AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782271065056
261 pages
CNRS Editions (05/04/2007)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Groupuscules se référant au nazisme, au fascisme ou au national-bolchevisme, mouvances skinheads, contre-culture jeune, courants néo-païens et aryens: la Russie post-communiste est animée par de virulents mouvements d'extrême droite qui regroupent un large spectre idéologique. L'objectif de cette étude est de retracer leur histoire depuis l'effondrement de l'Union soviétique, de comprendre leur évolution p... >Voir plus
Que lire après Le rouge et le noir. Extrême droite et nationalisme en RussieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Marlène Laruelle, dont on a ici rendu compte de l'ouvrage savant qu'elle a consacré au néo-eurasisme, a rassemblé autour d'elle des chercheurs russes et allemands pour traiter de l'extrême droite russe.
Il fallait oser le titre de cet ouvrage collectif. On se souvient de la biographie de François Mitterrand par Catherine Nay « le noir et le rouge » (Grasset, 1984) ; Frédéric Martel avait utilisé la même veine en intitulant sa brillante histoire des homosexuels en France « le rose et le noir » (Le Seuil, 1996), sans parler du chanteur Renaud dont l'autobiographie s'intitule « le jaune et le noir » (XO, 2006). En choisissant ce titre, l'auteur et son éditeur ont voulu insister sur la confusion idéologique qui caractérise les extrêmes politiques post-soviétiques : l'extrême gauche de Ziouganov reprend à l'extrême droite de Jirinovski son discours nationaliste et conservateur.

Le plus intéressant, le plus compliqué aussi, dans la foisonnante extrême-droite russe est la confusion idéologique qui y règne. Marlène Laruelle y insiste dans le plus long et probablement le meilleur article de ce livre intitulé « Définir l'objet nationalisme russe » : étudier l'extrême droite post-soviétique nous oblige à remettre en cause la pertinence des grandes lignes de division idéologique. Ainsi le nationalisme russe contemporain reste-t-il « nostalgique de l'Etat providence soviétique, de son omniprésence sociale et économique » (p. 51) ce qui complique son positionnement sur l'axe droite-gauche où le lecteur français chercherait à le positionner.
Certains groupuscules se réclament ouvertement du nazisme, tel le Parti national-bolchevik d'Edouard Limonov qu'évoque Markus Mathyl dans un chapitre sur la contre-culture jeune. Son drapeau – dont la photo orne la couverture du livre – est « rouge avec un cercle blanc contenant en son centre en lieu et place de la croix gammée un marteau et une faucille » (p. 130). Pourtant la pénétration du « nazisme » ouest-européen se heurte au vieux nationalisme russo-soviétique qui s'est construit, depuis Staline, autour du mythe du peuple vainqueur du « fascisme ».
La question religieuse a toujours divisé les nationalistes. Victor Shnirelman consacre un chapitre très documenté sur l'aryanisme et ses vaines tentatives de légitimation historique autour d'un faux célèbre, le livre de Vles. Ce texte apocryphe tente de fonder le mythe de l'origine aryenne ou hyperboréenne des Slaves. Il a inspiré des théories franchement farfelues, aux limites de l'occultisme et du para-normal qu'explore Evgueni Moroz dans le chapitre qu'il consacre au néo-paganisme. Certains de ses groupuscules se sont rapprochés de l'Eglise orthodoxe ; d'autres au contraire la combattent avec énergie.
Il est toutefois une idéologie que partage la quasi-totalité de l'extrême droite : la haine des Juifs. Mais cet antismétisme est mû par des ressorts très divers : les nationaux-bolcheviques reprochent aux Juifs l'effondrement économique de la Russie, les orthodoxes vouent aux gémonies le « peuple déicide, infanticide, régicide » (p. 56), les néo-nazis pensent l'opposition entre Russes et Juifs sur le mode racial, etc.

L'extrême droite a été particulièrement virulente durant la Perestroïka et au lendemain de la disparition de l'Union soviétique. C'était l'âge d'or de Pamiat, un mouvement qui évoluera, sous l'impulsion de son chef Dmitri Vassiliev, du national-bolchevisme vers un monarchisme orthodoxe plus respectable, dont Vladimir Pribylovski retrace l'histoire. A l'époque, l'idée se répand d'une « Russie de Weimar » dont la faiblesse de l'ancrage démocratique et la menace grandissante du national-populisme annonceraient l'arrivée prochaine au pouvoir d'un leader fasciste en la personne de Ziouganov, de Jirinovski ou de Lebed.
Ces craintes ne se sont pas réalisées. A la fin des années 90, l'audience du LDPR de Jirinovski et du PCFR de Ziouganov a décliné ; les groupuscules d'extrême-droite, minées par d'incessantes scissions, ont implosé. Si le bloc Rodina, attelage hétéroclite de mouvances nationalistes, a atteint près de 10 % des voix aux élections de 2003, Vladimir Poutine semble avoir eu raison des partis d'extrême droite. Cette situation n'est pourtant pas satisfaisante. Comme le montre Andreas Umland, le déclin des partis politiques d'extrême droite ne signifie pas, bien au contraire, la disparition de leurs idées. La société russe, désemparée par la disparition de l'Empire, fragilisée par la crise économique, perméable aux thèses conspirationnistes, se transformerait en « société incivile » favorable aux idées politiques belliqueuses et anti-libérales (chapitre 5). le constat ne laisse d'inquiéter.
Commenter  J’apprécie          120

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
D’autres sont prêts à reconnaître que le christianisme, bien qu’originellement juif, s’est fondu dans la « vraie foi » russe et a alors donné naissance à l’orthodoxie. Cette vision réconciliatrice permet à certaines mouvances néopaïennes de s’approprier le terme d’orthodoxie ou celui de « vieille foi ».

Ainsi, à Omsk, l’église orthodoxe vieux-croyante d’Ingliia tente de conjuguer l’hindouisme et les mythes nordiques venus d’Allemagne. Son temple, au centre de la ville, a l’architecture d’une église orthodoxe, dispose d’un autel et d’icônes peintes dans le style des tableaux d’Ilia Glazounov, mais les sujets représentent en réalité la lutte des dieux solaires aryens contre les démons des ténèbres.
Commenter  J’apprécie          70

autres livres classés : mondeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (17) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3193 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}