Je viens de finir le livre. Que dire ? J'aurais pourtant des centaines de choses à écrire sur ce livre, mais cette lecture est si marquante qu'elle me laisse sans mot. Et peut-être est-ce que je devrais faire : me taire pour laisser raisonner ce témoignage qui doit être universellement entendu. L'horreur vécu par
Primo Levi est une expérience indicible, l'expérience de l'inhumanité à son paroxysme. Cette lecture m'a laissé avec une angoisse amère et une honte d'être humain, car oui cela peut paraitre innocent mais à chaque moment de ma lecture, je me questionnais : comment l'humain est capable de telles atrocités ? Non les bêtes ne sont pas les détenus du camp contrairement à ce que les Nazis ont voulu faire croire mais bien les humains qui ont organisé ou laissé se faire cette fabrique de la torture et de la mort.
Revenons-en au livre. Bien sur, comme tout le monde, j'ai appris ce qu'il se passait dans les camps de concentration en cours d'histoire. Mais ce témoignage est une voix humaine qui ne se contente pas de dire ce qu'il s'est passé, mais qui nous invite à partager sa conscience d'homme meurtri. Il s'agit d'une voix que tout le monde devrait écouter sans exception. J'avais commencé une première fois à lire ce livre, mais je n'ai pu réussir à le finir tant la violence sans mot de ce récit m'a bouleversée. Quelques mois plus tard je le repris. Les premiers chapitres furent toujours aussi difficiles. Je ne pouvais m'empêcher de penser jour et nuit à vos mots,
Primo Levi. A ce que vous aviez vécu et que personne n'aurait jamais du vivre. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable de pouvoir, moi, me nourrir copieusement, de pouvoir dormir, me laver, échanger, lire, courir, vivre alors que je savais que des millions de personnes ont connu l'enfer dans ces « Lager ». Levi fait souvent des références à
la Divine Comédie de
Dante, mais ce qui s'est passé dans ce camp, est bien pire que l'enfer ; l'enfer est trop humain par rapport à l'expérience de la déportation. Et cela d'ailleurs,
Primo Levi le dit mieux que moi à travers de nombreuses réflexions dans son texte : que le Häftling –le détenu- n'a pas même la force de penser et de se souvenir, qu'il est réduit à se demander s'il aurait assez de soupe, quand il aura de nouvelles chemises…que le Häftling se retrouve dans un état de survie, et qu'il est capable à tout pour arriver à ses fins…que l'expérience du camp est une expérience intemporelle où le passé et le présent n'existe pas, où rien d'humain existe en somme…Finalement la question douloureuse que l'on se pose est : Quelles sont les limites de l'humain ? Force m'est de constater que les limites de l'humain sont bien plus éloignés que ce qu'on aimerait bien croire. Même si j'ai qualifié métaphoriquement les nazis de bêtes plus haut, ils restent des humains, et il est trop facile de justifier leur actes en les qualifiant de monstres…Non, ils sont des humains comme vous et moi. C'est pourquoi il est plus que nécessaire de lire le précieux et beau témoignage de Levi pour comprendre jusqu'où peut mener la bêtise humaine.
La fin nous montre malgré tout que l'humain, bien qu'on veuille l'anéantir ou le transformer en bête, peut rester humain…C'est pour rester humain que nous devrions tout un chacun lire le témoignage de Levi, pour écouter son cri poignant. Merci d'avoir parlé,
Primo Levi. Merci d'avoir su dire l'indicible, même si ce vous avez vécu ne pourra jamais être assez bien dit. Ma critique est désordonnée et n'apporte rien de nécessairement intéressant…mais je suis malgré tout contente de l'avoir écrit, du moins simplement pour moi-même. Pour remercier ce grand homme qu'est
Primo Levi et conserver une trace de cette lecture qui m'a bouleversée, et qui j'en suis sure, n'oublierai jamais. C'est d'ailleurs le but de ce témoignage. Je vous promets de ne jamais oublier,
Primo Levi.