Voici, sûrement, l'un des plus précieux des numéros de "L'Illustration Théâtrale". Publié en mars 1909,
Francis de Croisset, l'un des plus célèbres auteurs dramatiques de son temps, y met en scène les nouvelles aventures d'Arsène Lupin d'après les romans de
Maurice Leblanc.
Cette pièce, représentée pour la première fois, en octobre 1908, au théâtre de l'Athénée, à Paris, obtint, dès la répétition générale le succès que la presse avait prévu et proclamé. Il ne pouvait en être autrement.
Germaine, fiancée depuis sept ans, va enfin se marier avec le duc de Charnerace. Lors de la vente de son château au père de sa fiancée et à la veille de partir pour une longue expédition au pôle sud, Jacques de Charnerace est tombé amoureux de la jeune fille de seize ans.
Elle en a aujourd'hui vingt-trois et a retrouvé son fiancé changé. Il a, maintenant, l'air grave et pédant, le monde l'agace et il ne retrouve sa gaité que pour se moquer des gens qui l'entourent.
Durant l'absence du duc de Charnerace, Lupin, le plus fantaisiste, le plus audacieux, le plus génial des filous a dérobé toute la collection de tableaux du château qui contenait entre autre le seul portrait du duc.
Quelques temps avant de signer son forfait, il avait adressé au père de Jacques une lettre faisant l'inventaire de la collection et priant de faire emballer convenablement celle-ci avant de l'expédier, port payé, en gare des Batignolles, sous huit jours......
Au lendemain de la répétition générale, Mr Camille le Senne écrit dans "Le Siècle : "Arsène Lupin" comptera parmi les grands succès de l'Athénée. C'est une pièce amusante à l'extrême, débordante de fantaisie, plus fertile en péripéties que dix volumes de Gaboriau et en même temps plus farcie de trucs qu'un manuel de
Robert Houdin".
Et même si je soupçonne Mr le Senne d'avoir un peu exagéré, il est vrai que cette pièce, qui n'a que de belles rides comme marques de son âge, est aujourd'hui, encore, un formidable morceau de scène qui se lit avec énormément de plaisir.