En attendant l'été, paru en 1979, est un roman dans le goût des années 70. Il se déroule à Saint-Tropez dont les moeurs de l'époque sont bien analysées -
Brigitte Bardot comprise - : vie nocturne, pin-up succombant après un verre offert, agents immobiliers prêts à fondre sur tout acheteur potentiel venu du nord, autrement dit au-dessus de Valence.
L'histoire se ramifie rapidement au-delà de la presqu'île tropézienne ; l'auteur délaisse une secte de doux-dingues-rêveurs, une fille trop jolie victime de sa beauté, pour aborder la finance internationale. L'action peu subtile constituée de trop nombreux et irréalistes rebondissements est le point faible du roman.
Mais l'intrigue banale est illuminée par le style unique de
Michel Lebrun, baptisé par ses pairs « pape du polar », en raison de son travail iconographique sur cette branche de la littérature longtemps méprisée, qu'il a sa vie durant, réhabilitée. Inspiré par
Marcel Aymé ou
Paul Léautaud, son style pur ne vieillit pas : « Sujet, verbe, complément. le moins d'adverbes possible, et le moins d'adjectifs qualificatifs possible. A partir de ce moment-là, la phrase est dégraissée, les mots disent ce qu'ils veulent dire et la lecture coule d'un trait ».
Méthode appliquée à la lettre dans
En attendant l'été. Au final, une histoire datée servie par un style intemporel.