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sur 579 notes
Comment comprendre et raconter la vie d'un père ayant vécu loin.

Récit autobiographique de J.M.G. le Clézio sur la vie de son père. Celui-ci était médecin dans les colonies africaines de l'empire britannique. L'auteur raconte sa jeunesse et son arrivé en Afrique rejoindre ce père jusque lors inconnu mais aussi la vie de son père durant la guerre éloignée de sa femme et son fils.

Oeuvre très touchante sur la relation père-fils et la découverte de la vie de son père qui lui permet de comprendre de nombreux points de caractères de celui-ci.

Une lecture à mettre en parallèle d'Onitsha, autre oeuvre de l'auteur qui pour partie parle de la découverte d'un père inconnu jusqu'alors.

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Avec l'Africain, Le Clézio offre un magnifique portrait de son père; celui-ci, de nationalité anglaise, a dû quitter l'ile Maurice et a poursuivi des études médicales à Londres.
"Par orgueil sans doute, pour fuir la médiocrité de la société anglaise, par goût de l'aventure aussi", il demande son affectation au ministère des Colonies et part à Georgetown, en Guyane.

Il se marie ensuite avec une cousine germaine demeurant en France, et les époux partent travailler dans ce qui est actuellement l'ouest du Cameroun, dans des conditions très rustiques, très loin de la civilisation occidentale.

"Le temps de Banso, pour mon père et ma mère, c'est le temps de la jeunesse, de l'aventure. Au long de leurs marches, l'Afrique qu'ils rencontrent n'est pas celle de la colonisation. L'administration anglaise, selon un de ses principes, a laissé en place la structure politique traditionnelle, avec ses rois, ses chefs religieux, ses juges, ses castes et ses privilèges."
Ils vivent sans confort, le père soigne avec les moyens de l'époque.

La mère doit revenir accoucher en France, elle y passera l'occupation allemande séparée de son mari (celui-ci se lancera dans une folle équipée pour aller la chercher, échouant en Algérie et devant rebrousser chemin...)

Le jeune Le Clézio ne connaitra vraiment son père qu'en allant le rejoindre, avec sa mère et son frère, en 1948 à Ogoja, au sud du Nigéria.

"Sans doute les choses se seraient-elles passées autrement s'il n'y avait pas eu la cassure de la guerre, si mon père, au lieu d'être confronté à des enfants qui lui étaient devenus étrangers, avait appris à vivre dans la même maison qu'un bébé, s'il avait suivi ce lent parcours qui mène de la petite enfance à l'âge de raison. Ce pays d'Afrique où il avait connu le bonheur de partager l'aventure de sa vie avec une femme, à Banso, à Bamenda, ce même pays lui avait volé sa vie de famille et l'amour des siens."

Au début des années cinquante, la famille rentre en France, où le père vit jusqu'aux années quatre vingts.
"L'Afrique avait mis en lui une marque qui se confondait avec les traces laissées par l'éducation spartiate de sa famille à Maurice. L'habit à l'occidentale qu'il endossait chaque matin pour aller au marché devait lui peser. Dès qu'il rentrait chez lui, il enfilait une large chemise bleue à la manière des tuniques des haoussas du Cameroun, qu'il gardait jusqu'à l'heure de se coucher. C'est ainsi que je le vois à la fin de sa vie. Non plu l'aventurier ni le militaire inflexible. Mais un vieil homme dépaysé, exilé de sa vie et de sa passion, un survivant."


Le Clézio sait faire partager son attirance pour l'Afrique de son enfance et surtout le sentiment d'incommunicabilité avec son père. Il réussit cependant à brosser de ce dernier un portrait sensible et plein d'affection. C'est un livre magnifique, nostalgique et émouvant !
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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« Tout être humain est le résultat d'un père et une mère. »
….
« Si mon père était devenu l'Africain, par la force de sa destinée, moi, je puis penser à ma mère africaine, celle qui m'a embrassé et nourri à l'instant où j'ai été conçu, à l'instant où je suis né. »

Un livre autobiographique, le premier que je finis de JM le Clézio.

Un hymne à la gloire de l'Afrique et aussi du père de l'auteur. Peut être plus un hymne d'amour qu'à la gloire d'ailleurs.

JM le Clézio découvre les deux à l'âge de 8 ans.

En effet bien que conçu en Afrique, il est né en France car sa mère est rentrée accoucher en France. C'est le début de la guerre et la famille va être séparée de ce fameux père, médecin en Afrique dans les colonies Anglaises. Piégé par la seconde guerre Mondiale, le père ne peut rentrer en France. Il découvre ses enfants déjà grands. C'est trop tard, les liens qui se créent en grandissant ne pourront pas s'établir. C'est un père autoritaire, difficile que Le Clézio décrit. Même si il lui reconnait une ouverture d'esprit et une blessure béante qui explique la difficulté de créer des liens d'affection. Dans ce petit livre (104 pages) Le Clézio décrit aussi sa découverte de l'Afrique, de la liberté, de la sensualité, de l'écriture. Il y décrit des sensations physiques uniques et des moments formateurs pour toute sa vie…. Alors que cette période est courte quelques années.

C'est écrit dans une très belle langue, épurée.

Je n'avais pas réussi à accrocher à Désert qui est resté sur ma table de nuit… Mais l'Africain m'a réconcilié avec Le Clézio. Dans la foulée, j'ai lu un recueil d'entretiens « Ailleurs ».
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L'enfance de l'auteur, déjà célèbre lorsqu'il la raconte dans ce petit livre, n'est selon lui ni exotique, ni source de nostalgie bien qu'il en garde des souvenirs visuels, olfactifs et sonores très précis ; il nous transmet tout cela un demi-siècle plus tard d'une manière si réussie que le lecteur, même sans avoir vécu en Afrique, ressentira comme l'expression de ce qu'il a lui-même vécu. Né juste avant la défaite de mai 1940, JMG le Clézio est élevé sans son père, médecin britannique exilé de l'Île Maurice et exerçant consécutivement en Guyanne britanique, Cameroun et Nigéria.

Ce n'est qu'à huit ans, en 1948, que le narrateur rencontre son père qui, lui, achève alors sa vie africaine. Brutalement, le futur écrivain découvre simultanément un univers de vie et de liberté envoûtantes qu'il n'avait pu imaginer à Nice et, en contrepoint, la figure austère, sévère mais respectée, de son père.

Ce père est le personnage principal de ce court ouvrage. Plus exactement, JMG le Clézio nous décrit le processus de la découverte progressive de son père. Avant de le rencontrer, il ne l'imaginait pas, quand il le découvre il perçoit d'abord sa sévérité et ce n'est qu'après sa mort qu'il reconnaîtra toute la richesse de l'héritage moral qu'il lui doit.

Indissociable du Père, il y a l'Afrique ; à la fois l'Afrique éternelle et celle des années qui précédèrent l'accession à l'indépendance.

Crainte, respect, fascination sont des sentiments que l'écrivain nous fait partager dans une langue simple, chaude et retenue ; cette écriture rend bien compte de la distance qui a pu séparer l'enfant de son père, de ce rendez-vous à jamais manqué : "il aurait fallu grandir en écoutant un père raconter sa vie...il aurait fallu mettre sa main dans la sienne...".

le titre "L'Africain" fait à la fois référence au père et au continent ; on ne saurait dire, tant leurs portraits sont imbriqués, lequel des deux a le plus profondément déterminé l'enfance, donc la vie, de l'auteur.
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Un véritable enchantement! Cette oeuvre nous transporte en Afrique, dans une Afrique rêvée, envoûtante par ses habitants, ses paysages, son histoire. Quelle bonne idée d'avoir inséré des photographies personnelles.

On pense à Albert Schweitzer et aujourd'hui au Docteur Mukwege, le médecin qui répare les femmes.

Mes souvenirs du Kenya, de Maurice, de l'Afrique du Sud, de l'Algérie et du Sahara m'ont accompagné tout au long de cette lecture, trop courte!

JMG le Clézio est un orfèvre, merci pour ce bijou.
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C'est la première fois que je lis un livre de cet auteur, que je pensais, à tort, inaccessible, et dès les premières minutes, j'ai compris pourquoi il est prix Nobel de littérature.
Pas de répit, j'ai été happée par l'histoire de cet enfant qui, après avoir vécu la guerre chez sa grand-mère à Nice, découvre son père médecin itinérant en Afrique.
Une enfance entre la liberté des grands espaces et l'indifférence d'un père tout entier consacré à sa mission de soignant.
L'Afrique comme je ne l'avais jamais lue, poignante et magique.

Lien : https://lireandletdie.blogsp..
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Jean-Marie le Clézio nous donne ici un bref aperçu autobiographique centré sur la personne de son père. Celui-ci, de nationalités française et britannique, avait fait un mariage d'amour avec sa cousine. Mais sa vocation de médecin l'a amené à exercer très longuement en Guyane britannique, ensuite au Nord-Ouest du Cameroun, enfin au Nigéria. D'abord élevé en France par sa mère, le jeune Jean Marie Gustave a tardivement fait connaissance de son père . Il a alors découvert un « Africain » investi dans son métier, dur avec lui-même comme avec les autres et de plus en plus frustré.
On comprend facilement le choc qu'a constitué pour le futur écrivain sa rencontre avec son géniteur. D'autant que, en même temps, le jeune garçon a été immergé dans une région de l'Afrique profonde, « sauvage et très humaine », où tout était radicalement nouveau pour lui. Le Clézio écrit: « Je me souviens de tout ce que j'ai reçu quand je suis arrivé pour la première fois en Afrique: une liberté si intense que cela me brûlait, m'enivrait, que j'en jouissais jusqu'à la douleur. (…) Ce trésor est toujours vivant au fond, il ne peut pas être extirpé. Beaucoup plus que de simples souvenirs, il est fait de certitudes ».
La vie du père de J. M. G. a été brisée par la seconde guerre mondiale. Elle s'est même terminée péniblement en métropole. A la fin du livre, il y a beaucoup de tristesse…
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Dans ce récit autobiographique, Le Clézio nous présente ses attaches africaines. L'écrivain entretient avec l'Afrique une relation privilégiée, pour y avoir été conçu et partiellement élevé. Son père y a vécu l'intégralité de sa vie professionnelle, en tant que médecin de brousse.


Le récit est centré autour de ce père "l'Africain". Le Clézio nous raconte les relations difficiles qu'il a entretenues pendant son enfance avec cet homme, rigide et autoritaire et dont il a été séparé les huit premières années de sa vie. L'homme a extrêmement mal vécu la séparation forcée d'avec sa femme et ses enfants (période de guerre 39-45). La petite enfance qui n'a pas été vécue ensemble altérera à vie les relations entre eux.



Ceci n'empêchera pas Le Clézio n'éprouver de l'admiration pour ce père, par ailleurs intègre et courageux. Toute sa vie, l'homme a manifesté un profond respect pour les Africains. Il a énormément souffert du comportement des occidentaux vis à vis d'eux. Il a été très marqué, aussi, par les expériences très difficiles qu'il a vécues en tant que médecin là-bas.



Ce livre est passionnant par les éléments biographiques qu'il apporte, mais aussi parce que l'expérience vécue par la famille Le Clézio en Afrique n'a rien à voir avec celles qu'ont pu vivre les colons à la même époque. La famille Le Clézio vivait au contact des africains, sans confort particulier, en pleine nature. Elle ne fréquentait pas les occidentaux. C'est une période de sa vie qui a certainement été déterminante pour la construction de l'homme et de l'écrivain, prix Nobel de littérature.

Le texte est agrémenté de photos prises en Afrique par le papa de JMG le Clézio.


Je suis ravie d'avoir choisi ce livre, un peu par hasard (A vrai dire je ne connaissais même pas ce titre). Je pense que c'est une bonne introduction à l'oeuvre de l'écrivain.

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Une écriture plate qui dessert totalement l'histoire. L'auteur ne fait preuve d'aucun talent de conteur et on s'ennuie ferme.
Lien : http://madimado.com/2011/06/..
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J.M.G. le Clézio est pétri d'Afrique depuis le jour où, après la guerre, il a suivi sa mère et son frère pour ejoindre le père, médecin au Nigeria. Ses souvenirs d'enfance, c'est la liberté des corps, l'environnement sauvage tropical totalement nouveau, les noms des lieux, des rivières, des gens, et son père qu'il découvrait enfin. Un père sévère, mélancolique et rigoureux. C'est lui, l'Africain auquel il rend hommage par ce court roman.

L'enfance de J.M.G. le Clézio est mystérieuse, envoûtante, amère. Cet homme est issu d'une famille aux multiples origines et il a vécu, par les déplacements de son père médecin humanitaire, dans différents pays.
De cette enfance il lui reste quelques photos sepia dont certaines figurent dans le livre, mais surtout ces souvenirs, ces détails d'une époque charnière de sa vie, quand, à l'âge de huit ans il découvrit à la fois l'Afrique tropicale intérieure, la dureté de la vie, et son père l'Africain. Un passage précoce à l'âge adulte qu'il nous conte avec beaucoup de pudeur, de poésie, de simplicité. Parce que cette Afrique fait partie de lui, parce que le parcours de ses parents l'a façonné.

(...)
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