-------------------Rentrée littéraire 2020----------------------
Un aussi splendide qu'original hommage aux Livres et aux Lecteurs !...Un trésor à savourer !
L'auteure affronte douloureusement la dissolution de son couple… Elle cherche un moyen, un objectif pour ne pas sombrer. Elle trouve une sorte de compagnonnage, en photographiant dans le métro, les transports, les lecteurs qu'elle croise, comme des complices anonymes…auxquels elle se relie… Elle retrouve dans les mains d'autres personnes des lectures qui lui évoquent tel ou tel souvenir !...
« Jour après jour, les photographies des gens qui lisent composent un journal intime, mais ce n'est pas le mien. C'est un journal intime commun.
Il est question de compagnonnage. Il est question de ne pas être seul. Il est question d'être consolé. (p. 59)”
J'attendais cette publication avec grande impatience, les thèmes m'attirant au plus haut point, et je ne suis pas déçue de me retrouver dans cette confrérie aussi familière qu'anonyme que nous constituons, nous lecteurs impénitents !
“Je monte dans la rame. Les gens sont debout, ils sont assis. Ils sont vêtus, apprêtés, chargés. Ils sont opérationnels. Ils sont exploitables et conformes. Ils ont toutes les formes, toutes les teintes de l'obéissance, de l'embrigadement compréhensif, de la conscience du nécessaire. Ils sont civilisés. Ils sont intégrés. Ils sont courageux. Mais je monte dans la rame et mon regard traque, j'ai besoin d'être rassurée, mon regard traque ceux qui ont quelque chose en plus, dont la modernité marchande a fait quelque chose de moins, ceux dont les maints expressives tiennent un livre ouvert, ces rectangles de reconnaissance (...) (p. 90)
Un récit passionnant qui ouvre de multiples directions de réflexions…, juste un bémol, je me heurte à un style dans lequel je ne parviens pas totalement à me glisser, ni à me fondre. Des phrases très longues, un vocabulaire très choisi (parfois « trop ») qui enlève, à mon très personnel avis, une certaine fluidité à la narration. Toutefois la qualité et la diversité des observations, questionnement sur les lecteurs, sur l' »objet-livre », fait vite oublier cette infime réticence…
De très beaux passages décrivant excellemment ce « no man's land », cet espace particulier de « demie-liberté de chacun, pendant leur temps de trajet quotidien …espace où ils créent, par leur(s)lecture(s) comme une bulle de résistance et de protection. . Alternent les propres souvenirs, et bagarres intérieures de l'auteure quant au choc de la séparation du-père de ses enfants- le titre dans les mains d'un(e ) inconnu (e )fait dériver la narratrice à la fois, vers ses souvenirs de jeunesse, ainsi que vers ses propres réminiscences de lectures…
Un ouvrage incontournable et exaltant pour tous les papivores et lecteurs –boulimiques que nous sommes… Comme si Eloïse lièvre nous renvoyait un miroir… une partie de notre image ; nous interpellant chacun, différemment. Un très fort moment de lecture dont je suis vraiment très enchantée ! Merci et bravo à
Eloïse Lièvre !