Selon
Marcel Arland, l'un des vieux amis de
Malraux,
Lazare est le plus beau de ses livres, le plus sincère. Je ne suis pas loin, moi aussi, de le penser.
Malraux raconte là sa confrontation avec la maladie après l'attaque qui l'a conduit à être hospitalisé 15 jours. Sur son lit de malade, face à la mort, il note ce qu'a été pour lui cette proximité : " Je ne rencontre pas plus le bilan de la vie que le vertigineux passé de la noyade. Aucun attendrissement pour ce qui doit disparaître avec moi. Peu de souvenirs de sentiments, même d'amour....Des images, pas d'évènements, sauf si je les cherche." Et plus loin, considérant les fleurs qu'on lui a offertes, il note :" il y a des cyclamens et j'aime leurs pétales charnus comme j'aime les champignons. Quel Japonais m'a dit : si vous regardiez les fleurs de la même façon que vous regardez les chats, vous comprendriez honorablement la vie."
J'aime ses discussions avec le médecin qui le soigne. le voyant rire,
Malraux remarque : "Le rire dévoile dans les hommes leur visage d'enfant. le professeur devient à la fois un praticien goguenard et un gamin à bouclettes, malgré le front sérieux." Mais la conversation devient grave. À
Malraux qui lui demande ce qui aide les malades, le professeur répond que les sceptiques sont plus déprimés que les croyants.
Malraux avait déjà évoqué ce qu'il appelle l'aquabonisme, c'est-à-dire le sentiment qui vous fait dire à quoi bon vivre, dans ses
Antimemoires. le médecin lui rappelle son ami Jacques Méry, ce professeur du Lycée de Saïgon dont il dresse la figure dans plusieurs de ses oeuvres antérieures. "L'aquabonisme dit le professeur nous le soignons, maintenant.
- Auriez-vous guéri Lawrence (Laurence d'Arabie, d'après
Malraux qui s' était intéressé à cet aventurier de legende, aurait été un aquaboniste) ?
- Qui sait ? Je vous soigne bien. Mais aurait-il accepté d'être soigné ?
Il faut lire
Lazare, récit d'une résurrection qui donnera à
Malraux deux à trois ans de répit, avant son décès en 1976. Il faut le lire comme un long poème incantatoire où l'on retrouve la plupart des thèmes qui parsèment son oeuvre.