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EAN : 9782369352198
256 pages
Le Passager Clandestin (26/03/2019)
4.42/5   6 notes
Résumé :
La zad de Notre-Dame-des-Landes est devenue le plus grand squat à ciel ouvert d'Europe. Utopie réalisée pour certain.es, espace de rencontres et critique en acte du capitalisme, elle n'a pas fini de soulever les passions.

Réunissant de nombreux récits, photographies, croquis et cartes inédites, ce livre raconte l'évolution d'un territoire où ce geste simple, habiter, est inséparable de celui de lutter.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Revenant sur quarante ans de combat dont les dix derniers marqués par l'occupation d'un territoire de bocage, à Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, condamné par un projet d'aéroport, cet ouvrage propose de garder les traces de cette expérience humaine et de les partager : l'invention du quotidien avec sa gestion politique et ses assemblées, la transmission des savoir-faire, les chantiers collectifs et tous les événements qui ont permis de tenir tête aux gouvernements successifs. Il s'agit d'inspirer, de « montrer comment habiter un territoire peut devenir un moyen de lutte », de « donner de l'espoir à celles et ceux qui ailleurs, aussi, ont fait le choix de ne pas se résigner ».
(...)
Appuyé sur de très nombreux témoignages, cet ouvrage, certainement le plus complet existant, rend à la fois compte de l'histoire de la lutte contre l'aéroport et des initiatives mises en place, visant l'autonomie à travers l'autogestion et des formes d'organisation horizontale, la « perspective de faire commune », d' « imaginer un processus révolutionnaire qui ne passe plus par l'espoir d'un Grand Soir » mais par la mise en actes d'une critique radicale : « Déserter pour ne plus participer à un système honni, chercher des complices, les rencontrer et construire avec elles et eux le monde auquel on aspire. »


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Habiter en lutte : ZAD de Notre-Dame-des-Landes – 40 ans de résistance est un livre écrit par le collectif comm'un et publié en 2019 chez le Passager Clandestin. Il raconte l'histoire de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, les quarante ans de lutte contre le projet d'aéroport.

Ses 256 pages sont découpées en 8 chapitres :

Histoire conflictuelle du bocage, avant les années 2000 : l'histoire du territoire du bocage autour de Notre-Dame-des-Landes, les premières annonces du projet d'aéroport au début des années 1970, les premières oppositions au projet, la création de la Zone d'Aménagement Différé et les mesures d'expropriation allant avec, puis l'enterrement du projet pendant plusieurs décennies

Un projet d'aéroport controversé, de 2000 à 2012 : la relance du projet d'aéroport en 2000 ; la renaissance des oppositions ; l'ouverture du débat public ; la bataille argumentative ; la diversité des opposants et de leurs moyens d'action

Naissance de la zone à défendre, de 2007 à 2012 : les premières installations illégales suite aux appels à occupation ; l'ancrage des occupants dans le territoire avec des auto-médias, une agriculture d'occupation, des habitations intégrées dans le territoire ; l'organisation de la défense du bocage ; les premiers mesures d'expulsion

Une tentative d'expulsion ratée, du 16 octobre au 24 novembre 2012 : l'opération César, l'usage de la force, la guérilla bocagère, l'art de la barricade ; la manifestation de réoccupation, l'opération Astérix, la défense des tracteurs ; l'enlisement de l'opération César, l'intensification de la répression et finalement les effets contraires de l'opération César, qui devait vider la ZAD et a fédéré les opposants au projet face à la violence des expulsions

Le bocage sous occupation militaire, du 25 novembre 2012 au 19 avril 2013 : la vie entre les checkpoints ; la diversité toujours accrue des occupants, la ZAD comme refuge, les espaces d'organisation du mouvement ; l'espoir d'un départ des forces de l'ordre

Vivre ensemble et sans Etat, d'avril 2013 à décembre 2015 : une occupation complexe, avec la question de construire pour rester, les tensions entre des occupants aux approches et aux idéologies différentes, notamment autour de la “route des chicanes” entre paysans et occupants venus d'ailleurs ; la force du collectif, l'organisation par lieu de vie et à l'échelle d'un territoire, la création d'un imaginaire commun ; les outils de l'autonomie : cultiver ensemble, la récup' et les chantiers collectifs, inventer et dessiner son territoire

L'enracinement d'un “habiter en lutte”, de décembre 2015 à janvier 2018 : l'opposition jamais à court d'idées : la manifestation sur le pont de Cheviré sur le périphérique nantais, les polémiques autour du périmètre géographique de la consultation sur le projet d'aéroport, limitée à la Loire-Atlantique ; l'organisation collective : prises de décision sur la ZAD, limites à la violence, bases communes pour l'avenir de la ZAD ; construire du “commun” : les nouveaux communaux, les projets agricoles, les constructions en dur ; l'extension des champs de lutte, notamment dans le cortège de tête des manifestations contre la loi Travail

Rien n'est fini, et tout commence !, depuis 2018 : l'ivresse de la victoire suite à l'annonce de l'abandon du projet d'aéroport, la gueule de bois avec le retour des tensions entre les factions de l'opposition à l'aéroport, la nouvelle vague, la légalisation de certains occupants, et le refus par d'autres d'entrer dans le jeu de l'Etat, et les doutes sur l'avenir du territoire de la ZAD

Ce livre est passionnant, il raconte parfaitement l'histoire de la lutte autour de Notre-Dame-des-Landes, avec toutes ses composantes : les pouvoirs publics, les entreprises en charge du projet, les paysans attachés à leurs terres dont ils vivent, les habitants historiques expropriés, les nouveaux venus qui sont arrivés pour lutter contre le projet d'aéroport et le modèle de société capitaliste.

Ce qui m'a particulièrement intéressé, c'est la description de l'organisation de la vie au sein de la ZAD, avec ses modèles alternatifs, certes imparfaits mais qui ont le mérite d'exister. La ZAD m'apparait comme un laboratoire d'expérimentation d'autres modèles de société, une expérience grandeur nature d'une société non capitaliste et basée sur l'entraide, la solidarité, le refus de toute domination ou oppression.

Le dernier chapitre et la conclusion posent d'ailleurs une question essentielle : comment faire vivre ces nouveaux modes de vie sur le territoire après la fin de la lutte, comment éviter les conflits internes quand les enjeux de chacun divergent, comment maintenir cet état esprit après la “victoire” ?
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Encore une masse critique de grande qualité grâce à laquelle j'ai reçu "Habiter en lutte", sous-titré "Zad de Notre-Dame-des-Landes: Quarante ans de résistance". Qui aurait pu penser que ce livre "chronologique" serait aussi passionnant? Les auteur•es sont parvenu•es à traiter les faits de manière très documentée (notamment les cartes qui retracent l'évolution du territoire de la Zad, d'une grande précision), avec un regard à la fois proche et distant sur les engrenages qui ont mené à une lutte inédite, une sorte de guérilla en milieu rural qui se transforme en combat symbolique pour une autre logique de construction de la société. le titre est tellement important pour comprendre qu'habiter la zad c'était déjà une victoire en soi. L'action des opposant•es sur le terrain reposait sur ce mode d'action utopiste, naïf mais efficace, la volonté d'habiter quelque part, le squat stratégique, l'occupation du territoire sous de nouvelles formes...
Je pense que ce livre est convaincant car il est factuel et qu'il rétablit un peu l'évolution des rapports de force dans le temps entre l'état, les militant•es, les entreprises, les forces de l'ordre, ce qui était compliqué quand on était au coeur de la tourmente médiatique.
La Zad c'est un lieu romanesque, il n'y a pas à dire et je suis persuadée que c'est ce qui a fédéré tant de monde autour de ce combat. Une vision de l'avenir où la terre mérite d'être défendue avec passion, organisation mais aussi violence parfois. Dans ce livre, beaucoup de "personnages": des militant•es, des paysan•nes, des écolos, des squatteurs, des politiques, des marginaux... La Zad on l'admire pour la force de son collectif, parce qu'ils•elles n'ont jamais "lâché l'affaire", parce que c'était un combat essentiel. Mais on la redoute aussi, parce qu'on connait mal son organisation et qu'on peut la penser explosive. Sauf quand les violences policières s'intensifient, erreur stratégique importante car la société prend rapidement le parti de ceux qui ont été blessés et qui défendent une vraie liberté, leur idéal de vie.
Vraiment un livre à recommander pour ne pas rester sur des idées reçues véhiculées par les médias, et pour la réflexion politique et la rupture revendiquée avec le mode de vie de la société actuellement.
Dernière remarque formelle: je crois que c'est le premier livre que je lis et qui applique l'écriture inclusive. Je suis pour mais j'avais peur d'être déconcentrée dans ma lecture. Peut-être un peu surprise sur 2 ou 3 pages puis j'ai oublié et je me suis habituée. Donc belle initiative et ça marche.
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L'ouvrage retrace l'historique de la ZAD de NDDL en huit chapitres. Des années 70 au début des années 2000, où le projet d'aéroport a commencé à former la ZAD mais sans aboutir, puis des années 2000 à 2012, où le projet est remis sur le tapis mais fait largement controverse (notamment pour des soucis écologiques notables, dont la destruction d'une vraie biodiversité), et plus précisément de 2007 à 2012 ou la ZAD devient "zone à défendre. Fin 2012, les premières tentatives d'expulsion commencent, et frappent fort, mais sans réussir à déloger les occupant•es ni à effrayer suffisamment pour enrayer le mouvement. Jusqu'en 2013, la ZAD est sous occupation militaire, puis, jusqu'en 2018, la ZAD devient une sorte d'utopie autonome, avant une seconde vague d'expulsion, qui marque néanmoins la fin du projet d'aéroport.

Au-delà de l'aspect lutte contre un projet d'État, la ZAD est avant tout un territoire, avec ses spécificités, ses habitant•es historiques, son écosystème... et, bientôt, les occupant•es, qui vont se mêler à la population locale, qui vont s'approprier le terrain et aider les propriétaires à garder leurs maisons et leurs terres. Une zone de partage, d'apprentissage, de "métissage", de collectivité. de nombreuses nouvelles structures vont s'ériger, que ce soit des cabanes de fortune, des nouveaux hangars, des champs cultivés, des maisons laissées vides puis squattées. Il est beaucoup question d'ailleurs de la vie en squat, de ses particularités, de ses forces et de ses faiblesses, et de la façon dont cela apporte à la vie en commun, au partage des valeurs et au lutter ensemble contre un système.

On y découvre donc une population très diverse, mais qui n'hésite pas à se serrer les coudes, et aussi à en découdre quand il le faut, qui vit le plus possible en autarcie, et qui tente de se libérer du système. Production alimentaire, élevage, menuiserie, construction, électricité et eau, récup', et aussi mise en place de marchés à prix libres. Au-delà de ça, c'est toute une organisation sociale à faire tourner, mais aussi un fort aspect culturel. Entre la bibliothèque, la radio, les concerts, les évènements de partage de luttes, les ateliers, les conférences, les festivals... Il y a de quoi s'enrichir à tous les niveaux, et ce sans parler d'argent.

Pour qui souhaite approfondir le sujet de la ZAD de NDDL qui a beaucoup retenti ces dernières années, ou pour qui souhaite mieux comprendre comment peut s'organiser la vie en-dehors du système, comment lutter efficacement, comment réfléchir l'environnement, l'habitat et la communauté, cet ouvrage est très complet et simple à assimiler. Écrit de façon collective, avec notamment deux personnes habitant à la zad depuis plusieurs années et deux soutiens réguliers, il se veut proche des habitant•es et des occupant•es, et donc proche de la lutte. Écrit en langage inclusif, ce qui est un bon point, avec une couverture très agréable au toucher, de chouettes illustrations et de nombreuses photos en noir et blanc pour se rendre compte de la vie du lieu. Une chronologie vous attend en fin d'ouvrage pour mieux vous repérer, ainsi qu'une carte du territoire à chaque chapitre pour comprendre comment s'organise la zad entre occupation et expulsion. C'est un livre qui appelle à la résistance, et en ces temps de politique plus que pourrie, c'est donc un livre d'utilité publique.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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1er ouvrage que je lis sur la Zad, j'avais envie de me faire une autre idée de ce qu'on voyait dans les médias traditionnels, lire enfin un ouvrage qui se fait réellement l'échos des luttes des Zadistes et qui retranscrit leurs expérimentations et porte leurs valeurs.

Un ouvrage bien documenté que l'on tient entre les mains, clairement présenté, très fourni à l'aide de photographies, de cartes topographiques précisant vraiment les différents endroits qui ont vu naître et évoluer les combats.

Contenu détaillé, une présentation chronologique, des sources nombreuses, différents témoignages, tout cela apporte une dimension plus globale et en même temps plus précise de la Zad (terres d'expérimentations, terres de luttes, terres de solidarité…)

C'est très riche, très dense. Je pense que cela s'adresse plutôt à un public vraiment en demande d'informations plus poussées, plus concrètes, afin d'avoir une vision au plus près de la Zad, donne à voir un autre modèle de vie.

Ce qui est intéressant également c'est la retranscription du rapport de force déséquilibrée de la police et des Zadistes, quelques passages surréalistes et où l'on se rend compte du pouvoir des médias dominants qui apporte un éclairage très centré sur le rôle « protecteur » de la police ….

Un ouvrage où l'écriture inclusive est utilisée, un parti pris engagé pour la féminisation des écrits qui ne gêne en rien la lecture, ce n'est qu'une question d'habitude pour une égalité représentée par la langue. Transformer la langue, transformer la société, ça sonne juste pour tout ce que livre présente comme luttes contre les injustices, les inégalités, le sexisme, le dogme de la croissance…

C'est un travail remarquable que les auteurs et autrices nous livrent sur la Zad !
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
À la zad, les occupant.es ne cherchent pas à créer des solutions reproductibles ailleurs mais par leurs nombreuses tentatives, ils et elles ouvrent de nouvelles perspectives et montrent qu’il est possible de s’organiser ensemble en limitant les rapports hiérarchiques et de domination.
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Sur place, il est hors de question de passer par le vote pour prendre une décision car, pour toutes et tous, il acte la domination de la majorité sur les minorités. Personnes ici ne se reconnait dans la démocratie participative, telle qu’elle est appliquée dans un grand nombre de pays, car elle impose toujours un gouvernement et une autorité incarnée par des personnes placées au-dessus des autres. Se passer de représentant.es élu.es implique de passer beaucoup de temps à discuter pour élaborer les décisions ensemble, au consensus.
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Comme l'affirment des habitant•es de la zad ayant fait le pari des COP dans un communiqué de juin 2018: " Le rapport au monde que l'on défend ne rentrera jamais, ni dans le cadre étatique, ni dans une fiche. C'est pourquoi nous devrons toujours batailler pour lui, comme nous avons bataillé hier contre le bétonnage." (...)
Comme le rappelle sobrement une banderole accrochée dans un arbre au-dessus du Gourbi, ils continuent malgré la tourmente passée de l'affirmer haut et fort: "Nos rêves ne sont pas légalisables".
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La répression n'est pas seulement judiciaire: elle est aussi physique. Les armes de la police ont fait de nombreux•ses blessé•es. Les balles en caoutchouc (de type flashball) ont provoqué hémorragies et fractures. Les grenades assourdissantes et de désencerclement lorsqu'elles éclatent projettent des bouts métalliques ou plastiques dans les chairs qui sont souvent impossibles à extraire. L'usage massif des gaz lacrymogènes entraîne des troubles digestifs et respiratoires plus ou moins sévères. Pour la seule et dernière journée de l'opération César, le 24 novembre, l'équipe medic a fait état de plus de 100 blessé•es dont 30 graves.
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La vie dans les squats tend généralement vers l'autonomie à travers l'autogestion et des formes d'organisations horizontales. L'occupation de bâtiments ou de logements vides est une action concrète de résistance qui s'apparente à la « propagande par le fait » prônée par les premiers courants de l'anarchisme de la fin du XIXe siècle. Cette occupation n'est pas seulement une volonté de loger quelque part mais d'habiter l'endroit, de s'organiser collectivement pour le faire vivre, l'entretenir et accueillir de multiples activités. Ces lieux qui tentent de se libérer du marché et de la propriété privée sont propices à l'expérimentation de nombreux imaginaires. (...) Squatter signifie souvent être débrouillard•e, aventurier•ère et explorateur•ice du territoire environnant - en amenant à perfectionner sa connaissance des espaces laissés vides, savoir ouvrir une porte anti-squat, remettre l'eau et l'électricité en service, aménager des lieux par quelques bricolages et travaux. C'est aussi la recherche d'une existence où l'on possède peu, ou alors collectivement, pour répondre à la surproduction et la surconsommation de la société contemporaine.
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