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sur 838 notes
Carmilla, l'une des première oeuvre de la littérature vampirique.
C'est un classique du roman gothique (cadre médiéval sombre et mélancolique, références aux anciens romans légendaires médiévaux, naïveté de l'héroïne, ...), un texte court qui influencera Bram Stocker.
Bien que ce soit de manière suggérée, ce fut l'un des premiers récits à oser aborder l'homosexualité féminine dans le cadre de l'Angleterre puritaine et victorienne du XIXe siècle.
Pour moi la lecture de Carmilla fut envoûtante ; un savant mélange de sensualité et de noirceur d'une beauté ténébreuse.
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Publié vers 1872, 53 ans après le Vampire de Polidori, qui a lancé la mode du vampirisme dans la littérature et 25 ans avant le Dracula de Bram Stoker qui sacre définitivement le vampire comme personnage de fiction, Carmilla est donc une lecture incontournable pour tous les amateurs de vampires.

Je remercie d'ailleurs ma fidèle binômette Missie d'avoir sélectionné cette nouvelle, me permettant ainsi de continuer mon exploration de la littérature vampirique sous ses différents traitements ! ^^

L'histoire se déroule au XIXème siècle en Styrie, un land situé en Autriche. Laura et son père vivent dans un château isolé, à proximité d'un village abandonné où la famille de Karnstein, de triste réputation, a vécu. Elle a pour seule compagnie celle de ses deux domestiques françaises, Mme Perrodon la gouvernante, et Mlle de Lafontaine, la préceptrice.
Laura commence son histoire en racontant un cauchemar qu'elle a eu enfant et où une femme étrange mais belle s'approche de son lit. Cette vision lui laisse d'abord une sensation réconfortante et agréable, jusqu'à ce que l'enfant sente deux aiguilles s'enfoncer dans son cou. Cette expérience, ressentie comme réelle, laissera une impression durable dans l'âme de la jeune fille.
Puis, nous retrouvons Laura jeune adulte solitaire. Elle attend avec impatience la visite d'un ami de son père, le général Spielsdorf et de sa nièce, Bertha Rheinfeldt. Malheureusement, une lettre leur apprend la mort prématurée de Bertha, privant la jeune fille d'une compagne de son âge.

Peu après, lors d'une promenade nocturne, les habitants du château assistent à l'accident d'une voiture, semblant jaillir de nulle part.
De l'équipage sortent une dame majestueuse et sa prétendue fille. La dame, ayant des affaires urgentes à régler et craignant de continuer le voyage avec sa fille blessée et malade, persuade le père de Laura de la garder jusqu'à son retour dans 3 mois, en arrachant la promesse qu'ils ne cherchent pas à savoir leur nom ni leur origine.
Ce n'est que plus tard que Laura découvre que le visage de Carmilla correspond à celui de son rêve. Malgré l'horreur de cette découverte, Laura ressent inexplicablement un mélange de profonde attirance et de répulsion à l'égard de cette femme.
Carmilla, de santé fragile, semble toujours faible. Elle s'enferme dans sa chambre dès la nuit venue et n'en ressort qu'en début d'après-midi. D'humeur mélancolique et changeante, elle exprime une affection très vive pour Laura.
Peu après, une étrange épidémie se répand à travers la campagne avoisinante : les femmes qui en sont atteintes meurent de langueur, après avoir rêvé être saisie à la gorge et étranglée. Laura commence à avoir des rêves semblables à celui de son enfance . Puis, à se sentir fatiguée et mélancolique. Effrayée à l'idée d'être frappée par la maladie inexpliquée qui sévit alentour, elle tente de cacher son état à son entourage... Jusqu'à ce que l'arrivée du général Spielsdorf lève le voile sur une vérité bien plus effrayante encore !

Bien que le lecteur du XXIème siècle, rompu aux codes vampiriques, devine immédiatement la nature exacte de Carmilla, la nouvelle n'en est pas moins intrigante et intéressante, puisque le suspens se focalise du coup sur le dénouement de l'histoire : de quelles manières l'influence néfaste de Carmilla sera-t-elle finalement contrecarrée ?

D'entrée de jeu, l'auteur campe un décor délicieusement gothique avec un château "aux multiples fenêtres, ses tours, sa chapelle gothique (...), une clairière pittoresque, de forme irrégulière ; à droite, un pont gothique en pente raide [permettant] à la route de franchir un cours d'eau dont les méandres s'enfoncent dans l'ombre dense des arbres." (page 6-7)
Ses descriptions sont parfois très poétiques et évocatrices, distillant habilement une atmosphère angoissante.
Que ce soit la scène précédant la rencontre avec Carmilla, durant laquelle les habitants du château se promènent pour profiter "du merveilleux clair de lune" tout en admirant l'horizon au-dessus duquel "s'étendait mollement une mince couche de brume, légère comme une fumée, qui masquait les distances de son voile transparent" (page 14-15) ou les scènes évoquant à plusieurs reprises la forme bestiale revêtue par la jeune suçeuse de sang : "... je fis le guet jusqu'à une heure du matin environ. Alors, je vis une forme noire aux contours mal définis gravir le pied du lit et s'étendre rapidement jusqu'à la gorge de ma pauvre fille, où elle s'enfla rapidement en un instant pour devenir une grosse masse palpitante." (page 89-90)
Ainsi, Le Fanu égrène tout au long du récit des indices sur la nature surnaturelle de Carmilla, faisant progressivement monter l'horreur et la tension...

L'autre intérêt du récit réside dans la fixation de certaines caractéristiques du vampire : être doué d'une beauté inhumaine, sa séduction quasi hypnotique subjugue ses victimes, impuissantes à reconnaître le danger et fatalement attirées par lui ; sa capacité à changer de forme et à traverser les murs ; ses canines pointues lui permettant de sucer le sang de ses victimes ; sa nature de prédateur le poussant à traquer sa proie avec une persistance s'approchant d'une certaine forme de désir sexuel ; son besoin de se régénérer dans son cercueil (dans Carmilla, le vampire y baigne dans une mare de sang) ; la seule manière de le tuer définitivement est de lui couper la tête et de lui enfoncer un pieu dans le coeur.

Par contre, dans Carmilla, bien que doté d'une pâle carnation et voué à des activités nocturnes, le vampire n'est pas confiné au monde de la nuit, et peut se déplacer en plein jour, se mêlant à la société humaine d'une manière tout à fait normale.

Autre originalité du roman : le vampire est ici une femme, ne s'attaquant qu'aux femmes dont elle tombe parfois passionnément amoureuse. Mais c'est un amour mortifère et possessif qui prive progressivement l'être aimé de son essence vitale. Les discours enflammés que Carmilla adressent à Laura sont on ne peut plus explicite sur la nature et la violence de ses sentiments : "Parfois, après une heure d'apathie, mon étrange et belle compagne me prenait la main et la serrait longtemps avec tendresse ; une légère rougeur aux joues, elle fixait sur mon visage un regard plein de feu languide, en respirant si vite que corsage se soulevait et retombait au rythme de son souffle tumultueux. On eût cru voir se manifester l'ardeur d'un amant. J'en étais fort gênée car cela me semblait haïssable et pourtant irrésistible. Me dévorant des yeux, elle m'attirait vers elle, et ses lèvres brûlantes couvraient mes joues de baisers tandis qu'elle murmurait d'une voix entrecoupée : « Tu es mienne, tu seras mienne, et toi et moi nous ne ferons qu'une à jamais ! » Après quoi, elle se rejetait en arrière sur sa chaise-longue, couvrait ses yeux de ses petites mains, et me laissait toute tremblante." (page 30-31)

Pour conclure, grâce à une écriture et une progression narrative efficaces, l'auteur nous immerge complètement dans ce récit gothique à l'ambiance et à l'univers fantastiques subtilement retranscrites. Et audace pour l'époque qui mérite d'être soulignée : le lesbianisme est ici abordée à travers ses deux héroïnes , Carmilla et Laura.
Par contre, j'ai été un peu déçue de ne pas en apprendre davantage sur la prétendue mère de Carmilla et ses domestiques qui l'aident à chaque fois à gagner les bonnes grâces de ses victimes. Dommage qu'on n'en sache pas plus sur leur rôle véritable...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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Carmilla est un court roman fantastique, paru en 1872. L'auteur nous plonge dans un cadre onirique, en nous transportant dans un château de Styrie, au coeur de la forêt. La narratrice Laura, une jeune anglaise, vit dans ce beau château avec son père, et elle se livre sur sa rencontre avec la mystérieuse Carmilla. Une amitié troublante s'établit entre les deux jeunes filles, Laura est fascinée par son amie, ce qui l'empêche de saisir pleinement le caractère étrange de son invitée.

J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman. J'ai été séduite par le décor, l'ambiance. Les personnages sont attachants. Laura est touchante, par sa sincérité et son innocence ; Carmilla intrigue par sa nature redoutable, dissimulée sous sa beauté angélique. Roman gothique, amour, histoire de vampires… Un incontournable du genre.
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Après avoir lu le Vampire de Polidori, je me suis lancée dans la lecture de Carmilla.
Bien que seulement vingt ans sépare ces deux nouvelles, j'ai vraiment été frappée par le fait que Carmilla était beaucoup plus abouti que le Vampire.
C'est à dire que j'ai trouvé l'intrigue plus fine, les personnages écrits avec beaucoup de suspense ; l'auteur n'y allait pas à coup de massue et de gros sabots.
J'ai beaucoup aimé le style et la traduction, le récit était vraiment bien mené.
J'avais vraiment sentie qu'avec Carmilla, on commençait à entrer dans "l'ère du vampire", ce qui le caractérise, avec la tombe, la nuit, le clair de lune, la pâleur, les vieux châteaux et les vieux titres.

Lecture très agréable, à lire
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Sheridan le Fanu fut, au XIXème siècle, un des précurseurs du genre "vampire" en littérature. Bram Stoker n'a jamais caché l'influence de Carmilla sur son oeuvre. Si Dracula est un monstre impitoyable à abattre à tout prix, Carmilla demeure un vampire indéfinissable.
Une vampire femme. Toute sensualité et mystère.
Carmilla est décrite par sa victime, Laura, huit ans après leur rencontre. Sous la plume de la candide jeune fille, le lecteur éprouve le mélange de fascination et de légère répulsion de Laura à l'égard de de sa troublante amie.
Une amie apparue "par accident", que l'on choye et aime. Car Carmilla est de toute beauté. Un vampire aux joues colorées, qui ne craint ni le jour ni l'ail. Elle aime les promenades et se nourrit frugalement de chocolat chaud l'après-midi.
Mais Carmilla reste un être de la nuit. Elle jette son dévolu sur de nobles jeunes filles de Styrie. Elle se glisse les soirs dans leurs esprits et leurs lits. Elle les aiment à les faire mourir.
Laura fascine Carmilla. Elle l'aime et la veut à jamais. Laura se laisse bercer par les paroles morbides et les caresses charnelles de son amie. Sous son emprise, elle ne s'inquiète guère des attitudes étranges, déroutantes de Carmilla.
Toutefois les mots suaves de la sublime vampire n'empêchent pas Laura et sa famille de découvrir sa véritable identité. Carmilla est un être sans vie qui erre les nuits en quête de proies humaines inoffensives.

Un portrait de vampire unique et qui peut continuer d'intriguer par l'audace de l'auteur à rendre si amical un être si démoniaque. Et surtout d'oser faire clamer sans détour, à Carmilla, son amour des jeunes filles.
Sans doute, pour l'époque, faut-il être, comme Carmilla pour parler ainsi... aussi libre qu'un vampire.
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Légèrement antérieur au Dracula de Stoker, plus court, plus concis, plus poétique aussi. Je confesse l'avoir préféré à son grand frère : Carmilla me semble plus complexe, plus difficile à cerner, à décrypter qu'un Dracula qui m'apparaissait dans le roman comme le mal absolu dénué d'un quelconque sentiment (sans doute y suis-je passé à côté à l'époque...).
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Un petit classique de la littérature gothique et vampirique qui n'est pas sans rappeler Dracula. Mais il me semble que Carmilla lui est antérieur. C'est une nouvelle passionnante, légèrement horrifique qui se lit très facilement. Une femme vampire, lesbienne de surcroît, ça fait plaisir ! Même si l'homoérotisme est ici assez associé à la perversité du vampirisme. On est au XIXe quand même !
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Quand on s'intéresse à la présence et au traitement du vampire dans la littérature, Carmilla est un roman incontournable, tant il s'avère fondateur. Dans une langue très soignée, volontiers poétique, on suit avec plaisir le cheminement de la jeune Laura et de son père vers une vérité que l'on a bien sûr devinée dès le premier chapitre. Voilà ce qui est dommage avec Carmilla : strictement aucun effet de surprise, en dépit de la qualité de la narration. Certes, que l'antagoniste soit une femme vampire ajoute une touche d'originalité (quoique les allusions à l'homosexualité féminine soient très discrètes, voire anecdotiques), mais on est loin de ressentir le même frisson qu'avec Dracula.
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- Pas De spoilers -

Sans les recommandations d'une amie, je serais passé à côté de ce fascinant récit et je m'en serais tenu à Bram Stoker, Anne Rice ou Tanith Lee.
Bien entendu, parmi les lecteurs assidus, Carmilla de Sheridan le Fanu est parfaitement connu, mais il est ignoré du public plus large qui lui préfère... Twilight.
L'ambiance gothique de ce récit évite, selon moi, les écueils de le lourdeur qui caractérise de nombreuses oeuvres du genre (et de son époque). Il se lit bien et vite.
Arrivé à la fin, j'avais été autant émerveillé que déçu, car une fois la dernière page tournée, il n'y en avait pas d'autre.

J'en recommande chaudement la lecture !
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Joseph Sheridan le Fanu (1814-1873) est un écrivain irlandais, l'un des auteurs majeurs du récit fantastique. C'est en 1872 qu'il publie son recueil de nouvelles le plus célèbre, Les Créatures du miroir. Ce recueil renferme quelques-uns des textes les plus lus de le Fanu encore aujourd'hui, comme Thé vert, Monsieur le juge Arbottle, La Chambre du Dragon volant, sans oublier le classique qui allait inspirer un autre célèbre écrivain irlandais 25 ans plus tard (Bram Stoker), Carmilla.
Un château en Styrie, au sud de l'Autriche. le propriétaire et sa fille Laura accueillent inopinément Carmilla, une jeune fille de l'âge de Laura et qui leur est inconnue, victime d'un accident de calèche. Les deux jeunesses s'entendent à merveille mais bientôt la santé de Laura décline, fatigue, apathie, rêves effrayants, au désespoir de son père. A la même époque, plusieurs jeunes paysannes meurent mystérieusement dans le voisinage….
Court roman ou novella, Carmilla s'inscrit dans le courant gothique de la littérature vampirique. Comme pour tous les romans si anciens, le jeune lecteur moderne devra faire montre de compréhension et d'un minimum d'efforts pour se replacer dans le contexte d'alors, le procédé narratif n'étant plus celui employé de nos jours. L'horreur pourrait paraître moins prégnante mais pourtant elle est bien là, qui rôde à chaque page, soit par des non-dits qui attisent la curiosité inquiète, soit carrément par des images floues mais pourtant bien réelles comme cette scène horrifique où Laura se réveille en pleine nuit et aperçoit une silhouette noire et souple comme un énorme chat qui rampe au pied de son lit…
L'intrigue est riche en développements et énigmes autres que ceux déjà évoqués et sur lesquels je ne m'étends pas mais vous en donne quelques exemples rapides : étrangement Carmilla ne veut rien révéler de sa vie passée et de sa famille à ses hôtes, un ami du père de Laura lui apprend le décès soudain de sa propre enfant après avoir lui aussi recueilli une certaine Millarca (notez l'anagramme !) et dont les premiers symptômes correspondent à l'état de Laura…
L'angle original adopté par Le Fanu pour ce roman, surtout pour l'époque, c'est sa dimension saphique d'une grande sensualité. Carmilla cajole Laura, l'abreuve de compliments sur sa beauté, l'embrasse dans le cou, « Je n'ai aimé, et n'aimerai jamais personne, chuchota-t-elle. A moins qu'il ne s'agisse de vous » ce qui trouble plus encore Laura – d'une naïveté tout du long du livre, qu'on doit là encore replacer dans le contexte d'alors – irrésistiblement attirée mais « consciente aussi d'une certaine horreur. »
La scène finale digne des meilleurs romans du genre, se déroule dans le cimetière où repose la goule, les gentils appliquant le châtiment habituel qu'on réserve à ces créatures pour les exterminer à jamais… ?
Le roman est délicatement écrit, tout en finesse, et si – comme j'ai prévenu – je n'ai pas tremblé à sa lecture, je m'en suis néanmoins régalé.

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