Les Chênes qu'on abat .. (c'est du
Victor Hugo.. je le sais parce que c'est marqué dessus comme le port salut, en première de couverture : "Oh quel farouche bruit dans le crépuscule. Les chênes que l'on abat pour le bûcher d'Hercule ! ")
Livre paru en 1971.
Charles de Gaulle s'était retiré à Colombey-les-Deux- Eglises et
André Malraux son auteur lui a rendu visite dit wikipédia -qu'il m'arrive de compulser sans rougir -, mais là je dois dire a tort d'induire cela, car je sais pertinemment que
De Gaulle est mort fin 1970. Je le sais car j'étais tout jeunot aux Antilles à l'époque et des canadiens sur la plage -du temps où il y en avait encore qui venaient - étaient venus me présenter leurs condoléances. Ensuite, quand j'ai eu trois poils au menton, je me suis procuré ce livre (en Blanche chez Gallimard), car à l'époque ce fut un peu un pavé dans la marre, ses oeuvres se raréfiaient et revoilou
André Malraux : il fut donc considéré comme son dernier livre, à succès du moins, car il avait commis paraît-il un voire deux qui étaient considérés comme une suite (rassemblée dans les
Antimémoires) mais qui furent confidentiels, ils étaient moins bons, et
Malraux perdait de son lustre : il finit par ne plus être que l'ombre de lui-même, il avait des problèmes de santé et patati patata .. On entrait dans une ère politique à couteaux tirés avec la gauche qui perçait et qui finira par prendre le pouvoir en 1981. Il n'est pas question pour moi d'omettre ici Pompidou qui fut à mes yeux le dernier homme politique français valable, visionnaire, populaire.. Malheureusement pour la France, celui-ci fut emporté par la maladie..
Quand on lit
Les Chênes qu'on abat, comment il écrit celui-là dis donc !! Ce fut le dernier grand écrivain français, ou géant disons plutôt avec les
Sartre, Camus .. Après, les Lettres françaises furent comme tétanisées, à court d'inspiration, à l'image du football français, passif, infécond, crispé, sans talent, complexé, voire ridicule .. Il faudra attendre une génération pour voir émerger un nouveau grand avec
Houellebecq, mais celui-ci ne fut-il pas non plus l'arbre qui cache la forêt, mais revenons à nos Chênes, tout cela n'engage que moi évidemment !..
Alors c'est donc avant la mort de de Gaulle que
Malraux vint le voir à Colombey et qu'il rapporte dans le livre ses dernières conversations avec le grand homme qui ne me fit pas trop d'effet à vrai dire car j'étais trop jeune et un tantinet rebelle .. Mais ceux-là néanmoins quand ils causaient, ça donnait envie de parler comme eux, j'ai plus vu cela avec Pompidou .. Quelle immense culture française, ils trimballaient !..
Je ne l'ai pas lu tout de suite les Chênes, car je n'étais pas trop versé politique. J'ai lu quelque part que
Malraux ne se prenait pas pour une ... Eh ben là il prend réellement
De Gaulle pour un géant historique et lui instrumentalisé en quelque sorte, c'est lui qui le dit ! Je le trouve en fin de compte modeste, car c'est lui qui retient mon attention aujourd'hui avec une acuité inaccoutumée. J'en ai même le frisson quand je sais que c'est lui qui a signé
la Condition humaine,
l'Espoir..
Le vrai et dernier entretien confidentiel entre un homme de génie au crépuscule de sa vie et son protégé, presque bouffon de service, il y eut bien des précédents, mais
Malraux arrive à nous convaincre quand il dit ceci : "Ne tenons pas des boutades pour des confidences. Il serait passionnant pour nous de connaître une conversation de cette nature avec Napoléon , parce qu'il serait passionnant de savoir ce que disait librement Napoléon .." (..) le maréchal Bertrand nous en donne souvent l'idée, mais une fois de plus , Napoléon parle presque seul ; et Bertrand n'était pas un écrivain. Ce que dit ici le général de Gaulle le peint ; quelquefois, dans un domaine assez secret. Mais ses paroles vont de ce à quoi il a réfléchi à ce qu'il improvise pour y réfléchir, enfin à ce qu'il dit pour s'amuser.". Je serais presque tenté de dire qu'on ne voit ça qu'au cinéma et que la qualité de ce qu'il donne comme définition à ces dernières confidences non pas arrachées, voire indécentes comme bien souvent vu le contexte souvent funeste tient effectivement en ce mot Librement ..