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Je n'ai pas grand chose à rajouter au concert d'éloges si ce n'est le mien. Cette musique-là dans une gare sinistre et froide nous rappelle que la vie est chevillée au corps tant que nous n'avons pas décidé de l'abandonner. Peut-on parler de destin, mot facile ou de karma, sous d'autres cieux ? L'Histoire ballotte les êtres comme des fétus de paille, la Russie est un pays grand destructeur de vies, cela n'étonne plus et le malheur est une donnée objective, normale, le bonheur ne s'invitant que par effraction, il n'est pas de ce pays. Quand les tourments font une pause, l'individu se faufile entre les mailles de la folie collective, saisit les quelques instants de félicité ainsi grappillés et se replonge dans le bain mortifère. La musique est ici celle que nous n'entendons pas, la partition est inachevée et reste à écrire; à nous peut-être d'écrire les dernières mesures.
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C'est beau et triste comme une envolée de notes sur un linceul de flocons immaculés.
Beau,comme un dernier accord éteint dans la tristesse d'un hall de gare de l'Oural,gare ensevelie sous une tempête de neige, où tout se mêle en une masse humaine, où la fille à soldats qui s'encadre sur fond de grands panneaux à l'effigie de Lénine jouxte, la mère, l'enfant,le vieux lové sur un journal La pravda, les odeurs de conserve et d'alcool.
"Soudain cette musique!"
Le narrateur sommeille et "le sommeil se retire comme le rouleau d'une vague dans laquelle un enfant tente d'attrapper un coquillage entrevu" et lui "ces quelques notes qu'il vient de rêver".
"Homo sovieticus!"
"Ce mot recouvre la stagnation humaine" de ce "pays en dehors de l'Histoire."
"Ce mot le sépare de la foule".
La musique reprend comme "un fil de soie à la sortie d'un chas".
Un début merveilleux,où le lecteur a l'impression d'entrevoir les prémisses d'une création musicale.
A moins que du rêve et du vieillard entrevu n'émerge La musique d'une vie!
La gerbe de notes fuse et le vieillard pleure,puis se raconte.
Etrange destin que celui de ce presque clochard croisé dans le train en partance pour Moscou, étincelle de vie égarée dans la nuit.
Remontée dans le passé.
Alexeï Berg,jadis virtuose, dénoncé la veille d'un grand concert, fuit,terrorisé,se cache,s'immisce parmi les soldats en guerre,recopie leurs gestes,change d'identité,tue et s'expose à la mort dans la peur d'être démasqué. Il devient Sergueï, celui auquel Stella la fille d'un général apprend à jouer "Petit soldat de plomb".Mais lorsqu'ignorante et moqueuse,promise à un autre lors d'une réception,elle le pousse à jouer.... ses doigts fourmillent et la musique déferle.....et ce sera dix ans de camp.
Horriblement triste comme un destin brisé dans un monde inhumain.
Une belle écriture légère et musicale,un roman fort et sensible à la fois qui témoigne du "pesant héritage de Byzance,des deux siècles de joug tatare,cinq siècles de servage,des révolutions,de Staline" car "East is East!"
André Makine,russe, a passé en 1980,son doctorat en littérature de l'Université de l'Etat de Moscou.En 1987,lors d'un voyage en France,il a obtenu l'asile politique. Professeur de langue et de culture russe à l'école normale supèrieure et à sciences Po, il a plublié plusieurs romans(traduits en plusieurs langues) à partir de 1990 dont le testament français (prix Goncourt général,prix Goncourt des lycéens et prix Médicis en 1995.
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Découverte d'un auteur grâce au challenge solidaire. Comment sortir de sa zone de confort tout en tombant sur quelques pépites.
Un livre court mais poignant de sincérité sur la vie russe.
Une nuit, une gare en pleine steppe, le froid, le silence, des âmes égarées dans une ville perdue en attendant un train qui arrivera dans 6 heures, 6 jours ou peut-être jamais. La résignation dans cette attente, une introspection pour le conteur regardant ses protagonistes, ces homo sovieticus. Résignés, cassés par la révolution et la guerre, ils ne luttent plus. Dans le silence quelques notes s'échappent, une rencontre furtive avec Alexei, un pianiste qui a dû abandonner son art pour s'échapper à l'internement. A travers ses souvenirs on retrouve le parcours difficile de ceux ayant pu avoir le moindre lien avec l'opposition.

Un livre tout en mesure, une pudeur dans l'écriture assez touchante. Un vécu, des blessures qui se ressentent dans une histoire un peu témoignage.
Une invitation à découvrir plus son oeuvre.
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Alexis Berg était promis à une belle carrière de musicien mais la veille de son premier grand concert dans l'URSS de Staline dans les années 1930, ses parents sont arrêtés et Alexis fuit et se cache sous une fausse identité. La guerre le rattrape, il rencontre Stella, fille d'un général mais comme sa carrière, ses amours sont broyées. Symbole de l'homo sovieticus selon le narrateur qui rapporte son histoire, un destin broyé, contrarié fait de force, de résilience, de résignation. Seule la musique le révèle (mais elle le trahit aussi)
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Voici un petit bijou de littérature. Plus proche de la nouvelle que du roman, ce texte à l'écriture fluide, dense et précise, se lit et se relit en quelques heures, pour le pur bonheur de lire et d'être ému par le drame vécu par un jeune pianiste russe. Celui-ci devra renoncer à une carrière prometteuse suite à l'aide apportée par ses parents à un violoniste honni du régime. Ils seront dénoncés et leur fils devra fuir pour échapper aux camps de rééducation.
Sans pathos et sans mélo sont abordés des thèmes chers à l'auteur, ceux de " l'homo sovieticus", sans qu'une critique implicite vienne alourdir une histoire poignante. Tout sonne juste d'un bout à l'autre et cela suffit.. C'est également une bel hommage à la musique et à la place qu'elle tient dans la vie, ou devait tenir lorsque la liberté le permet. L'homo sovieticus est mort, vive l'homme russe !
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Une belle révélation pour moi que cet auteur russe, qui m'était inconnu jusqu'à présent! Son écriture a été pour moi comme une douce musique: vibrante, harmonieuse et captivante.

Tout commence par une longue nuit d'attente, dans une gare de train en Russie. Un train qui a six heures de retard. Un homme qui observe tout ce magma humain qui attend, chacun à sa façon, dans cette gare. Puis, cet homme est attiré par une belle mélodie et finit par trouver un vieil homme qui joue du piano: Alexeï Berg. Ils embarquent ensemble dans le dernier wagon d'un train qui finit par arriver et Alexeï va alors lui raconter sa vie, durant le trajet les menant à Moscou. Sa vie d'avant, durant la deuxième guerre mondiale.

J'ai vraiment été captivée par ce récit touchant. L'économie de mots pour décrire l'essentiel de cette histoire, sans jamais tomber dans le pathos, en enrobant le tout d'une grande beauté, dénotent un indéniable talent de conteur chez cet auteur. Merveilleuse découverte!
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Rencontre improbable avec un ancien musicien concertiste dans une gare improbable,dans l'Oural,à attendre un train qui a déjà 6 heures de retard. Makine se sert de ce point de départ pour parler d'une vie bifurquée,à cause des purges dans l'ancienne URSS,de la guerre et de la complexité de la vie dans un pays où un grand inquisiteur chasse l'autre,et où l'auto surveillance est un sport national.
À quoi tient un destin? Nous n'en sommes pas maîtres,il dépend si peu de nous,nous dit l'âme russe.
J'aime Makine,le regard bienveillant qu'il pose sur les gens,sur son pays, j'aime ses mots tendres et durs.
Un beau petit livre. le chant de l'impossible. Mais il faut bien vivre, n'est ce pas, puisque nous sommes sur terre.
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Quel style! Quelle poésie dans les mots! J'ai retrouvé dans ce roman magnifique une trame assez similaire au joueur d'échecs de Sweig dans le sens où le narrateur rencontre le personnage principal au cours d'un voyage et celui-ci raconte sa vie. La comparaison s'arrête là car ici nous découvrons (sans dévoiler l'intrigue) un ancien soldat sensible à une certaine musique.
J'ai vraiment passé un agréable moment à lire cet ouvrage, en grande partie grâce au style d'Andrei Makine qui vous transporte autant qu'il vous apporte. J'aime ces écrivains qui, à l'instar de Sorj Chalandon, ne se contentent pas de décrire une situation mais vous enrichissent et vous ensorcellent en une phrase.
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En cent trente petites pages, andreï Makine arrive à nous dépeindre l'absurdité du régime stalinien. On peut malgré tout, lui reprocher la brièveté de son roman.J'aurai aimé qu'il s'attarde davantage sur certains passages. Qu'il empreinte des chemins de traverses... Là, c'est plutôt l'autoroute, le raccourci. Il se rattrape par une écriture fluide, agréable à lire.
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Makine est vraiment un merveilleux écrivain, car quel talent d'écrire le français d'une manière aussi parfaite. Il a su rendre passionnant le récit d'une vie dans un livre court et dense qui se lit d'une traite.
Deux hommes se rencontrent dans une gare, au fond de la Sibérie, l'un âgé qui joue du piano, l'autre beaucoup plus jeune. Ils attendent un train qui doit les conduire à Moscou, mais en raison des tempêtes de neige l'attente dure des heures. Ils se retrouvent dans la même wagon et vont passer de longues heures ensemble.
La vie d' Alexandre Berg a commencé sous le régime staliniste. Il se prépare à donner son premier récital de piano lorsqu'il rencontre un voisin qui lui indique qu'il ne doit pas rentrer chez lui. de là commencera son errance, avec toujours à l'esprit la même musique, celle qui a provoqué leur rencontre.
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