La musique d'une vie/
Andrei Makine/ Prix RTL 2001
Andrei Makine est né en Sibérie en 1957. Écrivain russe de langue française il a obtenu le prix Goncourt en 1995 pour son roman «
le testament français » que j'ai commenté naguère. Il a obtenu ipso facto la nationalité française.
Ce qui d'emblée séduit dans «
La musique d'une vie », c'est le style, une écriture ciselée, une vraie musique, une prose qui vous charme aussitôt et vous berce. Les mots s'alignent tels des notes de musique.
L'histoire commence dans le hall de gare d'une ville de l'Oural balayée par une tempête de neige. le narrateur observe ses congénères résignés à attendre un hypothétique train qui a déjà six heures de retard. Et l ‘ « homo sovieticus », terme inventé par
Alexandre Zinoviev, philosophe russe, est là dans toute sa « splendeur » ! Fataliste et résigné, il est victime de la prédominance d'une idéologie sans concession, le stalinisme, qui induit la difficulté de vivre et la disparition de l'individu au profit de la collectivité. Une capacité d'endurer phénoménale. Les traits d'humour ne manquent pas dans le récit que fait le narrateur : « On leur proposerait maintenant de grimper sur les toits ou, pire que ça, de courir derrière le train, pas un ne rouspéterait…Homo sovieticus ! »
Le narrateur rencontre Alexei, un vieil homme isolé qui somnole et qui pour passer le temps va lui raconter sa vie de musicien. Comment alors qu'il allait jouer son premier concert de jeune pianiste virtuose à Moscou en 1941, le destin va s'emparer de sa vie de façon tout à fait inattendue. Comment pour éviter d'être incarcéré il va fuir son identité véritable, puis sa fausse identité. Tout cela pour survivre, résister à la machine stalinienne qui broie tout ce qui résiste. Grâce à la force de l'esprit.
Un bref roman tout empreint de sensibilité, à lire nécessairement.