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EAN : 9782493227300
374 pages
Humbird & Curlew (12/05/2023)
4.35/5   10 notes
Résumé :
Chez Capsule, nos clients sont précieux. Mais ils ont parfois la tête dans les nuages !

— Chérie ? C’est quoi ce bébé standard dans la cuisine ? On avait dit un modèle Marie-Antoinette pour notre anniversaire de mariage !

— Oh oui, où avais-je la tête ? J’y retourne !

Mais heureusement, notre Service Après-Vente vous permet un échange sans frais pendant 3 mois, sur un coup de tête...

ou un coup de cœur !>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Lorsque la menace devient réelle, dans les années 40, la famille Donovan-Herschel émigre vers les États-Unis. A son retour, la déception est énorme, la belle demeure familiale, investie par les Allemand pendant l'occupation est quasiment à l'état de ruine. Des années plus, après la mort du patriarche, les fils envisagent de réhabiliter la maison de leur enfance et pourquoi pas d'y exercer leur métier de médecin, dans le cabinet qu'occupait leur père. L'exploration du chantier leur réserve une nouvelle surprise, qui modifiera totalement la suite de leur vie professionnelle.

En parallèle, l'époque intitulée « actuellement » est sans aucun doute de nature dystopique. Dans un environnement conquis par les forêts qui détruisent toutes les villes, la population vit dans des campus. La fécondité n'est plus qu'un souvenir des temps passés. Il faut pourtant repeupler le pays. Autant profiter des promos en cours : on achète des bébés de synthèse, issus de manipulations génétiques, ce qui a l'avantage de diversifier les choix. Comme tout produit marchand, il existe des garanties en cas de déception ! …

Autrement dit, il tarde au lecteur de comprendre ce qui unit ces deux époques et ces personnages, ce qui rend le roman particulièrement addictif.

C'est bien sûr l'occasion de passer au crible nos attitudes de consommateurs, quelque soit l'enjeu de l'acquisition.

Des personnages énigmatiques, jamais manichéens, pour servir un histoire plutôt bien ficelée et questionnante. Un premier roman de science fiction intéressant.

374 pages Humbird & Curlew 12 mai 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Une famille de médecins et de scientifiques, le secret de la vie, des convoitises financières ou autres, une rusée science-fiction politique et intime pour un beau premier roman.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/09/04/note-de-lecture-lornata-terry-marchand/

Ce prologue de « L'Ornata », premier roman de Terry Marchand, publié aux éditions associatives Humbird & Curlew en mai 2023, pointe résolument vers le polar ou le thriller, avec sa bascule si rapide, presque instantanée, entre le très ordinaire et le crime radical (même s'il faut lire très attentivement cette introduction pour saisir ce qui ne s'y passe pas, et déjà déjoue les attentes de lecture). Ce sera l'un des nombreux pièges distillés au fil de ses 360 pages, où les genres littéraires s'entrechoquent joyeusement pour nous offrir in fine, s'il fallait absolument la caractériser, une rusée fiction scientifique, familiale et dystopique. Jouant avec une véritable habileté d'une organisation chronologique fragmentée, l'autrice distille savamment chez la lectrice ou le lecteur un malaise croissant autour de ce qui semble « ne pas coller » dans l'histoire de cette famille de médecins franco-américains, où les deux fils, Nathaniel le naturel et Simon l'adopté, rivalisent de brillance avec leur amie Elsie, formant avec elle un curieux triangle à quatre côtés amicaux, amoureux, professionnels et scientifiques, autour d'une recherche issue de la chirurgie esthétique sur laquelle se sont néanmoins penchés des médecins nazis durant la deuxième guerre mondiale. Ultérieurement, l'ombre décisive d'une gigantesque transnationale de l'industrie bio-pharmaceutique, proposant désormais à toute une chacune et tout un chacun, moyennant justes finances (bien entendu), les enfants « développés en cuve » (avec leurs modèles standard, premium et vintage) que l'humanité est désormais bien en peine d'avoir naturellement, fait beaucoup plus que planer dans le paysage, s'y installant finalement en maître ou presque.

Proposant en permanence son jeu entre la normalité apparente et « ce qui cloche » (et ce, dès le prologue), « L'Ornata » organise l'inquiétude par dissonances cognitives et ruptures rusées de continuité. Avec ses solides réflexions sous-jacentes et ses vertigineuses métaphores autour de l'éthique de la recherche scientifique (tout particulièrement bio-médicale, et sur son versant bio-politique) mais aussi de la vérité des partenariats public-privé de toutes sortes (« le profit pour le privé, les pertes pour le public »), ainsi que sur la violence qui peut en découler in fine, Terry Marchand nous offre un matériau joliment foisonnant, que son écriture, peut-être un peu trop directe et descriptive à ce stade, ne parvient sans doute pas à lier totalement encore : on attendra donc avec plus d'impatience encore son prochain texte !

Nous aurons la joie de recevoir prochainement Terry Marchand à la librairie Charybde, à Ground Control, à une date non encore précisée. Pour ne pas rater l'occasion, pensez à nous suivre sur notre site (ici) ou sur les différents réseaux sociaux.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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♠ « L'ornata » - Terry Marchand

Depuis la fin de l'année, mon partenariat avec la maison d'édition Humbird & Curlew a quelque peu été mis entre parenthèses. En effet, le travail de publication demande beaucoup de temps et d'investissement ; l'équipe H&C a donc planché pendant plusieurs semaines sur ses prochaines sorties. de mon côté, je me suis concentrée sur des projets personnels mais me vois ravie de découvrir à nouveau une nouvelle auteure. Merci H&C pour ce service presse !
Après le décès de leur père, Nathaniel et Simon héritent du manoir familial laissé en décrépitude depuis l'invasion allemande liée à la Seconde Guerre mondiale. Lors de fouilles à la cave, ils découvrent une pièce cachée remplie de notes scientifiques et de matériel d'expérimentation. Sans le savoir, les deux frères viennent de mettre la main sur une innovation technique sans précédent. Dans un futur proche, elle pourrait même sauver l'humanité…
ATTENTION SPOILER :
Les courts chapitres de ce roman donnent beaucoup de rythme à la lecture et présentent deux temporalités bien distinctes : passé (étendu sur plusieurs années) et présent (en réalité futur). Les interactions entre ces deux périodes sont très intéressantes et les époques se mélangent brillamment. L'auteure voyage entre l'ambiance oppressante d'après-guerre et le fonctionnement d'une société futuriste mais dépeuplée. de plus, j'ai adoré les divers personnages principaux qui amènent, l'un après l'autre, des éléments importants au récit. La trame complexe et cohérente m'a énormément plu, tout comme la combinaison de tous les points de vue. Enfin, j'ai apprécié les quelques descriptions de villes fantomatiques, les sections "clic" ou "zap" originales et le dénouement parfaitement réussi.
En revanche, j'ai parfois constaté un léger manque de cohérence au niveau de la ponctuation et j'ai trouvé que les meurtres n'apportaient pas grand-chose à l'histoire.
Bref, j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture que je vous recommande sans la moindre hésitation. Les pages défilent à une vitesse folle et le récit est parfaitement ficelé. Foncez !

Pour plus d'informations et de chroniques :

Lien : https://www.shanaslibrary.co..
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Découvert lors du salon Etrange-Grande (Merci le bébé en bocal d'avoir attiré mon attention! :D ) ce week-end et dévoré en 3 soirs! Cela faisait longtemps que je n'avait pas rigolé autant, c'est très original j'ai adoré le personnage de Célia!
Le côté scientifique est très crédible, je me suis demandée si cela pourrait être vrai.
Une chouette rencontre, j'espère que vous écrirez d'autres histoires.
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Je mets 5 étoiles !!! Je le précise car je n'ai pas réussi à cliquer sur les étoiles...
J'ai J'ai adoré ce livre alors que je ne suis pas très
roman à la base (plutôt porté sur les essais).
La lecture est fluide et m'a laissé une impression très agréable, un peu comme les ouvrages d'Amine Maalouf. L'intrigue est très finement amené et l'histoire est très originale.
Je recommande sans hésiter (d'ailleurs j'en ai offert un exemplaire à ma soeur).
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le 25 février, quelque part entre Paris et la côte nord, Madame Donovan-Herschel accoucha dans un hôpital de l’assistance publique. Il était pourtant planifié que cette naissance se déroule, un bon mois plus tard, à la maternité de l’Hôpital Privé américain en plein coeur de Paris. Mais le couple Donovan-Herschel, sur l’insistance de Madame, s’était accordé un séjour en bord de mer. Néanmoins, le docteur Donovan-Herschel avait dû écourter son congé : une affaire urgente l’attendait dans son service. Il fut convenu que sa femme rentrerait en voiture deux jours plus tard, tandis que le docteur prendrait le train seul pour retrouver son équipe au plus vite.
Les contractions, peut-être provoquées par les cahots du véhicule, eurent lieu rapidement après le départ de l’hôtel. Madame Donovan-Herschel mit sa confiance entre les mains de leur chauffeur qui avait passé son enfance dans la région : il conduisit sa patronne dans l’hôpital qui l’avait lui-même vu naître et la délivrance, bien que prématurée, se déroula à merveille ; le petit Nathaniel, héritier de la famille Donovan-Herschel, vint au monde parfaitement formé.
Le docteur Donovan-Herschel était arrivé en France en 1920. Sa scolarité assidue à Harvard en avait fait un interne brillant et sa famille de haute lignée s’était chargée d’en faire un jeune homme ambitieux. Il n’oubliait cependant pas d’être humaniste, et avant de prendre sa place au sein du service de chirurgie de son père à l’hôpital de Boston, il voulut faire son expérience sur le vieux continent.
C’est en travaillant auprès des officiers aux gueules cassées dans un institut parisien qu’il décida de sa vie professionnelle : la chirurgie esthétique, et en rencontrant la fille d’un ami de régiment de son père qu’il décida de sa vie familiale. Le couple marié tint à demeurer en France et s’installa dans une maison cossue d’une petite ville de Seine-et-Oise. Le docteur travaillait dans une unité de recherche et de soins à Paris trois jours par semaine. Le reste du temps, il poursuivait ses recherches personnelles avec une équipe réduite, chez lui, villa Ornata. Le couple mit de longues années à avoir un premier et unique enfant.
Le 26 février 1931 au matin, le docteur Donovan-Herschel prit le premier train et arriva au service de maternité de l’hôpital. Il demanda à se rendre dans la chambre où dormait profondément sa femme. Il lui déposa un baiser sur le front et, sans la réveiller, se rendit à la nurserie.
À travers la salle plongée dans une semi-pénombre ouatée, au milieu de légers murmures mouillés, une jeune infirmière l’accompagna vers le berceau où son bébé, rose et emmailloté, reposait. L’homme se pencha et regarda, ébahi, le tout petit visage de son fils : ses fines lèvres ourlées, ses longs cils filants, ses mains parfaites…
– Tu sais Monsieur, hier c’était mon anniversaire !
Le docteur Donovan-Herschel se redressa : une voix avait chuchoté près de lui. En effet, collé contre l’infirmière qui s’occupait d’un berceau voisin, un petit garçon pointait sa main vers lui, tous ses doigts écartés autant qu’il le pouvait.
– Moi j’ai eu trois ans !
Le docteur lui referma gentiment deux doigts.
– Trois ans c’est comme ça, fiston ! lui dit-il à voix basse.
À travers les barreaux, le garçon fixa ses grands yeux bruns fatigués sur le nouveau-né.
– J’ai trois ans tout pile de plus que Nathaniel ! Eh ! Faut pas le laisser pleurer !
Le bébé s’était mis à gigoter et commençait à vagir. Le docteur glissa délicatement les mains sous son dos et sa tête pour le prendre contre lui.
– Non ! Fais attention Monsieur !
L’enfant tendait les bras vers l’homme quand l’infirmière l’attrapa et le souleva du sol.
– Veuillez excuser Simon, Docteur. Il n’a pas lâché votre fils de la nuit et il est temps pour lui d’aller faire la sieste, je crois !
Le docteur Donovan-Herschel hocha la tête d’un air grave et berça doucement son bébé. L’infirmière sortit de la nurserie, le garçon dans ses bras.
– Faut pas le laisser tout seul, hein ! recommanda-t-il entre deux bâillements alors que la porte se refermait sur eux.
« Quel curieux enfant », pensa le docteur alors qu’il portait son fils à la chambre de sa femme.
Madame Donovan-Herschel et son fils restèrent à la maternité dix jours durant. Chaque fois que le bébé était déposé à la nurserie pour laisser la jeune mère reprendre des forces, il était systématiquement rejoint par Simon qui veillait sur lui et seulement sur lui. Il restait à ses côtés, debout près du berceau. Il lui racontait des histoires et surveillait toujours les soins que lui prodiguaient les infirmières. Il veillait sur le sommeil du bébé comme s’ils n’étaient que tous les deux dans tout l’hôpital.
L’infirmière en chef avait rapidement demandé au couple Donovan-Herschel si la présence de Simon auprès de leur fils les importunait. Madame Donovan-Herschel affirma, sourire aux lèvres, qu’elle était ravie d’avoir un petit ange gardien et le docteur Donovan-Herschel s’enquit de sa présence dans l’établissement.
Simon avait été trouvé presque trois ans plus tôt par l’un des ouvriers de l’hôpital, déposé dans la souche d’un vieux pin de son jardin. Il avait à ses côtés une petite bible dans laquelle on découvrit, griffonnée près d’un verset consacré à Simon le Zélote, sa date supposée de naissance, 24 février 1927.
Le jeune Simon Jumiège, enregistré à l’état-civil d’après la ville où il avait été trouvé, n’avait pas quitté l’hôpital depuis lors. Ça ou l’orphelinat, après tout… C’était un garçon très calme qui ne faisait aucun caprice, il dormait dans un recoin de la salle de garde des infirmières et mangeait avec elles ou avec certains patients qui appréciaient sa compagnie.
Les histoires qu’il racontait à Nathaniel – le docteur Donovan-Herschel les avait écoutées – étaient celles d’un enfant qui baignait dans le monde médical. Il parlait des médecins, des aides-soignants, de la mort, du sang et des blessures, des naissances, des plateaux-repas… Tout était affaire très sérieuse pour lui et, si ce n’était son articulation un peu hésitante parfois, sa vision du monde aurait presque pu être celle d’un adulte.
Avec les années, la douloureuse question de son éducation se posa dans l’équipe médicale. Il allait malgré tout falloir qu’il rejoigne un orphelinat, plus près des écoles, pour avoir un minimum d’instruction. Mais personne n’avait le cœur à l’y préparer.
La veille de quitter l’hôpital pour rentrer chez eux, Madame Donovan-Herschel était assise sur le fauteuil près de la fenêtre au deuxième étage,
Le petit Nathaniel au sein. Son époux se tenait debout à ses côtés, une main sur son épaule. Cigare éteint aux lèvres, comme souvent lorsqu’il était perdu dans ses pensées, il regardait au-dehors.
Le soleil était bas dans les champs à l’arrière de l’hôpital et les ombres s’allongeaient sur le sol qui n’avait pas dégelé depuis des jours. Deux jeunes aides-soignants chaudement couverts discutaient sur un chemin le long d’une haie dépenaillée.
Soudain, le petit Simon, qui s’était dissimulé derrière, bondit en hurlant sur les deux jeunes hommes. Très vite, l’un d’eux le souleva sans ménagement pour le porter tête en bas comme un sac de pommes de terre et lui tapota le derrière. Le garçon gesticulait, complètement hilare, au point qu’il en perdit son bonnet.
Madame Donovan-Herschel posa sa main qui ne soutenait pas son bébé sur celle de son mari. Il baissa la tête vers elle à son contact. Leurs yeux se croisèrent et la même idée les réunit.
Sitôt de retour à l’Ornata, le docteur Donovan-Herschel fit venir son avocat ainsi que le notaire de la famille et deux mois plus tard le couple Donovan-Herschel sortait de la mairie de Jumiège, leurs mains dans celles du jeune Simon.
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L’air frais lui piqua l’intérieur des narines et s’engouffra dans ses poumons tandis qu’il passait la première porte du sas. Le monde tournait doucement, le dernier shoot était visiblement celui de trop, celui qui tape alors que juste avant, on avait le cœur léger. De l’air, une taffe ou deux, c’est tout ce qu’il lui fallait.
La deuxième porte se referma et atténua un peu la musique qui résonnait dehors entre les multiples bâtiments d’acier de la zone industrielle.
Trop chaud, il avait eu beaucoup trop chaud. Il le savait, un tee-shirt aurait suffi, mais cette association veste/chemise faisait de lui un vrai tombeur ! Il n’aurait pas mis autre chose ce soir.
Il tira sur son col et fit quelques pas sur le parking le long de la boîte. De sa poche arrière, il sortit une cigarette chiffonnée et alla demander du feu à un couple adossé contre le mur de tôle. Alors qu’il leur rendait le briquet, la musique se fit plus forte.Trois filles sortaient à leur tour, leurs bras entremêlés et portées par les mêmes éclats de rire. Il tira une bouffée sur sa cigarette et les suivit discrètement du regard.
Déjà plus léger, il fit quelques pas sur la terre asséchée le long des voitures garées là. Les filles embarquaient tout près dans une berline blanche, toutes les trois à l’arrière. Il vit le chauffeur jeter un coup d’œil dans son rétroviseur puis il démarra et sortit du parking dès qu’elles eurent fermé la portière.
La troisième bouffée lui donna la nausée. Il leva la tête et inspira l’air qui sentait autant la nuit que les gaz d’échappement.
Il y avait peu de lumières dans la zone, on aurait pu voir les étoiles dans un ciel clair, si l’enseigne du club ne brillait pas autant. « Le Briskar ». Quel nom idiot, se dit-il. Parfait pour un restaurant à thème pirate pour des gosses, pas pour le seul endroit du coin ouvert toute la nuit !
Mais si l’on y pensait, il y avait bien quelques mecs qui traînaient là et qu’on aurait pu confondre avec des pirates, gueule de travers et toujours prêts à te taxer ton rhum, et sûrement que l’on pouvait attraper quelque chose qui ressemblerait au scorbut dans les toilettes. Et dans les tireuses à bière.
Sa nausée ne passait pas. Il se décida à sortir du parking pour s’éloigner du bruit sourd qui lui traversait le corps et percutait ses os. La rue, une ligne droite à travers entrepôts et immeubles de bureaux, n’était éclairée que par quelques faibles spots en ras de sol. Il allait marcher juste assez pour dégriser, quitte à poser une galette derrière un buisson, puis revenir un peu plus frais.
Est-ce que la grande brune au chignon serait encore là ? Quand il lui a dit qu’il sortait, il l’avait vue qui se dirigeait en dansant vers son groupe de copines. De toute évidence non, pas copines. Juste des collègues. Il y avait autant de vieilles que de jeunes. Les copines c’est toujours du même âge, non ? Et puis on est vendredi. Le vendredi, on sort entre collègues, les copines c’est le samedi, non ? « Merde ! Qu’est-ce que tu racontes mon vieux ? » Il finissait son monologue personnel, quand son corps tout entier tint à lui rappeler que les vodkas qui menaçaient de s’exfiltrer par le haut avaient été précédées d’une large pinte de bière qui, elle, souhaitait une évacuation plus traditionnelle.
Précautionneusement, il regarda derrière lui en direction du parking pour voir s’il était visible par les fumeurs adossés à la sortie. La lumière avait beau être faible, un type qui pisse au milieu d’un trottoir attire toujours l’attention. Il bifurqua vers la gauche, piétina un talus qui avait un jour dû proposer un massif fleuri, coupa à travers une petite pelouse fraîche de rosée (« Merde ! les chaussures en nubuck… »), traversa la vingtaine de mètres qui le séparait du parking éclairé d’un bâtiment en tous points semblable à celui du Briskar. Il se faufila sur le côté, entre une haie de buissons malingres et le mur de la structure.
Une rangée de fenêtres à la hauteur de son visage diffusait la lumière verte des blocs veilleuses de la société fermée. Cigarette entre les dents, il se soulagea, un œil sur le jet (« Gaffe au nubuck… »). Un mouvement à l’intérieur attira son attention. Il releva la tête, remonta vivement sa braguette et précipita son départ en direction du parking.
Il se tétanisa lorsqu’il aperçut une voiture entrer et se garer tout près de son recoin. Il fit un pas en arrière, jusqu’à se dissimuler dans le noir, le souffle court? « Pas question de sortir de là avant que la voie soit libre », se dit-il, un peu gêné, alors qu’il lâchait la fin de sa cigarette et la piétinait. Il entendit plusieurs portières s’ouvrir et se fermer, puis des voix étouffées qui se dirigeaient vers le bâtiment.
Lorsque le silence revint, et qu’il lui sembla que tout le monde était entré, il jeta un œil sur le parking. Une silhouette massive était toujours là, appuyée contre le capot. Un homme en costume, très grand, éclairé par les lampes du porche, et qui scrutait en direction de la route. « C’est ridicule ! Je me planque comme un gamin ! » Il imaginait déjà une explication qui justifierait sa présence à proposer à un inconnu à trois heures du matin quand les néons à l’intérieur s’allumèrent. Sa curiosité et son manque d’envie de sortir de son recoin le retinrent de bouger. Il regarda avec plus d’attention dans le bâtiment : une grande pièce, des bureaux et des chaises, des cartons empilés… Visiblement l’une de ces nombreuses sociétés sans employés depuis longtemps. Au fond, à une vingtaine de mètres à l’opposé des fenêtres, une porte à deux battants s’ouvrit subitement. Une femme fit son apparition, elle attrapa quelque chose et revint sur ses pas pour repasser la porte par laquelle elle était entrée puis elle éteignit les lumières de la pièce. Alors, comme un écran très lumineux encadré d’obscurité, il vit par la double porte laissée ouverte, un homme assis sur une chaise, les poings liés dans son dos. Un flot de pensées déferla dans son crâne : « Les flics, il faut que l’appelle les flics ! » et puis très vite « Peut-être que c’est un jeu ? Peut-être qu’il est d’accord ? » et puis « C’est quoi cet endroit ? Peut-être une boîte de cul ? ». Il ne bougea pas, bloqué dans une indécision suffocante. Un peu ailleurs, à regarder par la fenêtre, il ne sentait pas ses chaussures de peau qui se gorgeaient de rosée.
Sur sa chaise, l’homme avait la tête baissée. A cette distance, il ne voyait pas de traces de violence sur son visage, s’il y avait dû en avoir… Sa chemise blanche rayonnait sous la lumière froide des néons.
Une silhouette sombre et massive passa devant les portes et se positionna dans l’encadrement. Alors, la grande femme qu’il avait aperçue revint dans son champ de vision. Elle tenait dans la main un objet cylindrique qu’elle porta à hauteur de ses yeux. Brusquement, elle abattit l’instrument sur le cou de l’homme ligoté puis recula d’un pas. La réaction fut immédiate : le corps fut pris de tremblements brutaux, sa chaise sautait littéralement sur place ! Il avait relevé la tête tandis que des spasmes frénétiques secouaient tout son corps ! La grande femme et l’homme à la porte semblèrent s’agiter, et la vit clairement se mordre le poing. Lui s’approcha brièvement de la chaise en mouvement puis recula d’un coup, les bras en travers de la figure. « Mais c’est quoi ça ?! ». Le corps sur la chaise ne bougeait plus. La tête retombée en avant, sa chemise se gorgeait du sang qui s’écoulait en cascade de son oreille et du côté de son crâne, ouvert sur une plaie qu’il arrivait à distinguer. « Il faut que je file ! Les flics, vite ! » pensa-t-il en s’écartant des fenêtres. La terreur avait réveillé ses réflexes, ne pas être seul ! Agir ! Une voix lourde s’éleva soudain derrière lui.
– Vous passez une belle soirée, Monsieur ?
Le coup de matraque qui lui fracassa la tempe l’empêcha de répondre poliment.
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Il finissait son monologue personnel, quand son corps tout entier tint à lui rappeler que les vodkas qui menaçaient de s’exfiltrer par le haut avaient été précédées d’une large pinte de bière qui, elle, souhaitait une évacuation plus traditionnelle.
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*** Zap ***

— Sharon… Oh, Sharon ! Quand je vois le reflet velouté de la lune se refléter dans l’humeur vitreuse de tes yeux, je…
— Oui, John ?
— Je n’imagine pas la vie sans toi ! Sharon, veux-tu m’épouser ?
— Oh, John, oui ! Je le veux, oui !
— PAS SI VITE !
— Amanda ?
— Amanda, ton ex-femme, John ?
— Oui… Amanda, son ex-femme ! Et celle qui porte… SON ENFANT !
— Quoi ? Mais, John, je ne comprends pas…
— Amanda, voyons, c’est impossible ! Tu avais déjà fait une fausse couche et le bacille de Rach se multipliant à l’intérieur du système reproducteur des femmes à la seconde parturition, nécrosant ta matrice de velours, non, TU NE PEUX PLUS être enceinte ! C’est impossible !
— Et pourtant, regarde ce test de grossesse ! Je ne l’ai pas inventé !
— John, je ne comprends pas…
— La semaine prochaine, dans La biologie de l’Amour sur la Côte Sud : Angela révélera-t-elle à Dereck le terrible danger de la bêta-lactamase à spectre élargi ?

*** Zap ***
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Soudain, Nathaniel hurla de terreur. Simon leva les yeux. Dans le faisceau de la lampe, assis derrière un bureau, un vieil homme les fixait ! Le cœur de Simon s'emballa, Nathaniel recula vivement : il se prit les pieds dans la caisse de jouets et se rattrapa de justesse à un pied de la table d'opération. (...) Sa tête était tournée vers eux, les orbites noires, la mâchoire ouverte sur une cavité béante.
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