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EAN : 9782729109493
Editions de La Différence (05/04/1994)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Dulce María Loynaz (1902-1997). Havanaise, saluée avec admiration dès ses débuts, en 1920, par Juan Ramón Jiménez, amie de Federico García Lorca, son œuvre élève une éblouissante défense de la poésie pure. Il n’est aucun thème essentiel qui ne se ressource dans son lyrisme d’une peu commune limpidité d’expres­sion : le destin, la mort, l’amour, le mystère des rêves... Les mots ont chez elle un pouvoir magique et inné de métamorphose. Figure la plus éminente de la po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette anthologie bilingue permet de découvrir l'oeuvre de Dulce María Loynaz (1902-1997), une poétesse cubaine, assez mal connue en France, mais qui compte parmi les grands noms de la poésie de langue espagnole du 20è siècle.
D'emblée, on est frappé par la simplicité de sa voix, et par sa clarté, caractéristiques l'on va retrouver grosso modo jusque dans les derniers vers.
Plusieurs des poèmes de Loynaz, surtout au début, se présentent comme des textes de célébration (« Je crois au ciel bleu : (bleu et ciel…)/ Je crois à l'humble terre, au don précieux/ de la terre tiède et forte,/ de la terre en sa beauté... »), mais en les lisant attentivement, on croit y entendre çà et là quelques fausses notes : le monde est beau, certes, mais pas forcément destiné à l'homme (« Renonce à ce jardin…/ A ce rosier ne touche:/ Car aux choses qui meurent/ on ne doit pas toucher. »)
De poème en poème, cette tonalité sombre va peu à peu gagner, car le monde de Dulce María Loynaz est un monde d'après la chute, marqué par l'omniprésence de la mort (« Ce miroir pendu au mur/où parfois je me regarde…/ est un bassin mort qu'on a apporté/ chez moi... »), un monde où l'être a le plus grand mal à se réaliser : c'est ainsi que les deux plus beaux poèmes du recueil sont consacrés à l'impossibilité d'enfanter (Chant à la femme stérile, 1937) et à un amour totalement impossible (Lettre d'amour à Toutankhamon,1938).
Curieusement, après ces deux chefs-d’œuvre (dont je vous recommande vivement la lecture), les derniers poèmes m'ont paru plus fades, plus formels et moins nécessaires, comme si la voix de Dulce María Loynaz s'était brusquement brouillée.
A lire tout de même, au moins pour la première partie du recueil, où l'on trouve des choses comme celle-ci : « Amour qui vient si tard,/ apporte-moi au moins la paix:/ Amour du soir tombant, quel chemin fourvoyé/ te conduit à ma solitude ? »
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
LETTRE D'AMOUR A TOUTANKHAMON (1938)

Jeune roi Toutankhamon,

Hier après-midi, j'ai vu au musée la petite colonne d'ivoire que tu as peinte en bleu, en rose et en jaune.
Pour cette pièce fragile dépourvue de sens et d'utilité dans notre monde si fruste, pour cette simple petite colonne peinte par tes mains raffinées – feuilles d'automne – j'aurais donné les dix plus belles années de ma vie, elles aussi dépourvues de sens et d'utilité… Les dix années de l'amour et de la foi.
Près de la petite colonne j'ai vu aussi, jeune roi Toutankhamon, j'ai vu aussi, hier après-midi – un de ces clairs après-midi de ton Égypte – , j'ai vu aussi ton cœur enfermé dans un coffret d'or.
Pour ce petit cœur en poussière, pour ce petit cœur enfermé dans un coffret d'or et d'émail, j'aurais donné mon cœur jeune et tiède ; pur encore.
Car hier après-midi, ô Roi plein de mort, mon cœur a battu plein de vie pour toi, et ma vie enlaçait ta mort et elle la faisait fondre, me semble-t-il...
(EXTRAIT)

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Voici la version originale :

CARTA DE AMOR AL REY TUT ANK AMEN

Joven Rey Tut—Ank—Amen:

En la tarde de ayer he visto en el museo la columnita de marfil que tú pintaste de azul, de rosa y de amarillo.

Por esa frágil pieza sin aplicación y sin sentido en nuestras bastas existencias, por esa simple columnita pintada por tus manos finas —hoja de otoño—hubiera dado yo los diez años más bellos de mi vida, también sin aplicación y sin sentido... Los diez años del amor y de la fe.

Junto a la columnita vi también, joven Rey Tut—Ank—Amen, vi también ayer tarde —una de esas tardes del Egipto tuyo—vi también tu corazón guardado en una caja de oro.

Por ese pequeño corazón en polvo, por ese pequeño corazón guardado en una caja de oro y esmalte, yo hubiera dado mi corazón joven y tibio: puro todavía.

Porque ayer tarde, Rey lleno de muerte, mi corazón latió por ti lleno de vida, y mi vida se abrazaba a tu muerte y me parecía a mí que la fundía...
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CHANT A LA MÈRE STÉRILE
Mère impossible : puits scellé, amphore brisée, cathédrale submergée...

De l'eau au-dessus de toi... Et du sel. Et la lointaine
lumière du soleil qui n'arrive pas à t'atteindre. La Vie
ne dépasse pas ta poitrine ; la Vie en toi se heurte et rebondit
et puis dévie, s'en va perdue,
obliquant vers - obliquant vers...
Vers quel endroit ?...

Comme la Nuit, tu passes sur la terre
sans laisser traces
de ton ombre ; et au cri ensanglanté
de la Vie, ta vie ne répond,
sourde comme les astres en leur divine surdité
[... ]

Mère interdite, mère d'une absence
sans nom et déjà sans achèvement ... - essence
de mère... Dans ton ventre
tiède se cache la Mort, l'immanente
Mort à l'affût, rôdant
autour de l'amour inconscient...

Et comme elle perd son
tranchant, comme elle devient lisse
et chaude et ronde
la Mort dans les ténèbres de ton ventre !...

p.47-49 (extraits)

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CANTO A LA MUJER ESTÉRIL
Madre imposible: Pozo cegado, ánfora rota,
catedral sumergida...

Agua arriba de ti... Y sal. Y la remota
luz del sol que no llega a alcanzarte. La Vida
de tu pecho no pasa; en ti choca y rebota
la Vida y se va luego desviada, perdida,
hacia un lado —hacia un lado... —
¿Hacia donde?...

Como la Noche, pasas por la tierra
sin dejar rastros
de tu sombra; y al grito ensangrentado
de la Vida, tu vida no responde,
sorda con la divina sordera de los astros...
[...]

Madre prohibida, madre de una ausencia
sin nombre y ya sin término... —esencia
de madre...— En tu
tibio vientre se esconde la Muerte, la inmanente
Muerte que acecha y ronda
al amor inconsciente...

¡Y cómo pierde su
filo, como se vuelve lisa
y cálida y redonda
la Muerte en la tiniebla de tu vientre!...
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