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EAN : 9782290307304
126 pages
J'ai lu (29/11/2007)
3.65/5   20 notes
Résumé :
«On désigne d'habitude par "graffiti" les inscriptions griffonnées à la hâte sur un mur ou sur une vespasienne. En désignant par ces mots les inscriptions manuscrites sur le "livre d'or" d'Auschwitz, Adrien Le Bihan les disqualifie et il a raison» écrit Pierre Vidal-Naquet. Amené à se pencher sur le Livre du souvenir d'Auschwitz, l'auteur de ce pamphlet - qui nous met en garde contre ce qu'il est aujourd'hui convenu d'appeler la vigilance et le devoir de mémoire - é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Documentaire pamphlétaire cet ouvrage de Adrien le Bihan relève les inscriptions (qu'il nomme graffiti) déposées dans le "Livre d'or" d'Auschwitz qui est avant tout un "livre du souvenir", depuis son apparition en 1946. Ce livre est présenté aux chefs d'Etat ou de gouvernement, mais aussi à des intellectuels, des religieux, ainsi qu'à des sportifs ou artistes... Certains se contentent d'apposer une date et une signature, d'autres se sentent obligés d'y inscrire un texte. Ce sont ces textes qui ont été passés au crible d'une analyse féroce et limpide par Adrien le Bihan. Un document intéressant montrant le cheminement intellectuel, politique ou religieux des différents intervenants auteurs de ces inscriptions.
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Au « Musée » (??!!) d'Auschwitz il existe un livre d'or que ceux qui visitent le camp, s'ils sont notables, des chefs d'État ou de gouvernement, des stars de cinéma, des sportifs célèbres sont invités à signer.

Ce sont ces graffitis, que personne ne lit, sauf les gardiens du lieu, qu'Adrien le Bihan passe en revue dans ce livre. Il a tenté de comprendre les commentaires qu'ils ont laissés sur le papier, à la lumière de leur propre histoire ou des événements du moment et en les confrontant aux témoignages de Primo Levi , le chimiste et de Tadeusz Borowski, le journaliste mécréant et lucide : tous deux « rescapés » des camps et dont les récits sont loin de tout sentimentalisme.
Bien sur les remarques acerbes à l'encontre de certains personnages ainsi que les mises au point historiques sur ces années depuis 1945 ne plairont pas à tous. Mais ce petit livre impitoyable est un grand livre.
Que dire, en effet de ces lieux sauvages, efficaces.et sombres ?
Si l'on est allergique à la pensée binaire et à toute forme de manichéisme : comment dire ? Qui peut dire ? Comment communiquer ?
Même primo Levi : « Nous, les survivants, ne sommes pas les vrais témoins […], nous sommes ceux qui, grâce à la prévarication, l'habileté ou la chance, n'ont pas touché le fond. Ceux qui […] ont vu la Gorgone, ne sont pas revenus pour raconter […]. Les engloutis, même s'ils avaient eu une plume et du papier, n'auraient pas témoigné, parce que leur mort avait commencé avant la mort corporelle. Des semaines et des mois avant de s'éteindre, ils avaient déjà perdu la force d'observer, de se souvenir, de prendre la mesure des choses et de s'exprimer. Nous, nous parlons à leur place, par délégation. »
Et pour Adrien le Bihan « tous les visiteurs d'Auschwitz se trouvent dans le même cas : le pire de ce qui eut lieu, ils ne peuvent pas se le figurer. Les deux grands écrivains d'Auschwitz, Tadeusz Borowski et Primo Levi, les laissent, et nous avec, devant ce trou noir. »
Nous touchons là aux limites du langage et donc à la limite de la compréhension et de la compassion.
Mais ne nous y trompons pas .Que sommes nous, tous, de plus ou de moins que les illustres signataires des graffitis ?



Cf. aussi : le livre d'Otto Dov Kulka : Paysages de la Métropole de la Mort/

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Petit ouvrage très intéressant qui revisite l'horreur du camp d'Auschwitz à travers des commentaires laissés sur le livre d'or du camp.

Instructif...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dépourvu d'illustrations des horreurs qui l'ont inspiré, le recueil de graffiti d'Auschwitz est depuis sa naissance un monument de papier rongé par le temps, celui qu'il traverse et celui dont il traite, ainsi que de l'oubli qui menace la plupart de ses signataires. Son caractère provisoire nous invite mystérieusement à le respecter. On ne saurait prévoir ce qu'il nous réserve encore. Comme tout livre de ce type, il vit en perpétuelle gestation. Personne ne peut le lire, le parcourir, en lui assignant le moindre terme. Aussi longtemps que durera la volonté d'imprimer au souvenir d'Auschwitz un cachet officiel, des volumes s'ajouteront aux volumes déjà remplis de ce Livre.
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E.B. altéré de blancheur neigeuse, comme beaucoup d’économistes et de financiers, flirte dangereusement avec le noir et brulant manichéisme ; A Auschwitz, il crut reconnaître une matérialisation de son ennemi, le Mal. Nous pourrions l’inviter à en citer d’autres, pour nous instruire de la comparaison. Hitler et les siens furent-ils une incarnation du mal ? Cela supposerait que le mal leur préexistait et leur survit, qu’ils n’en furent que les médiateurs, les ambassadeurs en ce bas monde. Si le mal est responsable de tout, quel aubaine pour les coupables !
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Quelques semaines avant la visite de Jacques Chirac, un diplomate me téléphona de Varsovie pour un petit service qui ne correspondait en rien à mes attributions. Il s'agissait de relever dans ce qu'il appelait le Livre d'or d'Auschwitz, bien que l'expression polonaise "Livre du souvenir", soit préférable, les inscriptions des chefs d'Etat et de gouvernement français qui s'étaient rendus là précédemment et d'en communiquer les textes à l'ambassade, qui les transmettrait à Paris au ministère des Affaires étrangères, lequel les ferait connaître à l'Elysée. D'où venaient les instructions? Je l'ignore. Un personnage du ministère ou de l'Elysée désirait sans doute que Chirac prît connaissance des graffiti de ses prédécesseurs afin de s'en inspirer pour écrire autre chose. J'acceptai l'officieuse mission diplomatique et littéraire que l'on me proposait. Qui aurait pu prévoir les surprises qui m'attendaient dans un Livre dont je serais, selon toute vraisemblance, un des premiers lecteurs?
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Certains se paient une visite éclair. Ce sénateur des Français de l'étranger, par exemple. En sa compagnie, nous finissons notre déjeuner chez le consul. Soudain, il jette un coup d'oeil sur sa montre : "Nous avons tout juste le temps de nous rendre à Auschwitz", prévient-il. Et chacun d'avaler en hâte son café pour que monsieur le sénateur ne soit pas privé d'inscrire le camp sur son agenda, entre le repas consulaire et l'avion pour Varsovie.
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: « Le moment est proche aussi où les formules émues, repenties, roboratives utilisées là seront épuisées, ainsi qu’il arrive aux marbres d’une carrière. L’on protègera les anciens graffitis d’Auschwitz avec autant de soin que les peintures rupestres de Lascaux et l’on se résignera à laisser gouvernants, sportifs et artistes reproduire à leur insu ce que d’autres écrivirent avant eux, à mouiller leur plume de l’encre de prédécesseurs ."
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