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EAN : 9782875682505
374 pages
Espace Nord (19/04/2018)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Ce volume présente un choix d'essais représentatif de l'ensemble du parcours de Simon Leys, qui gravite autour de ses trois passions : la Chine, la littérature et la mer. Publiés entre 1983 et 2012, ils témoignent de la cohérence et de la richesse de sa pensée, une pensée à rebours des courants et des modes, une pensée sans cesse en éveil qui, tentant d'élucider les zones d'ombre, se forge à l'épreuve des faits, de l'actualité ou des textes, et s'adresse au lecteur ... >Voir plus
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Ce recueil d'essais choisis illustre l'étendue et la qualité de l'oeuvre de Simon LEYS (Bruxelles 1935-Sydney 2014), essayiste, sinologue, traducteur, intellectuel international et engagé.
Pour beaucoup, Simon LEYS est celui dont la « clairvoyance à l'égard du maoïsme mondain » aura marqué dès 1970, la vie intellectuelle en France et au-delà. Mais Simon LEYS est aussi toute une vie et une oeuvre intellectuelle qui ‘sortent de l'ordinaire'. Né Pierre RYCKMANS, il est un pur produit de l'univers très catholique de la grande-bourgeoisie francophone belge, avec parfois ses liens au Congo.
A 20 ans, il découvre une première fois la Chine et décide d'y consacrer une grande partie de sa vie. Il fait des séjours à Singapour, Taiwan, Hong Kong et, plus brièvement, en République Populaire de Chine. En 1964, il épouse CHANG Han-fang avec qui il a eu 4 enfants qui ont grandi en Australie, où la famille s'est installée en 1970, et où il enseigna la littérature chinoise jusqu'en 1987.
Le recueil compte 12 essais, dont 4 remarquables sur la Chine et plus précisément sur la notion du passé chez les chinois, pour qui la transmission de l'identité est bien plus importante que la préservation des monuments. Les autres essais sur la Chine traitent de l'art, de l'héritage de Confucius et du cas contemporain de l'activiste, penseur et prix Nobel (2010), LIU Xiaobo (1955-2017), victime de la répression communiste épinglée dès les années 1960 par LEYS. (Après des années de tracasseries, la veuve LIU Xia, vient d'arriver en Allemagne en juillet 2018).
Simon LEYS aimait la Chine, mais sa perspicacité à l'égard du régime est toujours d'actualité, alors que les anciens ‘Maos mondains' de Paris et d'ailleurs sont passés à autre chose.
Les autres thèmes du recueil évoquent principalement l'intérêt de Simon LEYS pour la mer et la littérature qui y est liée. Pour ma part, j'ai davantage apprécié l'excellent essai sur l'écrivain anglais, iconoclaste DH LAWRENCE (1885-1930) et son étrange roman sur l'Australie des années 1920. Ce sujet ainsi que l'essai de LEYS sont fascinants. L'Australie et la vie intellectuelle ne semblent pas aller de pair pour certains, mais LEYS y a enseigné dans deux grandes universités, où il a formé au chinois un futur premier ministre du pays. Simon LEYS est mort citoyen australien, après plus de 40 années de résidence et quelques différends avec les autorités belges au sujet du déni de nationalité belge à deux de ses quatre enfants. Son nom d'origine RYCKMANS (l'homme riche!) est bien flamand, mais nous n'apprendrons pas ici, dans cette édition belge, sa vision de l'évolution de son pays qui a connu aussi une certaine révolution culturelle avec, comme détonateur, la scission linguistique de son université formatrice à Louvain en 1967. LEYS s'exprime à de nombreuses reprises sur le thème de la traduction, un métier qu'il a beaucoup pratiqué, et qui nous ramène à la Belgique et ses trois langues officielles.
On pourra regretter que les dates de parution premières des 12 essais ont été omises . Mais leur choix est excellent et semble bien refléter l'auteur.
Je recommande ce livre à ceux qui aiment la Chine, la réflexion sur le poids et l'altérité de sa civilisation, la littérature et, enfin, à tous ceux et celles qui, selon l'auteur, tournent le dos à la terre pour contempler, et même prendre, le grand large.
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La Chine, la mer, la littérature
Essais de Simon Leys, choisis et édités pour la collection Espace Nord, de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Ecrivain belge francophone, Pierre Ryckmans a choisi ce pseudo dans les oeuvres de Victor Segalen, médecin de marine brestois au tournant du XIXème, marin au long cours, combattant de Dixmude, curieux d'escales et de cultures lointaines, auteur profond sur la Chine, la découverte, la douleur, la différence, « le voyage au fond de la connaissance de soi ».
Simon Leys, bon catholique, a été un érudit passionné de sinologie, histoire ancienne, peinture, langue, poésie, pensée. Un des premiers, il a su décrire la nature dictatoriale du maoïsme, dans un pamphlet au titre inspiré d'un conte d'Andersen, « Les Habits Neufs du Président Mao », où il montrait en temps réel la nudité totalitaire d'un système de pouvoir magnifié par un appareil de propagande sophistiqué. Inspiré par Orwell, il en a décrypté le discours. le gamin a montré le roi nu, il a pris la grosse fessée, en France les foudres de la bien-pensance de l'époque. Gros scandale, censure au lance-flammes en première page du Monde, accrochage violent en direct sur Apostrophes. le temps a passé, la vérité a fait surface, bien tard, et on attend toujours les regrets des censeurs après Tienanmen. Il est vrai que, hors la forme, la vraie nature du pouvoir en Chine n'a guère changé.
Simon Leys était un apôtre de la liberté de penser par soi-même et de la justice, à la façon d'un Camus dans ses « Lettres à un ami allemand ». Seul remède, l'inadaptation. C'est par là qu'il vit la mer (« la mer invivable »), qu'il la découvre en navigant, en novice au thon dans le Golfe de Gascogne sur Prosper, un voilier dundee d'Etel, ou en traduisant un des meilleurs récits de mer, « Deux ans sur le gaillard d'avant », un voyage de Boston en Californie quand elle était encore mexicaine, raconté par Richard Henry Dana.
La mer est le décor d'un récit véridique, une étude de cas in vitro du système totalitaire, qui démontre comment le mal triomphe, comment un archipel refuge de naufragés du Batavia sur la côte australienne devient en 1630 un enfer par l'action d'un psychopathe entouré de courtisans et laissé libre d'agir en maitre sanguinaire par la lâcheté du plus grand nombre, l'aveuglement consenti. Simon Leys le retrouve quand il évoque le livre de Sebastian Hafner sur la montée du nazisme dans une Allemagne majoritairement hostile.
Lire Simon Leys aujourd'hui, quand montent les nationalismes, quand s'élèvent les barrières et renaissent les censures, quand l'histoire s'oublie, quand l'émotion prend le pas sur l'intelligence, c'est un bonheur à partager.
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