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sur 579 notes
Le Clezio cherche son père ; il trouve une seconde mère : l'Afrique. Peut-être même la première…
Il y a bien des livres sur la quête du père. Celle-ci résonne des tambours et des chants qui s'élèvent sur les plaines du Nigéria Elle s'écorche sur les pistes sèches de la brousse. Elle est inondée de la lumière rouge d'un soleil chaud, omniprésent, mais jamais brûlant. Elle se nourrit de mille rencontres avec des femmes et des hommes aux accents de vérité. Elle remonte le long des routes du passé et se fait même histoire d'humanités : celles qui ont été ballotées, malmenées, écrasées par les enjeux de pouvoir, par ces petits esprits plein de soi et de déni des autres, cette toute petite humanité, tant par le nombre que, plus encore, par la bassesse de ses vues, cette frange des hommes qui arpenta l'Afrique comme un terrain de conquête et traita ses habitants comme des esclaves tout en vantant la fraternité, populations rabaissées, humiliées, arrachées à leur dignité, qu'ils disaient devoir maltraiter pour leur bien, quand seul le leur importait.
L'Africain ne se paie pas de mots. C'est un roman qui a la puissance des simples, des justes, de cette authenticité qui semble, de plus en plus, nous faire défaut. L'Africain c'est Le Clézio qui se fait fils de cette humanité qu'une partie des hommes a décidé d'assassiner.
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Voici le portrait d'un père qui devient le portrait d'une Afrique, si ce n'est l'inverse, ou peut-être les deux.
Il est question aussi de souvenirs d'enfance, auxquels se greffe peu à peu un regard distancié, voire interrogatif sur un père qui pensait lier son destin à ce continent. A vie !

Mais les enjeux de pouvoirs, le choc colonial, les maladies et les guerres vont déformer et rompre le charme de ces contrées, jadis habitées et appréciées pour ce qu'elles offraient. Ainsi, l'Afrique, pour cet homme qui sombre sous l'oeil désenchanté de son fils "n'avait plus pour lui le même goût de liberté".

La conjonction de l' Afrique qui se délite et ce père qui "s'effondre" est la force de cette oeuvre autobiographique par ailleurs bien écrite.
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L'Africain de J.M.G. le Clézio est une hagiographie. le livre raconte la vie d'un homme à la fois craint et vénéré par son auteur, son père. Médecin de brousse, citoyen britannique d'origine Mauricienne et de langue française, il s'expatrie par rejet de la société européenne, d'abord en Amérique le long des fleuves avec les indiens puis près de 30 ans en Afrique, dans la brousse loin des colons et de la guerre qui ravage l'Europe.

La guerre le coupe de sa femme et de ses enfants en bas ages restés en France, si bien que l'auteur ne rencontrera véritablement son père qu'à l'âge de 8 ans quand lui même le rejoindra au Cameroun. Commencement de la vie d'écrivain de le Clézio et de son goût pour le voyage.

Il y a trois temps dans le récit.

D'abord les temps heureux. le père et la mère de l'auteur / narrateur vivent dans des contrées reculées. le médecin, seul occidental de ces régions inexplorées (dont les distances ne sont référencées sur aucune cartes sauf celles qu'il trace lui même), est heureux au milieu des populations locales. La vie est rude pour lui et sa femme, mais ils sont exactement là où ils se sentent le mieux.

Puis la guerre en Europe, la coupure avec la famille, et les guerres tribales alimentées par le cynisme des colons occidentaux qui plongent chaque jour un peu plus cet homme dans le désespoir et le dégout.

Enfin, le temps du souvenir. Pas de nostalgie, mais des échos qui résonnent parfois chez le narrateur parfois chez le vieil homme de retour en France. La fin du parcours du père, l'éveil de l'enfant.

L'Africain est un beau livre. Il parle de déracinement plus que de voyage. de perception et de sens plus que de nostalgie. D'identité et de liens du sang qui nous relient avec la terre et l'humanité tout entière.

10 février 2012
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L'Africain est un roman autobiographique de le Clezio. L'auteur raconte son enfance au Nigéria. En 1948, il rejoint avec sa mère et son frère, son père resté en Afrique pendant la guerre. C'est à ce moment là qu'il fait connaissance avec son père.
Pour JMG et son frère, ce fut un choc. Jusque là, les deux frères pouvaient faire et avoir ce qu'ils voulaient grâce à un entourage permissif. Fini, les caprices.
Le père, médecin de brousse employé par l'Angleterre, est d'une grande rigueur. "Dès le premier contact, mon frère et moi, nous sommes mesurés à lui. Il nous a sévèrement battus". Il ne tolérait pas la moindre manifestation d'irrespect.
Bien plus tard, après la mort du père, Le Clezio reconnaît qu'il leur a transmis la part la plus difficile de l'éducation: l'autorité, la discipline, l'exactitude, le respect... Adulte, on a une autre vision de son père. A travers ce livre, on repense à sa propre relation avec son père.
En prenant connaissance du parcours de l'écrivain, on voit la grande influence du médecin de brousse anticolonialiste qu'était son père.
Cela me donne envie de lire le livre écrit par JMG, en hommage à sa mère.
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Petite autobiographie de J. M. G. le Clézio qui revient en particulier sur son enfance africaine, la rencontre de l'Afrique et de son père alors qu'il a 8 ans.
De très belle page sur cette rencontre ou J. M. G. le Clézio décrit ses premières impressions, celle des corps libres, de la liberté, la joie de son père d'être médecin en Afrique loin des colonisateurs et accompagné de sa femme, mais aussi la découverte d'un père autoritaire et ses raisons, sa compréhension en tant qu'adulte.
J'ai voyagé avec ce père Africain dans des contrés perdues, des paysages tellement bien décrits que j'y étais. J'ai passé quelques heures dans une Afrique à jamais perdue je pense.
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Avec deux, trois photos en noir et blanc, l'auteur réinvente le passé. Celui de son père en l'occurrence. Cela ne m'a pas du tout intéressé car il y a beaucoup trop de sujets "plaqués" (par exemple la marabunta). Je note au passage que pour l'écrivain la corruption en Afrique n'est que le reflet de l'héritage du colon (?!)
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Le clézio revient sur la passé de son père, de sa famille... Ce père qui né à l'île Maurice et devenu médecin aura passé bon nombre d'années en Afrique dont il restera imprégné jusqu'à la fin de sa vie. Comment se pourrait-il en être autrement ? Sous la plume élégante de le Clézio, avec beaucoup de poésie, l'homme austère est évoqué autant que l'Afrique avec grand A, celle qui vous obsède et dot vos souvenirs ne peuvent se détacher. On sent mot après mot la nostalgie de ce continent détaillée à la manière d'un orfèvre.
C'est un grand roman de le Clézio. Un de ceux qui à mes yeux figurent au sommet de son oeuvre avec d'autres comme Désert ou Onitsha.
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J'aime les auteurs qui interrogent leur vie. Comprendre un père qui, à huit ans, l'âge où il le découvre, lui apparait comme un étranger c'est aussi tenter de percer le mystère de tout être humain en laissant le jugement aux portes de l'enfer.
Et ce père médecin est en effet pétri d'humanité malgré son rigorisme et sa rigidité. Il y a dans sa trajectoire la fierté, le refus de l'humiliation. Sans carte de visite, autrement dit sans argent et sans possibilité d'ouvrir un cabinet à Londres, il a préféré s'expatrier en Afrique plutôt que de se soumettre au conformisme et affronter le mépris de classe de la société anglaise. De l'injustice il avait été victime, et il ne pouvait que la reconnaitre dans les yeux de ses patients torturés par la pauvreté et les maladies ; il ne pourra pas non plus évacuer la responsabilité des Occidentaux dans ce drame de la misère qu'exacerbe la colonisation qui a engendré des laissés pour compte et distillé les germes de la corruption; sans oublier que la cupidité (mainmise sur le puits de pétrole) a provoqué un génocide et une famine sans précédent au Biafra. Et puis il y aura la guerre et lorsqu'il voudra rejoindre sa famille pour la protéger on l'arrêtera et on le condamnera à un exil forcé loin des siens dans une solitude nue pendant de longues années.
Alors se dessine un portrait haut en couleur d'un homme authentique désabusé, violent, parfois amer, qui pourtant a mis sa vie au service des autres avec une rare abnégation au point qu'il a épousé la cause de l'Afrique et que l'auteur le surnomme l'Africain.
Un magnifique récit émaillé de descriptions luxuriantes d'une nature encore vierge et sauvage vue par les yeux de l'auteur enfant qui y a vécu exempt des préjugés coloniaux.
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« J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m'a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j'ai écrit ce petit livre. »
Un magnifique récit dont j'en ai savouré la lecture, un récit de l'enfance, une écriture belle, savoureuse et épurée, deux rencontres, une avec son père dont il dresse un très beau portrait, une autre avec l'Afrique magnifiquement décrite, avec douceur et sensibilité.
A travers ce récit, J.M.G. le Clézio dénonce violemment le colonialisme, «L'Afrique, pour mon père, a commencé en touchant la Gold Coast, à Accra. Image caractéristique de la Colonie : des voyageurs européens, vêtus de blanc et coiffés du casque Cawnpore, sont débarqués dans une nacelle et transportés jusqu'à terre à bord d'une pirogue montée par des Noirs. […] C'est cette image que mon père a détestée.» et rend surtout un très bel hommage à son père, un homme courageux, dévoué, aventurier, mais absent pour ses deux enfants, qui redoutent son autorité, sa brutalité et la froideur, et à la fois admirent l'être humain qu'il est. «Quelque chose m'a été donné, quelque chose m'a été repris. Ce qui est définitivement absent de mon enfance : avoir eu un père, avoir grandi auprès de lui dans la douceur du foyer familial. Je sais que cela m'a manqué, sans regret, sans illusion extraordinaire.»
Un récit très personnel, écrit avec beaucoup de pudeur, un sublime voyage, poignant et authentique, un petit bijou très émouvant.
A savourer !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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« J'ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m'étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour d'Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j'étais devenu un étranger. Puis j'ai découvert, lorsque mon père, à l'âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c'était lui l'Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m'a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j'ai écrit ce petit livre. »

le Jour de mon oral du bac de français, la prof m'a demandé s'il y avait une phrase, un passage qui m'avait particulièrement marquée dans ce roman : je lui ai répondue que non. En fait, tout le roman m'a marqué. Mais comme il fallait choisir, j'ai retenu cette citation et le passage des fourmis. Ce livre est un chef d'oeuvre, certes. Mais avec un gros défaut. Il a été classé dans la catégorie des autobiographies alors qu'il s'agit en réalité de la biographie du père de l'auteur. Avec sa mère et son frère, il quitte Nice pour rejoindre son père qui est médecin au Nigeria et qui y est resté pendant tout le temps de la guerre. Un plaisir de découvrir ce pays d'Afrique et toute cette description que nous apporte l'auteur. C'est aussi l'occasion d'une rencontre avec son père. Et justement : d'accord c'est un bel hommage à son père, mais Le Clézio a prit le parti de raconter avec sa vision de quand il était enfant. Et c'est nuisible à la beauté de l'essence de l'histoire. L'enfant est ridicule mais le père magnifique : ce n'est pas ce que je voulais lire. L'émotion de cet enfant qui découvre son père à l'âge de huit ans dans un autre pays. Un père sévère, autoritaire, qui a beaucoup souffert et qui a vu la souffrance auprès des malades qu'il a soigné. Il y a quelque chose qui me gène dans cette relation. On dirait que petit, il ne l'aimait (ou alors ils ont une manière vraiment spéciale de s'aimer). Et là il lui rend un vibrant hommage ?
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