C'est avec beaucoup de regrets que j'ai refermé l'ultime volume retraçant la saga de Cinquecento.
Malgré tout, je me demande si les deux auteurs ne nous réservent pas une petite surprise ... ... ... ... en la préparation d'un 7eme tome. En effet, le denouement n'en pas vraiment un, et, appelle une suite sur le devenir de la belle Laura.
L'histoire avec un grand H est toujours présente. C'est un véritable régal d'assister à la rivalité entre François 1er et de Charle Quint, et, tous les coups sont permis (complots, tractations à n'en plus finir, trahisons, etc) afin d'attirer dans son giron Venise au travers les yeux, les questions des divers protagonistes évoluant dans ce volume.
Et comme d'habitude, on y apprends plein de choses au point de vue historique (que se soit l'histoire de Venise, de l'Europe et/ou de la Turquie), artistique. ainsi que la vie quotidienne venitienne.
On retrouve également le peintre Titien, toujours à l'apogée de son art, et, régant toujours en maître sur la peinture vénitienne, voire même européeenne. On assiste également au tout début d'un certain Tintoret, que le Titien évoque (déjà) avec un léger mépris. Ce qui laisse présager la future rivalité entre ces deux géants de la peinture.
En un mot, j'ai littéralement dévoré la saga de Cinquecento, et, je ne peux qu'appuyer et en recommander la lecture.
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Laura entend, accumule ces informations, les soupèse :
– Tant de nominations en si peu de temps... Cela s’est-il déjà vu ?
– Non, Zia. Et je partage votre étonnement. Il y a une volonté.
– Pour faire émerger Costantino...
Nicolino cherche à combler le silence, fait remarquer que dans la vie, chacun se forge un personnage ; que Costantino avait choisi le sien, mais peut-être en cachait-il un autre. Peut-être Costantino s’était-il distingué sans qu’on l’ait su, peut-être a-t-il des amis insoupçonnés...
– Zia, Costantino s’était déjà acquitté de plusieurs missions extraordinaires...
– Je ne mets pas en doute sa compétence, rétorque vivement Laura.
Mais son esprit continuait à cheminer, car au bout d’un silence, elle prononce, comme pour elle-même :
– Qui a intérêt à poster les deux frères Cavazza aux deux assemblées rivales les plus importantes de Venise ? Et dans quel but ?
Nicolino se sent pâlir. Dans l’agitation de la réunion familiale, il n’avait pas pu réfléchir assez loin et il voit clair maintenant. Laura vient de mettre au jour la cause du malaise qu’il cherchait à définir car elle a posé explicitement la seule question qui vaille qu’on y réponde. Ce qu’il avait ressenti, ce n’était ni de l’aigreur, ni de la jalousie, c’était de la peur. Car cette question le concernait lui aussi, Nicolò Cavazza, secrétaire en titre du Sénat.
Martolosso a vu tanguer la table et flotter dans l’air la silhouette des trois hommes en rouge.
– Mais peut-être aurons-nous encore besoin de vos services dans la suite de notre enquête. Nous voulons pouvoir compter sur vous.
Trois mille ducats. Que ne ferait-il, Martolosso, pour trois mille ducats ! La dot maximum d’une fille noble, plus qu’un salaire annuel de Doge ! Fallait-il qu’il s’agenouille sur le plancher, qu’il baise la robe de chacun de ces seigneurs ?
Toujours est-il que, rendu à l’air libre et à la grande lumière du dehors, Martolosso s’est adossé à la colonnade du palais et que la logetta blanche s’est mise à voguer sur la piazzetta et que le campanile gitait comme un mât de galère à la merci de la houle. Sous la lumière aveuglante, il pensa au glaive de feu de l’ange de la Vérité. Ce qu’il avait vécu n’était que fantômes et fièvres ; ce qu’il avait dit prenait le poids bien réel et bien lourd de la bourse qui pendait à sa ceinture.
L’ange de la Vérité se dissolvait dans la lumière de midi. Le poids de l’or confirmait la véracité du mensonge.