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EAN : 9791039900683
Syllepse (03/11/2022)
4.25/5   2 notes
Résumé :

Jacqueline Loriod a 18 ans en cet été 1940, celui de la défaite et de l'Occupation. Elle étudie d'abord à la Sorbonne, une année, puis deux ans en école d'infirmières. La future psychanalyste est alors une jeune fille pleine d'espoir, d'indignation, d'enthousiasme: elle note sur ses carnets ce qu'elle fait, ses souffrances, ses pensées, les fondements de ses engagements. Elle commente ses lectures, l'actualité, les émissions de Radio Londres, ses cours.
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En cette période de Covid-19, Mpox et surtout de guerre sur notre continent, il est réconfortant de pouvoir lire les carnets très personnels et étonnamment littéraires d'une jeune fille de 18 ans, qui, refusant l'Occupation, les nazis et Pétain, note, le lundi 2 septembre 1940, sa toute première phrase dans ces carnets : "Je vis toute entière tournée vers l'avenir, la libération, la victoire." Puis elle ajoute : "Aujourd'hui, je suis allée rendre visite au Soldat inconnu".

Cette jeune fille s'appelait Jacqueline Loriod, née, il y a juste un siècle, à Houilles dans les Yvelines, le 20 novembre 1922, et décédée à Nice, le 23 mai 2017, à l'âge de 94 ans.

C'est sa propre fille cadette, Catherine Oguse-Boileau, qui a eu la bonne idée de publier une sélection représentative de la masse d'écrits laissés par sa mère et découverts à sa mort sous forme de carnets dans un carton.
Pour mener à bien cette entreprise, elle a bénéficié du secours d'Alain Monchablon et Robi Morder, historiens responsables du Germe ou le Groupe d'Étude et de Recherche sur les Mouvements Étudiants.

Ensemble, ils ont fait un sacré beau travail en publiant, le 24 novembre dernier, un document exceptionnellement soigné et complet, avec préface, préambule et postface, diverses biographies succinctes, un florilège des écrivains et ouvrages cités par Jacqueline, des repères chronologiques pendant la tenue des carnets, un index et maintes photographies, sans oublier les nombreuses notes des bas de page, le tout sur quelque 322 pages.

La partie centrale de cet ouvrage, les carnets de Jacqueline Loriod qui couvrent la période du 2 septembre 1940 au 29 juillet 1943, nous livre les sentiments et réflexions d'une adolescente sensible et intelligente à une époque tourmentée pour son pays.

Carnets qui sont d'autant plus intéressants à lire que son auteure est une férue de littérature qui suit des cours de Lettres à la Sorbonne et que son intelligence l'a conduit à devenir une des premières femmes non-médecin à être admise à l'Institut français de psychanalyse et de bénéficier comme thérapeute d'une vaste clientèle à Paris et ensuite dans le Midi de la France.

Notre héroïne a apparemment eu moins de succès dans sa vie amoureuse, puisqu'elle a divorcé de son mari, Jacques Oguse (1921-2017), un ingénieur de son à l'Unesco, au bout de 10 ans, en novembre 1956.
Le couple a eu, en moins de 2 ans et demi, 3 enfants : Marie-France en 1945, Alain en 1946 et Catherine en 1948.

Mais laissons la parole à la jeune diariste, qui, le 3 octobre 1940, note : "Rien n'est plus débilitant, plus dissolvant que l'atmosphère grise dans laquelle nous vivons. Là-bas, à Londres, ils vivent dans une atmosphère d'héroïsme". Si elle envie les Anglais, c'est aux Allemands qu'elle en veut. Comme, ce 8 octobre au Jardin du Luxembourg, où elle repère : "Quelques soldats boches, éblouis, et abrutis comme de coutume, quelques officiers bestialement, goulûment orgueilleux - d'avoir conquis cela".

Comme l'a remarqué, à juste titre, sa fille Catherine en transcrivant les notes de sa mère pour le présent ouvrage : "Les phrases qui jaillissaient 'comme des perles fines' de sa plume. La plume de cette jeune fille qui ne savait pas qu'elle avait reçu le don d'écrire..."

Vous pourrez constater que Jacqueline Loriod a effectivement possédé ce don et qu'il ne s'agit ici pas simplement d'une boutade inspirée par un amour filial. Les belles tournures de phrases sont légion dans ses carnets. Ainsi que la précision de ses observations.

En plus, la jeune diariste se risquait également à la poésie :
"Un coin du mur,
Une embrasure de porte
Est-ce là vraiment, tout mon horizon ?
Et ma tâche m'absorbe-t-elle
Au point de t'oublier, toi,
Ce qui va venir ?
Déjà mon présent n'est plus
Déjà ma vie à moi est finie..." (28 février 1942, page 238).

Les artistes pour lesquels Jacqueline Loriod a eu un faible sont, en musique, le compositeur et pianiste Olivier Messiaen (1908-1992), et en littérature, le médecin et poète Georges Duhamel (1884-1966).
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