Oyez ! Oyez ! Une fois n'est pas coutume, je me suis lancée dans un polar contemporain, sans la moindre trace d'intrigue historique, de roue de carrosse ou de robe de bure. Ce sont ses deux adaptations cinématographiques qui m'ont incitée à lire Millenium 1. D'aussi brillants scénarios devaient forcément venir d'un fascinant bouquin... Bingo !
Ce roman suédois – célèbre pour la publication posthume de son auteur,
Stieg Larsson – est porté par le personnage de Lisbeth Salander. Sous son aspect asocial, cette jeune femme fluette et androgyne, criblée de piercings, au regard assassin et au cheveu noir corbeau, s'avère être un génie de l'informatique. Elle a un don pour fouiller la vie des autres et en a fait son métier, travaillant en free-lance pour l'agence Milton Security. Une mission va la mettre sur le chemin de Mikaël Blomkvist, talentueux journaliste du magazine Millénium. Récemment mis sur la touche suite à un malheureux procès en diffamation, Blomkvist est engagé par le vieux capitaine d'industrie Henrik Vanger pour enquêter sur la douloureuse disparition de sa petite-nièce Harriet, 37 ans plus tôt.
« Mikaël savait très bien que toutes les familles ont des squelettes dans le placard. La famille Vanger avait un cimetière entier. » Réussissant là où la police avait échoué, l'étrange duo Blomkvist - Salander va dénouer les fils d'une intrigue tentaculaire, bien chargée en perversions sexuelles. Grâce aux films, je savais à quoi m'attendre, mais il est important de signaler que "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes" contient des scènes de violence à réserver à un public averti. le procédé est surprenant, voire choquant, mais Larsson met en exergue ces crimes sadiques pour dénoncer les violences faites aux femmes, ainsi que le confirment les statistiques sous-titrant chaque partie, par exemple : « En Suède, 46% des femmes ont été exposées à la violence d'un homme. »
L'auteur s'attaque aussi aux travers de la société : les membres de la famille Vanger lui servent à stigmatiser l'hypocrisie ou les préjugés raciaux, les démêlés de Blomkvist avec le groupe Wennerström à démontrer le cynisme du monde des affaires.
Le récit a les qualités que Larsson prête à l'ouvrage de Blomkvist sur la finance : il est « écrit d'une manière directe et engageante ». le style est précis, un peu trop parfois, allant jusqu'à détailler le modèle du processeur de l'ordinateur de Salander ou la composition des sandwichs de Blomkvist. J'ai remarqué avec amusement que les personnages de Larsson passent leur temps à préparer, commander ou boire du café ; en 700 pages, Blomkvist en ingurgite ainsi une quantité phénoménale ! Mais en dehors de ce tic d'écriture caféiné, les détails forgent le réalisme de l'histoire et des protagonistes. Captivant et bien construit, ce thriller aura été pour moi une lecture marquante.
Diable ! Aurais-je attrapé le virus du polar ? Et si je tentais une petite piqûre de
Lehane, pour vérifier ?