réflexions du policier en charge de l'enquête, poète à ses heures, il s'interroge sur la poésie, ses exigences, son avenir dans un monde de l'édition de plus en plus guidé par la recherche du profit et sa place dans nos sociétés modernes, car « Se rendre utile ! N'était-ce pas l'essentiel, dans la vie, tout compte fait ? Que ce soit arrêter un meurtrier ou écrire un beau poème. »

Les vrais amateurs de polar trouveront peut-être quelques longueurs, mais pour ma part je les trouve essentielles à l'ambiance.

Quelle lecture réjouissante, quel livre original! Je suis passionnée de poésie et j'aime lire des romans policiers. Et voilà que cet auteur suédois a l'idée géniale d'associer ces deux genres littéraires! Même si une certaine incompatibilité semble émaner du titre...

Embarquez avec moi à bord du bateau de pêche " Mademoiselle Ti". Bon, d'accord, nous n'irons pas bien loin, car il reste à quai. Mais c'est là qu'habite Jan Y . Nilsson. Quoi? Vous ne connaissez pas l'immense poète ? C'est vrai que son succès reste très confidentiel, et qu'il ne doit d'être publié qu'à son éditeur, Petersén... Mais les choses vont changer, même s'il hésite encore, car il a voué sa vie à la poésie. Il a presque terminé un roman policier que l'éditeur l'a poussé à écrire, connaissant son talent de conteur. Eh oui! Changement de cap... Petersén va bientôt arriver, porteur de bonnes nouvelles...

Et que trouve-t-il, le pauvre éditeur? Nilsson pendu sur le bateau!!

C'est sans compter la vigilance du commissaire maritime Martin Barck, qui se rend compte que le présumé suicide du poète est en fait un meurtre maquillé. Plusieurs pistes se présentent, notamment celle d'un financier qui n'aurait pas aimé que le poète brocarde et dénonce les riches dans son roman. Mais les policiers pataugent... Et un autre personnage meurt.

Il y a une enquête, des suspects, certes, cependant le livre présente bien d'autres thèmes et se révèle très riche : en réflexions justes et passionnantes sur l'acte d'écrire, sur la poésie, son rôle pour soi-même et dans le monde. En incursions dans le monde cruel et régi par l'argent de l'économie, de l'édition .

On y trouve aussi des clichés malmenés: le poète maudit et désespéré qui finalement ne s'est pas donné la mort, le commissaire que l'on n'imagine pas poète à ses heures. Des clins d'oeil ,de l'espiéglerie: les textes poétiques de Nilsson qui jalonnent le roman sont en fait ceux d'un poète breton que j'aime beaucoup et qui a accepté de se prêter au jeu, Yvon le Men. L'auteur y va aussi de son petit poème... En plus il ya une mise en abyme amusante quand le commissaire lit le roman policier inachevé. Quant aux dialogues , ils sont souvent savoureux, pleins d'humour . Seul regret, j'ai deviné très vite qui était coupable.

Un moment enchanteur, malgré les morts, que ce roman! Je l'ai savouré de la première à la dernière page. Alors, à votre tour, monterez-vous à bord? Je vous le souhaite car vous en retirerez beaucoup de plaisir!

Attention roman policier particulier !
Dès le titre, on s'en doute, Björn Larsson nous a concocté un roman policier scandinave d'un goût particulier !
Et en effet, l'auteur nous sert ici plutôt qu'un roman policier un roman qui s'observe, qui s'analyse, qui raconte comment se fait un livre et comment se fait la littérature derrière les maisons d'édition.
L'enquête policière, et le meurtre lui-même, sont presque accessoire dans ce récit et sont finalement des prétextes à la mise en scène de la confection d'un roman policier.
Ajoutons à cette satire de l'édition une réflexion littéraire intéressante sur les rapports entre poésie et roman, entre écriture poétique et écriture romanesque.
Si le premier tente de partir du réel pour le faire ressentir et que le second part de l'imaginaire pour inventer un monde, le roman ne peut-il pas aussi dire le monde ? Question rhétorique on s'en doute puisque l'auteur écrit lui-même un roman, il sait qu'il peut dire le monde tout en l'inventant.
Un récit brillamment écrit qui mêle habilement poésie en vers, poésie en prose et prose romanesque !

Pour commencer cette critique (enfin mon humble point de vue), je vais reprendre le dernier paragraphe de la quatrième de couverture qui me semble tout à fait illustrer ce roman :
" A l'âge d'or du roman policier nordique, Björn signe ce qu'il appelle un "genre de roman policier", jeu littéraire raffiné et ironique sur l'essence même de l'écriture poétique et romanesque. Dans une pétillante satire du monde éditorial continuellement à la recherche du prochain succès, seul un policier-poète a l'expérience et la sensibilité pour saisir les vérités cachées derrière les apparences ..."

Je dois bien admettre qu'au début c'est pour une raison futile que j'ai été intriguée par ce roman : Antoine de Caunes avait tweeté qu'il s'agissait d'un très bon livre qu'il recommandait.
=> La fan en moi n'a fait qu'un bond (sur place) ..

Puis le titre était alléchant !
C'est vrai que "Les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers" , c'est intriguant !

Puis la couverture, la quatrième de couverture et là, je savais que je ne pouvais plus reculer je devais lire ce roman.

Je n'avais pas planifié de le lire pendant le "Challenge Polars et Thrillers Scandinaves" (organisé par Emmanuelle1984) mais ma foi, il s'y inscrit bien.

L'auteur est suédois mais ne doit pas être confondu avec Stieg Larsson, bien connu pour sa trilogie Millénium. D'ailleurs l'auteur ne manque pas d'humour et de clins d'oeil, puisqu'il renvoie directement à son contemporain avec le titre du roman de sa victime "L'homme qui n'aimait pas les riches" pour "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes" de Stieg Larsson.
Tout au long de ce roman, l'humour se retrouve tout comme les allusions à des personnes bien réelles.
Ainsi on découvre un commissaire à Stockholm du nom de Sten Dahl (oui oui inversion de lettres mais avouons que le lien se fait immédiatement dans l'esprit du lecteur), le poète Tomas Tranströmer, etc .
L'auteur n'hésite pas non plus à railler le nombre croissant de polars scandinaves écrits de nos jours alors même qu'il nous propose un roman policier !

J'ai aimé ce roman !
L'intrigue est bien ficelée. Elle se mélange parfois à l'intrigue du roman commencé par le poète décédé et ça n'en rend la lecture que plus plaisante : on suppute, on anticipe, on se dit "il ne va pas oser ?" et il ose !
Le style est fluide et élégant.
On retrouve le roman policier oui mais aussi comme son nom l'indique de la poésie.
Les personnages sont attachants, troublants.

Mais ce roman ne s'arrête pas là, puisqu'il y a, en toile de fond, des questions plus sérieuses : sous couvert du texte de la victime, on s'interroge sur les nantis, les parachutes dorés, le monde de la finance , puis au travers des personnages : sur la liberté d'expression mais aussi sur la valeur de l'écrivain par rapport à la valeur de son oeuvre, l'humain passe-t-il après l'écrivain aux yeux de certains fans ?


L'histoire : un poète, qui n'est pas vraiment "bankable" se laisse convaincre d'écrire un roman policier par son éditeur, alors même qu'il a peur que ses lecteurs se sentent trahis puisqu'il aurait en quelque sorte renoncer à son art, la poésie, afin d'être plus rentable.
Ce poète, aidé de son meilleur ami et auteur de romans policiers, identifie un sujet : il veut dénoncer ces chefs d'entreprises qui empochent des millions alors qu'ils licencient à tour de bras. Il a alors l'idée d'écrire un roman policier dans lequel un ouvrier dénoncerait ces actions en éliminant des chefs d'entreprises concernés.
Le poète, qui vient de se convaincre de finir ce roman, attend, à bord de son bateau (lieu où il réside), la venue de son éditeur qui vient lui apprendre une bonne nouvelle.
Lorsque ce dernier arrive enfin, il découvre le poète pendu.
C'est un policier maritime, ex de la criminelle, qui prendra en charge l'affaire ... mû aussi par le désir de côtoyer écrivains et éditeurs, puisque ce commissaire lit et écrit de la poésie à ses heures perdues !

Le poète s'est il suicidé ? en raison de sa crainte de trahir ses lecteurs ?
A t il été tué ? en raison du contenu livre ? pour en empêcher sa publication?
C'est cette enquête que nous propose Björn Larsson et il le fait avec élégance.

Je ne vous en dirai pas plus, mais j'ai adoré la fin.

Bonne lecture.

Jan Y. Nilsson, poète de qualité, qui vit dans la précarité, pour son art, est convaincu par son éditeur d'écrire un roman policier. le succès est immédiat mais Yan est retrouvé pendu dans sa péniche, un stylo planté dans le cou. L'inspecteur Martin Barck, amateur de belles lettres, est chargé de l'enquête. Un très beau roman d'atmosphère, avec des personnages intéressants et originaux sans être caricaturaux. le livre vaut autant pour l'intrigue policière, qui avance lentement, par à-coups, que par le tour d'horizon qu'il fait de la littérature, notamment suédoise.
Lien : https://collectifpolar.com/

Voici un roman original qui nous parle de poésie, avant même de nous parler d'enquête.

Il est également question de l'art et la manière d'écrire : de la poésie, des romans policiers.

Un polar vraiment dépaysant, donc. D'autant plus que l'enquêteur principal est lui aussi un poète à ses heures.

Mon esprit perspicace avait découvert qui était le coupable, mais peu importe. Dans ce roman, ce qui est intéressant, c'est la façon dont l'enquêteur-poète découvre, grâce à la poésie, comment a procédé le meurtrier.

J'ai bien aimé les clins d'oeil à la littérature, comme le second enquêteur Monsieur Sten Dahl.

Pas de profondes analyses psychologiques des personnages, mais de la poésie, encore de la poésie, toujours de la poésie.

L'image que je retiendrai :

Celle du bateau dans lequel vit le poète (avant de mourir) dans le port de commerce, et qui admire tous le matins le crépuscule.
Lien : https://alexmotamots.wordpre..

Polar déroutant qui mêle poésie et enquêtes et joue allègrement des deux genres : beaucoup d'apprentis poètes mais également des apprentis enquêteurs... et un flic qui n'est pas né de la dernière pluie mais qui sera trahi par son bon fond...Un paysage bas de brouillard omniprésent , bref une véritable atmosphère de vieux films en noir et blanc...
Des personnages ambigus et attachants, une bonne dose d'humour et de cynisme et surtout une fin originale et inattendue. Voilà d'excellents ingrédients pour ce polar nordique particulier !
Je l'ai dévoré et le recommande sans réserve !

Bon roman policier, assorti de beaux poèmes, critique du monde littéraire. Trés complet. Roman policier pour ceux qui n'aiment pas forcement les polars

… surtout s'ils meurent avant d'en terminer l'écriture. Un véritable cocktail de polar et de littérature qui commence à pétiller dès le départ et qui explose à la fin dans une « chute » vertigineuse. Inutile de dire qu'il sera beaucoup question de poésie opposée à la littérature romanesque et policière. Ajoutez à cela un zeste de monde de l'édition, d'impérialisme américain, de capitalisme, de parachutes dorés, de racisme, d'extrême droite, de sentiments et d'amitié… Roman riche : construction des phrases, style, personnages bien typés, psychologie fine, récit dans le récit… Polar rare, original et donc un petit nectar de polar. (En plus, un petit clin d'oeil au commissaire Wallander de Mankell !)
Lien : http://leoalu2.blogspot.com