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sur 101 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après des années de vache maigre, le poète Jan Y Nilsson est en passe de devenir riche et célèbre grâce, non pas à ses vers, mais à un roman policier ! Sur sa péniche amarrée dans le port d'Helsingborg, le poète s'interroge. Doit-il sacrifier son art, ses convictions, ses valeurs et signer le contrat juteux que lui propose son éditeur, Karl Petersén ? Son amie de toujours, sa muse, Tina, pense que non et affirme que cette incursion dans la littérature noire sera préjudiciable à son image. Mais Anders Bergsten, l'auteur de polar et ami qui l'a aidé à s'immerger dans cette nouvelle forme d'écriture, l'a convaincu qu'il aurait tort de se priver d'un confort financier mérité. Et c'est aussi l'avis de Petersén qui l'a incité à suivre cette voie et qui doit venir le soir même pour récupérer les dernières feuilles de son roman et lui faire signer son contrat.
Jan Y n'aura guère l'occasion de connaitre les conséquences de sa trahison à la poésie. Quand l'éditeur arrive, guilleret, de Stockholm, il trouve le poète mort, pendu. Tout laisse penser à un suicide. Mais tel n'est pas l'avis de Martin Barck de la police maritime d'Helsingborg. le commissaire, qui se pique d'être lui-même poète, grâce à une observation attentive des lieux, conclut au meurtre. Mais qui voudrait du mal à un poète ??

Quand un auteur suédois surfe sur la vague des polars suédois en écrivant un polar suédois dans lequel un poète suédois surfe sur la vague des polars suédois en écrivant un polar suédois...Et bien ça donne un polar suédois bourré de références et de clins d'oeil, plein de recul et à l'intrigue solide. La poésie et la création littéraire sont au coeur du roman qui offre aussi une belle incursion dans la vie d'un éditeur passionné. Un polar atypique et original, à tendance satyrique, qui ravira les amateurs du genre mais aussi les férus de poésie. Très divertissant !
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Björn Larsson a écrit un roman très original, mêlant poésie, réflexion sur la poésie, drame psychologique, polar.

Le poète, Jan Y. Nilsson, vit modestement sur son bateau après des années de labeur consacrées à son art, sans aucune concession. Il accepte pourtant la proposition de son éditeur d'écrire un roman policier, succès assuré pour un auteur suédois, afin de le dédommager d'avoir édité son oeuvre à perte. Mais à 50 pages de la fin il est retrouvé pendu, alors même qu'il allait signer son contrat.

Malgré la mise en scène de suicide par pendaison, Barck, le commissaire-poète, flaire le crime. Une flaque de sang aux pieds de la victime révèle en effet un stylo planté dans le cou du défunt qui ne peut pas l'avoir été par lui-même...La solution doit se trouver dans le manuscrit, qui dénonce, on s'en doute bien, d'affreux spéculateurs responsables de la crise économique...Ou bien une de ses victimes décidée à se faire justice elle-même ?

L'éditeur, lui même menacé, ne veut pas céder : le livre doit paraître même au prix de quelques falsifications.

L'enquête s'avère complexe. Un mobile incertain, pas de suspect, une famille lointaine et indifférente, des amis éplorés, une amoureuse désespérée à qui Jan Y. a légué son oeuvre...Et finalement, pourquoi ne pas suivre les vers du poète ?

D'abord il y eu le chagrin
l'incroyable chagrin
de n'avoir pas cru
que l'on naissait avec sa mort

Beaucoup de clins d'oeil, de références littéraires, d'allusions ironiques aux polars suédois - le livre de Jan Y. s'intitule "L'homme qui n'aimait pas les riches"...Une réflexion également sur la place de la poésie dans nos sociétés, peu goutée, sur celle du polar, beaucoup plus apprécié. Et cette idée astucieuse - glisser le poème au coeur de l'enquête policière - dans un subtil jeu de miroirs.

Alors avis aux amateurs aussi bien de poésie que de policiers scandinaves !
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Atypique, malicieux et ironique. Voici un roman policier dont l'intrigue et sa résolution sont secondaires pour ne pas dire légères, mais là n'est pas le vrai sujet. Au fait, quel est-il, le vrai sujet ? Se moquer gentiment de la mode du polar scandinave, de ses enquêteurs abimés, dépressifs et empêtrés dans des déboires conjugaux ? Critiquer les lecteurs qui, ne voulant lire que des polars, passent à côté de tout le reste de la production littéraire, présente ou passée ? Egratigner la presse et les media qui ne vivent que de la misère du monde et des catastrophes, les éditeurs l'oeil toujours vissé sur leur compte de résultats, ou bien « le cirque médiatique (qui) le fatiguait. Un ministre de la Justice auteur d'un roman policier médiocre recevait plus d'attention qu'un poète de talent, et cinq minutes sur un talk-show étaient plus efficaces que des critiques élogieuses. L'écrivain timide et gauche, dépourvu de charisme et de bagout, n'avait même plus envie de publier un livre. Tout ce qui comptait, c'était d'être fort en gueule et bien de sa personne, surtout si l'on était une femme. Les écrivains se prêtaient à tout pour vendre leurs romans – lectures publiques, salons, foires – et on affichait même leurs portraits sur des posters ou sur les bandeaux qui entouraient leurs livres. Pas étonnant qu'il se sente un peu découragé. »
Le vrai sujet, c'est sans doute la poésie. A contrepied de Wallander, l'enquêteur chargé de démasquer l'assassin est heureux en ménage. Et, à ses heures perdues, il n'écoute pas des opéras mais écrit des poèmes. Quand à la victime, poète célèbre mais aux tirages confidentiels, elle a fini par se laisser convaincre de s'essayer à son tour au roman policier. le roman est bon, l'éditeur est ravi, les rotatives dopées aux amphétamines sont fin prêtes à tourner sans relâche, et le compte d'exploitation s'apprête à passer au vert autant que l'Irlande à la fin du printemps. Oui, mais alors, quid du poète maudit et intransigeant ? Un poète qui abandonnerait un instant la poésie pour ramasser un oeuf ou deux sous la poule aux oeufs d'or du polar scandinave, est-ce bien raisonnable, est-ce bien tolérable ? Et si c'était le mobile du meurtre ?
Bjorn Larsson aime la poésie et s'y essaye, sous la plume du commissaire, même s'il semble s'en excuser dans la postface. Il convoque, au cours de l'intrigue, un expert suédois et glisse, dès qu'il en a l'occasion, des vers d'auteurs célèbres, dont à ma grande confusion, je dois confesser qu'à l'exception de Rilke je ne connaissais même pas les noms. Son ambition est grande, transformer des joggeurs en lecteurs de poésie : « Si seulement tous ces gens désoeuvrés avaient lu de la poésie au lieu de sortir au grand air ! »
J'ai passé un bon moment de lecture et fini par découvrir qui a assassiné le poète mort qui écrivait un roman policier (j'avais bien une petite idée qui s'est révélée exacte mais le mobile m'échappait). Cela pour dire que l'aspect policier du roman, sans être exceptionnel, reste de bonne facture. Bien que n'ayant aucune compétence en matière de poésie, il me semble que cet aspect de la personnalité et de l'oeuvre de Bjorn Larsson est mieux illustré dans certains de ses autres romans dont je recommande vivement la lecture : le Capitaine et les Rêves, ainsi que le Cercle Celtique où ses descriptions marines sont de toute beauté. Ici, j'ai eu un peu de mal avec certains passages, un peu trop didactiques à mon goût. A découvrir pour sortir des sentiers battus.
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J' avoue avoir fini par me lasser des polars scandinaves , en particulier suédois , à l' exception du regretté Henning Mankell. Ce titre, par la qualité de son écriture, son originalité, m' a très agréablement surpris. L' auteur s' écarte résolument des sentiers battus en mêlant astucieusement intrigue policière, psychologie et poésie , tout en égratignant au passage le monde de l' édition.
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Jan Y., un poète au talent encore peu reconnu, a cédé aux pressions de son éditeur, Karl Petersén, et est en passe d'achever l'écriture de son premier roman policier. L'affaire va être juteuse pour l'éditeur puisque le roman a un avant-goût de best-seller. Aussi, il vient fêter la bonne nouvelle en apportant une bouteille de champagne à l'auteur promis à une grande célébrité. Las… le poète se balance au bout d'une corde dans son bateau. Suicide ? C'est là que le flair du commissaire Barck intervient : il décèle, par-delà les indices apparents, la mise en scène qui visait à maquiller un crime en suicide. Il va falloir le talent d'un policier-poète pour démasquer le meurtrier…

« Les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers » : un roman fleuve qui frise les 500 pages écrit par un auteur suédois, c'est-à-dire un polar nordique de plus dans le paysage littéraire ? Ou faut-il plutôt voir là, comme le souligne l'auteur en quatrième de couverture, un « genre de roman policier ». le ton est donné, satirique donc, mais aussi très fin, qui égratigne – toujours gentiment – le polar nordique typique. Il interroge aussi subtilement l'écriture à l'ère post-moderne marquée par la rentabilité à tout prix : le monde de l'édition est épinglé, certains écrivains également, qui cèdent aux sirènes de l'écriture facile, l'écriture attendue pour satisfaire les appétits des lecteurs. Et puis, ce roman laisse çà et là se déployer de très beaux poèmes (d'Yvon le Men, pour la plupart) dans l'espace du blanc des pages, dans le temps de lecture de l'oeuvre. Même si ce dernier semble parfois un peu long, on ne peut ressortir que changé d'une telle lecture… Comme quand on découvre le premier poème de Jan Y. / Yvon le Men, petits cailloux de mots parsemés ici ou là en fil conducteur du roman :
« Même plié dans l'armoire
le ciel sent bon » (p. 19)
La simplicité charme, séduit, et l'imagination du lecteur s'envole, suivant celle de Björn Larsson au fil d'une enquête bien peu conventionnelle…
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En tournant les pages de ce roman, peut on croire à un hasard lorsqu'on rencontre Martin Barck ( un petit coucou à Maj Sjöwall et Per Wahlöö, avec leur Martin Beck ?), lorsqu'on retrouve des citations reprenant les dires du commissaire Wallander de la police d'Ystad, " les meurtriers n'existent pas, il n'y a que des gens qui commettent des meurtres", un petit coucou à Henning Mankell ?
Les grands maîtres de la littérature noire suédoise sont présents dans ces pages.
On se promène dans une ville portuaire, à la limite de la Suède et du Danemark.
On flotte entre les styles, entre les auteurs, qui écrit quoi ?
C'est quoi la poésie, ça sert à quoi ?
Plusieurs options nous sont proposées : "Rendre le monde visible ",
ou, "Entrer en concurrence avec l'état des choses, d'offrir un moyen de s'évader de la grisaille du quotidien ",
ou encore, "Trouver les mots qui faisaient ressentir l'amour et la haine, la joie et la peine, le banal et l'invisible, et rendaient leur présence concrète, perceptible et incontournable".
Peut on mélanger les genres, la poésie est elle soluble dans le roman qu'il soit policier ou noir.
Beaucoup d'interrogations sur "la Littérature" dans ce polar, sur ce qu'elle est, sur ce que nous attendons d'elle.
Pour ma part, j'ai tendance à croire que la poésie doit être soluble dans la vie de tous les jours, alors les morts n'écrivent pas de romans, mais ils laissent des poèmes ou des romans policiers comme héritage pour notre plus grand bonheur.
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Jan Y. Nilsson, l'un des plus grands poètes suédois aux ventes de recueils confidentielles, est retrouvé pendu sur le bateau de pêche sur lequel il vivait, après s'être laissé persuader par son éditeur d'écrire un polar politique où l'encre occuperait plus de place que le blanc du papier, tout en sauvant l'éditeur de la faillite. S'est-il suicidé, désespéré d'avoir livré son âme au diable, c'est à dire aux forces du marché en faisant litière de son intégrité esthétique et morale, alors qu'il a consacré toute sa vie à la poésie, pour rendre le monde visible ? le Commissaire Barck, mirlitonneur-amateur de vers, est appelé pour faire la lumière sur ce fait divers à l'excellent épilogue cynique.


Avec un talent très sûr, un humour ravageur et une belle vigueur stylistique, Björn Larsson, professeur de français à l'université de Lund, spécialiste de Simone de Beauvoir, philosophe mais aussi marin expérimenté, attaque frontalement le snobisme des genres littéraires, donne un bon coup de pied dans la fourmilière de l'édition, et surtout règle son compte au polar suédois en pulvérisant ses stéréotypes : « Parfois il semblait, que l'écrivain suédois, pour être pris au sérieux, se devait de raconter sa jeunesse malheureuse. Meurtres, traumatismes infantiles, alcoolisme sous toutes ses formes, le tout pimenté d'une bonne dose d'angoisse», « On publie une quantité de polars chaque année en Suède. Il n'y aura bientôt plus personne pour écrire autre chose ». Selon l'auteur, son roman n'est pas une parodie mais un genre de polar, destiné à remédier à la trop grande place prise par le polar suédois, monoculture littéraire laissant imaginer à ses nombreux lecteurs que la Suède est gangrénée par le crime et la délinquance, et confisquant la notoriété de tous les autres auteurs, hors ce genre.


En choisissant une victime et un commissaire tous deux poètes, Björn Larsson amène avec malice et intelligence le lecteur à élargir son horizon, à explorer d'autres genres littéraires, en l'occurrence la poésie. Réflexion sur la littérature, sur le sens de la création poétique, sur les dérives de certains éditeurs préoccupés de trouver le meilleur produit de consommation livresque, le plus bankébeule, mais également, jeu littéraire, profession de foi, manifeste, déclaration d'amour à la littérature, Les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers, est un roman inclassable (mission accomplie pour l'auteur) susceptible d'intéresser autant les amateurs de polars que les amateurs de poésie en éveillant leur curiosité.


Tous les extraits de poèmes cités dans le roman sont dûs à Yvon le Men, qui a accepté, non sans humour de prêter des extraits de ses oeuvres à Jan Y. Nilsson, malheureuse victime de l'intrigue. C'est Björn Larsson qui a assuré leur traduction du français en suédois. Ca barde au pays de Fifi Brindacier !
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Un art poétique profond et intense enchâssé à l'intérieur d'un noir polar joliment parodique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/06/17/note-de-lecture-les-poetes-morts-necrivent-pas-de-romans-policiers-bjorn-larsson/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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C'est un livre au style élégant. L'intrigue policière n'est pas la plus importante ici, car on trouve assez rapidement qui a tué le poète. Non, le plus captivant est la mise en abîme avec le roman policier écrit par le poète, les commentaires très littéraires sur l'écriture de la poésie et l'utilité de cette dernière dans notre monde moderne. Ce roman est quasiment un plaidoyer pour ce genre littéraire et donne envie de se replonger dans la poésie.
Mélange des genres très réussi, roman au style original, un OVNI dans le genre policier dont le dénouement est à la hauteur de la philosophie du livre !
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Pour décrire son nouveau roman Bjorn Larsson parle de « genre de roman policier », on ne peut pas être plus juste. L' histoire dans ses grandes lignes y ressemble, les grands codes du genre sont respectés, vous avez un meurtre, bien mystérieux, un mobile et un coupable. L' enquête en elle-même est plus surprenante et le roman y reprend ses droits. Je me suis régalée à lire cette histoire, sa construction simple est excellente et le récit varié et riche en réflexion sur l' écriture, la place des différents genres littéraires, le monde de l' édition. La fin m' aura un peu moins convaincu mais elle n'est finalement pas si importante.
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