Le roman de
Catherine Lépront est une belle oeuvre de fiction. L'écriture est finement précieuse, les décors de l'action sont un peu désuet (les cabines de bains, les belles maisons), un peu hors du temps. Il y a de superbes descriptions de paysages de bord de mer, de jardins, de villa, de couchés de soleil, (lorsque Eléonore va prendre son bain de lumière). La galerie de personnages est riche, leurs noms sont presque tous des images, (Chagrin d'amour qui devient Esther, Bob Escale, le reporter- les COAC, Emile H, le Colosse, et surtout
l'anglaise Meredith Gabel qui s'est introduite chez les riches pour profiter de leurs largesses – la gabelle était un impôt - etc...) leur rôle dans l'histoire est souvent métaphorique (la maison des soeurs Silhouette qui s'écroule dans la mer). Bien que le livre se déroule dans un milieu plutôt aisé, il y a une belle envolée sur les riches de la spéculation, des marchés. Emile un brillant designer, fait vivre toute sa famille, dans une luxueuse villa d'une station balnéaire et dans un bel appartement parisien, il a rencontré une aventurière, mais ne la présente pas à sa famille, il choisit de la nommée
L'Anglaise, celle-ci s'accroche à lui, comme elle a déjà fait pour d'autres hommes aisés. (dont un patron du CAC 40). Elle devient l'intruse dans le monde de la famille H. Lorsque Emile meurt sa famille apprend qu'il était marié avec
l'anglaise, un reporter de la presse people Bob Escale va aider la famille et le microcosme de Saint-M à découvrir qui elle est. Elle est la métaphore de " l'argent qui détruit tout ce qu'il touche ", mais elle est aussi le bouc émissaire de ce qu'ils n'ont pas réussi à devenir. J'avais apprécié " Les gens du monde ", un précédent roman de
Catherine Lépront, le charme opère à nouveau avec celui-ci.