L'auteur nous amène avec lui dans son ( ses ) périples en Inde auprès des renonçants. Qu'il va lui même devenir sous l'aile de son guru Anandababa.
On y est happé comme dans un roman, l'auteur pose un regard doux, poétique et divin sur ses rencontres, parfois moins et surtout ne manque pas d'humour, les discussions avec son guru et autres baba nous ouvrent à la réflexion de notre condition existentielle et place dans ce monde.
Il nous introduit pleinement dans la philosophie hindouiste, du Non-Duel. Un vrai cours théorique en détente.
J'ai vraiment apprécié ce recit initiatique,
Cela remet en perspective plus encore ma vision du monde.
Je recommande vraiment a tous ceux qui se questionnent, veuillent apprendre de l'inde, de la culture du non agir, de la non dualité et de l'ascétisme ou à quiconque qui veut du dépaysement et effleurer la vie de "Roots" assis confortablement sur son canapé ... Dépaysement garanti.
Quoi qu'il soit cette lecture ne laissera pas indifférent. La fin est magistrale, elle enfonce le clou, martelle, comme si Shiva vous aurait pris et secoué violemment, jusqu'à réorganiser et éparpiller vos représentations dans les moindres recoins, mais de quels recoins ? ...
Om, namah shivaya
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Voici le récit initiatique romancé d'un occidental chez les sadhus. On sent que l'auteur a une très bonne connaissance du sujet. le rapport entre guru et disciple offre, à la manière de Castanéda, un récit riche et envoûtant.
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Le non-agir, c'est ne rien attendre. Si tu espères quelque chose, tu crées celui qui espère, et tu as déjà commencé à agir, m'expliqua Anandababa. Sans attente, sans idée de succès ou d'échec, sans espoir de récompense, qui agit ? L'acte est accompli.
L'inconnaissance du Soi-même en état de rêve s'interrompt naturellement lorsque nous nous réveillons. Comment se réveiller de l'hypnose de l'état de veille ?
Le roi qui croit manquer de quelque chose souffre des affres de la pauvreté comme un mendiant. De même, l'homme qui croit être son corps est assujetti à la nais- sance, à la maladie et à la mort. Mais s'ils'affranchit de cette croyance, il retrouve la joie. Sous l'influence de maya celui qui est parfait pense ne pas l'être.
Le renoncement n'est pas un abandon des choses et des êtres par moi ou pour moi, enseignait Anandababa, parce que ce moi n'existe pas. Vairâgya est un abandon métaphysique qui signifie la dissolution des passions, du moi- mon-mien et de maya, le monde.
À Buria, un autre renonçant avait lui aussi décidé de quitter son corps.
Il méditait au bord du Gange, là où le lit du fleuve est étroit et profond, et son cours tumultueux. Être ou ne pas être ? Il avait choisi. Il allait sauter.
Sadhûs et pèlerins venaient honorer d'encens, de guirlandes de fleurs et de pranam ce darshan ultime, et nous nous joignîmes à eux pour nous courber devant l'homme qui avait résolu de mourir. Il avait peut-être cinquante ans, maigre, un peu usé, les yeux ouverts. Décidé, serein, concentré. Libéré.
Soudain, il se leva, courut jusqu'à la berge et sauta dans les flots rugissants où il disparut en un instant.
La suite de l'histoire se passe pour lui dans la cataracte où, dans un environnement asphyxiant, son corps est secoué, cogné, brisé, désarticulé, écrasé. Il respire l'eau glacée puis perd conscience dans un ultime tourbillon. Fin. Sur l'écran de la conscience, une lumière sans image. Ou le noir. Lui le sait. On ne sait rien.
- Qu'as-tu vu, Connor (1)?
- Rien de spécial. Un homme qui m'a regardé le saluer. Il était indifférent.
- Il sacrifie le monde en sacrifiant son corps. Cette mort sans peur lui garantit qu'il ne renaîtra pas, assura Anandababa (2).
- Babaji (3), vous avez dit que nous ne sommes pas ce corps, que nous ne sommes pas nés ! intervins-je. Quoi qu'il arrive il ne renaîtra pas !
- Tu fais rire Babaji. Cela, tu ne l'as pas vu.
- Prassad (4) fait rire Prassad, Babaji, avouai-je.
- Qu'as-tu vu ?
- J'ai vu un homme qui a préféré ne pas être me regarder dans les yeux calmement. Le darshan de l'adieu. Par son choix, il m'a dit : "Tu n'es qu'une illusion." Mais n'est-ce pas prendre la philosophie trop au sérieux que de la conduire à cet extrème du mépris de la vie ?
- N'est-ce pas prendre la vie trop au sérieux que de ne pas l'y conduire ? me répondit Anandababa, hilare.
Dans l'Astâvakra Samhitâ :
Celui qui se considère libre est libre en vérité
Et celui qui se considère limité est limité en fait.
Tu deviens ce que tu penses. (I,11)
Que faut-il en penser ?...
Nous quittâmes Buria