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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ma mémoire de la première guerre mondiale est fabriquée en partie par « La vie et rien d'autre », film de Bertrand Tavernier multi nominé en 1990, et par « Les nouveaux Oberlé » roman de René Bazin paru en 1919.

L'écrivain a consacré plusieurs ouvrages au drame de l'Alsace-Lorraine (Les Oberlé en 1901, Les nouveaux Oberlé en 1919, Baltus le Lorrain en 1926) et aux amitiés et amours que les familles conservaient de part et d'autre d'une frontière déplacée au fil des traités.

Le cinéaste a réalisé son chef d'oeuvre en se penchant sur les disparus, sur « le soldat inconnu », sur la quête des familles souhaitant au moins donner une sépulture à leurs enfants morts pour la France.

Gilles Marchand fusionne les deux drames en confiant à un soldat inconnu (manchot dont l'épouse Anna a péri de la grippe espagnole) la mission de retrouver Emile Joplain disparu en 1917 sur le front de Vimy.

L'enquête révèle qu'Emile, héritier d'une dynastie bourgeoise, s'est amouraché dès 1907 de Lucie, gracieuse alsacienne, fille sans dot des Hamel, modestes employés de maison. Union doublement impossible entre un français et une allemande, entre « un beau parti » et une « moins que rien » … Madame Joplain mère veillait à ce que son fils oublie Lucie. La guerre devait séparer Emile et Lucie.

Gilles Marchand glisse ses acteurs dans les espaces laissés libres par Henri Barbusse, René Benjamin, Roland Dorgelès, Maurice Genevois, Jean Giono et donne corps à la légendaire « fille de la lune » en écoutant le poilus et les gueules cassées raconter leurs campagnes et leurs souffrances, à Verdun ou à Vimy aux cotés des canadiens et des « indiens ».

Le soldat désaccordé est un bouleversant récit, écrit avec le sang des poilus, entre les deux guerres, dans un contexte où nombreux étaient ceux qui croyaient à la « der des der », alors que le nazisme grandissait.

J'apprécie beaucoup ce roman et, parvenu à son terme, je pense aux ukrainiens où des familles sont partagées entre leurs racines russes et ukrainiennes et où des Emile et des Lucie disparaissent quotidiennement. Eternelle tragédie de l'histoire …
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Un roman remarquable qui a sous de fond la première guerre mondiale, qui devait être "La der des der". Un ancien soldat, victime dés les premiers jours de son enroulement, d'une blessure qui entraînera l' amputation de sa main, il est invalide et démobilisé, une dure sentence pour lui. Il essaye, tant bien que mal, à s'accrocher aux branches, pour pouvoir servir son pays, La France. Cela ne sera pas suffisant mentalement pour lui, Il décide de rentrer chez lui, se marie avec l'amour de sa vie ,Anne, un amour intense, fusionnelle, un espoir pour retrouver confiance en lui , de lui donner l'espoir de continuer d'une façon positive. Un jour, une femme vient le contacter , pour rechercher son fils, Émile Joplain, Elle est persuadé que ce dernier n'est pas mort, mais pourquoi ce silence. Il se lance dans cette quête, et va découvrir au fur et à mesure, que la disparition d'Émile prend à notre sens. Il découvre une véritable histoire d'amour. Un amour désapprouvé par cette mère, cette jeune fille , Lucie, est issue d'un milieu modeste, et une telle union est inconcevable. Une sensation que le narrateur s'identifie à Émile, par rapport à son vécu, Il se donnera coeur et âme, à ses recherches. Une affaire qui va perdurer pendant plusieurs années, Arrivera t'il à résoudre cette énigme? Arrivera t'il à panser ses propres maux? L'auteur nous embarque sans aucune difficulté dans ce récit, une sensation d'être acteur et non lecteur, une adaptation cinématographique pourrait être envisageable, tel "Au revoir la haut" de Pierre Lemaître . L'auteur use d'une plume percutante, visuelle, entraînant une lecture addictive et captivante, malgré cette période horrifique.
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Comme bon nombre de ses compagnons de galère, il n'est pas parti la fleur au fusil, loin s'en faut... Mais contrairement à d'autres, qui auront passé de longues années au front ou qui n'en seront jamais revenus, sa participation au combat a coupé court dès l'automne 1914, avec la perte de sa main. Pour autant, voulant se rendre utile auprès de ses camarades, il ne rentre pas chez lui, où l'attend sa chère Anna, mais se rend, d'un bout à l'autre de la France, là où l'on a besoin d'un chauffeur ou d'un cantinier... La guerre finie, il se donne pour mission de retrouver ceux dont on a perdu la trace. Un cas va particulièrement attirer son attention : celui d'Émile Joplain. Un matin de 1925, il rencontre sa mère, Jeanne, qui dit ne plus avoir de nouvelles de lui depuis sa dernière lettre en 1916. Pour autant, elle est certaine qu'il n'est pas mort. En acceptant de travailler pour elle, il ne sait pas encore que cette affaire va l'occuper pendant plus de 10 ans...

Drôle de boulot que celui d'enquêteur qu'exerce le narrateur, dont on ne connaît pas le nom. Peut-être parce qu'il n'arrive pas à tourner la page de cette maudite guerre, peut-être parce qu'il espère un semblant de justice, après tant d'injustice, il essaie, tant bien que mal, de retrouver les soldats disparus. Dont Émile Joplain, jeune homme qui n'aura de cesse d'écrire des poèmes, amoureux de la belle Lucie à qui il a promis l'union. Si Jeanne Joplain réfute cette amourette avec cette Alsacienne, notre enquêteur va pourtant se mettre en tête de la retrouver elle aussi. À force de kilomètres parcourus, de récits et confidences recueillis, de ténacité, se dessine peu à peu les destins de ces deux amoureux séparés par la guerre. Si La Fille de la Lune se pare de mystères, si Lucie s'arme de courage, si Émile sème ses poèmes, Gilles Marchand, lui, raconte, avec beaucoup d'émotions et de tendresse, les poilus, la boue, la guerre, la folie meurtrière mais aussi l'amour, l'espoir, l'étincelle de la vie. À la fois grave et léger, bouleversant et parfois drôle, ce roman nous émeut, nous transporte, sur fond d'accordéon et de poésie, et nous fait croire en cette incroyable force de l'amour qui permet de mener tous les combats et qui lie, malgré les épreuves, les hommes et les femmes.
Poignant et terriblement humain...
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"Ils ne sont pas partis la fleur au fusil"
Ils sont partis nombreux
Ils sont revenus très peu, si peu
Les morts officiels, les disparus, les estropiés
Ils sont les condamnés
Ils sont les sacrifiés
De cette guerre infâme
Y ont laissé leur âme
C'était la grande guerre
La der des ders
L'enfer sur terre.

Tout a été dit, écrit, chanté !
Le soldat désaccordé de Gilles Marchand, c'est une autre façon de conter. L'auteur donne la parole aux souvenirs enfouis, révélés, tus, à toutes ces vies cassées, ces hommes et ces femmes marqués par cette période.
Il nous donne à écouter leurs histoires, dans la grande Histoire, nous révèle des bouts de mémoire, des bouts de vie, des bouts d'humanité.
Ils racontent, ces rescapés, gênés, ils refont le chemin, envahis par la honte d'être simplement vivants, se taisent et puis déversent ces histoires qu'ils n'en peuvent plus de garder pour eux.
L'écriture est juste remarquable, j'ai aimé ce style poétique et imagé, le rythme, ses mots dosés : ne pas en faire trop, cette pudeur dédiée à leur dignité !
L'auteur parle au delà de l'horreur indicible, des souffrances du coeur, de l'âme, de ce qu'ils ont vécu, du vide, du manque à en crever, du trop à en pleurer.
Il sait, lorsque le coeur est au bord des larmes, amener un sourire ému, attendri par une anecdote, par son humour tendre et sa plume légère.

Le narrateur, un combattant entré dans cette guerre et ressorti assez vite, une main en moins.
C'en est fini de sa participation aux combats, il lui reste la culpabilité face à ses compagnons, ses frères qui sont toujours au front.
La mort rode, ils la frôlent, la redoutent, l'apprivoisent, l'évitent, elle ne les quitte pas : Elle est leur compagne du jour et de la nuit.
Rester vivant c'est un accident !
Il veut être utile, lui l'infirme besogneux, alors il prend diverses missions, chauffeur, cantinier ...Il aide, il reste à leurs côtés.
Après guerre, il devient enquêteur, oeuvre pour la réhabilitation des "fusillés pour l'exemple" refus d'obéissance.
Ces fusillés par leur propre camp : un cruel exemple de la folie des hommes.
D'autres "vont goûter du voltage" : la perversion de certains médecins.
Ils tuent des innocents, rien que des innocents !

Notre enquêteur va s'investir dans l'histoire d'Emile et Lucie, cet amour incroyable, magnifique, entier.
Emile combattant "il parle comme un poète, il est beau comme un prince" et Lucie alsacienne, ennemie des allemands : L'Alsace et la lorraine restées allemandes depuis quarante ans et qu'il faut libérer .
Leur amour, à peine dévoilé, juste effleuré, ne les quittera jamais. Ils seront séparés par la guerre avant que d'avoir pu le vivre.
Emile écrit des milliers de poèmes, les dissémine dans les tranchées.
Lucie va courir toute la France pour le retrouver.
Le narrateur, enquêteur, nourri son obsession pour cette folle histoire d'amour. Car cette histoire s'entremêle à la sienne. Elle redonne vie à son amour pour Anna.
Anna sa femme, son amour, qu'il tarde à retrouver :
Quatre années à avoir peur de revenir, peur d'affronter le monde, la tête trop pleine d'horreurs.
Ces combattants, tels des rats dans la boue, le froid, la peur, rêvent à la "fille de la lune" réelle ou un mythe comme un "besoin d'ensevelir leurs mauvais souvenirs derrière du merveilleux ! "
J'ai aussi aimé retrouvé dans ce récit les indiens d'Amérique, les indiens du "chemin des âmes".
On a utilisé leur savoir, leurs précisions de tireurs, eux qui n'étaient même pas considérés comme des citoyens à part entière.
Ce sera pour moi une lecture inoubliable, bouleversante
accompagnée du chant poétique de l'accordéoniste aveugle ....

« On voulait des lions, on a eu des rats.
On voulait le sable, on a eu la boue.
On voulait le paradis, on a eu l'enfer.
On voulait l'amour, on a eu la mort.
Il ne restait qu'un accordéon. Désaccordé. Et lui aussi va nous quitter. »

Merci à Judith, Jérome pour ce "conseil de lecture"
Un merveilleux cadeau pour moi !





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Sans doute ma plus belle lecture depuis le début de cette année.
A la fin de la première guerre mondiale, un ancien combattant s'est fait enquêteur afin de retrouver les soldats qui ne sont jamais revenus du front. C'est ainsi qu'en 1925, sollicité par une mère persuadée que son fils est encore vivant, il part à la recherche d'Emile Joplain. Son enquête va le mener de Verdun à Vimy, et lui faire rencontrer les survivants qui ont croisé cet Emile et se souviennent surtout de sa folle histoire d'amour qui les faisait tous rêver sous les déluges d'obus.

Ce livre est une merveille, il m'a envoûtée par sa douceur, sa colère, sa beauté. J'ai tout aimé : l'intrigue, le contexte historique, et le style.
A travers cette enquête, Gilles Marchand raconte la Grande Guerre à hauteur de Poilu et dans toutes ses dimensions : le patriotisme évident, les fusillés pour l'exemple, la camaraderie, le vin pour oublier, les électrochocs pour soigner, la boue, la faim, le froid, les Alsaciens allemands, les « code talkers » iroquois –le doute aussi ("Si on avait su qu'un Boche c'était rien qu'un Français qui parle allemand, on aurait eu du mal à continuer à leur tirer dessus."), et la rage, et la résignation, mais la résistance. J'ai appris des choses, j'en connaissais déjà d'autres, mais je ne me lasse pas de lire et relire combien cette guerre fut absurde et inutile (sauf pour les marchands de canons) et combien il est facile d'envoyer à la mort des millions de pères, frères, fils, époux (heureusement, il y a le réarmement démographique, ta-dam !). En cela, Gilles Marchand a bien potassé son sujet pour nous proposer une synthèse pertinente de la der des Ders.
Et puis, il double son intrigue d'une tendre romance autour de cet Emile Joplain (qui "parle comme un poète et est beau comme un prince"), et cette histoire d'amour apporte une fraîcheur et une légèreté touchantes au récit, sans jamais le faire sombrer dans la mièvrerie.
Enfin, il y a le style. Je suis tombée sous le charme des phrases courtes, vibrantes de poésie et d'émotions refoulées. J'ai adoré leur arythmie qui rend la lecture si palpitante et émouvante, et qui m'a emportée dans un autre espace-temps.

Ce roman est donc une réussite à tous points de vue, j'en suis sortie enchantée et un peu sonnée, impressionnée par ce si juste équilibre entre la grande Histoire et les petites histoires. Une lecture délectable qui rend hommage à l'humanité ; ne ratez pas cette occasion de vous émerveiller !
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Epoustouflant. Voilà en un mot mon avis sur ce livre.
En fait cela faisait un moment que je tournais autour. Une jolie couverture, des critiques favorables, j'avais postulé pour ce livre lors d'une Masse critique (en vain). Je finis par l'oublier. Jusqu'au commentaire de dannso (merci Anne-Sophie !) qui m'a rappelé l'existence de ce livre. Je file sur le site de ma bibliothèque et je le réserve. Comme (trop ?) souvent, mon livre m'est piqué par une de mes filles. "Eh c'est à moi !", "Maman de toute façon tu en as plein en retard". Pas faux. Bilan il a été lu et vivement apprécié par ma fille aînée. J'ai réussi à mettre la main dessus avant la cadette (qui d'ailleurs est en train de le lire). Evidemment entre les critiques enthousiastes et ma fille qui l'a qualifié de "génial", j'étais motivée. Et je le suis demeurée. Un très beau et bon roman.
.
Direction la Première Guerre Mondiale. Un soldat amputé de la main recherche des soldats disparus pour le compte de familles désespérées. Sa nouvelle quête : Emile, un jeune soldat parisien, épris d'une jolie Alsacienne Lucie. Lucie qui va tout faire pour retrouver son Emile.
Cette quête va permettre à l'auteur de décrire l'absurdité et la monstruosité de cette guerre, entre fusillés pour l'exemple, attaques sans sens, Alsaciens qui s'interrogent sur la Patrie pour laquelle leurs gamins sont morts.... et puis un personnage qui apparaît discrètement avant de s'imposer : la "Fille de la Lune", présente dans le Feu de Barbusse. Une femme dans le no man's land. Qui est-elle ? Que veut-elle ?
.
Un roman joliment écrit, aux phrases percutantes ou poétiques, au fond historique solide.
Un livre qui m'a donné envie de me plonger dans les classiques de l'époque que je n'ai malheureusement pas lus (Ceux de 14, A l'ouest rien de nouveau). Mon mari a fouillé ses bouquins et m'a retrouvé Orages d'acier....
Un récit émouvant autour d'un couple d'amoureux.
Mon premier coup de coeur 2024.
.
Petite pensée aux hommes enterrés dans les cimetières anglais, français et allemands autour de chez moi....
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Librairie Les Mots et les Choses-/ Boulogne-Billancourt- 11 février 2024


Un trésor que ce livre ! Lecture coup de coeur, en dépit du sujet douloureux : les ravages de la guerre...

Une découverte totalement imprévue, en fouinant au hasard des dernières publications en " format poche"!
Une publication qui résonne très fort en ces temps de remontées de barbarie et de guerres aux 4 coins du monde, et aux portes de l'Europe...

L'auteur que j'aborde pour la première fois, avec ce roman, avertit de son "objectif" à la fin, à la suite des remerciements, il dédie ce texte aux victimes de la guerre et de toutes les guerres....

Cette narration fort bien documentée, nous fait rencontrer un narrateur, ancien combattant de 14-18, blessé sur le champ de bataille; à la fin de la guerre, il devient enquêteur pour aider les familles qui ont un ou des soldats parmi leurs proches ou parents, disparus !

Parmi ses nombreuses recherches, une enquête plus particulière, va absorber beaucoup de son temps, à la suite de la demande d'une mère, dont le fils , soldat, a disparu en 1917.
A la disparition de ce fils unique, Émile, jeune homme très aimé, poète, artiste, amoureux d'une jeune fille,Lucie, d'origine très modeste, au grand dam de cette mère bourgeoise et possessive, l'histoire et l'enquête vont se complexifier; d'autant que Lucie a un double désavantage aux yeux de cette " belle-mère ": elle est alsacienne et donc assimilée à l'ennemi...

Déchirements tragiques de cette région de l'Alsace- Lorraine dont Gilles Marchand parle à plusieurs reprises, en détails Problème de cette région qui démultiplie la cruauté et la bêtise ravageuse de la guerre !

"(***à propos des soldats alsaciens, déchirés entre deux nations.)

Le soldat avait une vingtaine d'années. (...) Il portait cet uniforme que j'avais tant haï.
Il a fini par reprendre: " Pensez- vous que l'on puisse mourir en héros si l'ennemi d'hier devient la nation de demain ?"
Je lui ai répondu que l'on pouvait mourir en héros en sauvant ses camarades.Il a souri.Tristement, mais il a souri."

Notre "limier" très déterminé va prospecter, interroger les possibles témoins survivants...Dans un même temps, il nous fait part de ses colères, de ses chagrins, de sa révolte envers la folie des hommes....Car, enquêtant durant des années pour retrouver la trace de jeunes ou moins jeunes soldats disparus, il ressentira comme une sorte de désespoir de voir approcher de nouveau un conflit : celui de la seconde Guerre mondiale !

"La guerre, quand tu y as goûté, elle est dans ton corps, sous ta peau.Tu peux vomir, tu peux te gratter tout ce que tu veux, jusqu'au sang, elle ne partira jamais.Elle est en toi.Alors j'y retournais.Ça sentait encore la cendre et la poudre.Les croix s'étendaient à l'infini.J'enquêtais, inlassablement. Durant toutes les années 1920 et une bonne partie des années 1930, j'ai fait ce drôle de boulot d'enquêteur. "

En dépit des thèmes très éprouvants, la plume est séduisante, fluide, poétique et d' une tendresse certaine pour ses personnages, auxquels on s'attache spontanément....On est pris par les enjeux humains , si humains...de ces enquêtes ...

Une vraie pépite d'émotion, d'intelligence, et de questionnements universels sur le caractère éternellement et désespèrement " belliqueux" des
" Hommes"; des gouvernants et des États !



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Oyé oyé braves gens, venez écouter la funeste complainte des deux amants séparés par la guerre, qui dansaient sur les champs de bataille, esquivant la mitraille et défiant les obus, dans l'espoir d'un jour se retrouver…

Nous sommes à Paris, dans les années 20. le narrateur est un ancien soldat, rendu manchot par la guerre, qui s'est reconverti en une sorte de détective privé chargé par des familles endeuillées de retrouver des soldats disparus ou de réhabiliter des noms. Il traverse ainsi le pays, interrogeant, écoutant et recueillant les histoires de chacun, recoupant les récits afin de trouver de nouveaux indices et tenter de rendre justice à ceux qui en ont bien souvent manqué... C'est ainsi qu'il se retrouve à enquêter sur la disparition d'Emile Joplain, l'écrivain, le poète, celui qui partait sur le champ de bataille la feuille au fusil. Sa mère, une vieille bourgeoise antipathique, est convaincue que son fils n'est pas mort et est prête à financer intégralement l'opération. Une enquête qui durera dix ans et conduira notre narrateur de Paris à Molsheim, de Verdun à Vimy, sur les traces du poète français et de la Fille de la Lune.

Et bien, quelle épopée! Voici un récit qui résonne comme un chant d'amour et d'espoir dans un contexte de cendres et d'horreurs. Au coeur des tranchées, où règnent la peur et la mort, l'odeur du gaz et du sang, la boue et la crasse, je ne m'attendais pas à lire une histoire qui m'emporte et me touche à ce point! La narration à la première personne y est pour beaucoup, rendant le texte à la fois plus vivant et plus intime. On se retrouve entraîné dans cette enquête passionnante qui nous permet de pénétrer dans la grande Histoire par l'intermédiaire de mille petites histoires. Quatre années d'obscurité desquelles Gilles Marchand parvient à faire jaillir la lumière, grâce à une plume pleine de musicalité et de poésie. Les mots glissent à la suite les uns des autres avec une telle fluidité qu'on ne peut que se laisser entraîner par ce flot doux et enveloppant.

Les personnages sont attachants et désarmants d'humanité, faisant ressortir toute l'absurdité du conflit et l'inhumanité des décisions prises par ceux qui gouvernent sans se salir, sans ressentir la faim, le froid et la fatigue, des gens qui décident du jour au lendemain que tu n'es plus allemand mais français, que tu mérites d'être fusillé parce que tu as fui le champ de bataille pour sauver quarante soldats de ta compagnie, qu'un bras ou un oeil en moins ne justifient pas que tu arrêtes le combat… Avec ses mots qui font mouche, Gilles Marchand nous propulse au coeur de ce qui aurait dû être la der des der et sur certains de ses dommages collatéraux. Un roman fort et passionnant, porté par une plume superbe! Merci aux Forges de Vulcain pour cette belle découverte!
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"On voulait des lions, on a eu des rats.
On voulait le sable, on a eu la boue.
On voulait le paradis, on a eu l'enfer.
On voulait l'amour..."

Je voulais un roman intéressant, j'ai eu un roman bouleversant.

La guerre, on le sait tous, a versé, verse et versera toujours des tonnes de boue, des torrents de larmes, des amas de corps sans vie.
Guerre ne rime pas avec Amour.
Et pourtant...

Gilles Marchand, parvient, par cette enquête, cette quête incroyable à mêler deux histoires. Celle trop bien connue de la Grande Guerre, la der des ders, et celle d'un amour impossible d'une beauté resplendissante. Ces deux histoires s'entremêlent d'une façon si singulière que cela en devient presque dérangeant.
J'ai du mal à définir ce sentiment qui m'a étreint tout au long de ma lecture.
C'est à la fois beau et dévastateur, mais une chose est sûre, c'est que cette histoire est bouleversante.

C'est sur les conseils d'un ami que j'ai lu ce roman. Je passe le relais.
Lisez le soldat désaccordé.
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*****

Retrouver un père, un fils, un mari… Réhabiliter leur honneur, leur courage, leur dignité… Apporter la preuve qu'ils ne sont pas morts… Ou tout du moins, pas en vain…Notre narrateur a troqué son fusil pour un crayon, abandonnant son uniforme de soldat pour celui d'enquêteur. Il est resté sur le front pendant 4 ans, avec une main qu'on lui a arraché, un amour qu'on a suspendu et une vie qu'on a flouté. Ce n'est pas pour les abandonner maintenant, ces noms dans les registres, ces croix sans inscription…

Gilles Marchand signe avec le soldat désaccordé un roman fort et émouvant. Impossible d'abandonner les personnages a leur sort, de les imaginer seuls face à la barbarie de la guerre.

A travers l'enquête du narrateur, ce sont les visages des poilus qui se dévoilent. Mais au-delà de l'horreur, de la peur, du sacrifice, ce sont les chants d'amour, les odes à la beauté, qui nous sont contés. Émile, ce poète beau comme un prince, qui laisse s'envoler les mots qu'il écrit chaque jour à sa bien-aimée. Lucie, cette courageuse amoureuse, qui brave les balles et les obus pour retrouver celui qu'on lui a volé.

Le soldat désaccordé c'est cette petite lumière dans l'obscurité, celle qui vous tient éveillé, qui vous réchauffe, qui vous donne le courage d'avancer. Cette histoire est celle, universelle, de l'amour éternel, contrarié, retardé, manqué… Ce chant d'espoir, sur un champ de bataille, qui garde en vie… Et qui nous bouleverse à notre tour, aujourd'hui…
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