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EAN : 9782253154532
311 pages
Le Livre de Poche (19/03/2003)
3.62/5   13 notes
Résumé :

Depuis que le Roi-Soleil a fait construire le canal du Midi, ce long ruban d'eau qui relie la Garonne à la Méditerranée, on est « barquier » de père en fils chez les Jourdan.

Des hommes de « l'ancien temps », des hommes de parole, droits et durs à la peine, qui mènent toujours à bon port leurs cargaisons de grains, d'huile ou de vin.

Mais en cette période trouble qui suit la chute de Napoléon, ultras et affairistes règnent en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Situons le roman dans son contexte : En 1799, c'est la fin du Directoire, Bonaparte, premier consul veut conserver les acquis de la Révolution, éviter le retour de la Monarchie, et écarter le peuple de la vie publique. Il veut tout contrôler, surveiller, policer. En 1800 c'est l'empire, Napoléon est nommé consul à vie. le duc d'Henghien, petit fils du prince de Condé, chef de l'armée des émigrés, est fusillé en prévision d'un éventuel retour de la monarchie.
En avril 1814 après toutes ses conquêtes et la défaite de Russie, Napoléon abdique sur l'île d'Elbe.
La France respire, la paix va revenir. c'est la Restauration : le frère de Louis XVI, 58 ans, en exil en Angleterre depuis de nombreuses années, prend le nom de Louis XVIII. Un gouvernement provisoire est constitué, Une nouvelle charte constitutionnelle est présentée, qui va couper la France en deux, les royalistes et les républicains, le pouvoir exécutif est réservé au roi qui peut approuver ou suspendre les lois, dissoudre la chambre des députés. le poste de 1er ministre est supprimé. Seuls les français bénéficiant de bons revenus fonciers ont le droit de vote.
Mais Napoléon, le petit corse, sait que la France peut encore l'accueillir : il quitte son île pour 100 jours, du 20 mars au 18 juin 1815.
Il remet les pieds en France au printemps 1815 et c'est en mars 1815, au début des 100 jours que nous faisons connaissance avec « l'Angélique », barque marchande de Pierre Jourdan, 60 ans, Héloîse sa femme, et Henri leur fils 35 ans, barquiers de père en fils qui ont choisi le monde de l'eau, et qui devra épouser une fille « du monde de l'eau ».
Pierre Jourdan est respecté des compagnons et patrons de barques, très contrarié par l'arrivé de Napoléon au pouvoir, lui qui est royaliste du côté Capet. Il aime sa situation d'homme indépendant et libre de vivre au grand air, dans l'odeur changeante selon les saisons et les heures de la journée de l'eau du canal, même si, vivants dans l'incertitude du lendemain, ils dépendent financièrement des négociants car ces périodes d'incertitude politique nuisent au commerce et incite les négociants à la prudence.
« La Désirée », barque marchande qui a vieillit et qu'il faudra remplacée, conduite par Joseph Aubanel, 40 ans, sa femme Justine, deux garçons Etienne 19 ans, et Nicolas, 18 ans qui n'aime pas cette vie des hommes de l'eau, il veut être paysan et travailler la terre, « dans les vignes du Languedoc ou les blés du Lauragais » et est amoureux de Juliette dont le père possède un domaine de 50 hectares. Et Marthe 10 ans.
« La Jolie » barque de François Courech et sa femme Antoinette et leurs filles Caroline et Rose qui devront se marier à d'autres mariniers.

On partage sur toute une année la vie simple mais tourmentée, sur le canal des mariniers, particulièrement des trois familles qui pratiquent l'entraide et la solidarité, des négociants, fermiers et vignerons, charretiers, lavandières, couturières qui vivent du canal et autour du canal.
D'abord nommé « canal royal de Languedoc », les révolutionnaires le rebaptisent en 1789 « canal du Midi ». A partir du XIXe siècle, le canal latéral à la Garonne, qui double la Garonne de Bordeaux à Toulouse, prolonge le canal du Midi pour fournir une voie navigable de l'océan Atlantique à la mer Méditerranée, sans faire le tour de l'Espagne : l'ensemble des deux canaux est dénommé « canal des Deux-Mers ».
Ouvrage d'art exceptionnel, prouesse technologique, considéré par ses contemporains comme le plus grand chantier du XVIIe siècle, le canal du Midi révolutionne le transport fluvial et la circulation dans le Midi de la France de l'Ancien Régime. le défi, relevé par Pierre-Paul Riquet, son concepteur, est d'acheminer l'eau de la montagne Noire jusqu'au seuil de Naurouze, le point le plus élevé du canal.
On fait connaissance également avec Odilon Rigal, 45 ans, opportuniste et affairiste qui vient d'un milieu pauvre et qui a trimé en étant jeune en trainant une carriole pour livrer des légumes aux halles. Il s'échinait aux travaux des champs, en plein soleil, dans la poussière et la sueur, dormant dans une cabane en bois, il voyait à cette époque les barques du canal comme un « paradis ambulant ».
Il recherche des patrons de barques malheureux en affaires, endettés ou hypothéqués, auxquels il rachètera leur barque à moindre frais. Il en compte déjà 17, ainsi que des auberges, des entrepôts, des services de voitures particulières. Il s'est crée une situation sous le règne de Napoléon par des intrigues, un réseau de relations, de débiteurs, placés entre Toulouse et Sète.
Il veut entrer dans le monde des hobereaux, trouver un parti noble pour ses enfants, ou des propriétés ou un nom à particule. le canal du midi lui sert de terrain pour bâtir sa fortune et prendre une revanche sur la vie et aussi sur cette époque où Pierre Jourdan lui a refusé de le prendre à bord de la barque de son beau-père. Il en a ressenti une profonde humiliation et veut régler ses comptes.
Cette période de la Restauration apporte une crise économique et des troubles, voire même des répressions, dont certains, tels « les verdets ou ultras » qui souhaitent le retour du Comte d'Artois, le dernier Bourbon, et veulent profiter, par des coups bas et mauvaises manoeuvres, de s'accaparer les biens et les charges des hobereaux, tandis que d'autres attendent le grand « chambardement » du passage à l'avènement de la République, et tous attendent la chute de Napoléon pour prendre el pouvoir.
Un marinier doit faire vivre sa famille et mettre de l'argent de côté pour faire construire une autre barque pour installer le fils aîné et faire perdurer la vie sur l'eau sur plusieurs générations. Les mariages se font entre mariniers car toute leur vie gravite autour des barques. Ils sont inquiets devant cette période de révolution économique qui se profile avec l'Empire.
Ce roman agréable à lire qui nous promène sur le canal du Midi, m'a rappelé le roman de Christian Signol « le royaume du fleuve » qui se situe lui en 1851, au coup d'état du prince Napoléon.
Plus prêt de nous, ce roman plaira à ceux qui naviguent ou qui ont navigué en pénichette sur le canal de nos jours, comme on peut voir quelques reportages sur « Youtube ».
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J'ai lu ce livre à l'occasion de récentes vacances au bord du Canal du Midi. Ce roman de terroir raconte la vie de trois familles à bord de barques du canal du Midi transportant les marchandises entre la Méditerranée et Toulouse et vice versa. le roman se déroule dans la période troublée de 1815. L'auteur décrit bien les enjeux politiques, sociaux et économiques du moment. le rythme du roman est lent à l'image du défilé des embarcations sur cette voie d'eau devenue mythique. Les Belles du canal constituent la suite des Hommes du Canal.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Joseph s'en tenait à la seule certitude qui lui restait : "La Désirée" avançait. "La Désirée" brisait la glace, "La Désirée" allait vers son but! Il avait confiance en son bateau.
...Mais il y eu l'arbre....Oui, peut-être seraient-ils passés sans cet arbre qui, après tant et tant d'années où il avait résisté à tout, avait fini par s'abattre en travers du chemin de halage.
"La Désirée" était immobilisée le long de la rive.
-Il faut mettre les chevaux à l'abri. Quand tu auras abrité les chevaux, reviens. Il faut que ta mère et Marthe aillent là-bas aussi. Toi et ton frère, vous les emmènerez avec vous.
-Et vous, père?
-Non. Moi, ma place est ici, sur "La Désirée".
La nuit vint vite. Le vent avait repris de plus belle sa course folle. Vers six heures, la neige avait cessé de tomber, et le froid était revenu, plus vif, brutal, d'une méchanceté d'acier.
Joseph se tenait sur le pont de la "La Désirée" et scrutait l'obscurité menaçante, essayant d'apercevoir le travail de la glace sur la surface du Canal...
Vers dix heures, il entendit les premiers craquements, c'était le bois même de "La Désirée" qui gémissait. ..le bois craqua. les membrures commencèrent à plier. ..Joeph Aubanel sauta sur la berge au dernier moment. Déjà, lestée par sa cargaison, la barque commençait à piquer du nez...Une fois sur la terre ferme, il avait vu, les yeux brûlés de larmes, son bateau s'enfoncer, disparaitre dans la nuit épaisse ses plaques de bois déchiquetées...Au milieu de l'amas pris dans la glace, dans les craquements qui engloutissaient les restes de la coque et du bateau arrière, il vit se dresser vers le ciel la barre que son père avait tenue si longtemps entre ses mains.
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Mars fut un mois magnifique en cette année de 1816. Un air doux, gonflé de vent et chargé d'odeurs, chassa bien vite tout ce qui pouvait rester de cet hiver sombre et redoutable qui avait porté, jour après jour, ses assauts sur le Languedoc tout entier. Le soleil recommença de se promener d'un côté du ciel à l'autre et déversa sur le Canal des flots de lumière blonde qui s'accrochaient dans les premières feuilles des arbres des berges et venaient éclabousser l'eau. Descendue par la Rigole de la plaine jusqu'à Naurouze, elle semblait charrier tout le renouveau qu'on pouvait imaginer surgir discrètement au fond des forêts, sur les mousses, entre les taillis de la Montagne Noire....Ce fut au milieu de ces merveilles que "la Jolie" continuait sa route.
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-Je suis venu me plaindre d'Odilon Rigal, dit Pierre en entrant tout de suite dans le vif du sujet. Lors de mon dernier voyage, j'ai eu des ennuis avec deux de ses barques sur l'écluse de l'Océan, à Naurouze.
_Que s'est-il passé? demanda sèchement l'ingénieur.
_Il semble que le Canal appartienne à Rigal, dit Pierre. C'est en tout cas, à l'évidence, son opinion personnelle, et je crains qu'il ne soit parvenu à la faire partager par les employés de Naurouze. Ses bateaux ont désormais priorité sur les barques marchandes des petits patrons au passage des écluses.
_Vous savez que ce n'est pas vrai! le coupa de Vergnes.
_Je croyais le savoir! fit Pierre. Mais si je suis venu aujourd'hui, c'est parce que cet incident, qui date d'hier, n'est pas le premier. En outre, à cause des passe-droits de Rigal, j'ai dû rester toute la nuit dernière à vingt kilomètres de Toulouse, après avoir garé "l'Angélique" sur un bras mort.
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