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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Littell Jonathan - "Les Bienveillantes" Gallimard "NRF" 2006

Personnellement, j'avais évité ce roman, comme la plupart de ces oeuvres submergées dès leur sortie sous les cris dithyrambiques émanant des cultureuses et cultureux bavant sur Arte et France-Culture. Mais voilà, il me fut prêté par un mien neveu, né en 1975, qui avait lu ce pavé et tenait à recueillir mes impressions. Il me fallait répondre avec précaution, puisqu'il n'est pas courant de voir un homme jeune s'intéresser de près à cette époque.
Voici donc le compte-rendu que je produisis.

Salut mon neveu,
tu te souviens sans doute que tu m'avais prêté le livre de Jonathan Littell intitulé "les Bienveillantes", publié en 2006 et qui traite de la période nazie en Allemagne, vue par les yeux d'un narrateur allemand, officier de la SS, ce que l'on appelle couramment "le point de vue du bourreau".
Avant d'en venir au livre lui-même, je tiens à préciser, puisque cela semblait t'étonner lors de notre rencontre, que la plupart des gens de ma génération née juste après la Guerre 1939-1945, savent beaucoup de choses là-dessus, et y ont beaucoup réfléchi pour de multiples raisons.
En ce qui me concerne, comme tant d'autres, j'avais au moins trois raisons de m'intéresser à cette période infernale.

- Premièrement, nous en entendions souvent parler étant jeunes, puisque notre famille fut touchée directement : deux de nos oncles furent prisonniers dans des camps, dont l'un pendant toute la durée du conflit et même au-delà (camp russe), un troisième fut pris pour le STO sur dénonciation du maire de son patelin ; du côté des femmes, tante Cécile par exemple fut profondément touchée dans sa vie même, et grand-mère eut également l'occasion de se montrer courageuse en cachant un aviateur anglais. Par la suite, toujours dans notre jeunesse, nous avons parfois eu l'occasion de croiser des gens ayant directement vécu cette réalité : en classe de sixième, l'un de mes prof, avait été déporté à Dachau et nous en montra quelques témoignages.

- Deuxièmement, comme tu le sais sans doute, je suis très tôt allé en Allemagne, j'ai appris l'allemand et le parle, le lis et l'écris aujourd'hui encore à peu près aussi couramment que le français : tu te doutes bien que j'ai rencontré des allemands (les parents de mes correspondants) qui avaient participé à cette honte de l'histoire de leur pays. L'une de mes motivations les plus fortes était justement de tenter de comprendre comment ce pays ayant engendré une culture aussi élevée, raffinée, admirable (Bach, Luther, Mozart, Goethe, Kant, etc.) pouvait être tombé dans une telle barbarie, et j'ai à plusieurs reprises visité des camps comme Buchenwald sans vraiment trouver de réponse. J'ai noué une amitié durable avec un collègue allemand de ma génération, dont les parents furent de hauts dignitaires nazis, et qui en pleure aujourd'hui encore dès qu'il en parle…

- Troisièmement et pour conclure, j'ai toujours poursuivi et approfondi cette étude de la période nazie, par exemple en Alsace (camp du Struthof), en l'élargissant aux autres phénomènes du même type (Cambodge, Serbie, Ruanda, on a hélas que l'embarras du choix !), en la reliant à la Première Guerre Mondiale et à l'horreur d'Hiroshima. Je tente de suivre, autant que faire je puis, les travaux d'un groupe d'étude de médecins, sociologues, psychiatres spécialisés dans les conséquences des traumatismes collectifs imposés aux populations lors des conflits armés.

Tout ça pour te dire que mon jugement du livre de Jonathan Littell est influencé par le fait que j'ai beaucoup lu et enquêté sur ce phénomène, contrairement à un lecteur novice.

D'où ma première réaction : l'auteur a compulsé indéniablement une énorme documentation, et le livre est suffisamment bien écrit pour que je le lise jusqu'au bout. Tous les faits historiques auxquels il fait allusion sont justes, y compris dans les détails de l'organisation du régime nazi, des camps de concentration, de la bataille de Stalingrad etc.

D'où aussi ma deuxième réaction : pour parcourir ce tissu de réalités historiques, l'auteur crée un personnage central, Maximilian Aue, qui est carrément faux et malvenu. C'est un personnage essentiellement français et très peu allemand, qui n'aurait pas un seul instant été admis dans les hauts cercles nazis qu'il est pourtant amené à parcourir dans le récit. de surcroît, l'auteur trimballe son personnage sur tous les évènements importants de la période (front russe, Kiev, Stalingrad, Caucase, Paris, Auschwitz, Poméranie etc.) ce qui finit par être totalement invraisemblable pour quelqu'un qui connaît un peu cette période. Plus encore, il lui fait rencontrer tous les personnages importants, tous les dignitaires nazis réels, allemands, français et même belges, jusqu'à Hitler lui-même. Soit, passons, et admettons que cela fasse partie de la liberté de l'auteur de roman.

Troisième réaction : ce personnage central censé représenter le citoyen moyen, est en fait aussi peu ordinaire que possible. Mi-français, mi-allemand, il a fait des études supérieures, maîtrise quatre langues (dont le latin et le grec ancien), tient de longs discours philosophiques, parcourt le front pour aller admirer en esthète telle ou telle église etc. Pire encore, et là, on tombe carrément dans le lieu commun, il accumule à lui tout seul une multitude de traits psychologico-sexuels digne d'un bazar de psychanalyse à cent sous : incestueux avec sa soeur, il assassine sa mère et son beau-père, pratique l'homosexualité mais sans se lier, et finit par assassiner son meilleur ami qui lui a maintes fois sauvé la vie. A mon humble avis, l'auteur patauge dans tous les lieux communs des auteurs fascinés par le nazisme sans oser se l'avouer. Par ailleurs, cette véritable manie des auteurs d'aujourd'hui d'étaler et de décrire avec complaisance des pratiques sexuelles morbides et glauques, toujours empreintes de violence, est justement typique d'aujourd'hui et non de la période considérée, ce qui donne au récit un aspect absurde. Surtout dans la scène, vers la fin, où le narrateur finit par agresser Hitler en personne en lui tordant le nez : c'est de la psychanalyse de trottoir... Quant aux quelques rêves longuement exposés, c'est toujours aussi rasoir ou ridicule, surtout lorsque Hitler se met à porter le châle d'un rabbin...

Quatrième réaction, personnelle donc toute relative : je n'aime pas du tout l'accumulation complaisante et fréquente de références à d'autres oeuvres littéraires et artistiques. Tout y passe ici, de Villon, Eschyle jusqu'à Flaubert, de Bach, Furtwängler jusqu'à Rameau, de Kant à Kierkegaard, et tant d'autres célébrités : cela fait penser à ces (trop) bons élèves de l'enseignement universitaire qui entassent des monceaux de références pour être certains que le prof en ait pour son argent à la lecture de leur copie. Trop, c'est trop.

Mais à la fin, je me dis que toutes ces réactions sont peut-être celles de ma génération. Pour faire court : je n'aime pas et je ne comprends même pas que l'on recourt à de la docu-fiction, et ce roman est un exemple de docu-fiction poussée à un point de dilatation extrême. Pour ma part, lorsque je veux me documenter sur une époque, je recours à des ouvrages documentaires historiques, et à des témoignages vécus (cf les volumes de Cavanna ou l'ouvrage remarquable de Mendelssohn intitulé "les disparus").

Un tel roman me semble donc "étrange", et en tout cas étranger à ma culture. Mais je finis par me dire que c'est peut-être une histoire de génération : pour ma génération, ces évènements sont trop proches pour admettre qu'ils soient ainsi traités dans un roman aussi médiocre.
Pour les générations suivantes, il n'en va peut-être plus de même ???

Allez savoir pourquoi, ce roman me fait penser aux si "brillantes" victoires remportées dans le Tour de France par un certain Lance Armstrong, avec une effronterie fondée sur la pratique assumée (portée à un niveau professionnel typiquement états-unisien) de la tricherie...
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J'étais impatiente de le lire tant les critiques fusaient...et non, je n'y arrive pas!
Je l'ai entamé, j'ai dû m'arrêter, écoeurée; pensant reprendre un peu plus tard comme il m'arrive de le faire avec des livres auxquels je n'accroche pas forcément dès le départ. Je l'ai repris, j'ai essayé mais non, vraiment non!
Je n'aime pas le style, c'est long et barbant par moment, et puis dur dans les descriptions mais ça, je m'y attendais forcément.
Je ne dis pas que je ne le lirai jamais mais je reste dubitative quant au concert d'éloges qu'il avait suscité.
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Max Aue est un ancien Nazi qui a échappé à tout procès en s'enfuyant en France. Il raconte son histoire pendant la période sombre que tout le monde connaît bien...

Mon challenge de lecture de 2020, c'était de lire Ulysse de James Joyce. Après ça, je ne pensais pas qu'on pouvait faire pire expérience.
Bah si.
Et même de loin. (Hein, comment ? C'est possible ??)
C'est une vraie claque que je me suis prise en commençant Les Bienveillantes. Pas à cause de son sujet très difficile et spécial, nonnnn, mais bien parce que je ne m'attendais pas à autant me faire chier. Oui, c'est le mot. Si la première partie est intéressante car elle balance des données numériques sur le nombre de victimes lors de la Seconde Guerre mondiale et peut faire froid dans le dos grâce à sa factualité dénudée de toute émotion, la deuxième partie fut un calvaire à lire, et ce à divers égards. J'ai eu beaucoup de mal, comme nombre de lecteurs, avec la froideur du récit qui narre des épisodes déshumanisants terribles, dérangeants et historiques dans le fond. On a de nombreux sentiments à la lecture qui viennent successivement prendre le relais, sans répit, dont le voyeurisme, l'outrance et l'empathie, opposés de manière inimaginable à ceux de l'ennui et la fatigue loin de tout respect pour le passé. Et ce sont ces deux derniers que je n'avais pas vus venir, mais alors pas du tout.
Pourquoi se fait-on tant suer à cette lecture de faits avérés horribles ? Parce que c'est perdu dans un fatras d'informations et de récits divers dont on se fout ROYALEMENT : l'érudition mal placée du héros qui cite à tout va tel ou tel philosophe ou bouquin ; le fait qu'il vomisse tout le temps et les folles aventures de son système digestif ; son homosexualité et sa relation incestueuse avec sa soeur jumelle qui sortent de nulle part et ne vont pas trop de pair avec la société aryenne anti-homo d'Hitler et laissent complètement incrédule ; les titres et organisations nazis à rallonge et absolument insuivables à tel point qu'on ne les lit plus dès la 10ème page ; le parcours factuel sans fin et vide des soldats allemands qui avancent dans le froid vers la Russie ; les allers et retours dont on n'a cure dans toutes les villes de Pologne & Co ; les discours interminables sur les langues du Caucase et autres informations géo-politico-ethno-religieuses qui sont censées montrer que les SS ont bien étudié et travaillé la question judaïque pour prouver qu'ils n'ont pas tué n'importe qui ni tout ce qui bouge quand même ; la position soi-disant neutre du personnage principal Aue qui, les trois quarts du temps dans les réflexions avec ses collègues et supérieurs, ne fait que poser les questions "Comment ça ?" ou "ah oui ?" et n'est donc pas celui qui avance toutes les positions racistes, antisémites et dégueulasses ; les petites guéguerres internes et les promenades dans la campagne pour aller déjeuner pour faire style qu'il y a des descriptions… le tout dans un corps de texte infini qui incorpore les dialogues sans jamais aller à la ligne...
Au final j'ai passé plus de temps à survoler qu'à vraiment lire parce que j'avais atteint le comble de l'insupportable à des niveaux que je n'imaginais pourtant pas.
Cette agréable expérience s'est poursuivie avec les parties 3 et 4, pleines de mots mais vides d'intérêt. Max Aue n'a toujours aucun appeal en tant que personnage principal, ce n'est même pas un anti-héros qui pourrait avoir ses fans parce que derrière tout défaut, on trouve toujours une qualité. Eh bien là, non, pas du tout. Aue c'est un type qui aime se promener et faire chier les gens en plein Stalingrad assiégée, qui se prend une balle fatale mais qui en ressort vivant (y a pas de justice, on le savait déjà…), qui aime bouffer quitte à manger à tous les râteliers, qui part en convalescence au grand air et fait des pieds et des mains pour se caser une place au soleil loin du front, tout en se tapant toujours sa soeur ou fantasmant sur elle tout en se tapant des putes, nous précisant régulièrement où il fourre sa verge, avant d'aller emmerder sa mère et son beau-père qu'il finit par achever lui-même sans même se l'avouer (il devait déjà connaître les faits alternatifs, celui-là). Après le scato : le porno, toujours sur fond de Juifs et Bolcheviques à supprimer, toujours avec tous ces gradés qui, passez-moi l'expression, ne se sentent plus pisser.
Je pense que j'ai tellement détesté la deuxième partie, le personnage et l'écriture qui n'a rien d'extraordinaire quoi que d'autres en disent, que c'en était déjà fait de ce livre pour moi. Je subissais plus qu'autre chose, je ne prenais strictement aucun plaisir de lecture, j'ai même eu l'impression que j'avançais plus vite sur Ulysse, c'est dire.
J'en devenais à force presque plus choquée du personnage de Aue que des exactions commises contre l'Etre Humain. Je m'aperçois que le roman ne se focalise par sur ça mais sur Aue, qui est un personnage hyper complexe, absolument pas empathique pour un sou, qui pense à tout sur ses entrailles et extrémités mâles mais n'est jamais capable de formuler un argumentaire de lui-même contre les Juifs, car ce sont toujours d'autres personnages qui développent des théories.
Ensuite, il y a eu cette longue partie 5, que je n'avais jamais hâte de retrouver le soir ou le week-end. Si à de rares moments j'ai trouvé le contenu sensiblement plus intéressant une fois que Max arrive à Auschwitz grâce aux études hallucinantes sur les rations accordées aux détenus et toutes les coulisses en fait de la gestion de ces camps et de la solution finale, l'ennui et l'inintérêt sont restés de mise. Monsieur blablate à mort et s'attarde sur des détails dont on se fout royalement (j'ai dit, il a dit, alors j'ai répondu, et il a répondu, on a droit à tout le dialogue ou presque les 9/10èmes du temps...), et même lui le dit qu'il nous emmerde, je cite :

"Mais peut-être qu'au fond vous vous moquez de tout ceci. Peut-être préféreriez-vous, à mes réflexions malsaines et absconses, des anecdotes, des histoires piquantes. [...] je vous l'ai dit, je fatigue, il faut commencer à en finir. Et puis si je devais encore raconter le reste de l'année 1944 dans le détail, un peu comme je l'ai fait jusqu'ici, je n'en finirais jamais. Vous voyez, je pense à vous aussi [...] ; et puis, vous disposez d'un pouvoir sans appel, celui de fermer ce livre et de le jeter à la poubelle [...]."

Mais grave, mec !!! C'est fou, l'auteur est conscient qu'il fait chier, qu'il donne trop de détails et que son livre est digne de la décharge publique ! Si cette lecture ne constituait pas un challenge, c'est clair que j'aurais fermé ce livre bien plus tôt !!
Dans cette partie toujours aussi longue, on a droit à Aue qui pète toujours plus haut que son cul, qui tente de se faire passer pour le gentil Nazi qui donne des chaussures et couvertures aux détenus des camps meurtris dans le froid et que c'est le seul qui veut leur donner plus à bouffer (genre son humanité s'est réveillée au bout de trois ans et six millions de morts, quel brave homme !), qui utilise les femmes comme bon lui semble, qui continue à nous bassiner avec le sexe, sa verge et celle des autres, qui croit dur comme fer qu'il est blanc comme un linge dans l'histoire du meurtre de sa mère et son mec. Un autre fait ahurissant est la visite répétitive des deux flics qui le suspectent des meurtres qui viennent toujours de super loin juste pour cinq minutes d'entretien et pour le narguer. Ils arrivent tellement toujours comme un cheveu sur la soupe que c'est franchement peu plausible.
Ce qui est pénible quand même, c'est que l'auteur a certainement fait plein de recherches pour parvenir à autant de détails, même supposés, sur le fonctionnement du régime nazi, les façons de penser, les théories développées... Sauf que la narration et le personnage principal avec ses élucubrations personnelles et en particulier sexuelles sont tellement imbuvables qu'ils balaient complètement le travail historique titanesque effectué. Je suis en fait bluffée par cet auto-travail de sape de l'auteur. A quoi pensait-il donc en nous abreuvant d'autant de détails sans aucun but et de considérations sur le sexe ??
Et donc, à presque cent pages de la fin, j'ai arrêté les frais, n'en pouvant plus. Oui, à seulement cent pages alors que j'en avais lu près de huit-cents. J'en étais venue à un point où je me fichais royalement de connaître la fin, le dégoût profond l'ayant emporté sur tout.
Tout ça m'amène à ces questions essentielles : c'est quoi ce Goncourt chiant et illisible dans son ensemble à 100% si c'est pour sauter des pages et des passages chiants et inutiles pour pouvoir avancer ?? Comment ce bouquin a-t-il justement pu avoir le Goncourt et comment de nombreux lecteurs peuvent l'ériger sur l'autel des meilleurs romans qu'ils aient pu lire, vu qu'on ne compte plus le nombre de critiques dithyrambiques ??
Ce livre est pour moi une impasse, un sentiment rare et étrange quand même pour un bouquin...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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"La shoah évoquée par un officier SS, qui planifie méthodiquement les camps de concentration. Les ""bienveillantes"" n'est pas un livre qu'on peut aimer. J'ai trouvé cette histoire choquante et difficile à lire. Quand le narrateur part dans ses rêveries on ne sait plus ou est le vrai du faux. Les détails sont sordides et malsains. Des scènes de scatologie tout au long du livre sont pesantes et horribles à lire
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Le personnage principal de cet ouvrage fait partie des tristement célèbres " einsatzgruppen".Ces "liquidateurs" qui officiaient sur les arrières du front lors de la campagne de Russie.
Ils seront responsables de ce que l'on appellera " la Shoah par balles".
Aussi surprenant que cela puisse paraître certains de ces hommes étaient des intellectuels.
Maintenant, le côté "fiction"de ce livre m'à plutôt déplu, surtout la fin, qui m'a semblé bâcler( un peu comme ma critique) et peu crédible.
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Un ragoût bien indigeste : l'avant-propos est aussi bête que prétentieux (Eschyle et Villon se retournent dans leur tombe), le "héros" nazi-pédé-psychopathe-incesteux qui cite Georges Bataille en humant le fumet du charnier est grotesque, le découpage "musical" du roman est ringard... sans parler de l'Allemand de cuisine dont l'auteur se plaît à nous rebattre les oreilles... Bref, un roman gras qui donne envie de se faire l'intégrale de "Papa Schultz ". Pour filer la métaphore culinaire : une vraie daube.
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Qu'ai je donc fait pour mériter un tel châtiment. Il semblerait que les furies grecques, ou autrement dit les Bienveillantes aient décidé de me jouer un sale tour. En effet, lire ou subir l'ouvrage éponyme de Jonathan Litell tient de la punition divine.

Imaginez vous ça, un livre tellement dense que l'on pourrait le recycler en briques pour construire une maison. Près de mille cinq cents pages d'un texte, lourd ou l'auteur ne nous épargne aucune récréation. le retour à la ligne est rare pour ne pas dire inespéré, y compris durant les dialogues ce qui donne aux pages un aspect chargé et monotone. L'écriture est petite, je pense que quiconque achèterais ses livres au nombre de caractères serait gagnant, quand à les lire toutes ces phrases c'est autre chose. Ainsi, l'auteur ne se donne pas la peine de traduire de nombreuses expressions ou termes allemande, on trouve même des citations grecques ou latines. Ainsi, l'action se déroulant pendant la guerre en allemagne, on a systématiquement droit à la désignation des grades dans leur langue d'origine. C'est vrai, parler d'un major, d'un colonel ou d'un simple officier eut été trop simple, on perd le charme d'un Obersturmbannführer ou d'un Hauptfelwebel. Ce livre m'a immédiatement rappelé le profond dégoût que j'ai pour les langues germaniques (alors que j'ai eu le malheur de les pratiquer pendant plusieurs années).

Mais somme toute, ce n'est pas le plus la forme qui m'a choqué dans ce livre. C'est le fond qui est véritablement répugnant.
Donc nous suivons pendant ces quelques milles cinq cent pages (ce qui a représenté près d'un mois de lecture pour moi) les aventure d'un jeune officier SS durant la seconde guerre mondiale. Et pas un gentil SS, mais l'un de ceux qui ont activement participé à l'extermination des juifs. Ainsi on le suit au début du livre qui suit le front de l'est pour massacrer les partisan communistes, les malades mentaux et surtout les juifs par milliers. Puis on le regarde abandonner ses derniers restes de raison en organisant le travail dans les camps de concentration polonais.
Pour être exact, le roman retrace avec plus ou moins de talent quatre intrigue distinctes, la vie au jour le jour de notre protagoniste et sa progression dans l'échelle sociale militaire, la progression et l'origine de son déséquilibre mental causé par un amour exclusif et incestueux pour sa soeur, une sombre affaire criminelle lié à un passage en France où le narrateur retrouve ses parents et bien sûr la quatrième histoire est celle qui s'affuble d'un grand H comme pour revendiquer ses atrocités.

Notre héro est tout sauf sympathique. Ce n'est pas vraiment un boucher, mais il perçoit la Shoah comme une nécessité et s'acquitte de ses ordres avec une froideur inquiétante. Seul son organisme le trahit parfois par des troubles gastriques. Il apparaît régulièrement comme un pleurnichard qui s'apitoie sur son sort et son amour perdu pour sa soeur en se réfugiant derrière une sexualité soumise et sans amour pour les hommes qui frôle dangereusement à la pédérastie. Ses névroses le rattrapent peu à peu et il s'enferme dans des rêveries absurdes, fantasmagoriques et quasiment impossible à suivre, il projette sa philosophie fétide dans des tirades à la limite du supportable. C'est à peine si le dernier tiers du livre est lisible. Et son comportement à la fin devient proprement irrationnel et grotesque.

Donc ce livre est long, difficile à lire et très dur. Même si un éclat admirable de travail transparaît pour restituer l'horreur de cette période je regrette un peu mon achat. Sans compter que cela commence à faire beaucoup de livres que je lit qui ressassent le sort des juifs durant la seconde guerre mondiale, la coupe est pleine.
Lien : http://oiseauchanteur.blogsp..
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J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre à cause des longues descriptions politico-historico-géographiques qui jalonnent ce roman. Ensuite, n'ayant pas de références linguistiques ni historiques, le style était caremment froid (comme le personnage), j'ai lu quelques passages en travers. Ensuite, comment peut-on donner un prix à un auteur qui décrit en long en large et en travers des perversités sexuelles abominables! Certes, l'histoire du Dr Aue mérite d'être racontée, j'ai été intéressée par le parcours géographique du personnage qui permet de se rendre compte, vraiment, de l'atrocité de cette guerre, de la portée des actes guerriers, mais je n'aime pas cette façon de se moquer du lecteur qui en l'occurence peut être une femme! Je vais de ce pas lire un autre livre sur ce thème, mais qui je l'espère sera écrit à la façob d'un écrivain!
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Tout simplement illisible. Je n'ai pas été capable de dépasser 150 pages, perdue au milieu de tous ces...fuhrers. Un grand regret.
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Les Bienveillantes, c'est un livre qui possède des qualités, mais le discours idéologique qui le sous-tend me semble tout à fait dangereux : le héros du livre, modèle du Nazi, se révèle au fil des pages être un personnage franchement border line : traumatismes d'enfance, fantasmes pervers, règlement de compte final avec sa famille. Donc, tout va bien : les nazis étaient des détraqués, des anormaux, des psychopathes, nous, nous ne sommes pas comme ça, ça n'aurait pas pu nous arriver, nous aurions réagi autrement.

A quoi sert alors l'oeuvre d'Hannah Arendt, elle qui a su dire la banalité du mal, le fait que les Nazis étaient pour la plupart des gens comme tous les autres, de bons maris et pères de famille, d'une moralité au-dessus de tout soupçon, qui faisaient juste leur boulot et qui, parce qu'ils étaient de bons citoyens, le faisaient le mieux possible. Bien sûr, c'est pour le lecteur un peu plus inconfortable : en fait ils étaient comme nous, alors, ça veut dire que nous aussi, peut-être, si les circonstances nous y poussaient, nous nous rendrions coupables d'atrocités ? J'aurais pu, Moi, sain de corps et d'esprit, personne normale, Moi, lecteur bénévole, commettre ces crimes ??

Non, le mal n'est pas réservé à des monstres de l'acabit du protagoniste, faire semblant de n'être pas concerné est une attitude lâche et illusoire !! "Je suis humain, et rien de ce qui est humain ne m'est étranger". Ce n'est qu'en comprenant ça, que nous aussi nous possédons des potentialités criminelles, que nous pourrons nous battre contre les extrémismes.

Bref, je ne sais si Littell était vraiment conscient de ce que sous-entendait son oeuvre (le dédouanement du Nazi comme victime de ses pulsions et mise à distance du mal comme tare psychologique), mais il me semble avoir écrit un livre fallacieux et dangereux...

A lire ou relire : Eichmann à Jérusalem (Hannah Arendt) et Auriez-vous crié "Heil Hitler" (François Roux, chez Max Millo, 2011) -> et voir si le coeur vous en dit ma critique de ce dernier livre.
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